Pour faire entendre une parole sensée, il faut se livrer à un véritable tournoi avec des verbosités impétueuses et intarissables, qui ont l’air de savoir les choses parce qu’elles en parlent, l’air de croire, de penser, d’aimer, de chercher, tandis que tout cela n’est qu’apparence et babil. Le pis est que l’amour-propre étant derrière ce babil, ces ignorances d’ordinaire sont féroces d’affirmation ; les caquetages se prennent pour des opinions, les préjugés se posent comme des principes. Les perroquets se tiennent pour des êtres pensans, les imitations se donnent pour des originaux ; et la politesse exige qu’on entre dans cette convention. C’est fastidieux.
Pour faire entendre une parole sensée, il faut se livrer à un véritable tournoi avec des verbosités impétueuses et intarissables, qui ont l’air de savoir les choses parce qu’elles en parlent, l’air de croire, de penser, d’aimer, de chercher, tandis que tout cela n’est qu’apparence et babil. Le pis est que l’amour-propre étant derrière ce babil, ces ignorances d’ordinaire sont féroces d’affirmation ; les caquetages se prennent pour des opinions, les préjugés se posent comme des principes. Les perroquets se tiennent pour des êtres pensans, les imitations se donnent pour des originaux ; et la politesse exige qu’on entre dans cette convention. C’est fastidieux. Amiel