Notre mémoire ressemble à un crible qui, avec le temps et par l’usage, retient de moins en moins ce qu’on y met. Plus nous vieillissons, d’autant plus vite s’échappe de notre mémoire ce que nous lui confions désormais. Elle conserve au contraire ce qui s’y est fixé quand nous étions jeunes. Les souvenirs d’un vieillard sont donc d’autant plus nets qu’ils remontent plus loin, et le sont d’autant moins qu’ils se rapprochent davantage du présent ; de sorte que sa mémoire, comme sa vue, est devenue aussi presbyte.
Notre mémoire ressemble à un crible qui, avec le temps et par l’usage, retient de moins en moins ce qu’on y met. Plus nous vieillissons, d’autant plus vite s’échappe de notre mémoire ce que nous lui confions désormais. Elle conserve au contraire ce qui s’y est fixé quand nous étions jeunes. Les souvenirs d’un vieillard sont donc d’autant plus nets qu’ils remontent plus loin, et le sont d’autant moins qu’ils se rapprochent davantage du présent ; de sorte que sa mémoire, comme sa vue, est devenue aussi presbyte. Arthur Schopenhauer