On aime sur un sourire, sur un regard, sur une épaule. Cela suffit ; alors dans les longues heures d’espérance ou de tristesse, on fabrique une personne, on compose un caractère. Et quand plus tard on fréquente la personne aimée, on ne peut pas plus, devant quelques cruelles réalités qu’on soit placé, ôter ce caractère bon, cette nature de femme nous aimant, à l’être qui a tel regard, telle épaule, que nous ne pouvons quand elle vieillit, ôter son premier visage à une personne que nous connaissons depuis sa jeunesse.
On aime sur un sourire, sur un regard, sur une épaule. Cela suffit ; alors dans les longues heures d’espérance ou de tristesse, on fabrique une personne, on compose un caractère. Et quand plus tard on fréquente la personne aimée, on ne peut pas plus, devant quelques cruelles réalités qu’on soit placé, ôter ce caractère bon, cette nature de femme nous aimant, à l’être qui a tel regard, telle épaule, que nous ne pouvons quand elle vieillit, ôter son premier visage à une personne que nous connaissons depuis sa jeunesse. Marcel Proust