Citations de : Marguerite Duras

S’il n’y a pas de musique dans les livres, il n’y pas de livres. Ce qui veut dire que quatre-vingt dix pour cent des livres ne sont pas des livres, ce sont des lectures, comme on lit un journal en prenant son bain.

Une idée est toujours une bonne idée, du moment qu’elle fait faire quelque chose.

Il n’y a pas de vacances à l’amour …, ça n’existe pas. L’amour, il faut le vivre complètement avec son ennui et tout, il n’y a pas de vacances possibles à ça.

… pour que vous vous intéressiez à moi, il faut que je vous parle de vous.

… la connaissance qu’a un seul homme de la faute de cent autres ne lui sert à rien.

Il n’y a rien de plus dégoûtant qu’un bijou. Ca ne sert à rien, à rien. Et ceux qui les portent n’en ont pas besoin, moins besoin que n’importe qui.

(La folie ou la mort) sont les deux termes familiers entre lesquels l’ignorance oscille d’habitude…

La confirmation de la tristesse est une consolation.

Je comprends mais je ne vois pas pourquoi je comprends. Je comprends ce que vous dites, mais ce que vous voulez dire en disant ce que vous dites, ça je ne le comprends pas.

Quand les oiseaux sont décidés à appartenir, c’est épouvantable, il n’y a pas plus appartenant que les oiseaux.

A travers l’eau pure du diamant l’avenir s’étalait en effet, étincelant. On y entrait, un peu aveuglé, étourdi.

Joseph … avait fini de réparer le petit pont de bois. Maintenant il consolidait les piliers avec des pierres qu’il allait chercher sur la piste.

En principe, prétendaient-ils, l’assèchement de la plaine ne pouvait faire l’objet que d’un plan gouvernemental, mais aucun règlement, à leur connaissance, n’interdisait à un concessionnaire de faire des barrages sur sa propre concession.

Elle baissa sa main, l’étala devant elle et enfila la bague dans son annulaire. Ses yeux ne quittaient pas le diamant.

Diana refusa en disant qu’elle était anéantie de bien-être.

Pourquoi une maternité ne serait-elle pas mal venue? Pourquoi la naissance d’une mère par la venue de l’enfant ne serait-elle pas ratée elle aussi?

C’est dommage pour ces petits chevaux-là, j’aurais bien aimé de vous les montrer.

Sans fin se décrivant. L’un l’autre. A l’un, l’autre. Disant la couleur des yeux. Le grain de la peau. La douceur du sein qui tient dans la main. La douceur de cette main. En ce moment même où elle en parle, elle la regarde. Je me regarde avec tes yeux.

Ainsi cependant vous avez pu vivre cet amour de la seule façon qui puisse se faire pour vous, en le perdant avant qu’il soit advenu.

Ma vie est un film doublé, mal monté, mal interprété, mal ajusté, une erreur en somme.

La mort baptise aussi.

L’écrit ça arrive comme le vent, c’est nu, c’est de l’encre, c’est l’écrit, et ça passe comme rien d’autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie.

La solitude est toujours accompagnée de folie.

Moi je ressemble à tout le monde. Je crois que jamais personne ne s’est retourné sur moi dans la rue. Je suis la banalité.

L’insulte, c’est aussi fort que l’écriture.

La solitude c’est ce sans quoi on ne fait rien. Ce sans quoi on ne regarde plus rien. C’est une façon de penser, de raisonner, mais avec la seule pensée quotidienne.

Il y a le suicide dans la solitude d’un écrivain.

Etre seule avec le livre non encore écrit, c’est être encore dans le premier sommeil de l’humanité.

Ecrire c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit.

Le doute, c’est écrire.

Est jeune (geste indiquant un jeune guerrier), comme ça, mais dans la tête est antique.

C’est bien la même chose, en fin de compte, toutes ces histoires: travailler…, pas travailler… et puis on s’embarque sur ce bateau-là… Ce qu’il faut? Ne rien regretter, c’est tout.

Il reste toujours quelque chose de l’enfance, toujours…

On est tous pareils, tous des gens d’argent. Il suffit de commencer à en gagner.

J’ai commencé tôt à faire de moins en moins ce qui m’aurait plu, et puis à ne plus le faire du tout. C’est ce qu’on appelle une existence remplie.

On croit que, lorsqu’une chose finit, une autre recommence tout de suite. Non. Entre les deux, c’est la pagaille.

… qu’elle soit bonne ou mauvaise, ta vie, il n’y a pas deux façons de quitter sa mère.

Nous ne nous aimons pas et … Je ne savais pas que ça pouvait être aussi effrayant de ne pas s’aimer.

Il y a souvent des récits et très peu souvent de l’écriture.

Il y aurait une écriture du non-écrit. Un jour ça arrivera. Une écriture brève, sans grammaire, une écriture de mots seuls. Des mots sans grammaire de soutien. Egarés. Là, écrits. Et quittés aussitôt.

On ne trouve pas la solitude, on la fait.

… c’est une merveille, à mon âge, d’ignorer l’avenir.