Vous le savez tout comme moi : ce qui reste d’une existence, ce sont ces moments absents de tout curriculum vitae et qui vivent de leur vie propre ; ces percées de présence sous l’enveloppe factice des biographies. Une odeur un appel un regard et voilà les malles, les valises, les ballots solidement arrimés dans les soutes qui se mettent en mouvement, s’arrachent aux courroies et aux cordages et vont faire chavirer le navire de notre raison quotidienne ! Non qu’à ces moments-là nous devenions fous. Loin de là. Un instant, à l’enfermement, à l’odeur confinée du fond de navire a succédé le vent du large. L’illimité pour lequel nous sommes nés se révèle.
Vous le savez tout comme moi : ce qui reste d’une existence, ce sont ces moments absents de tout curriculum vitae et qui vivent de leur vie propre ; ces percées de présence sous l’enveloppe factice des biographies. Une odeur un appel un regard et voilà les malles, les valises, les ballots solidement arrimés dans les soutes qui se mettent en mouvement, s’arrachent aux courroies et aux cordages et vont faire chavirer le navire de notre raison quotidienne ! Non qu’à ces moments-là nous devenions fous. Loin de là. Un instant, à l’enfermement, à l’odeur confinée du fond de navire a succédé le vent du large. L’illimité pour lequel nous sommes nés se révèle. Christiane Singer
Priviligier l'apparence à l'être