Grande figure du mouvement nationaliste algérien, Moufdi Zakaria est un poète, écrivain et militant algérien né le 12 juin 1908 à Béni Izguen dans la vallée du M’zab (Ghardaïa) au sud algérien. Poète du mouvement national et chantre de la Révolution algérienne, sa poésie avait pour objectif d'aiguiser la conscience nationale.

Appelé également le poète de la révolution, son véritable nom est Cheikh Zakaria Ben Slimane Ben Yahia Ben Cheikh Slimane Ben Hadj Aissa. Son pseudonyme littéraire Moufdi lui a été donné par Slimane Boudjenah, un de ses camarades de classe, lorsqu’ils fréquentaient la Mission mozabite à Tunis. 

Enfance de moufdi zakaria

Moufdi Zakaria est issu d’une famille Rostomide, une dynastie d’immams de rite ibadite, et a fait ses études d’abord à Beni Izgen. Moufdi Zakaria quitte très tôt Ghardaïa où il a fait ses études primaires, et rejoint son père (commerçant) à Annaba, où il reçoit une éducation traditionnelle musulmane, apprenant l'arabe et le Coran dès son plus jeune âge.

Il a commencé à écrire de la poésie à l'âge de neuf ans et a rapidement développé une passion pour la littérature

En 1920, il rejoint son oncle, cheikh Tahar Ben yahia installé à Tunis, où il poursuit ses études, à l’école Essalem et l’école El Khaldounia et plus tard à l’université Zeitouna, qui est aussi une mosquée (lieu où on accompli la prière musulmane).

En Tunisie il devient ami avec Abou El Kacem Chabbi le célèbre poète tunisien. Il fonde l'association littéraire El-Wifaq (l'Entente) qui publiait une revue entre 1925 et 1930.

Lorsqu’il revient en Algérie en 1933, il fonde une autre association et publie la revue El-Hayet.

Militantisme

En 1925 il adhère à l'association des étudiants musulmans nord-africains et rejoint en 1933  l'Étoile nord-africaine. Il milite par la suite au sein du parti du peuple algérien où il a occupé  le poste de secrétaire général et compose l'hymne de ce parti intitulé Fidaou el Djazair.

En 1936, luttant aux côtés de Messali, il compose l'hymne de l'Etoile Nord Africaine : "Fida Ul Jazai" qui devient le chant de ralliement des militants nationalistes.

En août 1937, il fut arrêté en même temps que le chef du parti Messali Al Hadj et son compagnon Houcine Lahouel, et sera libéré deux ans après. Il lance en compagnie d’autres militants le journal Achaâb qui appelait à l’indépendance  de l’Algérie dès 1937et fut son rédacteur en chef, et publie ses articles dans journaux tunisiens.

En février 1940, il fut arrêté une seconde fois et libéré après qu’il ait purgé une peine de 6 mois de prison. En 1943-1944, il collabore à des journaux clandestins comme Al-Watan et L'Action algérienne.

Après les évènements du 8 mai 1945, il purge une peine de 3 ans de prison. Et adhère après sa libération au Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) et se porte candidat aux élections à l'Assemblée algérienne, mais ne les remporte pas.

Après le déclenchement de la guerre de libération nationale, il rejoint en 1955 le FLN. Une année plus tard, il est arrêté et incarcéré à la prison de Barberousse, qui accueillera les grands noms de la révolution comme Yacef saadi, Djamila bouhired, zohra drif et bien d’autre. Au cours de ce séjour à la prison Barberousse, il écrit les paroles de Kassaman "Nous avons juré", adopté en tant que hymne national algérien en 1963,  peu après l'indépendance de l'Algérie en 1962. La musique a été composée par Mohamed Fawzi, un compositeur égyptien.

La légende dit même qu’il l’aurait rédigé avec son propre sang. Ces vers lui permettront plus que jamais d’entrer dans la postérité, de rendre connu le nom et le visage, au regard franc et savant de Moufdi Zakaria. 

A sa sortie de la prison Barberousse, Moufdi Zakaria part en Tunisie où il a été soigné par le Dr. Frantz Fanon, le célèbre psychiatre et militant algérien, des suites des tortures que les services de police coloniaux lui ont fait subir.

Il rejoint le Maroc, puis la Tunisie où il publie au journal El Moudjahid jusqu’à l’indépendance de l’Algérie en 1962.

Il était partisan de  l’union des pays du Maghreb.

Les dissensions politiques du pays nouvellement indépendant, ont poussé Moufdi Zakaria à se retirer définitivement de la sphère politique algérienne et à s’exiler en Tunisie.

Il est décédé suite à une crise cardiaque, le premier jour du mois sacré de Ramadhan de l’année  1397 de l’hégire, correspondant au 17 août 1977, à Tunis et  a été inhumé à son village natal Béni Izguen.

La façon de Moufdi Zakaria de voir la liberté ne se limitait pas au territoire de l’Algérie. IL était profondément humaniste, et avait une ambition au-delà des frontières tracées par les colons. Ainsi, son amour pour l’Algérie, bien que très fort ne sera pas exclusif. Il est également connu pour ses poèmes dédiés à la Tunisie (à l’ombre des oliviers), ainsi qu’au Maroc (sous l’inspiration de l’atlas), ces terres de l’exil qui l’ont accueillie.

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Les œuvre de Moufdi Zakaria

Moufdi Zakaria est l'un des poètes algériens les plus célèbres et a écrit de nombreux poèmes et chants qui ont marqué la littérature algérienne. Parmi ses œuvres, on peut citer :

Les chants patriotiques algériens suivants :

  • l’hymne national algérien « Kassaman » ;
  • l’hymne du PPA « Fidaou El Djazair » ;
  • chant de l’emblème national algérien ; 
  • chant des Chouhada ;
  • chant de l’Armée de libération nationale ;
  • chant de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) ;
  • chant de l’Union des Étudiants algériens ;
  • chant de la femme algérienne ; 
  • chant Barberousse.

Il compte aussi à son actif :

  • chant du Congrès du Destin (Tunisie) ;
  • chant de l’Union des Femmes tunisiennes ;
  • chant de la bataille historique de Bizerte (Tunisie) ;
  • chant de l’Armée marocaine.

Publications

Un grand nombre de poèmes écrits par Moufdi Zakaria ont été publiés dans des journaux algériens, tunisiens et marocains et n’ont malheureusement pas été rassemblés en recueil. Cependant le poète a publié quelques recueils, à savoir :

  • le Feu sacré (en 1961) est l'un des plus célèbres de Moufdi Zakaria.
  • à l’ombre des oliviers (en 1966), 
  • l’Iliade de l’Algérie (en 1972), sa merveille éternelle, est l'un des plus connus de Moufdi Zakaria.
  • sous l’inspiration de l’Atlas (en 1976). 

Les poèmes de Moufdi Zakaria sont devenus des symboles de la lutte pour l'indépendance de l'Algérie et ont inspiré de nombreux autres poètes et écrivains algériens.

Prix et distinctions

Durant sa vie, Moufdi Zakaria a reçu plusieurs distinctions dont :

  • la médaille de la capacité intellectuelle du premier degré, décernée par le roi du Maroc Mohamed V, le 21 avril 1961 ;
  • la médaille de l’Indépendance et de la médaille du Mérite culturel, décernées par le président tunisien Habib Bourguiba

A titre posthume il a été décoré de :

  • la Médaille du Résistant décernée en 1984 par le Président algérien Chadli Bendjedid ;
  • la médaille El-Athir de l’ordre du mérite national, décernée en 1999 par le président algérien Abdelaziz Bouteflika.

L’aéroport de Ghardaïa porte le nom de Moufdi Zakaria, dont la plume a été une véritable arme contre le colonialisme inique.

Le Palais de la culture à Alger qui abrite aussi le siège du Ministère de la culture porte également le nom de Moufdi Zakaria.

Citations :

« Ma patrie est l’Afrique du Nord, patrie glorieuse qui a une identité sacrée, une histoire somptueuse, une langue généreuse, une noble nationalité, arabe. » 

 « En chaque endroit, les liens sacrés du sang / Ne me rattachent-ils pas à ton être ? »

“I do not make any diff erence between a Tunisian, an Algerian, a Moroccan ; nor between a Malekite, Hanafi te, Chefi ite, Ibadite, and Hanbalite ; nor between an Arab and Kabyle […] All are my brothers”

(Moufdi Zakaria, speech in Tlemcen in 1931).

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Mise à jour le jeudi 25 septembre 2025 à 17h43