Dès que je prends la plume, il se fait dans mon cerveau un bourdonnement et un bruissement d’ailes, comme si l’on y lâchait des multitudes de hannetons. Cela se cogne aux parois de mon crâne, et tourne, et descend, et monte avec un tapage horrible ; ce sont mes pensées qui veulent s’envoler et qui cherchent une issue ; – toutes s’efforcent de sortir à la fois ; plus d’une s’y casse les pattes et y déchire le crêpe de son aile : quelquefois la porte est tellement obstruée que pas une ne peut en franchir le seuil et arriver jusque sur le papier.
Dès que je prends la plume, il se fait dans mon cerveau un bourdonnement et un bruissement d’ailes, comme si l’on y lâchait des multitudes de hannetons. Cela se cogne aux parois de mon crâne, et tourne, et descend, et monte avec un tapage horrible ; ce sont mes pensées qui veulent s’envoler et qui cherchent une issue ; – toutes s’efforcent de sortir à la fois ; plus d’une s’y casse les pattes et y déchire le crêpe de son aile : quelquefois la porte est tellement obstruée que pas une ne peut en franchir le seuil et arriver jusque sur le papier. Théophile Gautier