J´ai toujours rêvé d´être malade - enfin malade - infirme - invalide cogité-j´e» Dans ce livre, Andréas Becker examine sans fausse concession et dans le moindre détail la difficulté d´entrer dans le réel de la vie. Enfermée dans une mystérieuse I!nsti!stuti!on, dont la typographie souligne le caractère carcéral avec ses barres comme des points d´exclamation ou des cris au secours, une femme située hors du temps dissèque tour à tour son quintet familial oppressant et destructeur : sa mère, son père, son fils, son copain, et finalement cet amour qui ne se concrétise jamais.
Quelle est l´équationnement qu´il faudrassait résoudrir ? Un être double, mi petite-fille mi vieil homme, dévide l´écheveau d´une terrible généalogie qui remonte à l´horreur nazie, puis soviétique, dans le vaste champ de ruines que laisse le « grand Reich » déchu. Dire cette accumulation de traumatismes nécessite une nouvelle langue, définitivement irradiée de l´exposition à trop de chocs. Rarement roman n´aura ainsi restitué ce pan de destin allemand. Il ne paraît pas beaucoup de romans de cette audace et de cette force. Lisons-le ! Clamons-le ! Patrick Tudoret («Actualitté»)
«Le peu que je sais dire, je ne sais le dire en contradiction.» Au début de l´histoire, à la naissance du personnage, il y a ce choc. Un jeune conducteur perd le contrôle de son véhicule et tue un retraité. Comment survivre, comment se survivre à soi-même ? Le narrateur renaît dans un temps circulaire où rien ne semble vouloir se concrétiser. Les ingrédients habituels d´un récit - personnages, lieux, événements - prennent la forme de lambeaux flottant dans un vide inquiétant. Avec ce roman, Becker questionne les limites de l´identité, la fragilité humaine et notre rapport au monde qui nous entoure.
Benjamin Joinau, Simon Kim, Keum Suk Gendry-Kim, Elodie Dornand de Rouville
Ce coffret réunit deux volumes de la collection La Corée cent façons qui présente la culture coréenne par ses textes. Ces deux volumes, Boire (2018) et Manger (2016) présentent l'art de la table et de la boisson au Pays du Matin calme. Est-il besoin de rappeler que la gastronomie est la porte d'entrée royale vers toute culture ? En Corée aussi, la cuisine est très importante comme marqueur identitaire, comme pratique sociale, comme patrimoine... Au-delà du kimchi et du bibimbap popularisés par la Vague coréenne, les écrivains coréens d'hier et d'aujourd'hui vous entraînent à la découverte de ce monde de saveurs. La boisson partagée - l'alcool, mais aussi le thé ou le café - occupe une place primordiale dans la sociabilité en Corée. C'est autour d'un verre que les langues se délient et que certaines vérités sont dites, découvrant ainsi cent autres façons de la Corée. Laissez vous enivrer par ces textes savoureux, comiques et pathétiques !
Trois personnes, une nonagénaire, son aide à domicile et un dealer, vivent dans la même cité marseillaise comme dans un bocal. D'une façon inattendue, leurs parcours se croisent. Il émane de cette rencontre singulière un voyage décalé dans leurs histoires et leurs utopies. Trois vies ordinaires évaluent, appréhendent des représentations passées et futures de la réalité et s'orientent dans les promesses de devenirs possibles.
Par l'entremise de Frédéric-César de La Harpe, la Vaudoise Jeanne Huc-Mazelet est engagée en 1790 comme gouvernante de la grande-duchesse Maria Pavlovna, petite-fille de Catherine II. Elle exerce cette fonction jusqu'au mariage de sa pupille avec le duc de Saxe-Weimar, en 1804. Au cours de ces années, Jeanne écrit un journal à son frère et de nombreuses lettres à ses parents. L'intérêt des lettres et du journal de Jeanne Huc-Mazelet tient à l'expérience peu banale faite par cette jeune femme, qui quitte les rives du Léman pour se retrouver à la Cour de Russie dans une profession qui ne s'acquiert que par la pratique. Elle relate son expérience dans une langue agréable à lire, avec en filigrane une tension permanente entre émancipation et assujettissement.