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Voici les citations les plus partagées entre internautes !
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Consultez les 172564 citations les plus partagées entre internautes.Parce que je sens que là-haut, dans les Cieux, les anges l'un à l'autre se parlant bas, ne peuvent, parmi leurs termes brûlants d'amour, en trouver un d'une dévotion pareille à celui de « Mère » ; en conséquence, je vous ai dès longtemps de ce nom appelée, vous qui êtes plus qu'une mère pour moi et remplissez le coeur de mon coeur, où vous installa la Mort en affranchissant l'esprit de ma Virginie. Ma mère, — ma propre mère, qui mourut tôt n'était que ma mère, à moi ; mais vous êtes la mère de Celle que j'ai si chèrement aimée, et m'êtes ainsi plus chère que la mère que j'ai connue, de cet infini dont ma femme était plus chère à mon âme qu'à cette âme sa vie.
À ma mère
[ Edgar Allan Poe ]
470 votes | 668 envois.
Quelles femmes - et quels hommes ! - m'ont construite féministe, éternelle indignée, à jamais au combat ? Celui de l'égalité concrète, restant à conquérir. Pas l'égalité de papier, fantasme de textes de loi successifs, des beaux discours et actes cosmétiques. L'égalité réelle, entre fillettes et petits garçons, entre adolescentes et adolescents, entre femmes et hommes. Dans la famille, au sein du couple hétérosexuel, entre hétérosexuels et homosexuels, à l'école, dans la rue, au travail, au sommet de l’État, à l'Assemblée nationale, au Sénat, dans les collectivités locales, les administrations, la culture, la philosophie, le sport, la science... bref, la vie !
Libres comme elles : portraits de femmes singulières (2014)
[ Audrey Pulvar ]
470 votes | 668 envois.
Par-dessus tout, ce que je cherche déjà, sans le savoir, c’est à déchiffrer le mystère qui parvient à réunir deux êtres derrière la porte close d’une chambre à coucher, ce qui se trame alors entre eux. Comme dans les contes pour enfants où le merveilleux fait brusquement irruption dans le réel, la sexualité s’apparente dans mon imaginaire à un processus magique d’où naissent miraculeusement les bébés, et qui peut surgir à l’improviste dans la vie de tous les jours, sous des formes souvent indéchiffrables. Provoquée, ou accidentelle, la rencontre avec cette puissance énigmatique suscite très tôt chez l’enfant que je suis une curiosité persistante, et terrifiée.
Le consentement (2020)
[ Vanessa Springora ]
468 votes | 668 envois.
Trois numéros, en matière d'expérience, se virent privés de travail pendant un mois ; ils pouvaient aller où ils voulaient, faire ce qu'ils voulaient. Les malheureux errèrent autour de leur lieu de travail, qu'ils contemplaient avec des yeux affamés. Ils firent dans le vide, pendant des heures entières, les mouvements qui, à certaines heures étaient devenus un besoin pour leur organisme : ils scièrent et rabotèrent, ils frappèrent sur des clous invisibles avec des marteaux également invisibles. Enfin, le deuxième jour, n'y tenant plus ils se prirent par la main et, aux sons de la Marche, entrèrent dans le fleuve jusqu'à ce que l'eau mit fin à leurs tortures...
Nous autres (1920)
[ Ievgueni Ivanovitch Zamiatine ]
471 votes | 668 envois.
L’avenir… il devait être magnifique… il allait être magnifique, plus tard … j’y croyais ! On y croyait à une vie magnifique ! C’était une utopie … Vous, vous avez votre utopie à vous. Le marché. Le paradis du marché. Le marché va rendre tout le monde heureux… C’est une chimère ! Des gangsters se baladent dans les rues en veston rouge avec des chaines en or sur le ventre. C’est la caricature du capitalisme, comme sur les dessins du Crocodile, le journal humoristique soviétique. Une parodie ! Au lieu d’une dictature du prolétariat, vous avez la loi de la jungle : dévore les plus faibles que toi, et rampe devant ceux qui sont forts. La plus vieille loi du monde.
La Fin de l'homme rouge (2013)
[ Svetlana Alexievitch ]
468 votes | 667 envois.
Quand le Christ, à une heure symbolique, établit sa grande Société, il ne choisit pas comme pierre angulaire de son édifice le brillant Paul, ni le mystique Jean, mais un fourbe, un snob, un lâche, en un mot, un homme. Et sur ce roc il bâtit son Église et les portes de l'Enfer n'ont pas prévalu contre Elle. Tous les Empires et les Royaumes sont tombés par cette faiblesse inhérente et perpétuelle, celle d'avoir était fondés par des hommes forts sur des hommes forts. Mais seule, l'Église chrétienne, historique, fut fondée sur un homme faible, et pour cette raison elle est indestructible, car aucune chaîne ne peut être plus forte que son chaînon le plus faible.
Hérétiques (1912)
[ Gilbert Keith Chesterton ]
469 votes | 667 envois.
De toute évidence, elle se croyait seule. Elle sortait de son bain et n’avait passé qu’un large pantalon de marin et une courte veste échancrée qui laissait ses bras nus. Elle tordait maintenant ses cheveux humides : au creux de ses bras bougeait une touffe brune et au creux de ses seins un pli sombre. Elle tenait ses épingles dans sa bouche serrée, qui baignait tout le visage tendu d’une soudaine onde d’enfance ; dans son innocence tendue et son application maniaque d’écolière, on eût dit que cette bouche abandonnée, si crûment à son affaire, tirait la mangue, vivait avec une intensité de fleur carnassière dans le seul geste aveugle de happer et de retenir.
Le Rivage des Syrtes (1951)
[ Julien Gracq ]
466 votes | 667 envois.
Je ne suis français que par cette grande cité ; grande en peuples, grande en félicité de son assiette, mais surtout grande et incomparable en variété et diversité de commodités, la gloire de la France, et l'un des plus nobles ornements du monde. Dieu en chasse loin nos divisions ! Entière et unie, je la trouve défendue de toute autre violence. Je l'avise que, de tous les partis, le pire sera celui qui la mettra en discorde. Et ne crains pour elle qu'elle même. Et crains pour elle autant certes que pour autre pièce de cet état. Tant qu'elle durera, je n'aurai faute de retraite où rendre mes abois, suffisante à me faire perdre le regret de toute autre retraite.
Essais, III, 9, De la vanité
[ Michel de Montaigne ]
470 votes | 667 envois.
Voilà pourquoi, à un certain moment, ma plume s'est mise à courir, à courir ! C'est vers lui qu'elle courait; elle savait bien qu'il ne tarderait guère à venir. Chaque page ne vaut que lorsqu'on la tourne et que derrière, il y a la vie qui bouge, qui pousse et qui mêle inextricablement toutes les pages du livre. La plume vole, emportée par ce plaisir même qui nous fait courir les routes. Le chapitre entamé, on ignore encore quelle histoire il va raconter; c'est un peu comme ce recoin où, tout à l'heure, je vais tourner en sortant du couvent, sans savoir ce qu'il me réserve : un dragon, une troupe barbaresque, une île enchantée, un amour né de la surprise...
Le Chevalier inexistant (1959)
[ Italo Calvino ]
469 votes | 666 envois.
Les tourments de l'enfer sont implacables, vifs
Sont les feux de l'enfer ; et pourtant les vautours
S'arc-boutant contre l'air pour virer sur leur aile
Sont plus beaux que le vol plané de ces mouettes
Abandonnées au vent dans la fraicheur du jour
Plus beaux que les ventilateurs dans les asiles
Qui par leur soyeux va-et-vient
Tissent à l'espoir un destin ;
Et jamais l'espoir n'a lancé
Sa gageure aussi haut que l'illusion vitale
Qui chevauche le vol du vautour. Si la mort
Peut voler pour l'amour de voler, est-il rien
Que la vie, pour l'amour de mourir, ne pût faire ?
Pour l'amour de mourir
[ Malcolm Lowry ]
467 votes | 666 envois.
Et toute cette débauche de moralisme était de surcroît au service d'une ambition parfaitement cynique, il était absolument manifeste que l'Université n'était pour lui qu'une étape nécessaire mais insignifiante sur un chemin qui devait le mener vers la consécration des plateaux de télévision où il avilirait publiquement, en compagnie de ses semblables, le nom de la philosophie, sous l'oeil attendri des journalistes incultes et ravis, car le journalisme et le commerce tenaient maintenant lieu de pensée, Libero ne pouvait plus en douter, et il était comme un homme qui vient juste de faire fortune, après des efforts inouïs, dans une monnaie qui n'a plus cours.
Le Sermon sur la chute de Rome (2012)
[ Jérôme Ferrari ]
468 votes | 665 envois.
L'idéologie n'est-elle pas de tous les siècles? Il existe une littérature politiquement correcte, mais je ne la lis pas beaucoup. En général, on lit quelques lignes, quelques pages et l'on comprend que l'auteur racole le lecteur à coups de bons sentiments, d'indignations comme il faut, de révoltes bien coiffées. C'est peut-être nécessaire: on aime se voir tout beau dans le miroir des livres. Je n'ai pas de goût pour ça. Je cite souvent cette lettre de Kafka: « Il me semble d'ailleurs qu'on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? ».
Entretien au FigaroVox le 29/09/2017
[ Patrice Jean ]
466 votes | 665 envois.
Pour le malade cloué au lit, les rues, les villes, les prés deviennent objets d’un douloureux désir qu’il a honte d’avouer aux bien-portants. Cette boulangerie devant laquelle le malade passait tous les jours lui apparaît comme un paradis perdu. Ce ne sont pas seulement les bien-portants qui abandonnent le malade, mais le malade qui abandonne et le monde et les bien-portants. Son seul bien, c’est sa fenêtre qui ouvre une brèche sur l’horizon rétréci. Les nuages qui défilent devant cette découpe rectangulaire changent, se dissipent, s’assombrissent, se colorent. Et peut-être, à travers la fenêtre, un de ces nuages rapportera-t-il à son cœur l’envie de vivre.
Vivre (1985)
[ Milena Jesenská ]
471 votes | 665 envois.
On marche vraiment sur la tête. Ou, comme dirait ma grand-mère, qui n'est pas dénuée de sagesse, le monde « ne tourne pas rond ma petite-fille ». « Tous les gens très intelligents qui gouvernement nos vies apportent plus de problèmes que de solutions, je les appelle les fournisseurs de crises ! » a-t-elle coutume de me dire. Sa remarque me fait penser à une maxime de Frédéric Dard : « Le bon sens, c'est ce qui permet d'être écouté quand vous n'êtes pas intelligent » disait avec une ironie cinglante, l'auteur de San-Antonio résumant ainsi la prétendue opposition entre intelligence et bon sens. Une dichotomie qui nous aveugle et nous éloigne du vrai chemin.
Douce France : Où est (passé) ton bon sens ? (2019)
[ Sonia Mabrouk ]
469 votes | 665 envois.
Vous voyez dans mes élans, dans mes choix, des intentions que je n'ai pas. Je pense que les piètres résultats de ma diplomatie amoureuse prouvent que je ne me demande pas souvent si j'ai raison d'aimer. Il est bien possible que vous n'auriez été réellement pour moi qu'un pis-aller, mais ce n'est pas ainsi que je vous voyais. Je commençais à sentir que vous aviez pris pour moi une place à part. Pourtant, votre intelligence ne me comprenait pas mieux, peut-être moins bien ; votre amour ne se prouvait pas plus délicatement ; votre dévouement n'éclatait pas davantage ; tout chez vous était peut-être médiocre. Mais je préférais ce qui venait de vous. Pourquoi ?
Laissez-moi
[ Marcelle Sauvageot ]
467 votes | 665 envois.
« On ne va quand même pas croire à ces conneries », ai-je entendu. Il faut bien y croire puisque c’est là, puisque nous voilà cloîtrés, calfeutrés. Puisque jamais l’avenir n’a paru aussi incertain. Nous sommes confinés. J’écris cette phrase mais elle ne veut rien dire. Il est 6 heures du matin, le jour pointe à peine, le printemps est déjà là. Sur le mur qui me fait face, le camélia a fleuri. Je me demande si je n’ai pas rêvé. Ça ne peut pas être. Cela ressemble aux histoires qu’on invente à Hollywood, à ces films que l’on regarde en se serrant contre son amoureux, en cachant son visage dans son cou quand on a trop peur. C’est le réel qui est de la fiction.
Le « Journal du confinement » de Leïla Slimani (2020)
[ Leïla Slimani ]
468 votes | 665 envois.
J'ai toujours pensé que la partie la plus intime et la plus personnelle de notre corps était les pieds, et non les parties génitales, le coeur, ou même le cerveau, organes, somme toute, sans grande importance et que l'on surestime à tort. C'est dans les pieds que se concentre tout le savoir de l'homme ; c'est vers les pieds que converge l'essentiel de ce que nous sommes et que s'établit notre rapport à la terre. Le contact avec la terre, son point de jonction avec notre corps, renferme tout le mystère : bien que nous soyons constitués de particules de la matière, nous n'en faisons pas partie, nous en sommes séparés. Les pieds sont notre prise de connexion.
Sur les ossements des morts (2014)
[ Olga Tokarczuk ]
466 votes | 664 envois.
Dans ce printemps qui ne l'est que pour les autres, le mot me déchire, d'autant que par moment, dans cette saison cruelle, je fais effort pour donner à ce que je vis, sinon un sens, du moins, pour moi-même, seul, pour ma conscience, une image un peu noble, et ainsi je m'efforce de hausser, d'élever ma détresse irrespectable à celle de Job, et je me vois plutôt sur son fumier que sur la couche d'un malade ordinaire auquel l'adjectif grabataire renvoie ; autant le substantif est beau, autant l'adjectif est laid. Pour moi, qui connais la valeur des mots, cette adjectivation est une réduction de ma souffrance d'alors, sa régulation, sa normalité hospitalière
Coma
[ Pierre Guyotat ]
467 votes | 663 envois.
C'est dans un état bien particulier que j'écris ces mots, puisque cette nuit je ne serai plus. Je me trouve sans le sou, au terme de mon supplice de drogué qui ne supporte plus la vie sans sa dose, et je ne puis endurer plus longtemps ma torture. Je vais sauter par la fenêtre, me jeter dans cette rue sordide. Il ne faudrait pourtant pas croire que la morphine, dont je suis l'esclave, ait fait de moi un être faible ou dégénéré. Lorsque vous aurez lu ces quelques pages hâtivement griffonnées, vous ne vous étonnerez pas – encore que vous ne puissiez jamais le comprendre parfaitement – que je me trouve devant cette unique alternative : l'oubli ou la mort.
Dagon (Dagon and Other Macabre Tales) - (1965)
[ Howard Phillips Lovecraft ]
467 votes | 662 envois.
Pour tous la télé était la mise à disposition immédiate et peu coûteuse de la distraction, pour les épouses la tranquillité de garder leur mari à côté d’elle devant Sport Dimanche. Elle nous entourait d’une constante et impalpable sollicitude, qui flottait sur les visages souriants et unanimement compréhensifs des amateurs (Jacques Martin et Stéphane Collaro), leur mine bonhomme (Bernard Pivot, Alain Decaux). Elle nous unissait de plus en plus dans les mêmes curiosités, peurs et satisfactions, est-ce qu’on allait retrouver l’odieux meurtrier du petit Philippe Bertrand, le baron Empain, attraper Mesrine, est-ce que l’ayatollah Khomeiny regagnerait l’Iran
Les Années (2008)
[ Annie Ernaux ]
466 votes | 661 envois.
Quelque chose semble me relier à ces explorateurs de la fin du xixe siècle, en quête d'un Nord magnétique et fragile, dont je ne distingue encore que les silhouettes mangées par la lumière. Il faut creuser à travers le minimum visible, faire de l'écriture un révélateur pour dévoiler peu à peu leurs visages, leurs espoirs, leurs amours et leurs mensonges, leur curiosité insatiable et leur amateurisme héroïque jusqu'à la poésie, il faut chercher les sensations communes, partager ce qui les maintient en vie, en faire des compagnons – peu à peu, des personnages. Du soleil de minuit à la complète nuit polaire, tenter d'éclairer l'énigme de leur disparition.
Un monde sans rivage (2019)
[ Hélène Gaudy ]
466 votes | 661 envois.
C'est comme une anesthésie progressive: on pourrait se lover dans la torpeur du néant et voir passer les mois - les années peut-être, pourquoi pas? Avec toujours les mêmes échanges de mots, les gestes habituels, l'attente du casse-croûte du matin, puis l'attente de la cantine, puis l'attente du casse-croûte de l'après-midi, puis l'attente de cinq heures du soir. De compte à rebours en compte à rebours, la journée finit toujours par passer. Quand on a supporté le choc du début, le vrais péril est là. L'engourdissement. Oublier jusqu'aux raisons de sa propre présence ici. Se satisfaire de ce miracle : survivre. S'habituer. On s'habitue à tout, paraît-il.
L'Etabli (1978)
[ Robert Linhart ]
473 votes | 661 envois.
Au Maroc, à certaines terrasses de café, on ne voit que des hommes. Un jour, je me souviens de m’y être assise, d’avoir allumé une cigarette et le patron, très gentiment, m’a demandé de m’installer à l’intérieur. « Ça va me créer des histoires », m’a-t-il dit. A présent que le Maroc est confiné, je me dis que ces hommes sont à la maison, et je me demande si en mesurant ce qu’on leur arrache – la possibilité de traîner, de s’asseoir au café, d’engager la conversation avec un inconnu –, ils pensent un peu à leurs sœurs, à leurs femmes, à toutes celles qui ont intégré l’idée qu’on allait de la maison au travail, du travail au marché, du marché à la maison.
Le « Journal du confinement » de Leïla Slimani (2020)
[ Leïla Slimani ]
470 votes | 661 envois.
L'histoire de ta mère est aussi celle de ta grand-mère et de ton arrière grand-mère. Ainsi que ta grande-tante. Leur destin était entrecroisé... Elles illustrent à la perfection ce que nous appelons la fatalité, en Grèce. Celle-ci est bien souvent le fait de nos ancêtres, et non des étoiles. Lorsque nous évoquons l'Antiquité, nous nous référons toujours au destin, mais nous ne parlons pas réellement d'une force incontrôlable. Bien sûr, certains événements capitaux semblent se produire sans raison et bouleverser le cours d'une vie, mais, en vérité, notre destinée est déterminée par les actions de ceux qui nous entourent et de ceux qui nous ont précédés.
L'Ile des oubliés (2012)
[ Victoria Hislop ]
468 votes | 660 envois.
Une phrase d’Anaïs Nin me revient à l’esprit: « Une vie ordinaire ne m’attire pas. » (…) Elle mena une vie désordonnée et eut toujours plusieurs relations en même temps. Son mari était au courant et fermait les yeux. « La largesse ou l’étroitesse de notre existence dépend de l’audace que nous avons », disait-il. Mais pourquoi est-ce que nous recherchons, pourquoi est-ce que je recherche toujours « la largesse de l’existence » à l’extérieur ? Pourquoi suis-je persuadée que la vie devient étriquée lorsqu’elle prend un tour domestique, apprivoisé, et qu’elle est plus vaste lorsqu’elle est chaotique et tournée vers l’extérieur ? Est-ce réellement ainsi ?
Lait noir (2009)
[ Elif Shafak ]
466 votes | 660 envois.
Les guet-apens tendus aux représentants des forces de l'ordre et à nos pompiers dans certains quartiers, les trafics en bas des cages d'escaliers, la banalisation de la délinquance du quotidien sont autant de faits inacceptables qui exaspèrent à juste titre les habitants et appellent une réponse de l’État ferme et sans complaisance. Il n'est pas davantage acceptable que des violences soient perpétrées sur des personnes en raison de leur pratique religieuse, de leur orientation sexuelle ou de leur couleur de peau. Toutes ces formes de violence, toutes ces formes de discrimination, de racisme, d'antisémitisme, où qu'elles se nichent, seront combattues.
Discours de politique générale de Jean Castex, le 15.07.2020
[ Jean Castex ]
479 votes | 658 envois.
Au rugby ou au football, tout le monde regarde l'équipe, personne ne regarde le ballon. Or l'important, c'est le ballon, c'est lui qui fait l'équipe. C'est la passe qui fait la relation entre les gens, et une équipe n'existe que par le ballon, que par la passe. Voilà ce que j'appelle un "quasi-objet", un objet qui est fait pour circuler entre les membres d'un groupe: le ballon, l'argent, les paroles. De la même manière que je m'intéresse à des personnages minuscules, sans importance apparente, qui révèlent des choses fondamentales, de la même manière mes concepts ne sont pas des concepts au sens classique mais des concepts "opératoires", dynamiques.
Pantopie : de Hermès à petite poucette (2014)
[ Michel Serres ]
467 votes | 658 envois.
Les attributions du prix Nobel me rassurent ; ce qui compte ici c'est la protection, la sauvegarde de cet esprit, "sel de la terre", qui peut encore sauver le monde ; l'élection de quelques-uns qui ont de leur mieux lutté pour son triomphe et pour qui cette lutte est devenue proprement la raison d'être, lutte plus âpre, plus difficile aujourd'hui que jamais ; plus décisive aussi je l'espère ; celle du petit nombre contre la masse, de la liberté contre toute forme de dictature, des droits de l'homme et de l'individu contre l'oppression menaçante, les mots d'ordre, les jugements dictés, les opinions imposées ; lutte de la culture contre la barbarie.
Texte envoyé Le 13 novembre 1947 par Gide au jury du prix Nobel
[ André Gide ]
468 votes | 656 envois.
Le beau et la théorie de la beauté sont déjà par nature largement ouverts à une mise en lumière à partir de notre point de vue. Car nous n'avons qu'à prononcer le mot « jeunesse » et l'idée de « beauté » surgit tout à fait spontanément. Et si nous recherchons le lien qui articule et relie les deux, nous rencontrons finalement le concept d'un enjouement harmonieux et autosuffisant, par rapport à quoi tout but extérieur est étranger ; la vieille question des relations entre le beau et sa finalité pourrait en conséquence trouver une solution simple. Un objet ne peut pas apparaître beau sans être détaché du lien qui le retient aux nécessités de la vie.
Du sens de la vie
[ Moritz Schlick ]
467 votes | 656 envois.
Chaque artiste garde ainsi, au fond de lui, une source unique, qui alimente pendant sa vie ce qu'il est et ce qu'il dit. Quand la source est tarie, on voit peu à peu l'oeuvre se racornir, se fendiller. Ce sont les terres ingrates de l'art que le courant invisible n'irrigue plus. Le cheveu devenu rare et sec, l'artiste couvert de chaumes, est mûr pour le silence, ou les salons, qui reviennent au même. Pour moi, je sais que ma source est dans L'Envers et l'Endroit, dans ce monde de pauvreté et de lumière où j'ai longtemps vécu et dont le souvenir me préserve encore des dangers contraires qui menacent tout artiste, le ressentiment et la satisfaction.
Préface de L'envers et L'endroit
[ Albert Camus ]
469 votes | 655 envois.
Qu'importent, en fin de compte, les dommages matériels ? Et l'adversité même ! Comme le disait Sénèque, il faut refuser de laisser son âme s'engloutir dans la nuit et, même dans le malheur, qui arrive de toute manière, rester conscient « qu'il est plus humain de rire de la vie que d'en pleurer ». Étudiant, j'avais lu et même traduit Sénèque, mais de façon académique, sans m'interroger sur le sens profond de ses pensées ni sur leur usage pratique. Pourquoi porter un masque grimaçant, pourquoi souffrir du regard d'autrui ? Pourquoi vivre dans la crainte de l'opinion, pourquoi refuser de détonner ? Pourquoi en un mot comme en cent, s'avouer vaincu ?
Le Prince d'Aquitaine
[ Christopher Gérard ]
466 votes | 655 envois.
Le printemps maladif a chassé tristement L’hiver, saison de l’art serein, l’hiver lucide, Et, dans mon être à qui le sang morne préside L’impuissance s’étire en un long bâillement. Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne Qu’un cercle de fer serre ainsi qu’un vieux tombeau Et triste, j’erre après un rêve vague et beau, Par les champs où la sève immense se pavane Puis je tombe énervé de parfums d’arbres, las, Et creusant de ma face une fosse à mon rêve, Mordant la terre chaude où poussent les lilas, J’attends, en m’abîmant que mon ennui s’élève… – Cependant l’Azur rit sur la haie et l’éveil De tant d’oiseaux en fleur gazouillant au soleil.
Renouveau (1866)
[ Stéphane Mallarmé ]
470 votes | 655 envois.
Lorsque nous défendons un point de vue, nous nous défendons d'abord nous-même. Nous sommes les mercenaires de nos préjugés. Au nom de quelle raison supérieure pourrait-on nous convaincre d'abdiquer notre propre identité ? Changer d'avis sur une question importante n'est envisageable que si la différence entre les deux points de vue s'inscrit elle-même dans l'angle plus ou moins fermé de notre moi, ce territoire tellement surdéterminé que l'on peut se demander si c'est bien nous qui pensons ce que nous pensons, et si ce que nous appelons notre liberté n'est pas simplement le moyen de fournir un peu de jeu aux mécanismes serrés de notre esclavage.
Petit traité à l'usage de ceux qui veulent toujours avoir raison (1999)
[ Georges Picard ]
466 votes | 654 envois.
Je ne suis pas politicien, ni même spécialisé en sciences politiques ; à vrai dire, je ne suis pas spécialisé dans l'étude de grand-chose. Je ne suis pas démocrate, je ne suis pas républicain et je ne me tiens pas même pour un Américain. Si nous étions Américains, vous et moi, il n'y aurait pas de problème. Ces Hongrois qui viennent de débarquer, ils sont déjà des Américains ; les Polonais sont déjà des Américains ; les émigrants italiens sont déjà des Américains. Tout ce qui est venu d'Europe, tout ce qui a les yeux bleus, est déjà américain – Et depuis le temps que nous sommes dans ce pays, vous et moi, nous ne sommes pas encore des Américains.
« The Ballot or the Bullet » (« Le bulletin de vote ou le fusil ») discours prononcé le 3 avril 1964 à Cleveland.
[ Malcolm X ]
471 votes | 654 envois.
Quand j’ai commencé en 1985, je me suis inspirée de ce que je voyais dans les rues parisiennes. Des étudiants des Beaux-Arts se mettaient à peindre des murs, des palissades, des décors urbains… À l’époque, il y a avait déjà les VLP « Vive La Peinture », l’École des Affiches, Beau Geste qui détournaient des affiches publicitaires… Il y avait déjà un mouvement naissant. C’est à ce moment que j’ai décidé d’intervenir. J’ai également assisté, quelques années auparavant, à la naissance du Hip-hop aux États-Unis, et donc des graffs. Ce melting pot m’a parlé et c’est à ce moment que j’ai décidé d’intervenir car auparavant, je faisais du théâtre de rue.
« Art interview : Miss.Tic », Miss.Tic, propos recueillis par Fanny Revault, 2020
[ Miss. Tic ]
471 votes | 653 envois.
Ça me rappelle ce passage terrible dans Belle du Seigneur... Albert Cohen a créé ce personnage emblématique du mâle, Solal, qui compare la rivalité des hommes auprès des femmes à un combat de babouins : les babouins se battent pour une femelle, et c'est le plus fort qui gagne, et le plus fort c'est le plus grand, et celui qui a les dents les plus belles. Qu'il lui manque dix centimètres ou un dent de devant, et c'en est fini du désir, fini de la grande histoire d'amour ! Cohen nous fait passer pour des idiotes, nous les femmes, mais est-ce que les hommes ne sont pas pires, infiniment plus dépendants encore de notre beauté, de notre apparence ?
Celle que vous croyez (2016)
[ Camille Laurens ]
468 votes | 652 envois.
Vraiment, mon divin ange , je ne savais pas que vous eussiez enterré votre médecin. Je ne sais rien de si ridicule qu'un médecin qui ne meurt pas de vieillesse ; et je ne conçois guère comment on attend sa santé de gens qui ne savent pas se guérir : cependant il est bon de leur demander quelquefois conseil, pourvu qu'on ne les croie pas aveuglément. Mais comment pouvez-vous prendre les mêmes remèdes, madame d'Argental et vous, puisque vous n'avez pas la même maladie ? c'est une énigme pour moi. Tout ce que je puis faire, c'est de lever les mains au ciel, et de le prier de vous accorder une vie très longue, très saine, avec très peu de médecins.
Lettre à Monsieur le Comte d'Argental, 6 novembre 1767
[ Voltaire ]
473 votes | 652 envois.
Au début, je voulais écrire une pièce de théâtre car je voulais parler aux gens clairement, et comme je m’emberlificotais dans la préparation de cette pièce, au bout d’un moment je me suis dit : on arrête les machineries, les expérimentations, les systèmes et les complications stylistiques et on va à l’essentiel c’est-à-dire, juste parler, ce qui est un peu nouveau pour moi. Je voulais montrer à quel point le performatif est effectif chez moi, je suis vraiment devenue celle que je voulais, indépendamment du déterminisme social, des traumas pas toujours évidents à gérer et de ma bipolarité. C’est une conquête de territoire corporel finalement.
Interview France Culture, émission Par les temps qui courent par Marie Richeux, avril 2019
[ Chloé Delaume ]
467 votes | 651 envois.
Car la femme avait accouchée, sans aucune espèce de souffrance ni de travail, comme si pleine de force elle se fût acquittée d'une besogne quotidienne. Puis elle s'était étendue sur la paillasse avec le petit tas, dont on ne sait comment elle avait coupé le cordon. Elle l'avait allongé, l'essuyant et le caressant. Et les acolytes muets près de la porte jurèrent que malgré cette nuit de quatre heures du matin ils virent épouvantés qu'elle étouffait l'enfant, cherchant à le faire souffrir du moins possible ; et les regardants tour à tour comme pour les prendre à témoins ou garants.
La Case du Commandeur (1981)
[ Edouard Glissant ]
467 votes | 651 envois.
Au surplus, je prendrai mon parti de toutes les tentatives qu’on fait pour rendre à l’ornement une vie artificielle, si l’esthétique seule était en jeu. Ces tentatives sont condamnées dès leur naissance : aucune force au monde, pas même celle de l’État, ne peut arrêter le développement de la culture humaine. C’est une question de temps. Ce qui m’enrage, ce n’est pas le dommage esthétique, c’est le dommage économique qui résulte de ce culte dérisoire du passé. On gâche, à fabriquer des ornements, des matériaux, de l’argent et des vies humaines. Voilà le mal véritable, voilà le crime en présence duquel on n’a pas le droit de se croiser les bras.
Ornement et Crime (1908)
[ Adolf Loos ]
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Mon grand sujet, c'est l'amour de la vie. Je mets alors l'accent sur l'individualisme, le besoin de liberté, le destin de chacun. Ensuite, il y a les autres, parce qu'il n'est pas confortable de vivre seul. Deux autres thèmes apparaissent: l'amour, qui est le contact affectif, facile ou difficile à vivre, avec les autres, et, plus largement, l'ensemble des relations humaines. D'autres thèmes surgissent aussitôt: la critique sociale, le pouvoir, la violence, l'environnement, l'avenir de l'espèce humaine. Mon œuvre est un long cheminement à travers ces thèmes, parmi des personnages et des histoires généralement très différents de livre en livre.
Entrevue Revue Liaison par Jean-Louis Trudel, septembre 1993
[ Jean-François Somcynsky, dit Jean-François Somain ]
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Il faut continuer à parler, non pas tant du camp, de ce que nous avons vécu, mais de ce qui fait la spécificité de la Shoah : je veux parler de l'extermination systématique, scientifique, de tous ceux qui dès l'arrivée au camp devaient disparaître, parce qu'ils étaient trop jeunes, trop âgés, parce qu'il n'y avait plus de place pour eux, ou tout simplement parce que l'idéologie nazie avait décidé que tous les juifs devaient être éliminés. Oui, il faut que cela soit su. Il y a encore tant de gens qui ne savent pas. Et il est si difficile de concevoir que cela ait pu se passer en plein XXe siècle, dans un pays si fier de sa culture
Interview de SIMONE VEIL par AGATHE LOGEART, Le Nouvel Observateur, n°2097, du 13 au 19 janvier 2005
[ Simone Veil ]
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Dimanche dernier [le 19 juillet 1908], lors de la cérémonie organisée à Saint-Paul en l’honneur des athlètes, l’évêque de Pensylvanie l’a rappelé en termes heureux ; l’important dans ces olympiades, c’est moins d’y gagner que d’y prendre part. Retenons, messieurs, cette forte parole. Elle s’étend à travers tous les domaines jusqu’à former la base d’une philosophie sereine et saine. L’important dans la vie, ce n’est point le triomphe mais le combat; l’essentiel, ce n’est pas d’avoir vaincu mais de s’être bien battu. Répandre ces préceptes, c’est préparer une humanité plus vaillante, plus forte — partant plus scrupuleuse et plus généreuse.
DE COUBERTIN Pierre, "Les trustees de l'idée olympique", in Revue Olympique, n. 31, July 1908, p.110
[ Pierre de Coubertin ]
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Dans sa nouvelle -Funes ou la mémoire-, Borges raconte l'histoire tragique d'un jeune homme de dix-neuf ans hypermnésique; sa mémoire enregistre en permanence chaque détail de sa vie avec une précision horlogère, inutile, et ces souvenirs jaillissent en permanence, chaque jour, l'empêchant de vivre vraiment; il finit par s'enfermer dans une pièce vide pour être sûr de ne plus rien enregistrer. Il faut être capable d'oublier, nous dit Borges, sans ce tri, nous ne pouvons plus exister. La vie, c'est l'oubli, l'oubli, c'est la vie. quel a été mon tri ? Qu'ai-je choisi de sceller dans ce machin cabossé qui me sert de mémoire et qui me définit ?
Un parfum d'herbe coupée (2013)
[ Nicolas Delesalle ]
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En 1971, je signai le Manifeste des 343 pour l’avortement, aux côtés de femmes célèbres, symboles pour le monde de la beauté, de l’intelligence, de la culture françaises. Simone de Beauvoir m’avait dit, allant droit au fait comme à son habitude : « Gisèle, vous ne pouvez pas signer, comme avocate. Mais tâchez de nous récolter des noms, autour de vous.» Cette bataille méritait bien de se mener sur plusieurs fronts : changer la loi, s’expliquer devant l’ordre, en cas de poursuite. La peine de suspension, ou de radiation, me semblait faire partie, à ce moment, de la logique de notre histoire de femmes. Je signai, je crois, en avocate solitaire.
Le lait de l'oranger (1988)
[ Gisèle Halimi ]
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Que l'on ne vienne pas me parler des différences de classe et de formation qui peuvent exister entre deux hommes. Il n'existe qu'une hiérarchie sociale, celle de la valeur et de l'honnêteté morale. Quand deux hommes possèdent cela, ils parlent la même langue simple et vraie et ils ne peuvent que s'aimer fraternellement, se comprendre et ne jamais s'envier. Je ne connais que cette vérité et je hais ceux qui, par leur égoïsme, leur faux amour-propre ou leur sectarisme bêlant de mauvais pasteurs, font que des hommes peuvent se mépriser et se haïr, sous prétexte qu'ils n'ont pas la même formation et n'appartiennent pas à la même classe sociale.
Mes vols (1937)
[ Jean Mermoz ]
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Au-delà de l’émotion et de la sidération de tout un peuple, l’onde de choc a déclenché l’élan fraternel du 11 janvier. Fraternel, un mot désuet que l’attentat du 7 janvier a remis à la mode. Après ce que Pierre Nora, dans Le Débat, qualifiera d’« événement monstre », la France, soudée face aux terroristes, s’est donc mobilisée. Mais quelle France ? Les points de vue divergent. L’essentiel, à mes yeux, aura été le nombre : quatre millions de personnes dans les rues du pays tout entier, défilant en rangs serrés, chantant La Marseillaise, plébiscitant au passage les policiers. Un vrai rassemblement comme on n’en avait plus vu depuis longtemps.
Chérie, je vais à Charlie (2016)
[ Maryse Wolinski ]
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Grâce à elle, je compris soudain ce que signifiait être amoureux : oublier sa vie précédente et n'exister que pour deviner la respiration de celle qu'on aime, le frémissement de ses cils, la douceur de son cou sous une écharpe grise. Mais surtout éprouver la bienheureuse inaptitude à réduire la femme à elle-même. Car elle était aussi cette abondance neigeuse qui nous entourait, et le poudroiement solaire suspendu entre les arbres, et cet instant tout entier où se laissait déjà pressentir le souffle timide du printemps. Elle était tout cela et chaque détail dans le tracé simple de sa silhouette portait le reflet de cette extension lumineuse.
Le Livre des brèves amours éternelles (2011)
[ Andreï Makine ]
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La Réalité est neutre, ainsi qu'il l'avait expliqué - « émaciée » était un mot qu'il avait employé à plusieurs reprises pour la décrire. Ce monde, non perçu par nos sens, demeure là-bas comme un squelette, appauvri et sans passion. Quand nous ouvrons nos yeux, quand nous sentons, entendons, touchons et goûtons, nous ajoutons de la chair à ces os selon notre nature et la manière dont notre imagination fonctionne. Ainsi l'individu transforme « le monde » - l'esprit d'une personne tisse sa propre et éclatante couverture sur une réalité neutre. Ce monde que nous créons est une « fiction », il est à nous seul, il est unique et non partageable.
L'Attente de l'aube (2012)
[ William Boyd ]
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Truculent : « Ça, monsieur, lorsque vous pétunez,
La vapeur du tabac vous sort-elle du nez Sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? »
Prévenant : « Gardez-vous, votre tête entraînée
Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! »
Tendre : « Faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »
Pédant : « L’animal seul, monsieur, qu’Aristophane
Appelle Hippocampéléphantocamélos
Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d’os ! »
Cavalier : « Quoi, l’ami, ce croc est à la mode ?
Pour pendre son chapeau, c’est vraiment très commode ! »Cyrano de Bergerac (1897), I, 4, Cyrano
[ Edmond Rostand ]
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