Pourquoi donc, dit alors don altesse en colère, Le plus aimable des oiseaux Se tint-il dans les bois, farouche et solitaire, Tandis que mon palais est rempli de moineaux ? C'est, lui dit le Mentor, afin de vous instruire De ce qu'un jour vous devez éprouver : Les sots savent tous se produire ; Le mérite se cache, il faut l'aller trouver
« Le Rossignol et le Prince », dans Œuvres, Florian, éd. Firmin-Didot, 1865, p. 40-41
Un homme riche, sot et vain, Qualités qui parfois marchent de compagnie, Croyait pour tous les arts avoir un goût divin, Et pensait que son or lui donnait du génie.
« Le sanglier et les rossignols », dans Œuvres, Florian, éd. Firmin-Didot, 1865, p. 75
Mon ami, chez les grands quiconque voudra plaire Doit d'abord cacher son esprit.
« Le renard déguisé », dans Œuvres, Florian, éd. Firmin-Didot, 1865, p. 84
Ainsi le suffrage d'un sot Fait plus de mal que sa critique
« La fauvette et le rossignol », dans Œuvres, Florian, éd. Firmin-Didot, 1865, p. 108
Un jour, deux chauves dans un coin Virent briller certain morceau d'ivoire. Chacun d'eux veut l'avoir ; dispute et coups de poing. Le vainqueur y perdit, comme vous pouvez le croire, Le peu de cheveux gris qui lui restaient encor. Un peigne était le beau trésor Qu'il eut pour prix de sa victoire.
« Les deux chauves », dans Œuvres, Florian, éd. Firmin-Didot, 1865, p. 116
Un pauvre petit grillon. Caché dans l’herbe fleurie. Regardait un papillon Voltigeant dans la prairie. L’insecte ailé brillait des plus vives couleurs ; L’azur, la pourpre et l’or éclataient sur ses ailes ; Jeune, beau, petit-maitre, il court de fleurs en fleurs, Prenant et quittant les plus belles. Ah ! disait le grillon, que son sort et le mien Sont différents ! Dame nature Pour lui fit tout, et pour moi rien. Je n’ai point de talent, encor moins de figure, Nul ne prend garde à moi, l’on m’ignore ici-bas : Autant vaudrait n’exister pas. Comme il parlait, dans la prairie Arrive une troupe d’enfants : Aussitôt les voilà courants Après ce papillon dont ils ont tous envie. Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l’attraper ; L’insecte vainement cherche à leur échapper, Il devient bientôt leur conquête. L’un le saisit par l’aile, un autre par le corps ; Un troisième survient, et le prend par la tête : Il ne fallait pas tant d’efforts Pour déchirer la pauvre bête. Oh ! oh ! dit le grillon, je ne suis plus fâché ; Il en coûte trop cher pour briller dans le monde. Combien je vais aimer ma retraite profonde ! Pour vivre heureux, vivons caché.
Au jardin, de préférence.
Les jardins sont fraîcheurs.
Les créatures qui, dans le jardin, sont les plus imperceptibles, y sont aussi les plus heureuses.
Les escargots en sont:
http://www.lesmotsenfolie.net/t4588-celebration#2…
Pourquoi donc, dit alors don altesse en colère,
Le plus aimable des oiseaux
Se tint-il dans les bois, farouche et solitaire,
Tandis que mon palais est rempli de moineaux ?
C'est, lui dit le Mentor, afin de vous instruire
De ce qu'un jour vous devez éprouver :
Les sots savent tous se produire ;
Le mérite se cache, il faut l'aller trouver
« Le Rossignol et le Prince », dans Œuvres, Florian, éd. Firmin-Didot, 1865, p. 40-41
Un homme riche, sot et vain,
Qualités qui parfois marchent de compagnie,
Croyait pour tous les arts avoir un goût divin,
Et pensait que son or lui donnait du génie.
« Le sanglier et les rossignols », dans Œuvres, Florian, éd. Firmin-Didot, 1865, p. 75
Mon ami, chez les grands quiconque voudra plaire
Doit d'abord cacher son esprit.
« Le renard déguisé », dans Œuvres, Florian, éd. Firmin-Didot, 1865, p. 84
Ainsi le suffrage d'un sot
Fait plus de mal que sa critique
« La fauvette et le rossignol », dans Œuvres, Florian, éd. Firmin-Didot, 1865, p. 108
Un jour, deux chauves dans un coin
Virent briller certain morceau d'ivoire.
Chacun d'eux veut l'avoir ; dispute et coups de poing.
Le vainqueur y perdit, comme vous pouvez le croire,
Le peu de cheveux gris qui lui restaient encor.
Un peigne était le beau trésor
Qu'il eut pour prix de sa victoire.
« Les deux chauves », dans Œuvres, Florian, éd. Firmin-Didot, 1865, p. 116
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Pour vivre heureux, vivons caché
Le Grillon.
Un pauvre petit grillon.
Caché dans l’herbe fleurie.
Regardait un papillon
Voltigeant dans la prairie.
L’insecte ailé brillait des plus vives couleurs ;
L’azur, la pourpre et l’or éclataient sur ses ailes ;
Jeune, beau, petit-maitre, il court de fleurs en fleurs,
Prenant et quittant les plus belles.
Ah ! disait le grillon, que son sort et le mien
Sont différents ! Dame nature
Pour lui fit tout, et pour moi rien.
Je n’ai point de talent, encor moins de figure,
Nul ne prend garde à moi, l’on m’ignore ici-bas :
Autant vaudrait n’exister pas.
Comme il parlait, dans la prairie
Arrive une troupe d’enfants :
Aussitôt les voilà courants
Après ce papillon dont ils ont tous envie.
Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l’attraper ;
L’insecte vainement cherche à leur échapper,
Il devient bientôt leur conquête.
L’un le saisit par l’aile, un autre par le corps ;
Un troisième survient, et le prend par la tête :
Il ne fallait pas tant d’efforts
Pour déchirer la pauvre bête.
Oh ! oh ! dit le grillon, je ne suis plus fâché ;
Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux, vivons caché.
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