Amour (comme l’on dit) ne naît d’oisiveté, S’il naissait de repos, il ne fût plus mon maître : Je cours, je vais, je viens, et si ne me dépêtre De son lien, qui tient serve ma liberté. Je ne suis point oisif, et ne l’ai point été, Toujours la hacquebute ou la paume champêtre, Ou l’escrime qui rend une jeunesse adextre Me tient en doux travail tout le jour arrêté. Ores le chien couchant, ores la grande chasse, Ores un gros ballon bondissant en la place, Ores nager, lutter, voltiger et courir M’amusent sans repos. Mais plus je m’exercite, Plus Amour naît dans moi, et plus je sens nourrir Son feu, qu’un seul regard au coeur me ressuscite.
Amour (comme l’on dit) ne naît d’oisiveté, S’il naissait de repos, il ne fût plus mon maître : Je cours, je vais, je viens, et si ne me dépêtre De son lien, qui tient serve ma liberté. Je ne suis point oisif, et ne l’ai point été, Toujours la hacquebute ou la paume champêtre, Ou l’escrime qui rend une jeunesse adextre Me tient en doux travail tout le jour arrêté. Ores le chien couchant, ores la grande chasse, Ores un gros ballon bondissant en la place, Ores nager, lutter, voltiger et courir M’amusent sans repos. Mais plus je m’exercite, Plus Amour naît dans moi, et plus je sens nourrir Son feu, qu’un seul regard au coeur me ressuscite. Pierre de Ronsard