Non, ce que j’aimais, ce que j’aime encore, c’est une langue assez souple pour se laisser indéfiniment renouveler, insensiblement séduire, détourner du droit chemin, assez docile pour qu’il n’y ait nul besoin rageur de la casser, assez contraignante pour qu’on n’oublie jamais son altérité, pour qu’en elle, dans les moments de grâce, je puisse me fondre et, après, comme comblé par le vide des mots, me ressaisir. Si la langue était mon idéal de femme !.
Non, ce que j’aimais, ce que j’aime encore, c’est une langue assez souple pour se laisser indéfiniment renouveler, insensiblement séduire, détourner du droit chemin, assez docile pour qu’il n’y ait nul besoin rageur de la casser, assez contraignante pour qu’on n’oublie jamais son altérité, pour qu’en elle, dans les moments de grâce, je puisse me fondre et, après, comme comblé par le vide des mots, me ressaisir. Si la langue était mon idéal de femme !. Jean Bertrand Pontalis