Autre temps, autres amours. Aujourd’hui on a semblé comprendre qu’il fallait cueillir l’heure — carpe diem, — qu’il ne fallait pas s’attarder dans les vieilles rhétoriques ; que les voyages platoniques sur les nacelles du parfait amour n’étaient plus que des légendes pour la province. Il y a eu de vraies conjonctions d’astres, des éclipses de vertu, Je suis Venu, J’ai Vu, J’ai Vaincu. Bonjour, bonsoir. On s’est adoré un instant, tout est fini ; on a bâti un château de cartes sur un château en Espagne. On a mis dans sa vie un souvenir de plus. Quand on se rencontrera, lui et elle, on sourira, lui avec une pointe de raillerie, elle avec un rayon de sentiment, si elle n’est plus railleuse que lui. Et tout sera dit. On aura recueilli, pour les donner dans une seule étreinte, toutes les forces, toutes les coquetteries, toutes les douceurs, toutes les ivresses de l’amour. On aura touché du même pied le même échelon de l’idéal ; on aura touché des mêmes lèvres les mêmes joies du réel.
Autre temps, autres amours. Aujourd’hui on a semblé comprendre qu’il fallait cueillir l’heure — carpe diem, — qu’il ne fallait pas s’attarder dans les vieilles rhétoriques ; que les voyages platoniques sur les nacelles du parfait amour n’étaient plus que des légendes pour la province. Il y a eu de vraies conjonctions d’astres, des éclipses de vertu, Je suis Venu, J’ai Vu, J’ai Vaincu. Bonjour, bonsoir. On s’est adoré un instant, tout est fini ; on a bâti un château de cartes sur un château en Espagne. On a mis dans sa vie un souvenir de plus. Quand on se rencontrera, lui et elle, on sourira, lui avec une pointe de raillerie, elle avec un rayon de sentiment, si elle n’est plus railleuse que lui. Et tout sera dit. On aura recueilli, pour les donner dans une seule étreinte, toutes les forces, toutes les coquetteries, toutes les douceurs, toutes les ivresses de l’amour. On aura touché du même pied le même échelon de l’idéal ; on aura touché des mêmes lèvres les mêmes joies du réel. Arsène Houssaye