Citations de : Eugène Guillevic

D’où sommes-nous sortis – Pour avoir ces visages – A faire peine au jour?

Celui qui s’en va seul – Cherche pour beaucoup d’autres.

Seul. Qui dit: seul? – Qui m’accable d’un mot – A couleur de malédiction? – Ne confonds pas. – Celui qui s’en va seul – Porte avec lui les autres, – Désespère pour eux – D’espérer avec eux.

Je connais l’étrange – Variété du noir – Qui a nom lumière.

Si travail et courage – Ont pris de la hauteur, – Que reste-t-il à faire – A qui ne rêve pas?

Courte est la journée, – Courts sont tous les jours. – Courte encore est l’heure. – Mais l’instant s’allonge – Qui a profondeur.

Ce qui n’est pas dans la pierre – Ce qui n’est pas dans le mur de pierre et de terre, – Même pas dans les arbres, – Ce qui tremble toujours un peu, – Alors, c’est dans nous.

Qu’elle soit longue, au moins, – Cette vie qu’il faut vivre. – Car difficile – Est la leçon.

Il faudrait accepter – Pas la mort, – Mais la mienne.

Je m’étais endormi – Dans les destins de l’herbe. – Je n’en avais plus.

Fait pour ma main, Je te tiens bien. Je me sens fort De notre force. Tu dors longtemps, Tu sais le noir, Tu as sa force.

A la lumière de la lune, Quelle mesure demander ?

Ce n’est pas moi Qui fermerai Pas moi qui crierai Pour la fermeture. C’est qu’on me fermera.

L’eau a rêvé de toi, Soleil, en ton absence.

L’arbre, ici, maintenant, debout, Rien que du bois, Comme un oiseau figé debout La tête en bas.

Ca va? – Ca va. – Toi, ça va? – Ca va sans moi.

S’il suffisait – De tendre la main – Comme on tend l’oreille.

Au moins tu sais, toi, océan, – Qu’il est inutile – De rêver ta fin.

Ne jouerons-nous jamais – Ne serait-ce qu’une heure, – Rien que quelques minutes, – Océan solennel, – Sans que tu aies cet air – De t’occuper ailleurs?

La terre est sous nos pieds, – Solide, indifférente, – Heureusement.

Nous sommes tous d’ici. – Nous semblons tous – Venir d’ailleurs.

L’eau que tu bois – A connu la mer.

Dehors, – L’air qui s’ennuie – Devient le vent.

Il y a des jours – Où les plaies – Te reprochent – De les accepter.

Les bourgeons – N’ont pas à choisir.

De soi aussi – On a besoin.

Etreindre la distance.

Tant de mains – Qui hors du travail – Ne savent pas quoi.

L’horizon – Nous condamne au cercle.

L’eau de l’étang, – Veuve – De l’océan.

Que ses regards posés – N’arrêtent pas les couleurs.

Nous, figures, nous n’avons – Après tout qu’un vrai mérite, – C’est de simplifier le monde, – D’être un rêve qu’il se donne.

Et quand il n’y aurait – Que nous deux pour durer.

Je suis allé trop loin – Avec mon souci d’ordre. – Rien ne peut plus venir.

J’ai réussi à mettre – Un peu d’ordre en moi-même. – J’ai tendance à me plaire.

En rêve on se rencontre, – On s’aime, on se complète. – On ne va pas plus loin – Que dans l’autre et dans soi.

Méfiez-vous. – Les apparences – Peuvent être vraies.

Avoue toujours. – Plus tu en diras, – Plus tu en garderas.

Le soleil – Ne sait rien de l’ombre.

Le soleil – Ne parle pas du mal – Qu’il a eu – A être là.

Il ne faut pas mentir, – Rien n’est si mort qu’un mort.

Vivre c’est pour apprendre à bien poser sa tête sur un ventre de femme.

Pas d’aile, pas d’oiseau, pas de vent, mais la nuit, – Rien que le battement d’une absence de bruit.

Il n’y a pas de lumière – Qui n’ait un masque de lumière.

Les apparences – Peuvent être vraies.

Le langage est le confessionnal du peuple.

Il n’y a pas d’ailleurs – Où guérir d’ici.

On t’accompagnera – Si tu trouves ta route.

Il se pourrait – Qu’à un certain moment – Rien ne bouge, – Nulle part.

Ce qui peut passer, – Qui ne passera pas, – Ne restera pas.

La distance – Grappille le temps.

Quand une lumière – Rencontre une autre lumière – On entend monter – Un chant de prophète.

Il y a des silences – Gros de silence. – Ils s’écoutent.

L’eau – Dans l’étang – Est occupée – A garder le temps.

Nous construisons le monde – Qui nous le rendra bien.

Mais mourir, – Ce peut être une grande fatigue – Un soir, – Et un aveu.

On ne possède rien, jamais, – Qu’un peu de temps.