Citations de : Pierre Corneille

Qui ne craint point la mort ne craint point les menaces. – J’ai le coeur au-dessus des plus fières disgrâces; – Et l’on peut me réduire à vivre sans bonheur, – Mais non pas me résoudre à vivre sans honneur.

Qui m’aima généreux me haïrait infâme.

Qui change une fois peut changer tous les jours.

Que le plaisir se goûte au sortir des supplices!

Que je meure au combat, ou meure de tristesse, – Je rendrai mon sang pur comme je l’ai reçu.

Qu’une femme hargneuse est un mauvais voisin!

Qu’un monstre tel que vous inspire peu de crainte!

Prends un siège, Cinna, prends et sur toute chose – Observe exactement la loi que je t’impose.

Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes: – Ils peuvent se tromper comme les autres hommes.

Pleurez, pleurez, mes yeux et fondez-vous en eau! – La moitié de ma vie a mis l’autre au tombeau.

Père dénaturé, malheureux politique!

Paraissez, Navarrais, Mores et Castillans.

On va d’un pas plus ferme à suivre qu’à conduire.

On a peine à haïr ce qu’on a bien aimé – Et le feu mal éteint est bientôt rallumé.

Oh! combien d’actions, combien d’exploits célèbres – Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres.

O soupirs, ô respect! oh! qu’il est doux de plaindre – Le sort d’un ennemi quand il n’est plus à craindre!

O rage! ô désespoir! ô vieillesse ennemie!

O Ciel! Que de vertus vous me faites haïr!

Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort – Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port.

Nos plus heureux succès sont mêlés de tristesse.

Non, je ne pleure point, Madame, mais je meurs.

Nérine: – Votre pays vous hait, votre époux est sans foi: – Dans un si grand revers que vous reste-t-il? – – Médée: – Moi, – Moi, dis-je, et c’est assez.

Un bienfait perd sa grâce à le trop publier: – Qui veut qu’on s’en souvienne, il le doit oublier.

Qui n’a que ce qu’il doit a peu de perte à faire.

Un bien acquis sans peine est un trésor en l’air.

Mais qui parle beaucoup dit beaucoup de sottises; – Et quand il a dessein de se mettre en crédit, – Plus il fait d’effort, moins il sait ce qu’il dit.

… quiconque prend se vend.

L’amour est un grand maître, il instruit tout d’un coup.

Ah! que loin des yeux – Les moments à mon coeur deviennent ennuyeux! – Et que je reconnais par mon expérience – Quel supplice aux amants est une heure d’absence!

La curiosité souvent dans quelques âmes – Produit le même effet que produiraient des flammes.

Un menteur est toujours prodigue de serments.

Chaque moment d’attente ôte de notre prix, – Et fille qui vieillit tombe dans le mépris.

Mourir pour le pays est un si digne sort, – Qu’on briguerait en foule une si belle mort.

Moins un homme sent son mal, plus il est malade.

Mes pareils à deux fois ne se font point connaître, – Et pour leurs coups d’essai veulent des coups de maître.

Marquise, si mon visage – A quelques traits un peu vieux, – Souvenez-vous qu’à mon âge – Vous ne vaudrez guère mieux.

Mais quoi? toujours du sang, et toujours des supplices!

Mais qui peut vivre infâme est indigne du jour; – Plus l’offenseur est cher, plus grande est l’offense.

Mais le trône soutient la majesté des rois – Au-dessus des mépris, comme au-dessus des lois.

Ma plus douce espérance est de perdre l’espoir.

Les gens que vous tuez se portent assez bien.

Les exemples vivants ont bien plus de pouvoir; – Un prince dans un livre apprend mal son devoir.

Les esprits généreux jugent tout par eux-mêmes.

Le vrai savoir donne plus lieu de trembler que de s’enorgueillir.

Le temps est un grand maître, il règle bien des choses.

Le temps aux plus belles choses – Se plaît à faire un affront, – Et saura faner vos roses – Comme il a ridé mon front.

Le sujet d’une belle tragédie doit n’être pas vraisemblable.

Le reste ne vaut pas l’honneur d’être nommé.

Le pire des Etats, c’est l’Etat populaire.

La violence est juste où la douceur est vaine.

La raison et l’amour sont ennemis jurés.

La jalousie aveugle un coeur atteint, – Et, sans examiner, croit tout ce qu’elle craint.

La grâce est aux grands coeurs honteuse à recevoir.

La façon de donner vaut mieux que ce qu’on donne.

La comédie n’est qu’un portrait de nos actions et de nos discours, et la perfection des portraits consiste en la ressemblance.

L’empire est quelque chose, et l’Empereur n’est rien.

Que vouliez-vous qu’il fît contre trois?

Je vous aime – Beaucoup moins que mon Dieu, mais bien plus que moi-même.

Je vois, je sais, je crois, je suis désabusée.

Je suis Romaine, hélas! puisqu’Horace est Romain.

Je suis maître de moi comme de l’univers: – Je le suis, je veux l’être.

Je suis jeune, il est vrai; mais aux âmes bien nées – La valeur n’attend pas le nombre des années.

Je sais ce que je vaux, et crois ce qu’on m’en dit.

Je ne veux point de rois qui sachent obéir.

Je ne fais rien du tout quand je pense tout faire.

Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée, – Et pense toutefois n’avoir point de rival – A qui je fasse tort en le traitant d’égal.

Je ne cherche en aimant que le seul bien d’aimer.

Je me défendrai mal: l’innocence étonnée – Ne peut s’imaginer qu’elle soit soupçonnée.

Je le ferais encor si j’avais à le faire.

Je demeure stupide.

Je cherche le silence et la nuit pour pleurer.

Jamais nous ne goûtons de parfaite allégresse: – Nos plus heureux succès sont mêlés de tristesse; – Toujours quelques soucis en ces événements – Troublent la pureté de nos contentements.

J’en accepte l’augure et j’ose l’espérer.

Il m’a fait trop de bien pour en dire du mal, – Il m’a fait trop de mal pour en dire du bien.

Il faut bonne mémoire après qu’on a menti.

Hélas! je sors d’un mal pour tomber dans un pire.

Fuyez un ennemi qui sait votre défaut.

Faut-il tant de fois vaincre avant que triompher!

Faites votre devoir, et laissez faire aux dieux.

Et, monté sur le faîte, il aspire à descendre.

Et le moindre moment d’un bonheur souhaité – Vaut mieux qu’une si froide et vaine éternité.

Et le combat cessa faute de combattants.

Et je dirais que je vous aime, – Seigneur, si je savais ce que c’est que d’aimer.

Devine, si tu peux, et choisis, si tu l’oses.

Cinna, tu t’en souviens, et veux m’assassiner.

Cette obscure clarté qui tombe des étoiles.

Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage; – Meurs ou tue …

Attale a le coeur grand, l’esprit grand, l’âme grande, – Et toutes les grandeurs dont se fait un grand roi.

Amour, sur ma vertu prends un peu moins d’empire!

Allez, honneurs, plaisirs, qui me livrez la guerre: – Toute votre félicité – Sujette à l’instabilité – En moins de rien tombe par terre; – Et comme elle a l’éclat du verre, – Elle en a la fragilité.

Albe vous a nommé, je ne vous connais plus.

Ah! pour être Romain, je n’en suis pas moins homme.

Ah! ne me brouillez point avec la République…

Adieu, trop malheureux et trop parfait amant.

A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

A raconter ses maux souvent on les soulage.

A qui venge son père, il n’est rien d’impossible. Ton bras est invaincu, mais non pas invincible.

A quatre pas d’ici je te le fais savoir.

A moi, Comte, deux mots.

A force d’être juste, on est souvent coupable.

Va, cours, vole et nous venge.

… Quand une femme a le don de se taire, – Elle a des qualités au-dessus du vulgaire.

Et le désir s’accroît quand l’effet se recule. – Car ce n’est pas régner qu’être deux à régner. – Je suis romaine, hélas! puisque mon époux l’est.

Rodrigue: – Qui l’eût cru! – Chimène: – Qui l’eût dit?

Vous ne passerez pour belle – Qu’autant que je l’aurai dit.

Voir le dernier Romain à son dernier soupir, – Moi seule en être cause, et mourir de plaisir!

Va, je ne te hais point.

Un vieillard amoureux mérite qu’on en rie: – Mais le trône soutient la majesté des rois – Au-dessus des mépris, comme au-dessus des lois.

Un tas d’hommes perdus de dettes et de crimes.

Un peu de dureté sied bien aux grandes âmes.

Un monarque a souvent des lois à s’imposer; – Et qui veut pouvoir tout ne doit pas tout oser.

Un coeur est trop cruel quand il trouve des charmes – Aux douceurs que corrompt l’amertume des larmes.

Trêve, mes tristes yeux, trêve aujourd’hui de larmes.

Toujours, l’ambition déplaît quand elle est assouvie.

Tombe sur moi le ciel, pourvu que je me venge!

Tel donne à pleine mains qui n’oblige personne: – La façon de donner vaut mieux que ce qu’on donne.

Ta vertu met ta gloire au-dessus de ton crime.

Ta vertu m’est connue.

Sur mes pareils, Néarque, un bel oeil est bien fort.

Soyons amis, Cinna, c’est moi qui t’en convie.

Source délicieuse, en misères féconde, – Que voulez-vous de moi, flatteuses voluptés?

Si mourir pour son prince est un illustre sort, – Quand on meurt pour son Dieu, quelle sera la mort!

Si l’amour vit d’espoir, il périt avec lui – C’est un feu qui s’éteint, faute de nourriture.

Seigneur, si j’ai raison, qu’importe à qui je sois?

Seigneur, de vos bontés il faut que je l’obtienne; – Elle a trop de vertus pour n’être pas chrétienne.

Rome, si tu te plains que c’est là te trahir, – Fais-toi des ennemis que je puisse haïr.

Rome, l’unique objet de mon ressentiment! – Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant! – Rome qui t’a vu naître et que ton coeur adore! – Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore!

Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis.

Rodrigue, as-tu du coeur?

Rentre en toi-même, Octave, et cesse de te plaindre. – Quoi! tu veux qu’on t’épargne et n’as rien épargné!

Quoi? vous vous arrêtez aux songes d’une femme?

Quoi? Vous ne pouvez pas ce que peut une femme?

Dorante: – Cependant accordez à mes voeux innocents – La licence d’aimer des charmes si puissants. – – Clarice: – Un coeur qui veut aimer, et qui sait comme on aime – N’en demande jamais licence qu’à soi-même.

Un amant a fort peu de quoi se satisfaire – Des faveurs qu’on lui fait sans dessein de les faire: – Comme l’intention seule en forme le prix, – Assez souvent sans elle on les joint au mépris.

J’estime plus un don qu’une reconnaissance: – Qui nous donne fait plus que qui nous récompense.

Et quiconque se plaint cherche à se consoler.

Que venir, voir, et vaincre, est même chose en moi.

Un coeur né pour servir sait mal comme on commande.

Mais c’est une imprudence assez commune aux rois – D’écouter trop d’avis, et se tromper au choix.

Les bravades enfin sont des discours frivoles, – Et qui songe aux effets néglige les paroles.

Je perdrai qui me perd, ne pouvant me sauver.

Le temps de chaque chose ordonne et fait le prix.

Je ne le vois que trop, Photin et ses pareils – Vous ont empoisonné de leurs lâches conseils: – Ces âmes que le ciel ne forma que de boue…

Car c’est ne régner pas qu’être deux à régner.

Qui punit le vaincu ne craint point le vainqueur.

Quand on craint d’être injuste, on a toujours à craindre; – Et qui veut tout pouvoir doit oser tout enfreindre, – Fuir comme un déshonneur la vertu qui le perd, – Et voler sans scrupule au crime qui le sert.

Quand on veut soutenir ceux que le sort accable, – A force d’être juste on est souvent coupable.

C’est peu d’aller au ciel, je veux vous y conduire.

Et lorsqu’on dissimule un crime domestique, – Par quelle autorité peut-on, par quelle loi, – Châtier en autrui ce qu’on souffre chez soi?

Quand le crime d’Etat se mêle au sacrilège, – Le sang ni l’amitié n’ont plus de privilège.

Qui chérit son erreur ne la veut pas connaître.

Qui n’appréhende rien présume trop de soi.

La vertu la plus ferme évite les hasards.

Il est bon qu’un mari nous cache quelque chose, – Qu’il soit quelquefois libre, et ne s’abaisse pas – A nous rendre toujours compte de tous ses pas.

Tant qu’ils ne sont qu’amants nous sommes souveraines, – Et jusqu’à la conquête ils nous traitent de reines, – Mais après l’hyménée ils sont rois à leur tour.

La gloire et le plaisir, la honte et les tourments, – Tout doit être commun entre de vrais amants.

Que la vengeance est douce à l’esprit d’une femme!

Et qu’enfin la clémence est la plus belle marque – Qui fasse à l’univers connaître un vrai monarque.

Qui pardonne aisément invite à l’offense; – Punissons l’assassin, proscrivons les complices. – Mais quoi? toujours du sang, et toujours des supplices! – Ma cruauté se lasse, et ne peut s’arrêter; – Je veux me faire craindre, et ne fais qu’irriter.

On n’est point criminel quand on punit un crime.

Les bienfaits ne font pas toujours ce que tu penses; – D’une main odieuse ils tiennent lieu d’offenses: – Plus nous en prodiguons à qui nous peut haïr, – Plus d’armes nous donnons à qui nous veut trahir.

Quand la perte est vengée, on n’a plus rien perdu.

Un oracle jamais ne se laisse comprendre; – On l’entend d’autant moins que plus on croit l’entendre; – Et, loin de s’assurer sur un pareil arrêt, – Qui n’y voit rien d’obscur doit croire que tout l’est.

Qui veut mourir, ou vaincre, est vaincu rarement.

Le devoir d’une fille est dans l’obéissance.

Quoiqu’à peine à mes maux je puisse résister, – J’aime mieux les souffrir que de les mériter.

Je crains notre victoire autant que notre perte.

Ainsi de notre espoir la fortune se joue: – Tout s’élève ou s’abaisse au branle de sa roue. – Et son ordre inégal, qui régit l’univers, – Au milieu du bonheur a ses plus grands revers.

Ma passion m’aveugle, et pour cette conquête – Croit hasarder trop peu de hasarder ma tête. – C’est un feu que le temps pourra seul modérer; – C’est un torrent qui passe et ne saurait durer.

L’amour dont la vertu n’est point le fondement – Se détruit de soi-même, et passe en un moment;

Qui cache sa colère assure sa vengeance;

Un rien s’ajuste mal avec un autre rien;

Souvent je ne sais quoi que le ciel nous inspire – Soulève tout le coeur contre ce qu’on désire, – Et ne nous laisse pas en état d’obéir – Quand on choisit pour nous ce qu’il nous faut haïr.

… Un amour véritable – S’attache seulement à ce qu’il voit aimable.

Nous donnons bien souvent de divers noms aux choses: – Des épines pour moi, vous les nommez des roses.

Je vais t’assassiner d’un seul de mes regards …

A qui sait bien aimer il n’est rien d’impossible.

Prendre l’ordre à mourir d’une main ennemie, – C’est mourir, pour un roi, beaucoup plus d’une fois.

Où le péril égale, et passe le plaisir, – Il faut se faire force, et vaincre son désir.

J’eus toujours pour suspects les dons des ennemis, – Ils font assez souvent ce que n’ont pu leurs armes.

Celui-là fait le crime à qui le crime sert.

Souvent je ne sais quoi qu’on ne peut exprimer – Nous surprend, nous emporte, et nous force d’aimer – Et souvent, sans raison, les objets de nos flammes – Frappent nos yeux ensemble et saisissent nos âmes.

Quiconque sans l’ouïr condamne un criminel – Son crime eût-il cent fois mérité le supplice, – D’un juste châtiment il fait une injustice.

N’accusez point l’amour ni son aveuglement; – Quand on connaît sa faute, on manque doublement.

Qui peut, sans s’émouvoir, supporter une offense, – Peut mieux prendre à son point le temps de sa vengeance – Et sa feinte douceur, sous un appât mortel, – Mène insensiblement sa victime à l’autel.

La peinture et la poésie ont cela de commun entre beaucoup d’autres choses, que l’une fait souvent de beaux portraits d’une femme laide, et l’autre de belles imitations d’une action qu’il ne faut pas imiter.

Qui veut tout retenir laisse tout échapper.

Nous ne sommes point redevables à celui de qui nous recevons un bienfait par contrainte, et on ne nous donne point ce qu’on ne saurait nous refuser.

Qu’en l’attente de ce qu’on aime – Une heure est fâcheuse à passer!

Qu’aisément un esprit qui se laisse flatter – S’imagine un bonheur qu’il pense mériter!

J’avais peur d’en trop dire; et cruelle à moi-même, – Parce que j’aime trop, j’ai banni ce que j’aime.

Si j’ai feint pour toi quelques feux, – C’est à quoi plus rien ne m’oblige: – Quand on a l’effet de ses voeux, – Ce qu’on adorait se néglige.

On néglige aisément un homme qui néglige.

Qui ne peut rien prétendre a droit d’abandonner.

Vous n’êtes pas encore au point où je vous veux: – Et toute amitié meurt où naissent de vrais feux.

Que l’amour aisément penche à la jalousie! – Qu’on croit tôt ce qu’on craint en ces perplexités, – Où les moindres soupçons passent pour vérités!

Je ne réplique point à des gens en colère.

C’est n’aimer qu’à demi qu’aimer avec réserve.

La force de l’amour paraît dans la souffrance.

Chacun fait ce qu’il peut, et ce n’est pas merveille – Si, comme avec bon droit on perd bien un procès, – Souvent un bon ouvrage a de faibles succès.

Il n’en faut point douter, l’amour a des tendresses – Que nous n’apprenons point qu’auprès de nos maîtresses.

L’amour le plus parfait n’est pas un mariage; – Fort souvent moins que rien cause un grand changement, – Et les occasions naissent en ce moment.

Nous n’avons qu’un honneur, il est tant de maîtresses! – L’amour n’est qu’un plaisir, l’honneur est un devoir.

Et de quoi que nous flatte un désir amoureux, – Toute excuse est honteuse aux esprits généreux.

La moitié de ma vie a mis l’autre au tombeau, – Et m’oblige à venger, après ce coup funeste, – Celle que je n’ai plus sur celle qui me reste.

Qu’on est digne d’envie – Lorsqu’en perdant la force on perd aussi la vie!

Le trop de confiance attire le danger.

Et lorsque le malade aime sa maladie, – Qu’il a peine à souffrir que l’on y remédie!

Je sens couler des pleurs que je veux retenir; – Le passé me tourmente, et je crains l’avenir.

Quoi qu’on fasse d’illustre et de considérable, – Jamais à son sujet un roi n’est redevable.

Monsieur, pour conserver ma gloire et mon estime, – Désobéir un peu n’est pas un si grand crime.

Mon mal augmente à le vouloir guérir.

L’amour est un tyran qui n’épargne personne.

Le cuisant souvenir d’une action méchante – Soudain au moindre mot nous donne l’épouvante.

Le monde est un chaos, et son désordre excède – Tout ce qu’on y voudrait apporter de remède.

Nous donnons aisément ce qui n’est plus à nous.

Ma flamme est toute pure, et sans rien présumer, – Je ne cherche en aimant que le seul bien d’aimer.

L’absence ne fait mal que de ceux que l’on aime.

Loin de vous il n’est rien qu’avec plaisir je voie, – Tout me devient fâcheux, tout s’oppose à ma joie: – Un chagrin invincible accable tous mes sens.

La confidence avec un bon ami – Jamais, sans l’offenser, ne s’exerce à demi.

Un crime attire l’autre, et, de peur d’un supplice, – On tâche, en étouffant ce qu’on en voit d’indice, – De paraître innocent à force de forfaits.

Un corps peut-il guérir, dont le coeur est malade?

Allons; ma volonté n’a de loi que la tienne; – Et l’amour, par tes yeux devenu tout-puissant, – Rend déjà la vigueur à mon corps languissant.

Qui se venge en secret, en secret en fait gloire.

Je crains ce que je cherche, et je ne connais pas – De plus grand heur pour moi que d’y perdre mes pas.

Un homme dont les biens font toutes les vertus – Ne peut être estimé que des coeurs abattus.

Je meure, s’il n’est vrai que la moitié du monde – Sur l’exemple d’autrui se conduit et se fonde!

Une fausse louange est un blâme secret: – Je suis belle à tes yeux, il suffit, soit discret; – C’est mon plus grand bonheur, et le seul où j’aspire.

En matière d’amour, rien n’oblige à tenir; – Et les meilleurs amis, lorsque son feu les presse, – Font bientôt vanité d’oublier leur promesse.

… Elle a je ne sais quoi – Qui ne peut consentir que l’on demeure à soi.

Pauvre amant, je te plains qui ne sais pas encore – Que bien qu’une beauté mérite qu’on l’adore, – Pour en perdre le goût, on n’a qu’à l’épouser.

Mais encore faut-il «être bien né»!

Le peuple ici vous aime, et hait ces coeurs infâmes;Et c’est être bien fort que régner sur tant d’âmes.Mais votre frère Attale adresse ici ses pas.

C’est peu de dire aimer, Elvire: je l’adore.

Comte, sois de mon prince à présent gouverneur:Ce haut rang n’admet point un homme sans honneur;Et ton jaloux orgueil, par cet affront insigne,Malgré le choix du roi, m’en a su rendre indigne.

L’unité d’action consiste, dans la comédie, en l’unité d’intrigue.

Il est nécessaire que chaque acte laisse une attente de quelque chose qui se doive faire dans celui qui le suit.

Procule: – – Que venez-vous de faire? – – Horace: – – Un acte de justice: un semblable forfait veut un pareil supplice.

Assurez-vous sur moi, je vous suis toute acquise.

Et dans les doux torrents d’une allégresse entière – Tu verras s’abîmer tes maux les plus amers.

L’inceste où malgré vous tous deux je vous abîme, – Recevra de ma main sa première victime.

Faites qu’elle aime ailleurs et punisse son crime – Par ce désespoir même où son change m’abîme.

L’autre, par Néron dans le vice abîmé, – Ramènera ce luxe où sa main l’a formé.

Sous mes pas, c’est creuser un abîme.

Pour moi qui ne vois rien dans le trouble où je suis, – Qu’un gouffre de malheurs, qu’un abîme d’ennuis.

La main qui me tue – Rend sous mes déplaisirs ma constance abattue.

Pison a l’âme simple et l’esprit abattu.

Je demeure immobile et mon âme abattue – Cède au coup qui la tue.

Et ma tête abattue ébranlerait la vôtre.

Je t’adopte pour fils, accepte-moi pour père.

Leur abord fut bien prompt, leur fuite encor plus prompte.

De sa haine aux abois la fierté se redouble.

J’en laissai deux sans vie et mis l’autre aux abois.

Et ces esprits légers, approchant des abois, – Pourraient bien se dédire une seconde fois.

Ah! quel âpre tourment! quels douloureux abois!

Unissons ma vengeance à votre politique – Pour sauver des abois toute la république.

Mais pardonne aux abois d’une vieille amitié, – Qui ne peut expirer sans me faire pitié, – Et laisse-moi, de grâce, attendant émilie, – Donner un libre cours à ma mélancolie.

Et dans les plus bas rangs les noms les plus abjects – Ont voulu s’ennoblir par de si hauts projets.

De quoi peut satisfaire un coeur si généreux – Le sang abject et vil de ces deux malheureux?

On te croirait toujours abattu sans effort.

Et du premier revers la fortune l’abat.

Abattons sa superbe avec sa liberté.

Et j’abattrai d’un coup sa tête et son orgueil.

Il a de votre sceptre abattu le soutien.

Pour le faire tomber, j’abattrai son appui.

Et cet abattement que lui cause la peste.

Ce monarque étonné à ses frayeurs déjà s’était abandonné.

Trône, à t’abandonner je ne puis consentir.

Apprends de leurs indices – L’auteur de l’attentat, et l’ordre, et les complices; – Je te les abandonne…

Mais je m’étonne fort de voir à l’abandon – Du prince Héraclius les droits avec le nom.

L’épargne de mon père entièrement ouverte, – Lui met à l’abandon tous les trésors du roi.

(Elle) lui gagnerait le coeur d’un prince libéral, – Et de tous ses trésors l’abandon général.

J’abandonnai mon âme à des ravissements…

Peut-elle s’abaisser jusqu’à souffrir ma vue?

De moment en moment son âme plus humaine – Abaisse sa colère et rabat de sa haine.

Car enfin n’attends pas que j’abaisse ma haine.

Disposez de sa main, et pour première loi, Madame, ordonnez-lui d’abaisser l’oeil sur moi.

Jamais étoile, lune, aurore, ni soleil, – Ne virent abaisser sa paupière (du dragon) au sommeil.

Un peu d’abaissement suffit pour une reine.

A ce que je puis voir, vous avez combattu, Prince, par intérêt plutôt que par vertu.

Ce grand coeur qui paraît au discours que tu tiens.

Viens, suis-moi, va combattre et montrer à ton roi – Que ce qu’il perd au comte, il le retrouve en toi.

Il est ce que tu dis, s’il embrasse leur foi; – Mais il est mon époux, et tu parles à moi.

Quelque effort que l’on fasse à rompre vos beaux noeuds.

J’attire en me vengeant sa haine et sa colère; – J’attire ses mépris en ne me vengeant pas.

Ou laissez-moi périr, ou laissez-moi régner.

Nos plaisirs les plus doux ne vont pas sans tristesse.

Que de maux et de pleurs nous coûteront nos pères!

Ma mort était ma gloire, et le destin m’en prive…

Et la mort ou l’exil ou les abaissements – Seront pour vous et moi ses vrais remercîments.

A l’une ou l’autre enfin votre âme à l’abandon – Ne lui pourra jamais refuser ce pardon.

A de plus hauts partis Rodrigue doit prétendre.

L’amour que j’ai pour vous est tout à votre gloire.

Soyez prêt à demain.

Je deviendrais suspect à parler davantage.

A les défendre mal je les aurais trahis.

J’en ferais autant qu’elle à vous connaître moins.

J’entreprendrais sur elle à l’accepter de vous.

Abandonner mon camp en est un (crime) capital, – Inexcusable en tous et plus au général.

Un service au-dessus de toute récompense – A force d’obliger tient presque lieu d’offense.

Quand le bras a failli, l’on en punit la tête.

Plus l’offenseur est cher, et plus grande est l’offense.

Un prince dans un livre apprend mal son devoir.

Je sais ce qu’à mon coeur coûtera votre vue, – Mais qui cherche à mourir doit chercher ce qui tue.

Où dois-je recourir, – O Ciel, s’il faut toujours aimer, souffrir, mourir?

Il faut des images.

O qu’il n’est pas de ceux dont l’esprit à la mode – A l’humeur d’un amy jamais ne s’accommode, – Et qui nous font souvent cent protestations – Et contre les effects, ont mille inventions!

Il ne faut craindre rien quand on a tout à craindre.

Qui se laisse outrager mérite qu’on l’outrage; – Et l’audace impunie enfle trop un courage.

On n’aime point à voir ceux à qui l’on doit tout.

Le trop de promptitude à l’erreur nous expose.

Plus le péril est grand, plus doux est le fruit.

L’amour n’est qu’un plaisir, l’honneur et un devoir.

Le seul bruit de mon nom renverse les murailles, – Défait les escadrons, et gagne les batailles.

Nous mourrons à toute heure; et dans le plus doux sort, – Chaque instant de la vie est un pas vers la mort.

J’ai souhaité l’empire et j’y suis parvenu.

Pratiquez vos conseils ou n’en donnez pas.

Je prendrai part aux maux sans en prendre à la gloire; – Et je garde, au milieu de tant d’âpres rigueurs, – Mes larmes aux vaincus, et ma haine aux vainqueurs.

Ci-gît Jean qui baissait les yeux – A la rencontre des gens sobres – Et qui priait tout bas les dieux – Que l’année ait plusieurs octobres.

Il est doux de mourir après ses ennemis; – Et, de quelque rigueur que le destin me traite, – Je perds moins à mourir qu’à vivre leur sujette.

Qui se venge à demi court lui-même à sa peine: – Il faut ou condamner ou couronner sa haine.

Souvent qui tarde trop se laisse prévenir.

Le feu qui semble éteint souvent dort sous la cendre; – Qui l’ose réveiller peut s’en laisser surprendre.

Si vous voulez régner, faites régner l’amour.

Il est des noeuds secrets, il est des sympathies, – Dont par le doux rapport les âmes assorties – S’attachent l’une à l’autre, et se laissent piquer – Par ces je ne sais quoi qu’on ne peut expliquer.

La haine entre les grands se calme rarement; – La paix souvent n’y sert que d’un amusement.

Pour la cause de Dieu s’offrir en sacrifice, – C’est courir à la vie, et non au supplice.

On retire souvent le bras pour mieux frapper. – Qui veut que je la trompe a droit de me tromper.

L’amour va rarement jusque dans un tombeau – S’unir au reste affreux de l’objet le plus beau.

Les visages souvent sont de doux imposteurs. – Que de défauts d’esprit se couvrent de leurs grâces! – Et que de beaux semblants cachent des âmes basses!

J’appelle rêveries – Ce qu’en d’autres qu’un maître on nomme menteries.

Monsieur, quand une femme a le don de se taire, – Elle a des qualités au-dessus du vulgaire.

O combien d’actions, combien d’exploits célèbres Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres, Où chacun, seul témoin des grands coups qu’il donnait, Ne pouvait discerner où le sort inclinait!

Je dois tout à mon père avant qu’à ma maîtresse: Que je meure au combat, ou meure de tristesse, Je rendrai mon sang pur comme je l’ai reçu.

Tu t’es, en m’offensant, montré digne de moi; Je me dois, par ta mort, montrer digne de toi.

On est toujours trop prêt quand on a du courage.

Ton adorable intégrité, O Vierge mère, ainsi ne souffre aucune atteinte, Lorsqu’en tes chastes flancs se fait l’union sainte De l’essence divine à notre humanité.

Votre grade hors du commun Incommode fort qui vous aime.

Comme tout ce discours n’était que fiction, Je cachais mon retour et ma condition.

Ne déguisons plus rien, cher Philiste: il est tempsQu’un aveu mutuel rende nos voeux contents.

Les mystères de cour souvent sont si cachésQue les plus clairvoyants y sont bien empêchés.

C’est à vous de choisir mon amour ou ma haine.

Près d’un esprit si chaud et si fort emporté,Suréna dans ma cour est-il en sûreté?

Qu’au reste les veneurs, allant sur leurs brisées, ne forcent pas le cerf, s’il est aux reposées; qu’ils prennent connoissance, et pressent mollement, sans le donner aux chiens qu’à mon commandement.

Il vous prit quelque argent, mais ce petit butin à peine lui dura du soir jusqu’au matin; et pour gagner Paris, il vendit par la plaine des brevets à chasser la fièvre et la migraine, dit la bonne aventure, et s’y rendit ainsi.

Vous êtes généreux; soyez-le jusqu’au bout.

Mon coeur outré d’ennuis n’ose rien espérer. Un orage si prompt qui trouble une bonace d’un naufrage certain nous porte la menace: je n’en saurois douter, je péris dans le port.

Il est trop bon mari pour être assez bon père.

Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers?

Je peindrai cette ardeur constante et légitime De retrancher le luxe et d’extirper le crime.

La plus fausse apparence a droit de nous troubler.

Source de tous les biens, inépuisable et pure,Maître des hommes et des dieux,Cher auteur des maux que j’endure,Etes-vous pour jamais disparu de mes yeux?

Dorante:- Je disois vérité.Cliton:- Quand un menteur la dit, en passant par sa bouche elle perd son crédit.

Je sais ce que je suis et ce que je me dois.

Qu’un feu jadis si beau n’en devienne pas moindre:rendez-lui votre coeur, et recevez sa foi;vivez heureux ensemble, et mourez comme moi;c’est le bien qu’à tous deux Polyeucte desire.

De mille désespoirs mon coeur est assailli.

Ce qui naît d’un moyen périt par son contraire;Tout ce que l’un a fait, l’autre peut le défaire;Et dans la lâcheté du vice où je te voi,Tu n’es plus gentilhomme, étant sorti de moi.

Je vous demande pardon si je vous débite avec tant de franchise ma pensée sur les présents que vous m’avez faits.

Garrottez ce maraud; les couples de vos chiensVous y pourront servir, faute d’autres liens.

Quand l’âge dans mes nerfs a fait couler sa glace,Votre rare valeur a bien rempli ma place;Enfin, pour épargner les discours superflus,Vous êtes aujourd’hui ce qu’autrefois je fus.

Il est tard, après tout, de m’en vouloir dédire. Aujourd’hui l’on s’assemble, aujourd’hui l’on conspire; l’heure, le lieu, le bras se choisit aujourd’hui; et c’est à faire enfin à mourir après lui.

J’en accepte l’augure, et j’ose l’espérer: ainsi toujours les dieux vous daignent inspirer!

Recevez tout l’honneur qu’on vous doit aujourd’hui: l’ambassadeur romain me demande audience; il verra ce qu’en vous je prends de confiance; vous l’écouterez, prince, et répondrez pour moi.

Sire, j’y suis venu: cet objet l’a trompée; elle m’a cru vainqueur, me voyant de retour, et soudain sa colère a trahi son amour avec tant de transport et tant d’impatience, que je n’ai pu gagner un moment d’audience.

D’un jeune audacieux punissez l’insolence: il a de votre sceptre abattu le soutien, il a tué mon père.

L’heureux moment approche où votre destinéeSemble être aucunement à la nôtre enchaînée,Puisque d’un droit d’aînesse incertain parmi nousLa nôtre attend un sceptre et la vôtre un époux.

On entreprend assez, mais aucun n’exécute; il est des assassins, mais il n’est plus de Brute: enfin, s’il faut attendre un semblable revers, il est beau de mourir maître de l’univers.

Malgré sa jalousie et ses vaines menaces, n’êtes-vous pas toujours le maître de ses places? Les siens, dont vous craignez le vif ressentiment, ont-ils dans votre armée aucun commandement?

Et rien à négliger: le trop de confiance attire le danger; et vous n’ignorez pas qu’avec fort peu de peine un flux de pleine mer jusqu’ici les amène.

Grenade et l’Aragon tremblent quand ce fer brille; mon nom sert de rempart à toute la Castille: sans moi, vous passeriez bientôt sous d’autres lois, et vous auriez bientôt vos ennemis pour rois.

Ce sont des bibliothèques vivantes, prêtes à fournir diverses recherches sur tout ce qui peut tomber en dispute.

Soudain nous entassons, pour défenses nouvelles,Bancs, tables, coffres, lits, et jusqu’aux escabelles:Nous nous barricadons, et dans ce premier feu,Nous croyons gagner tout à différer un peu.

Soyez donc notre avocate, tournez vers nous ces yeux qui ne sont que miséricorde.

On va d’un pas plus ferme à suivre qu’à conduire; l’avis est plus facile à prendre qu’à donner: on peut mal obéir comme mal ordonner; mais il est bien plus sûr d’écouter que d’instruire.

Les nôtres, à ces cris, de nos vaisseaux répondent;Ils paroissent armés, les Mores se confondent,L’épouvante les prend à demi descendus;Avant que de combattre, ils s’estiment perdus.

Nous autres, bénissons notre heureuse aventure:Allons à nos martyrs donner la sépulture,Baiser leurs corps sacrés, les mettre en digne lieu,Et faire retentir partout le nom de Dieu.

Je l’attaquai par là, par là je pris son âme;Dans mon peu de mérite elle me négligeoit,Et ne put négliger le bras qui la vengeoit:Elle n’a conspiré que par mon artifice;J’en suis le seul auteur, elle n’est que complice.

Cependant à Pompée élevez des autels:Rendez-lui les honneurs qu’on rend aux immortels;Par un prompt sacrifice expiez tous vos crimes;Et surtout pensez bien au choix de vos victimes.

Reprends auprès de moi ta place accoutumée; rentre dans ton crédit et dans ta renommée; qu’Euphorbe de tous trois ait sa grâce à son tour; et que demain l’hymen couronne leur amour.

Percé jusques au fond du coeur d’une atteinte imprévue aussi bien que mortelle, misérable vengeur d’une juste querelle, et malheureux objet d’une injuste rigueur, je demeure immobile, et mon âme abattue cède au coup qui me tue.

Apaisez donc sa crainte, et calmez la douleur dont son âme est atteinte.Elle revient.

Honteux attachements de la chair et du monde,Que ne me quittez-vous, quand je vous ai quittés?

Qui marche assurément n’a point peur de tomber:Dieu fait part, au besoin, de sa force infinie.Qui craint de le nier, dans son âme le nie:il croit le pouvoir faire, et doute de sa foi.

L’ambition déplaît quand elle est assouvie, d’une contraire ardeur son ardeur est suivie.

Ce coeur impitoyable à ma perte s’obstine, et dit qu’il m’aime encore alors qu’il m’assassine.

Pour moi! Mon ennemi! L’objet de ma colère! L’auteur de mes malheurs! L’assassin de mon père!

Va, tu l’as pris en traître; un guerrier si vaillantN’eût jamais succombé sous un tel assaillant.

Que cependant Félix m’immole à ta colère; qu’un rival plus puissant éblouisse ses yeux; qu’aux dépens de ma vie il s’en fasse beau-père, et qu’à titre d’esclave il commande en ces lieux: je consens, ou plutôt j’aspire à ma ruine.

Assez d’autres états lui prêteront asile.

Vous avez trouvé l’art d’être maître des coeurs.

L’arrogante! A l’ouïr, elle est déjà ma reine,Et si César en croit son orgueil et sa haine,Si, comme elle s’en vante, elle est son cher objet,De son frère et son roi je deviens son sujet.

Va contre un arrogant éprouver ton courage:ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage.

Tranchons l’unique espoir où tant d’orgueil se fonde,Et donnons un tyran à ces tyrans du monde;Secondons le destin qui les veut mettre aux fers,Et prêtons-lui la main pour venger l’univers.

Assez et trop longtemps l’arrogance de RomeA cru qu’être Romain c’était être plus qu’homme:Abattons sa superbe avec sa liberté;Dans le sang de Pompée éteignons sa fierté.

Hélas! Cours après lui, Fulvie, et si ton amitié daigne me secourir, arrache-lui du coeur ce dessein de mourir: dis-lui…

Mon désespoir à tous m’abandonnoit en proie, et lorsque d’Alidor je me vis outrager, je fis armes de tout afin de me venger.

Mais si vous connoissez l’amour et ses ardeurs,jamais pour son objet il ne prend les grandeurs:avouez que son feu n’en veut qu’à la personne,et qu’en moi vous n’aimiez rien moins que ma couronne.

Je l’ai vu cette nuit, ce malheureux Sévère, la vengeance à la main, l’oeil ardent de colère…

Si vous fûtes vaillant, je le suis aujourd’hui,Et ce bras du royaume est le plus ferme appui.

Seigneur, dans sa cour même, et hors de l’Arménie, la vertu trouve appui contre la tyrannie.

En est-ce fait, Julie, et que m’apportez-vous?Est-ce la mort d’un frère, ou celle d’un époux?

Chimène à vos genoux apporte sa douleur; elle vient toute en pleurs vous demander justice.

Conserver un rival dont vous êtes jaloux, c’est un trait de vertu qui n’appartient qu’à vous …

Vous tenez des discours qui sont hors d’apparence; elle me passe en tout, et dans ce changement chacun vous blâmeroit de peu de jugement.

Peut-être, et ce soupçon n’est pas sans apparence, il rallume en son coeur déjà quelque espérance; et croyant bientôt voir Polyeucte puni, il rappelle un amour à grand’ peine banni.

Apaise, ma Chimène, apaise ta douleur:Fais agir ta constance en ce coup de malheur.

Notre profond silence abusant leurs esprits, ils n’osent plus douter de nous avoir surpris; ils abordent sans peur, ils ancrent, ils descendent, et courent se livrer aux mains qui les attendent.

Toutes les dignités que tu m’a demandéesJe te les ai sur l’heure et sans peine accordées.

En vain je m’y travaille, et d’un soin inutile, tout cassé que je suis, je cours toute la ville: ce peu que mes vieux ans m’ont laissé de vigueur se consume sans fruit à chercher ce vainqueur.

Amusez-le du moins à débattre avec vous:Faites-lui perdre temps, tandis qu’en assuranceLa galère s’éloigne avec son espérance.

Je verrai leur amour, j’éprouverai sa force, sans flatter leurs desirs, sans leur jeter d’amorce; et s’il est assez fort pour me servir d’appui, je le ferai régner, mais en régnant sur lui.

A la fin je triomphe, et les destins amisM’ont donné le succès que je m’étais promis.

Je veux que Célidée ait charmé son courage, l’amour le plus parfait n’est pas un mariage.

Dans le bonheur d’autrui, je cherche mon bonheur.

Tant qu’ils ne sont qu’amants, nous sommes souveraines,Et jusqu’à la conquête ils nous traitent de reines.

Mais ne te contrains point dans ces rudes alarmes:Laisse allez tes soupirs, laisse couler tes larmes.

Nos plaisirs les plus doux ne vont point sans tristesse;il mêle à nos vertus des marques de foiblesse,et rarement accorde à notre ambitionl’entier et pur honneur d’une bonne action.

Leur secte est insensée, impie, et sacrilége,et dans son sacrifice use de sortilége;mais sa fureur ne va qu’à briser nos autels:elle n’en veut qu’aux dieux, et non pas aux mortels.

Pleurez l’irréparable affrontQue sa fuite honteuse imprime à notre front;Pleurez le déshonneur de toute notre race,Et l’opprobre éternel qu’il laisse au nom d’Horace.

S’il me veut posséder, Auguste doit périr: – Sa tête est le seul prix dont il peut m’acquérir.

On garde sans remords ce qu’on acquiert sans crime.

Mais l’acier des bourreaux fut plus prompt à trancher.

Je n’accuse personne, et vous tiens innocente.

Vous me connaissez mal: la même ardeur me brûle, – Et le désir s’accroît quand l’effet se recule.

Un homme un peu content et qui s’en fait accroire – Se voyant méprisé, rabat bien de sa gloire, – Et surpris qu’ il en est en telle occasion, – Toute sa vanité tourne en confusion.

Je n’ai point accoutumé de dissimuler mes défauts.

Il s’est en plein sénat démis de sa puissance; – Et si vers toi Pompée a le moindre penchant, – Le ciel vient de briser sa nouvelle alliance – Et la triste Emilie est morte en accouchant.

Le roi même est d’accord de cette vérité.

Que peut-on m’ordonner que mon bras n’accomplisse?

Les accommodements ne font rien en ce point:De si mortels affronts ne se réparent point.

Il s’est fait admirer tant qu’ont duré ses frères;Mais comme il s’est vu seul contre trois adversaires,Près d’être enfermé d’eux, sa fuite l’a sauvé.

L’adultère et l’inceste en étaient les plus doux (blasphèmes).

Si le ciel en naissant ne m’a fait grand seigneur, il m’a fait le coeur ferme et sensible à l’honneur, et je suis homme à rendre un jour ce qu’on me prête.

Est-il quelque défaut que les biens ne réparent ?

Si tu l’aimes, apprends que revenir vainqueur C’est l’unique moyen de regagner son coeur.

Le jeu, comme on dit, ne vaut pas la chandelle.

Le temps assez souvent a rendu légitime Ce qui semblait d’abord ne se pouvoir sans crime.

L’espoir le mieux fondé n’a jamais trop de forces. Le plus heureux destin surprend par ses divorces ; Du trop de confiance il aime a se venger, Et dans un grand dessein rien n’est a négliger.

Aussitôt qu’un sujet s’est rendu trop puissant, Encore qu’il soit sans crime, il n’est pas innocent : On n’attend point alors qu’il s’ose tout permettre ; C’est un crime d’état que d’en pouvoir commettre.

La joie est bonne à mille choses ; Mais le chagrin n’est bon à rien.

A tout oser le péril doit contraindre ; Il ne faut craindre rien quand on a tout à craindre.

Le véritable amour, dès que le coeur soupire, Instruit en un moment de tout ce qu’on doit dire.

On n’aime point à haïr ce qu’on a bien aimé. Et le feu mal éteint est bientôt rallumé.

Je vous connais encore, et c’est ce qui me tue ; Mais cette âpre vertu ne m’était pas connue ; Comme notre malheur elle est au plus haut point : Souffrez que je l’admire et ne l’imite point.

Mets la main sur mon coeur, Et vois comme il se trouble au nom de son vainqueur, Comme il le reconnaît.

Vos larmes vont couler, et votre coeur se presse, Consumez avec lui toute cette faiblesse, Querellez ciel et terre, et maudissez le sort ; Mais après le combat ne pensez plus au mort.

Le ciel agit sans nous en ces événements, Et ne les règle point dessus nos sentiments.

Certes, l’exemple est rare et digne de mémoire, De trouver dans la fuite un chemin à la gloire.

Et je garde, au milieu de tant d’âpres rigueurs, Mes larmes aux vaincus, et ma haine aux vainqueurs.

Qui veut mourir ou vaincre est vaincu rarement : Ce noble désespoir périt malaisément.

Je m’estimais trop peu pour un honneur si grand.

Enfin le terme approche: un jugement inique Doit abuser demain d’un pouvoir tyrannique, A son propre assassin immoler mon amant, Et faire une vengeance au lieu d’un châtiment.

Adieu, trop vertueux objet, et trop charmant, Adieu, trop malheureux et trop parfait amant.

A raconter ses maux, souvent on les soulage.

Tel donne à pleines mains qui n’oblige personne: La façon de donner vaut mieux que ce qu’on donne.

Et le jeu, comme on dit, n’en vaut pas les chandelles.

Julie: – Que voulez-vous qu’il fît contre trois? Le vieil Horace: – Qu’il mourût! Ou qu’un beau désespoir alors le secourût.

Paraissez Navarrais, Maures et Castillans.

Mourir pour le pays n’est pas un triste sort, C’est s’immortaliser par une belle mort.

Chimène: – Rodrigue, qui l’eût cru? Don Rodrigue: – Chimène, qui l’eût dit?

Ses rides sur son front ont gravé ses exploits.

Dis-moi donc, lorsqu’Othon s’est offert à Camille, A-t-il paru contraint? A-t-elle été facile? Son hommage auprès d’elle, a-t-il eu plein effet? Comment l’a-t-elle pris? Et comment l’a-t-il fait?

Beaucoup par un long âge ont appris comme vous Que le malheur succède au bonheur le plus doux.

Pensez-y, belle Marquise, Quoiqu’un grison fasse effroi, Il vaut bien qu’on le courtise, Quand il est fait comme moi.

Qu’on parle mal ou bien du fameux cardinal, Ma prose ni mes vers n’en diront jamais rien: Il m’a fait trop de bien pour en dire du mal, Il m’a fait trop de mal pour en dire du bien.

Quoi? Vous causez sa perte, et n’avez point de pleurs!

J’ai vécu pour ma gloire autant qu’il fallait vivre, Et laisse un grand exemple à qui pourra me suivre.

Quoi, Rome ne veut pas quand vous avez voulu? Que faites-vous, Seigneur, du pouvoir absolu… Ah! si j’en puis juger sur ce qu’on voit paraître, Vous en êtes l’esclave encor plus que le maître.

Il est beau de périr pour éviter un crime: Quand on meurt pour sa gloire on revit dans l’estime; Et triompher ainsi du plus rigoureux sort, C’est s’immortaliser par une illustre mort.

L’empire, je l’avoue, est encor quelque chose; Mais nous ne sommes plus au temps de Théodose; Et comme dans sa rce il ne revit pas bien, L’empire est quelque chose, et l’Empereur n’est rien.

Ah! Ne me brouillez pas avec la République!

O soupirs! O respect! oh qu’il est doux de plaindre Le sort d’un ennemi quand il n’est plus à craindre!

Précipice élevé d’où tombe mon honneur!

On aime point à voir ceux à qui l’on doit tout.

Je sais ce que je vaux et crois ce qu’on m’en dit.

Apprends à te connaître, et descends en toi-même.

L’ homme est changeant, et souvent il s’ emporte avec empressement vers ce qu’ il veut avoir.

La conquête est pénible, et la perte facile.

Les injures ne sont que du vent et du bruit; Et quiconque t’en charge en a si peu de fruit, Qu’il te nuit bien moins qu’à soi-même.

Je vois d’en haut tout comme père, Prêt à donner la manne au généreux vainqueur; Mais je réserve aussi misère sur misère A quiconque manque de coeur.

Vous êtes mon unique espoir; Je mets en vous tout mon refuge; Je dédaigne l’appui de tout autre pouvoir; Soyez mon défenseur avant qu’être mon juge.

Vous donc, qui commandez aux flots, Qui des mers calmez la furie, Venez, Seigneur, venez rétablir mon repos, Accourez au secours d’un coeur qui vous en prie.

Tout vice aura sa peine à lui seul destinée.

La vie est un torrent d’éternelles disgrâces.

Vous êtes son amour, craignez d’être sa haine.

Toute votre félicité Sujette à l’instabilité En moins de rien tombe par terre, Et comme elle a l’éclat du verre Elle en a la fragilité.

Une âme bien née Ne confond pas toujours l’amour et l’hyménée: L’amour entre deux coeurs ne veut que les unir.

Une ame bien née ne confond pas toujours l’amour et l’hyménée: L’amour entre deux coeurs ne veut que les unir.

S’attacher au combat contre un autre soi-même Attaquer un parti qui prend pour défenseur Le frère d’une femme et l’amant d’une soeur.

Le Ciel en un moment quelquefois nous éclaire.

J’ai peine à concevoir que le ciel vous envoie Des sujets de chagrin dans la commune joie.

Je satisfais ensemble et peuple et courtisans Et mes vers en tous lieux sont mes seuls partisans; Par leur seule beauté ma plume est estimée: Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée.

Si je perds bien des maîtresses, J’en fais encore plus souvent, Et mes voeux et mes promesses Ne sont que feintes caresses.

Un coeur digne d’aimer court à l’objet aimable. Sans penser au succès dont sa flamme est capable.

L’occasion est belle, il nous la faut chérir.

Pour moi qui ne vois rien dans le trouble où je suis, Qu’un gouffre de malheurs, qu’un abîme d’ennuis.

La fourbe n’est le jeu que des petites âmes, Et c’est là proprement le partage des femmes.

Seigneur, à vos bontés laissez un libre cours; Qui se vainc une fois peut se vaincre toujours: Ce n’est pas un effort que votre âme redoute.

L’amour rend tout permis; Un véritable amant ne connaît point d’amis, Et même avec justice on peut trahir un traître, Qui pour une maîtresse ose trahir son maître. Oubliez l’amitié, comme lui les bienfaits.

On peut changer d’amant, mais non changer d’époux.

Aimez pour être aimée, et montrez-lui vous-même, En l’aimant comme il faut, comme il faut qu’il vous aime; Et si vous vous aimez, gagnez sur vous ce point, De vous donner entière, ou ne vous donnez point.

Toutes les dignités que tu m’as demandées, Je te les ai sur l’heure et sans peine accordées.

Ciel, à qui voulez-vous désormais que je fie Les secrets de mon âme et le soin de ma vie?

Le véritable amour n’est jamais mercenaire, Il n’est jamais souillé de l’espoir du salaire.

Et je me dis toujours qu’étant fille de roi Tout autre qu’un monarque est indigne de moi.