Annie Ernaux - 100 Citations incontournables
Les 100 plus belles citations d'Annie Ernaux
Annie Ernaux est une écrivaine française née le 1er septembre 1940 à Lillebonne, en Normandie. Elle est connue pour son style d'écriture autobiographique, dans lequel elle explore sa propre vie et ses expériences avec une honnêteté brutale et une profonde introspection.
Ernaux a grandi dans un milieu modeste, ses parents étant propriétaires d'un café-épicerie dans un petit village de Normandie. Elle a ensuite étudié à l'université de Rouen et à l'université de Bordeaux, où elle a obtenu une licence en lettres modernes.

Son œuvre aborde des thèmes tels que la classe sociale, le genre, la sexualité et la mémoire. Elle est particulièrement connue pour son approche unique de l'autobiographie, qu'elle décrit comme une autofiction, mélangeant faits réels et éléments fictifs pour explorer les complexités de la vie et de l'identité.
Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent Les Armoires vides (1974), La Place (1983), pour laquelle elle a reçu le prix Renaudot, et Les Années (2008). En 2022, elle a été récompensée par le prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son œuvre.
Ernaux continue d'écrire et de publier, et son travail est largement reconnu pour sa contribution significative à la littérature contemporaine. Nous vous proposons 100 citations pour découvrir son univers.
« Annie Ernaux : 100 citations qui définissent son oeuvre »
- Femmes fragiles et vaporeuses, fées aux mains douces, petits souffles de la maison qui font naître silencieusement l'ordre et la beauté, femmes sans voix, soumises, j'ai beau chercher, je n'en vois pas beaucoup dans le paysage de mon enfance. Auteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- Je voudrais dire, écrire au sujet de mon père, sa vie, et cette distance venue à l'adolescence entre lui et moi. Une distance de classe, mais particulière, qui n'a pas de nom. Comme de l'amour séparé.Auteur : Annie Ernaux - Source : La Place (1983)
- Larmes, silence et dignité, tel est le comportement qu'on doit avoir à la mort d'un proche, dans une vision distinguée du monde.Auteur : Annie Ernaux - Source : La Place (1983)
- Naïveté de ma mère, elle croyait que le savoir et un bon métier me prémuniraient contre tout, y compris le pouvoir des hommes. Auteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- On finit par ne plus comparer sa vie à celle qu'on aurait voulue mais à celle des autres femmes. Jamais des autres hommes, quelle idée. Auteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- Faire de la vie, ça dépend de quel point de vue on se place, du mien ça ressemble à une marche vers la mort.Auteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- Depuis peu, je sais que le roman est impossible. Pour rendre compte d'une vie soumise à la nécessité, je n'ai pas le droit de prendre d'abord le parti de l'art, ni de chercher à faire quelque chose de passionnant, ou d'émouvant.Auteur : Annie Ernaux - Source : La Place (1983)
- Je suis toujours dans la vie, et je suis toujours révoltée, le racisme, le sexisme, l'injustice, voilà, révoltée, c'est le mot. Je ne peux pas me taire. Auteur : Annie Ernaux - Source : Entretien, numéro 823 de Marie Claire, avril 2021.
- J'ai mis beaucoup de temps parce qu'il ne m'était pas aussi facile des ramener au jour des faits oubliés que d'inventer. La mémoire résiste.Auteur : Annie Ernaux - Source : La Place (1983)
- Il y a la queue à la poissonnerie, signe d'une intégration généralisée de la tradition catholique. En réalité, la seule croyance qui fasse acheter du poisson le vendredi, c'est celle qu'il est plus frais que les autres joursAuteur : Annie Ernaux - Source : Regarde les lumières mon amour (2014)
- Mon reflet dans la glace. Satisfaisant. Mais à vingt deux ans, derrière le visage réel, déjà la menace d'un autre, imaginaire, terrible, peu fanée, traits durcis. Vieille égale moche égale solitudeAuteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- Nous choisissons nos objets et nos lieux de mémoire ou plutôt l'air du temps décide de ce dont il vaut la peine qu'on se souvienne. Les écrivains, les artistes , les cinéastes participent de l'élaboration de cette mémoire. Auteur : Annie Ernaux - Source : Regarde les lumières mon amour (2014)
- Oser regretter ce temps égoïste, où l'on n'était responsable que de soi, douteux, infantile. La vie de jeune fille, ça ne s'enterre pas, ni chanson ni folklore là-dessus, ça n'existe pas. Une période inutile. Auteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- J'allais vers eux avec mon petit bagage, les conversations des filles, des romans, des conseils de l'écho de la mode, des chansons, quelques poèmes de Musset et une overdose de rêves, Bovary ma grande soeur.Auteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- J'ai vécu jour après jour la différence entre lui et moi, coulé dans un univers rétréci, bourrée jusqu'à la gueule de minuscules soucis. De solitude. Je suis devenue la gardienne du foyer, la préposée à la subsistance des êtres et à l'entretien des chosesAuteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- Et les jeunes arrivaient, de plus en plus nombreux. Les maîtres d’école manquaient, il suffisait d’avoir dix-huit ans et le bas pour être envoyé dans un cours préparatoire faire lire Rémi et Colette. On nous fournissait de quoi nous amuser, le hula hoop, Salut les copains, Age tendre et tête de bois, on n’avait le droit de rien, ni voter ni faire l’amour ni même donner son avis. Pour avoir le droit à la parole, il fallait d’abord faire ses preuves d’intégration au modèle social dominant, « entrer » dans l’enseignement, à la Poste ou à la SNCF, chez Michelin, Gillette, dans les assurances : « gagner sa vie ». Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Le temps commercial violait de plus belle le temps calendaire. C’est déjà Noël, soupiraient les gens devant l’apparition en rafale au lendemain de la Toussaint des jouets et des chocolats dans les grandes surfaces, débilités par l’impossibilité d’échapper durant des semaines à l’enterrement de la fête majeur qui oblige de penser son être, sa solitude et son pouvoir d’achat par rapport à la société – comme si la vie entière aboutissait un soir de Noël.Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Dans le monde de l'hypermarché et de l'économie libéral, aimer les enfants, c'est leur acheter le plus de choses possibles.Auteur : Annie Ernaux - Source : Regarde les lumières mon amour (2014)
- L’avenir n’était qu’une somme d’expériences à reconduire, service militaire de vingt-quatre mois, travail, mariage, enfants. On attendait de nous l’acceptation naturelle de la transmission. Devant ce futur assigné, on avait confusément envie de rester jeunes longtemps. Les discours et les institutions étaient en retard sur nos désirs mais le fossé entre le dicible de la société et notre indicible paraissait normal et irrémédiable. Ce n’était pas même quelque chose qu’on pouvait penser, seulement ressentir chacun dans son for intérieur en regardant A bout de souffle. Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Elles ont fini sans que je m'en aperçoive, les années d'apprentissage. Après, c'est l'habitude. Une somme de petits bruits à l'intérieur, moulin à café, casseroles, prof discrète, femme de cadre vêtue Cacharel ou Rodier au dehors. Une femme gelée. Auteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- Une fille, c'est pas fait pour rester toujours dans les jupes de sa mère !Auteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- Les garçons et les filles étaient partout séparés. Les garçons, êtres bruyants, sans larmes, toujours prêts à lancer quelque chose, cailloux, marrons, pétards, boules de neige dure, disaient des gros mots, lisaient Tarzan et Bibi Fricotin. Les filles, qui en avaient peur, étaient enjointes de ne pas les imiter, de préférer les jeux calmes, la ronde, la marelle, la bague d'or. Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- La parapharmacie - comme certains rayons bio - occasionne de longues stations. Les gens tombent en méditation devant les produits pour retrouver la ligne, le transit, le sommeil, pour être et vivre mieux.
Ce sont les rayons du rêve et du désir, de l'espérance.
Les rayons psy d'une certaine manière, mais le meilleur du produit, c'est avant qu'il soit dans le caddieAuteur : Annie Ernaux - Source : Regarde les lumières mon amour (2014)
- Une nuit d'insomnie j'assiste pour la première fois le nez collé à la fenêtre à la levée du jour. quand le bleu aura fini de pâlir, je m'endormirai dans l"étonnement d'une découverte étrange et précieuse. C'était comme quelque chose d'interdit. J'étais libre et heureuse cette année là. Auteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- Le plus défendu, ce qu'on n'avait jamais cru possible, la pilule contraceptive, était autorisé par une loi. On n'osait pas la réclamer au médecin, qui ne la proposait pas, surtout quand on n'était pas mariée. C'était une démarche impudique. On sentait bien qu'avec la pilule la vie serait bouleversée, tellement libre de son corps que c'en était effrayant. Aussi libre qu'un homme. Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- J'ai arrêté mon journal.
Comme chaque fois que je cesse de consigner le présent, j'ai l'impression de me retirer du mouvement du monde, de renoncer non seulement à dire mon époque mais à la voir. Parce que voir pour écrire, c 'est voir autrement. C'est -distinguer- des objets, des individus, des mécanismes et leur conférer valeur d'existenceAuteur : Annie Ernaux - Source : Regarde les lumières mon amour (2014)
- Après tout, déposer un livre sur le tapis de la caisse me gêne toujours, comme un sacrilège. Je serais pourtant heureuse d'y voir un des miens, extirpé d'un caddie, glisser entre une plaquette de beurre et des collants.Auteur : Annie Ernaux - Source : Regarde les lumières mon amour (2014)
- Tout s'effacera en une seconde. Le dictionnaire accumulé du berceau au dernier lit s'éliminera. Ce sera le silence et aucun mot pour le dire. De la bouche ouverte il ne sortira rien. Ni je ni moi. La langue continuera à mettre en mots le monde. Dans les conversations autour d'une table de fête on ne sera qu'un prénom, de plus en plus sans visage, jusqu'à disparaître dans la masse anonyme d'une lointaine génération.Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais. Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Tout le passé est nécessaire pour aimer le présent.Auteur : Annie Ernaux - Source : Ecrire la vie (2011)
- La grossesse glorieuse, plénitude de l'âme et du corps, je n'y crois pas, même les chiennes qui portent montrent les dents sans motif ou somnolent hargneusement.Auteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- Une famille, c'est un lieu de non-droit.Auteur : Annie Ernaux - Source : Entretien, numéro 823 de Marie Claire, avril 2021.
- Nous sommes une communauté de désir, non d'action.Auteur : Annie Ernaux - Source : Regarde les lumières mon amour (2014)
- Plus je fixe la fille de la photo, plus il me semble que c'est elle qui me regarde. Est-ce qu'elle est moi, cette fille ? Suis-je elle ? Pour que je sois elle, il faudrait que
je sois capable de résoudre un problème de physique et une équation du second degré
je lise le roman complet inséré dans les pages des Bonnes soirées toutes les semaines
je rêve d'aller enfin en « sur-pat »
je sois pour le maintien de l'Algérie française
je sente les yeux gris de ma mère me suivre partout
je n'aie lu ni Beauvoir ni Proust ni Virginia Woolf ni etc.
je m'appelle Annie Duchesne. Auteur : Annie Ernaux - Source : Mémoire de fille
- Les parents d'un enfant mort ne savent pas ce que leur douleur fait à celui qui est vivant.Auteur : Annie Ernaux - Source : L'Autre fille (2011)
- Qu'est-ce qu'aimer un homme? Qu'il soit là, et faire l'amour, rêver, et il revient, il fait l'amour. Tout n'est qu'attente.Auteur : Annie Ernaux - Source : Se perdre
- C'est ma mère, ce n'était plus la femme que j'avais toujours connue au-dessus de ma vie, et pourtant, sous sa figure inhumaine, par sa voix, ses gestes, son rire, c'était ma mère, plus que jamais.Auteur : Annie Ernaux - Source : « Je ne suis pas sortie de ma nuit » (1997)
- Les super et hypermarchés demeurent une extension du domaine féminin, le prolongement de l'univers domestique dont elles assurent la bonne marche régulière, parcourant les rayons avec, en tête, tout ce qui manque dans les placards et le frigo, tout ce qu'elles doivent acheter pour répondre à la question réitérée, qu'est-ce-qu'on va manger ce soir, demain, la semaine entière. Elles, toujours plus détentrices que les hommes d'une compétence culinaire qui leur fait choisir sans hésiter les produits selon le plat à préparer, tandis qu'eux, plantés, perdus devant un rayon, appellent au secours, portable à l'oreille « Dis, qu'est-que je dois prendre comme farine ? »Auteur : Annie Ernaux - Source : Regarde les lumières mon amour (2014)
- Le début de la richesse – la légèreté de la richesse – peut se mesurer à ceci : se servir dans un rayon de produits alimentaires sans regarder le prix avant. Auteur : Annie Ernaux - Source : Regarde les lumières mon amour (2014)
- Parmi toutes les raisons que j'avais de vouloir grandir il y avait celle d'avoir le droit de lire tous les livres. Auteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- La recherche du temps perdu passait par le Web. [...] La mémoire était devenue inépuisable, mais la profondeur du temps [...] avait disparu. On était dans un présent infini. Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Depuis quinze ans, ce n'est pas la présence des «minorités visibles» que je remarque dans un lieu, c'est leur absence.Auteur : Annie Ernaux - Source : Regarde les lumières mon amour (2014)
- Je suis venue au monde parce que tu es morte et je t'ai remplacée.Auteur : Annie Ernaux - Source : L' Autre fille (2011)
- Tous ceux qui n'ont jamais mis les pieds dans un hypermarché ne connaissent pas la réalité sociale de la France d'aujourd'hui.
Auteur : Annie Ernaux - Source : Regarde les lumières mon amour (2014)
- La structure dépend des idées que j'ai de l'être, des autres, de l'Histoire mais pas seulement, le secret intérieur que je ne connais pas.Auteur : Annie Ernaux - Source : L'Atelier noir (2011)
- Je ne suis pas culturelle, il n'y a qu'une chose qui compte pour moi, saisir la vie, le temps, comprendre et jouir.
Est-ce la plus grande vérité de ce récit ?Auteur : Annie Ernaux - Source : Mémoire de fille
- Chaque jour et partout dans le monde il y a des hommes en cercle autour d'une femme, prêts à lui jeter la pierre. Auteur : Annie Ernaux - Source : Mémoire de fille
- C'est un caddie qui a dû voyager hors du parking, servir à déménager ou jouer aux autos tamponneuses, etc. C'est fou tout ce qu'on peut faire sans doute avec un caddie. Je ne comprends pas pourquoi on ne les emprunte pas plus, pour un euro c'est une affaire. Auteur : Annie Ernaux - Source : Regarde les lumières mon amour (2014)
- Brusquement il a dit : C'est de Camus ça, aimer un être c'est accepter de vieillir avec lui. Une phrase juste. Tu ne trouves pas ?Auteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- Quand j'étais enfant, le luxe, c'était pour moi les manteaux de fourrure, les robes longues et les villas au bord de la mer. Plus tard, j'ai cru que c'était de mener une vie d'intellectuel. Il me semble maintenant que c'est aussi de pouvoir vivre une passion pour un homme ou une femme.Auteur : Annie Ernaux - Source : Passion simple (1991)
- J'étais entrée dans un état où même la réalité de sa voix n'arrivait pas à me rendre heureuse. Tout était manque sans fin, sauf le moment où nous étions ensemble à faire l'amour. Et encore, j'avais la hantise du moment qui suivrait, où il serait reparti. Je vivais le plaisir comme une future douleur.Auteur : Annie Ernaux - Source : Passion simple (1991)
- Le progrès était dans l’horizon des existences. Il signifiait le bien-être, la santé des enfants, le savoir, tout ce qui tournait le dos aux choses noires de la campagne et à la guerre. Il était dans le plastique et le Formica, les antibiotiques et les indemnités de la sécurité sociale, l’eau courante sur l’évier et le tout- à-l’égout, les colonies de vacances, la continuation des études et l’atome. Il faut être de son temps, disait-on à l’envi, comme une preuve d’intelligence et d’ouverture d’esprit. Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Parce que les étés finissaient pas se ressembler et qu’il était de plus en plus lourd de n’avoir souci que de soi, que l’injonction de “se réaliser” tournait à vide à force de solitude et de discussions dans les mêmes cafés, que le sentiment d’être jeune se muait en celui d’une durée indéfinie et morne, qu’on constatait la supériorité sociale du couple sur le célibataire, on tombait amoureux avec plus de détermination que les autres fois et, un moment d’inattention au calendrier Ogino aidant, on se retrouvait mariés et bientôt parents. Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Le temps devant moi se raccourcit. Il y aura forcément un dernier livre, comme il y a un dernier amant, un dernier printemps, mais aucun signe pour le savoir. Auteur : Annie Ernaux - Source : Mémoire de fille
- Le silence était le fond des choses et le vélo mesurait la vitesse de la vie.Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Nous étions débordés par le temps des choses. Un équilibre tenu longtemps entre leur attente et leur apparition, entre la privation et l'obtention, était rompu.Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Une réprobation absolue frappait les divorcés, les communistes, les concubins, les filles mères, les femmes qui boivent, qui ont été tondues à la Libération, qui ne tiennent pas leur maison, etc.Auteur : Annie Ernaux - Source : La Honte (1997)
- Elle est, cette chambre, le réel qui résiste, dont je n'ai pas d'autre moyen pour en rendre l'existence que de l'épuiser en mots. Je me demande si je n'ai pas voulu, en fixant interminablement cette photo, moins redevenir cette fille de 1959, que capter cette sensation spéciale d'un présent différent du présent réellement vécu – celui où je suis en ce moment assise à mon bureau devant la fenêtre – un présent antérieur, une conquête fragile, peut-être inutile, mais qui me paraît une extension des pouvoirs de la pensée et de la maîtrise de notre vie. (Auteur : Annie Ernaux - Source : Mémoire de fille
- Organiser, le beau verbe à l'usage des femmes, tous les magazines regorgent de conseils, gagnez du temps, faites ci et ça, ma belle-mère, si j'étais vous pour aller plus vite, des trucs en réalité pour se farcir le plus de boulots possible en un minimum de temps sans douleur ni déprime parce que ça gênerait les autres autour. Auteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- On sentait bien qu'avec la pilule la vie serait boulversée, tellement libre de son corps que c'en était effrayant. Aussi libre qu'un homme.Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Seuls les faits montrés à la télé accédaient à la réalité. Tout le monde avait un poste en couleur. Les vieux l’allumaient le midi au début des émissions et s’endormaient le soir devant l’écran fixe de la mire. En hiver les gens pieux n’avaient qu’à regarder Le Jour du Seigneur pour avoir la messe à domicile. Les femmes à la maison repassaient en regardant le feuilleton sur la première chaîne ou Aujourd’hui madame sur la deuxième. Les mères tenaient les enfants tranquilles avec Les Visiteurs du mercredi et Le Monde merveilleux de Walt Disney. Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- La honte ne cessait pas de menacer les filles. Leur façon de s’habiller et de se maquiller, toujours guettée par le trop : court, long, décolleté, étroit, voyant, etc., la hauteur des talons, leurs fréquentations, leurs sorties et leurs rentrées à la maison, le fond de leur culotte chaque mois, tout d’elles était l’objet d’une surveillance généralisée de la société. Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Tu n'as d'existence qu'au travers de ton empreinte sur la mienne. T'écrire, ce n'est rien d'autre que faire le tour de ton absence. Décrire l'héritage d'absence. Tu es une forme vide impossible à remplir d'écriture.Auteur : Annie Ernaux - Source : L'Autre fille (2011)
- L'entreprise était la loi naturelle, la modernité, l'intelligence, elle sauverait le monde.Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Ce n'est pas à lui qu'elle se soumet, c'est à une loi indiscutable, universelle, celle d'une sauvagerie masculine qu'un jour ou l'autre il lui aurait bien fallu subir. Que cette loi soit brutale et sale, c'est ainsi. Auteur : Annie Ernaux - Source : Mémoire de fille
- Elle n'a pas de moi déterminé, mais des « moi » qui passent d'un livre à l'autre. Auteur : Annie Ernaux - Source : Mémoire de fille
- Mais à quoi bon écrire si ce n'est pour désenfouir des choses, même une seule, irréductible à des explications de toutes sortes, psychologiques, sociologiques, une chose qui ne soit pas le résultat d'une idée préconçue ni d'une démonstration, mais du récit, une chose sortant des replis étalés du récit et qui puisse aider à comprendre-à supporter-ce qui arrive et ce qu'on fait. Auteur : Annie Ernaux - Source : Mémoire de fille
- Œufs de Pâques à gogo. Déjà. J'avais oublié. Les grandes surfaces n'oublient rien. Les maillots de bain sont sans doute dans des caisses, prêts à être déballés, comme les cadeaux pour la fête des Mères. Les instances commerciales raccourcissent l'avenir et font tomber le passé de la semaine dernière aux oubliettes. Auteur : Annie Ernaux - Source : Regarde les lumières mon amour (2014)
- Je me demande si je n'écris pas pour savoir si les autres n'ont pas fait ou ressenti des choses identiques, sinon, pour qu'ils trouvent normal de les ressentir. Même, qu'ils les vivent à leur tour en oubliant qu'ils les ont lues quelque part un jour. Auteur : Annie Ernaux - Source : Passion simple (1991)
- Savoir me rassurait, j'avais l'impression que de pouvoir le situer dans tel endroit, à tel moment, me prémunissait contre une infidélité. Auteur : Annie Ernaux - Source : Passion simple (1991)
- Les petites filles doivent être transparentes pour être heureuses. Tant pis. Moi je sens qu'il est mieux pour moi de me cacher. Portée à croire que ça me sauvait cette attitude, je me préservais par en dessous, les désirs, les méchancetés ; un fond noir et solide. Auteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- En deux ou trois ans je vais devenir une fille évidée d'elle-même, bouffée de romanesque dans un monde rétréci aux regards des autresAuteur : Annie Ernaux - Source : La femme gelée (1981)
- Dans la passion, c'est le rêve qui compte.Auteur : Annie Ernaux - Source : Bouillon de culture, le 2 Février 2001.
- L'anomie gagnait. La déréalisation du langage grandissait, comme un signe de distinction intellectuelle. Compétitivité, précarité, employabilité, flexibilité faisaient rage.Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Est-ce que je t'écris pour te ressusciter ou pour te tuer à nouveau ?Auteur : Annie Ernaux - Source : L'Autre fille (2011)
- Ce récit serait donc celui d'une traversée périlleuse, jusqu'au port de l'écriture. Et, en définitive, la démonstration édifiante que, ce qui compte, ce n'est pas ce qui arrive, c'est ce qu'on fait de ce qui arrive.Auteur : Annie Ernaux - Source : Mémoire de fille
- Comment sommes-nous présents dans l'existence des autres, leur mémoire, leurs façons d'être, leurs actes même ? Disproportion inouïe entre l'influence sur ma vie de deux nuits avec cet homme et le néant de ma présence dans la sienneAuteur : Annie Ernaux - Source : Mémoire de fille
- Parce que le bonheur du groupe est plus fort que l'humiliation, elle veut rester des leurs.Auteur : Annie Ernaux - Source : Mémoire de fille
- La honte … En ai-je été nettoyée par Le Deuxième sexe ou au contraire submergée ? J'opte pour l'indécision : d'avoir reçu les clés pour comprendre la honte ne donne pas le pouvoir de l'effacer. Auteur : Annie Ernaux - Source : Mémoire de fille
- 1968 était la première année du monde.Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Le silence était le fond des choses et le vélo mesurait la vitesse de la vie.Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Les rêves n'existent pas au passé.Auteur : Annie Ernaux - Source : Entretien, numéro 823 de Marie Claire, avril 2021.
- Malraux dit que, ce qui l'intéresse dans un roman, c'est l'histoire, l'Histoire. Il me semble que c'est une distinction importante : les livres ancrés dans l'histoire et les a-historiques.Auteur : Annie Ernaux - Source : L'Atelier noir (2011)
- J'opte pour l'indécision : d'avoir reçu les clés pour comprendre la honte ne donne pas le pouvoir de l'effacer. Auteur : Annie Ernaux - Source : Mémoire de fille
- J'accumule seulement les signes d'une passion, oscillant sans cesse entre « toujours » et « un jour »Auteur : Annie Ernaux - Source : Passion simple (1991)
- J'ai commencé à faire de moi-même un être littéraire, quelqu'un qui vit les choses comme si elles devaient être écrites un jourAuteur : Annie Ernaux - Source : Mémoire de fille
- Le pire dans la honte, c'est qu'on croit être seul à la ressentir.Auteur : Annie Ernaux - Source : La Honte (1997)
- Le temps de l'écriture n'a rien à voir avec celui de la passion.Auteur : Annie Ernaux - Source : Passion simple (1991)
- Parler bien suppose un effort, chercher un autre mot à la place de celui qui vient spontanément, emprunter une voix plus légère, précautionneuse, comme si l'on manipulait des objets délicats.Auteur : Annie Ernaux - Source : La Honte (1997)
- Il n'y a pas que le bonheur qui rend heureux.Auteur : Annie Ernaux - Source : Bouillon de culture, le 2 Février 2001.
- L'arrivée de plus en plus rapide des choses faisaient reculer le passé. Les gens ne s'intéressaient pas sur leur utilité, ils avaient simplement envie de les avoir et souffraient de ne pas gagner assez d'argent pour se les payer immédiatement.Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Avec le Walkman la musique pénétrait pour la première fois le corps, on pouvait vivre en elle, muré au monde. Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- Je voulais forcer le présent à redevenir du passé ouvert sur le bonheur.Auteur : Annie Ernaux - Source : Passion simple (1991)
- On avait le temps de désirer les choses, la trousse en plastique, les chaussures à semelles de crêpe, la montre en or. Leur possession ne décevait pas.Auteur : Annie Ernaux - Source : Les Années (2008)
- La parole a souvent été libérée, notamment en littérature, et ça n'a rien changé pour les femmes. Auteur : Annie Ernaux - Source : Entretien, numéro 823 de Marie Claire, avril 2021.
- Etre comme tout le monde était la visée générale, l'idéal à atteindre. L'originalité passait pour de l'excentricité, voire le signe qu'on en a un grain.Auteur : Annie Ernaux - Source : La Honte (1997)
- Etre comme trout le monde était la visée générale, l'idéal à atteindre. l'originalité passait pour de l'excentricité, voire le signe qu'on a un grain.Auteur : Annie Ernaux - Source : La Honte (1997)
- C'est fou ce que la philo peut nous rendre raisonnable. A force de penser, de répéter, d'écrire qu'autrui ne doit pas nous servir de moyen mais de fin, que nous sommes rationnels et que, partant, l'inconscience et le fatalisme sont dégradants, elle m'a enlevé le goût de flirter.Auteur : Annie Ernaux - Source : Mémoire de fille
- À la « sortie sans achat », le regard du vigile sur les mains, les poches. Comme si repartir sans aucune marchandise était une anomalie suspecte. Coupable de facto de ne rien avoir acheté. Auteur : Annie Ernaux - Source : Regarde les lumières mon amour (2014)
- J'avais le privilège de vivre depuis le début, constamment, en toute conscience, ce qu'on finit toujours par découvrir dans la stupeur et le désarroi : l'homme qu'on aime est un étranger. Auteur : Annie Ernaux - Source : Passion simple (1991)
L'écrivaine Annie Ernaux vient de recevoir le Prix Nobel de Littérature. Elle est la première femme en France à être consacrée par cette récompense. Elle livre ses premières impressions après l'annonce du prix à Nicolas Demorand.
Les citations les plus célèbres et appréciées de Annie Ernaux
Voici une sélection de dix des plus belles citations d'Oscar Wilde, issues de ses œuvres poétiques, théâtrales et romanesques
- « C'était un dimanche, au début de l'après-midi. Ma mère est apparue dans le haut de l'escalier. Elle se tamponnait les yeux avec la serviette de table qu'elle avait dû emporter avec elle en montant dans la chambre après le déjeuner. Elle a dit d'une voix neutre: "C'est fini." Je ne me souviens pas des minutes qui ont suivi. Je revois seulement les yeux de mon père fixant quelque chose derrière moi, loin, et ses lèvres retroussées au-dessus des gencives. Je crois avoir demandé à ma mère de lui fermer les yeux. Autour du lit, il y avait aussi la sœur de ma mère et son mari. Ils se sont proposés pour aider à la toilette, au rasage, parce qu'il fallait se dépêcher avant que le corps ne se raidisse. Ma mère a pensé qu'on pourrait le revêtir du costume qu'il avait étrenné pour mon mariage trois ans avant. Toute cette scène se déroulait très simplement, sans cris, ni sanglots, ma mère avait seulement les yeux rouges et un rictus continuel.» - Extrait de La Place
- « J'avais le privilège de vivre depuis le début, constamment, en toute conscience, ce qu'on finit toujours par découvrir dans la stupeur et le désarroi : l'homme qu'on aime est un étranger. » - Extrait de Passion simple
- « Il s'énervait de me voir à longueur de journée dans les livres, mettant sur leur compte mon visage fermé et ma mauvaise humeur. La lumière sous la porte de ma chambre le soir lui faisait dire que je m'usais la santé. Les études, une souffrance obligée pour obtenir une bonne situation et " ne pas prendre un ouvrier ". Mais que j'aime me casser la tête lui paraissait suspect. Une absence de vie à la fleur de l'âge. Il avait parfois l'air de penser que j'étais malheureuse. Devant la famille, les clients, de la gêne, presque de la honte que je ne gagne pas encore ma vie à dix-sept ans, autour de nous toutes les filles de cet âge allaient au bureau, à l'usine ou servaient derrière le comptoir de leurs parents. Il craignait qu'on ne me prenne pour une paresseuse et lui un crâneur. Comme une excuse : « On ne l'a jamais poussée, elle avait ça dans elle. » Il disait que j'apprenais bien, jamais que je travaillais bien. Travailler, c'était seulement de ses mains.» - Extrait de La Place
- « Je sais maintenant que l'attitude de ma mère était aussi un calcul. Pas parce qu'elle n'appartenait pas à la bourgeoisie qu'il faut tout lui passer. Voulait une fille qui ne prendrait pas comme elle le chemin de l'usine, qui dirait merde à tout le monde, aurait une vie libre, et l'instruction était pour elle ce merde et cette liberté. Alors ne rien exiger de moi qui puisse m'empêcher de réussir, pas de petits services et d'aide ménagère où s'enlise l'énergie. Ce qui compte c'est que cette réussite-là ne m'ait pas été interdite parce que j'étais une fille. Devenir quelqu'un ça n'avait pas de sexe pour mes parents. » - Extrait de la Femme gelée
- « Les super et hypermarchés demeurent une extension du domaine féminin, le prolongement de l’univers domestique dont elles assurent la bonne marche régulière, parcourant les rayons avec, en tête, tout ce qui manque dans les placards et le frigo, tout ce q’elles doivent acheter pour répondre à la question réitérée, qu’est-ce-qu’on va manger ce soir, demain, la semaine entière. Elles, toujours plus détentrices que les hommes d’une compétence culinaire qui leur fait choisir sans hésiter les produits selon le plat à préparer, tandis qu’eux, plantés, perdus devant un rayon, appellent au secours, portable à l’oreille « Dis, qu’est-que je dois prendre comme farine ? » » - Extrait de Regarde les lumières, mon amour
- « Je voudrais dire, écrire au sujet de mon père, sa vie, et cette distance venue à l'adolescence entre lui et moi. Une distance de classe, mais particulière, qui n'a pas de nom. Comme de l'amour séparé. » - Extrait de La place
- « Quatre années. La période juste avant. Avant le chariot du supermarché, le qu'est-ce qu'on va manger ce soir, les économies pour s'acheter un canapé, une chaîne hi-fi, un appart. Avant les couches, le petit seau et la pelle sur la plage, les hommes que je ne vois plus, les revues de consommateurs pour ne pas se faire entuber, le gigot qu'il aime par-dessus tout et le calcul réciproque des libertés perdues. Une période où l'on peut dîner d'un yaourt, faire sa valise en une demi-heure pour un week-end impromptu, parler toute une nuit. Lire un dimanche entier sous les couvertures. S'amollir dans un café, regarder les gens entrer et sortir, se sentir flotter entre ces existences anonymes. Faire la tête sans scrupule quand on a le cafard. Une période où les conversations des adultes installés paraissent venir d'un univers futile, presque ridicule, on se fiche des embouteillages, des morts de la Pentecôte, du prix du bifteck et de la météo. Personne ne vous colle aux semelles encore. Toutes les filles l'ont connue, cette période, plus ou moins longue, plus ou moins intense, mais défendu de s'en souvenir avec nostalgie. Quelle honte ! Oser regretter ce temps égoïste, où l'on n'était responsable que de soi, douteux, infantile. La vie de jeune fille, ça ne s'enterre pas, ni chanson ni folklore là-dessus, ça n'existe pas. Une période inutile. » - Extrait de la Femme gelée
- « Je suis allée vers les garçons comme on part en voyage. Avec peur et curiosité. Je ne les connaissais pas. Je les avais laissés en train de me jeter des marrons au coin d'une rue en été, et des boules de neige à la sortie de l'école en hiver. Ou de nous crier des injures de l'autre côté du trottoir et je répondais bande d'idiots ou de cons suivant les circonstances, la présence ou non de témoins adultes. Des êtres agités, un peu ridicules. Il avait fallu toute la grâce d'un après-midi de patins à roulettes pour en transfigurer un. Ils devaient avoir changé autant que moi. J'allais vers eux avec mon petit bagage, les conversations des filles, des romans, des conseils de l'Echo de la mode, des chansons, quelques poèmes de Musset et une overdose de rêves, Bovary ma grande sœur. Et tout au fond, caché comme pas convenable, le désir d'un plaisir dont j'avais trouvé seule le chemin. Bien sûr qu'elle était mystère pour moi l'autre moitié du monde, mais j'avais la foi, ce serait une fête. L'idée d'inégalité entre les garçons et moi, de différence autre que physique, je ne la connaissais pas vraiment pour ne l'avoir jamais vécue.» - Extrait de la femme gelée
- « Moins on a d’argent et plus les courses réclament un calcul minutieux, sans faille. Plus de temps. Faire la liste du nécessaire. Cocher sur le catalogue des promos les meilleures affaires. C’est un travail économique incompté, obsédant, qui occupe entièrement des milliers de femmes et d’hommes. Le début de la richesse – la légèreté de la richesse – peut se mesurer à ceci : se servir dans un rayon de produits alimentaires sans regarder le prix avant. » - Extrait de Regarde les lumières, mon amour
- « Soumis à la précarité et à l'indigence des étudiants pauvres — ses parents endettés vivaient en proche banlieue parisienne sur un salaire de secrétaire et un contrat emploi solidarité — il n'achetait que les produits les moins chers ou en promotion, de la Vache qui rit en portions et du camembert à cinq francs. Il allait jusqu'à Monoprix acheter sa baguette de pain parce qu'elle coûtait cinquante centimes moins cher qu'à la boulangerie voisine. Il avait spontanément les gestes et les réflexes dictés par un manque d'argent continuel et hérité. Une forme de débrouillardise permettant de s'en sortir au quotidien. Rafler, dans l'hypermarché, une poignée d'échantillons de fromage dans l'assiette tendue par la démonstratrice. A Paris, pour pisser sans payer, entrer avec détermination dans un café, repérer les toilettes et ressortir ensuite avec désinvolture. Regarder l'heure aux parcmètres (il n'avait pas de montre), etc. Il jouait au Loto sportif chaque semaine, attendant, comme il est naturel au cœur de la nécessité, tout du hasard : « Je gagnerai un jour, c'est forcé. » En fin de matinée, le dimanche, il regardait Téléfoot avec Thierry Roland. Le moment juste où le footballeur marque un but et où toute la foule du Parc des Princes se lève, l'acclame, était pour lui l'image du bonheur absolu. Cette pensée lui donnait même des frissons » - Extrait de Le jeune homme
Mise à jour le mercredi 24 septembre 2025 à 15h11