Joëlle Laurencin
Je suis une empathe. Je te rassure, ce n’est pas une maladie, ni une folie, ce n’est pas contagieux. C’est une magie illimitée qui fait partie de qui je suis. Je ressens intensément les émotions des autres, et du monde qui m’entoure, comme s’il s’agissait des miennes. Je ne fais pas que les ressentir, je les vis intensément dans ma chair, dans chaque parcelle de mon être. Elles me transpercent de part en part, tel la lame aiguisée d’un poignard. Elles m’envahissent entièrement, et s’immiscent, dans chacune de mes cellules. Cela a pris du temps pour que je parvienne à les gérer, à les contrôler. À faire en sorte qu’elles ne m’épuisent pas, ne me contrôle pas. Ça a été difficile, mais j’y suis arrivé. C’est vrai que ce n’est pas facile tous les jours, d’être ce que je suis. Tout ce que je perçois et aperçois sous le filtre, est quelques fois perturbant, trop d’émotions m’envahissent, et je dois alors m’isoler, afin de me ressourcer, et de m’apaiser. Je t’entends parfois me dire, que je pleure trop, que je fais semblant, que je peux changer. Mais si je te demande à toi, de changer ta couleur de yeux, le peux-tu ? ! Je n’ai pas choisi d’être ainsi. Je suis née comme ça. .. Là où tu ne vois qu’un nuage dans le ciel. J’y aperçois un univers parsemé de mille et une couleurs. Là où tu ne vois qu’un grain de sable, j’y perçois un lieu féerique, aussi majestueux que lumineux. Là où tu poses ton indifférence, j’y dépose mon humanité. Alors oui, je vis tout plus intensément que toi, plus profondément que toi, mais je ne suis pas meilleur que toi, ni inférieur à toi, je suis égale à moi-même tout simplement. Si souvent la violence de ce monde, fait trembler mon cœur, que les larmes inondent mon âme, ma fragilité et ma sensibilité, sont des forces que pour rien au monde, je ne changerais. Je suis une empathe, et j’en suis fière.