J’ai toujours été fasciné par le cinéma. Par l’idée d’ouvrir une parenthèse de deux heures au cours de laquelle je ne vais plus penser à rien d’autre qu’à ce qui se passe devant moi, et qui n’est pas ma vie. On m’a parfois demandé si c’était pareil, avec les livres. Je voudrais bien répondre que oui, mais en fait non. Les livres, ils ne m’enveloppent pas assez. Ils ne me prennent pas assez en otage. Je décroche, régulièrement, quand il m’arrive de lire. Je regarde ma montre, ou une fissure dans le mur, je dérive. Au cinéma, jamais. Au cinéma, je suis une statue de sel et je me dissous.
J’ai toujours été fasciné par le cinéma. Par l’idée d’ouvrir une parenthèse de deux heures au cours de laquelle je ne vais plus penser à rien d’autre qu’à ce qui se passe devant moi, et qui n’est pas ma vie. On m’a parfois demandé si c’était pareil, avec les livres. Je voudrais bien répondre que oui, mais en fait non. Les livres, ils ne m’enveloppent pas assez. Ils ne me prennent pas assez en otage. Je décroche, régulièrement, quand il m’arrive de lire. Je regarde ma montre, ou une fissure dans le mur, je dérive. Au cinéma, jamais. Au cinéma, je suis une statue de sel et je me dissous. Jean-Philippe Blondel