C’est physique, la lecture des grands auteurs. C’est même à ça qu’on les reconnaît, d’emblée : leurs phrases ne vont pas vers l’abstraction. Elles opèrent suivant une physique mentale, suivant une sensualité de la pensée. Par un côté elles touchent aux anges. Par un autre côté elles touchent à la chair. Un grand auteur maintient très bien ces deux extrêmes dans sa voix, avec ce qu’il faut de ruse et de simplicité. Les phrases qu’on lit, elles vont par les yeux qui les lisent, par les mains qui tiennent le livre, elles passent par le corps et s’envolent jusqu’à Dieu.
C’est physique, la lecture des grands auteurs. C’est même à ça qu’on les reconnaît, d’emblée : leurs phrases ne vont pas vers l’abstraction. Elles opèrent suivant une physique mentale, suivant une sensualité de la pensée. Par un côté elles touchent aux anges. Par un autre côté elles touchent à la chair. Un grand auteur maintient très bien ces deux extrêmes dans sa voix, avec ce qu’il faut de ruse et de simplicité. Les phrases qu’on lit, elles vont par les yeux qui les lisent, par les mains qui tiennent le livre, elles passent par le corps et s’envolent jusqu’à Dieu. Christian Bobin