A mesure que l’automation et la cybernétique laissent prévoir le remplacement massif des travailleurs par des esclaves mécaniques, le travail forcé révèle sa pure appartenance aux procédés barbares du maintien de l’ordre. Le pouvoir fabrique ainsi la dose de fatigue nécessaire à l’assimilation passive de ses diktats télévisés. Pour quel appât travailler désormais ? La duperie est épuisée ; il n’y a plus rien à perdre, pas même une illusion. L’organisation du tavail et l’organisation des loisirs referment les ciseaux castrateurs chargés d’améliorer la race des chiens soumis. Verra-t-on quelque jour les grévistes, revendiquant l’automation et la semaine de dix heures, choisir, pour débrayer, de faire l’amour dans les usines, les bureaux et les maisons de la culture ? Il n’y aurait que les programmateurs, les managers, les dirigeants syndicaux et les sociologues pour s’en étonner et s’en inquiéter. Avec raison peut-être. Après tout, il y va de leur peau.
A mesure que l’automation et la cybernétique laissent prévoir le remplacement massif des travailleurs par des esclaves mécaniques, le travail forcé révèle sa pure appartenance aux procédés barbares du maintien de l’ordre. Le pouvoir fabrique ainsi la dose de fatigue nécessaire à l’assimilation passive de ses diktats télévisés. Pour quel appât travailler désormais ? La duperie est épuisée ; il n’y a plus rien à perdre, pas même une illusion. L’organisation du tavail et l’organisation des loisirs referment les ciseaux castrateurs chargés d’améliorer la race des chiens soumis. Verra-t-on quelque jour les grévistes, revendiquant l’automation et la semaine de dix heures, choisir, pour débrayer, de faire l’amour dans les usines, les bureaux et les maisons de la culture ? Il n’y aurait que les programmateurs, les managers, les dirigeants syndicaux et les sociologues pour s’en étonner et s’en inquiéter. Avec raison peut-être. Après tout, il y va de leur peau. Raoul Vaneigem