A mesure qu’il brandissait les papiers justifiant sa présence en France, il répétait : Je travaille, je suis bien intégré, je ne dérange personne. C’était donc cela un parfait étranger, un homme qui ne gênait pas, ne causait pas de tort, pas de préjudice, un homme pacifié par le traitement préférentiel que la France lui octroyait, un homme discret, reconnaissant, sans histoire – une ombre silencieuse, un souffle qui ne ferait pas vaciller la démocratie, tomber nos filles, et il y avait de la fierté dans sa voix lorsqu’il répétait cette phrase, mais reconnaît-on la haine, la rancœur et le ressentiment quand ils se présentent à nous parés de leurs corsets sociaux ? Et il y avait de la honte aussi – elle m’était familière, la honte d’être différente, de faire partie d’une minorité, d’avoir à justifier l’origine de mon nom.
A mesure qu’il brandissait les papiers justifiant sa présence en France, il répétait : Je travaille, je suis bien intégré, je ne dérange personne. C’était donc cela un parfait étranger, un homme qui ne gênait pas, ne causait pas de tort, pas de préjudice, un homme pacifié par le traitement préférentiel que la France lui octroyait, un homme discret, reconnaissant, sans histoire – une ombre silencieuse, un souffle qui ne ferait pas vaciller la démocratie, tomber nos filles, et il y avait de la fierté dans sa voix lorsqu’il répétait cette phrase, mais reconnaît-on la haine, la rancœur et le ressentiment quand ils se présentent à nous parés de leurs corsets sociaux ? Et il y avait de la honte aussi – elle m’était familière, la honte d’être différente, de faire partie d’une minorité, d’avoir à justifier l’origine de mon nom. Karine Tuil