La peur du ridicule obtient de nous les pires lâchetés. Combien de jeunes velléités qui se croyaient pleines de vaillance et qu’a dégonflées tout à coup ce seul mot d’ Utopie appliqué à leurs convictions, et la crainte de passer pour chimériques aux yeux des gens sensés. Comme si tout grand progrès de l’humanité n’était pas dû à de l’utopie réalisée ! Comme si la réalité de demain ne devait pas être faite de l’utopie d’hier et d’aujourd’hui – si l’avenir consent à n’être point la seule répétition du passé, ce qui serait la considération la mieux capable de m’enlever toute joie de vivre. Oui, sans l’idée d’un progrès possible, la vie ne m’est plus d’aucun prix – et je fais miennes ces paroles que je prêtais à l’Alissa de ma Porte Étroite : Si bienheureux qu’il soit, je ne puis souhaiter un état sans progrès… et ferais fi d’une joie qui ne serait pas progressive.
La peur du ridicule obtient de nous les pires lâchetés. Combien de jeunes velléités qui se croyaient pleines de vaillance et qu’a dégonflées tout à coup ce seul mot d’ Utopie appliqué à leurs convictions, et la crainte de passer pour chimériques aux yeux des gens sensés. Comme si tout grand progrès de l’humanité n’était pas dû à de l’utopie réalisée ! Comme si la réalité de demain ne devait pas être faite de l’utopie d’hier et d’aujourd’hui – si l’avenir consent à n’être point la seule répétition du passé, ce qui serait la considération la mieux capable de m’enlever toute joie de vivre. Oui, sans l’idée d’un progrès possible, la vie ne m’est plus d’aucun prix – et je fais miennes ces paroles que je prêtais à l’Alissa de ma Porte Étroite : Si bienheureux qu’il soit, je ne puis souhaiter un état sans progrès… et ferais fi d’une joie qui ne serait pas progressive. André Gide