Je me souviens du choc que j’avais reçu en découvrant, à quatorze ans, cette proclamation de Simone Weil dans son bréviaire, un des livres préféré de ma mère, La Pesanteur et la Grâce : Nous ne possédons rien au monde – car le hasard peut tout nous ôter –, sinon le pouvoir de dire je. C’est cela qu’il faut donner à Dieu, c’est-à-dire détruire. J’étais resté en état de sidération devant cette sentence d’inspiration bouddhiste, taoïste, chrétienne ou spinozienne, nous appelant à nous mélanger au grand tout. Des décennies plus tard, elle me revient souvent en mémoire.
Je me souviens du choc que j’avais reçu en découvrant, à quatorze ans, cette proclamation de Simone Weil dans son bréviaire, un des livres préféré de ma mère, La Pesanteur et la Grâce : Nous ne possédons rien au monde – car le hasard peut tout nous ôter –, sinon le pouvoir de dire je. C’est cela qu’il faut donner à Dieu, c’est-à-dire détruire. J’étais resté en état de sidération devant cette sentence d’inspiration bouddhiste, taoïste, chrétienne ou spinozienne, nous appelant à nous mélanger au grand tout. Des décennies plus tard, elle me revient souvent en mémoire. Franz-Olivier Giesbert