L’étrange chose, mes amis, que ce que les hommes appellent plaisir, et comme il a de merveilleux rapports avec la douleur que l’on prétend son contraire ! Car si le plaisir et la douleur ne se rencontrent jamais en même temps, quand on prend l’un, il faut accepter l’antre, comme si un lien naturel les rendait inséparables. Je regrette qu’ Esope n’ait pas en cette idée ; il en eût fait une fable ; il nous eût dit que Dieu voulut réconcilier un jour ces deux ennemis ; mais que n’ayant pu y réussir, il les attacha à la même chaîne, et que pour cette raison, aussitôt que l’un est venu, on voit bientôt arriver son compagnon ; et je viens d’en faire l’expérience moi-même, puisqu’à la douleur que les fers me faisaient souffrir à cette jambe, je sens maintenant succéder le plaisir.
L’étrange chose, mes amis, que ce que les hommes appellent plaisir, et comme il a de merveilleux rapports avec la douleur que l’on prétend son contraire ! Car si le plaisir et la douleur ne se rencontrent jamais en même temps, quand on prend l’un, il faut accepter l’antre, comme si un lien naturel les rendait inséparables. Je regrette qu’ Esope n’ait pas en cette idée ; il en eût fait une fable ; il nous eût dit que Dieu voulut réconcilier un jour ces deux ennemis ; mais que n’ayant pu y réussir, il les attacha à la même chaîne, et que pour cette raison, aussitôt que l’un est venu, on voit bientôt arriver son compagnon ; et je viens d’en faire l’expérience moi-même, puisqu’à la douleur que les fers me faisaient souffrir à cette jambe, je sens maintenant succéder le plaisir. Platon