On aime un être parce qu’on le connaît, et parce qu’on ne le connaît pas. On le découvre parce qu’on l’aime ; et on ne le connaît pas parce qu’on l’aime. Parfois, cela s’accentue au point de devenir brusquement très sensible. Ce sont ces instants fameux où Vénus découvre dans Apollon, et Apollon dans Vénus, une poupée vide, et s’émerveille d’avoir pu y voir autre chose. Si l’amour, alors, est plus fort que l’étonnement, une lutte s’élève entre les deux, et quelquefois, encore qu’épuisé, désespéré, mortellement blessé, l’amour en sort vainqueur.
On aime un être parce qu’on le connaît, et parce qu’on ne le connaît pas. On le découvre parce qu’on l’aime ; et on ne le connaît pas parce qu’on l’aime. Parfois, cela s’accentue au point de devenir brusquement très sensible. Ce sont ces instants fameux où Vénus découvre dans Apollon, et Apollon dans Vénus, une poupée vide, et s’émerveille d’avoir pu y voir autre chose. Si l’amour, alors, est plus fort que l’étonnement, une lutte s’élève entre les deux, et quelquefois, encore qu’épuisé, désespéré, mortellement blessé, l’amour en sort vainqueur. Robert Musil