J’aime errer sur la grève délaissée par la marée et suivre aux contours d’une côte abrupte l’itinéraire qu’elle impose, en ramassant des cailloux percés, des coquillages dont l’usure a réformé la géométrie, ou des racines de roseau figurant des chimères, et me faire un musée de tous ces débris : pour un bref instant, il ne le cède en rien à ceux où l’on a assemblé des chefs-d’oeuvre ; ces derniers proviennent d’ailleurs d’un travail qui – pour avoir son siège dans l’esprit et non au-dehors – n’est peut-être pas fondamentalement différent de celui à quoi la nature se complaît.
J’aime errer sur la grève délaissée par la marée et suivre aux contours d’une côte abrupte l’itinéraire qu’elle impose, en ramassant des cailloux percés, des coquillages dont l’usure a réformé la géométrie, ou des racines de roseau figurant des chimères, et me faire un musée de tous ces débris : pour un bref instant, il ne le cède en rien à ceux où l’on a assemblé des chefs-d’oeuvre ; ces derniers proviennent d’ailleurs d’un travail qui – pour avoir son siège dans l’esprit et non au-dehors – n’est peut-être pas fondamentalement différent de celui à quoi la nature se complaît. Claude Lévi-Strauss