Nul ne peut prévoir ni se prémunir contre une possible révolte de son corps sous la torture, exigeant benoîtement -bestialement- de votre âme, de votre volonté, de votre idéal du Moi, une capitulation sans conditions ; honteuse, mais humaine, trop humaine. Ce qui est inhumain, alors, surhumain en tout cas, c’est d’imposer à son corps une résistance sans fin à l’infinie souffrance. D’imposer à son corps, qui n’aspire qu’à la vie, même dévalorisée, misérable, même traversée de souvenirs humiliants, la perspective lisse et glaciale de la mort.
Nul ne peut prévoir ni se prémunir contre une possible révolte de son corps sous la torture, exigeant benoîtement -bestialement- de votre âme, de votre volonté, de votre idéal du Moi, une capitulation sans conditions ; honteuse, mais humaine, trop humaine. Ce qui est inhumain, alors, surhumain en tout cas, c’est d’imposer à son corps une résistance sans fin à l’infinie souffrance. D’imposer à son corps, qui n’aspire qu’à la vie, même dévalorisée, misérable, même traversée de souvenirs humiliants, la perspective lisse et glaciale de la mort. Jorge Semprun