Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte, Sans songer seulement à demander sa route, Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi, Faire un tiers du chemin jusqu’à près de midi; Voir sur sa tête alors s’amasser les nuages, Dans un sable mouvant précipiter ses pas, Courir, en essuyant orages sur orages, Vers un but incertain où l’on n’arrive pas; Détrompé vers le soir, chercher une retraite, Arriver haletant, se coucher, s’endormir; On appelle cela naître, vivre et mourir.
Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte,
Sans songer seulement à demander sa route,
Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi,
Faire un tiers du chemin jusqu’à près de midi;
Voir sur sa tête alors s’amasser les nuages,
Dans un sable mouvant précipiter ses pas,
Courir, en essuyant orages sur orages,
Vers un but incertain où l’on n’arrive pas;
Détrompé vers le soir, chercher une retraite,
Arriver haletant, se coucher, s’endormir;
On appelle cela naître, vivre et mourir. Jean-Pierre Claris de Florian