Biographie de Joan Didion
Joan Didion

Décédé le : 23/12/2021
Joan Didion est une romancière américaine, née le 5 décembre 1934 à Sacramento (Californie) et morte le 23 décembre 2021 à New York (État de New York). Elle est également connue comme journaliste, essayiste et scénariste.
Elle est l'auteur de plusieurs scénarios pour le cinéma avec son mari, l'écrivain John Gregory Dunne.
À San Francisco au tournant des années 1960-1970, elle documente la vie des hippies, faite de consommation de drogues, dans des articles parus dans Life, The Saturday Evening Post et Esquire, qui la rendent célèbre.
Son dernier essai, L'Année de la pensée magique — qui relate la mort de son époux, survenue en 2003 à la suite d'une crise cardiaque — a remporté le National Book Award.
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Par <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/en:David_Shankbone" class="extiw" title="w:en:David Shankbone"><span title="photographe américain">David Shankbone</span></a> — <span class="int-own-work" lang="fr">Travail personnel</span>, CC BY-SA 3.0, Lien
L'auteure et journaliste américaine Joan Didion est morte à 87 ans le 23 décembre 2021
Mise à jour le jeudi 25 septembre 2025 à 07h46
L'auteure et journaliste américaine Joan Didion, icône de la littérature connue pour sa chronique de la Californie des années 60, est morte jeudi 23 décembre à 87 ans, a annoncé le New York Times. L'écrivaine, auteure de plusieurs scénarios pour le cinéma, est morte chez elle, à Manhattan, des suites de la maladie de Parkinson, a rapporté le quotidien.
Figure de la grande tradition américaine du journalisme littéraire, Joan Didion avait partagé sa vie entre la Californie, où elle était née à Sacramento le 5 décembre 1934, et New York.
Après la mort de son mari et de sa fille, elle avait aussi puisé dans son chagrin l'énergie pour rédiger deux récits autobiographiques, L'Année de la pensée magique (2007) - récompensé par le prestigieux National Book Award - et Le Bleu de la Nuit (2011).
Mon seul avantage comme reporter, c’est que je suis si physiquement petite que les gens ont tendance à oublier ma présence", avait-elle écrit, fière de posséder "un sens aigu du détail".
L'année de la pensée magique
Une soirée ordinaire, fin décembre à New York. Joan Didion s'apprête à dîner avec son mari, l'écrivain John Gregory Dunne - quand ce dernier s'écroule sur la table de la salle à manger, victime d'une crise cardiaque foudroyante.
Pendant une année entière, elle essaiera de se résoudre à la mort du compagnon de toute sa vie et de s'occuper de leur fille, plongée dans le coma à la suite d'une grave pneumonie.
La souffrance, l'incompréhension, l'incrédulité, la méditation obsessionnelle autour de cet événement si commun et pourtant inconcevable : dans un récit impressionnant de sobriété et d'implacable honnêteté, Didion raconte la folie du deuil et dissèque, entre sécheresse clinique et monologue intérieur, la plus indicible expérience - et sa rédemption par la littérature.
L'année de la pensée magique a été consacré " livre de l'année 2006 " aux Etats-Unis. Best-seller encensé par la critique, déjà considéré comme un classique de la littérature sur le deuil, ce témoignage bouleversant a été couronné par le National Book Award et vient d'être adapté pour la scène à Broadway, par l'auteur elle-même, dans une mise en scène de David Hare, avec Vanessa Redgrave.
« Joan Didion a eu une énorme influence sur moi, explique Nathaniel Rich, l’écrivain qui a signé la préface de « Sud et Ouest ». J’ai été inspiré par le choix qu’elle fait de ses sujets, par la forme qu’elle utilise, un mélange de fiction, de reportage et d’essai critique, mais aussi par la sophistication, l’art de la nuance, la grâce de la pensée. Sans parler bien sûr de ce qui a fait son succès, son style exquis, impossible à imiter. Il est impossible de ne pas l’admirer. » Rich réfléchit, avant de préciser : « Elle a compris que les grandes questions politiques, sociales ou culturelles agissaient sur la vie intime des individus - à commencer par la sienne propre. »
Le Bleu de la Nuit
Tout le monde se souvient de L'Année de la pensée magique, le récit que Joan Didion avait consacré à la mort de son époux. Or, quelques semaines à peine avant la parution de ce livre aux États-Unis, en 2005, une nouvelle tragédie frappait Joan Didion : la mort de sa fille adoptive, Quintana, des suites d'une longue maladie.Après avoir érigé un inoubliable tombeau littéraire à l'homme de sa vie, Joan Didion adresse, dans Le Bleu de la nuit, un vibrant hommage funèbre à leur fille.
Mais qu'on ne se méprenne pas : loin d'être une « suite » de la Pensée magique, ce récit serait plutôt son image en miroir, une variation inversée. On y retrouvera, intactes, la puissance et la singularité de l'écriture de Didion, sèche, précise, lumineuse face à la nuit. Dans un puzzle de réminiscences et de réflexions (sur la mort, bien sûr, mais aussi sur les mystères de la maternité, de l'enfance, de la maladie, de la vieillesse, de la création.), l'auteur mène un combat acharné contre les fantômes de la mélancolie, des doutes et des regrets.
Poignante sans jamais verser dans le pathétique, d'une impitoyable honnêteté envers elle-même sans jamais céder aux sirènes de la complaisance ou de l'impudeur, elle affirme une fois de plus, au crépuscule de son existence, sa foi dans les forces de l'esprit et de la littérature.
Sous certaines latitudes, pendant un certain laps de temps à l’approche et au lendemain du solstice d’été, quelques semaines en tout, les crépuscules rallongent et bleuissent. Cette période de nuits bleues n’existe pas en Californie subtropicale, où j’ai passé la plus grande partie de l’époque dont je vais parler ici et où les jours finissent vite, engloutis par le rougeoiement du soleil couchant, mais elle existe à New York, où je vis aujourd’hui. On en remarque les prémices quand le mois d’avril touche à sa fin et que commence le mois de mai, un changement de saison, pas vraiment un redoux – pas du tout un redoux, en vérité – mais soudain l’été paraît proche, une possibilité, voire une promesse. On passe devant une vitrine, on marche vers central Park, on se retrouve baigné d’une lumière bleue ; c’est la matière même de la lumière qui paraît bleue, et pendant une heure environ ce bleu s’épaissit, s’intensifie alors même qu’il s’assombrit puis s’estompe, se rapprochant pour finir du bleu des vitraux de Chartres par beau temps, ou du bleu des rayonnements Cerenkov émis par les barres de combustible dans les bassins des réacteurs nucléaires. C’est le moment de la journée que les français appelaient autrefois "l’heure bleue". Pour les anglais, c’était "the gloaming". le mot lui-même, gloaming, résonne et se réverbère en une myriade d’échos – gloaming, glimmer, glitter, glisten, glamour -, autant de déclinaisons de la lumière dont les consonances glissantes font surgir des images de maison aux voltes clos, de jardins enténébrés, de rivières frangées de verdure dont les méandres se faufilent parmi les ombres. Quand vient la saison des nuits bleues, on a l’impression que les journées n’en finissent jamais. Et à mesure que la saison des nuits bleues se rapproche de son terme (inexorable, inéluctable), on est saisi d’un frisson, d’une appréhension physique, maladive, lorsqu’on s’en avise pour la première fois : la lumière bleue s’en va, déjà les jours raccourcissent, l’été n’est plus là. Ce livre s’appelle "Le Bleu de la nuit" parce qu’à l’époque où j’ai commencé à l’écrire, j’avais l’esprit tourné vers la maladie, vers la fin des promesses, le déclin des jours, l’inévitable assombrissement, l’agonie de la clarté. Le bleu de la nuit, c’est le contraire de l’agonie de la clarté, mais c’est aussi son avertissement.
Les 10 plus belles citations de Joan Didion
« Vous devez choisir les endroits dont vous ne vous éloignez pas. » Un livre de prière commune
« Nous nous racontons des histoires afin de vivre. » Cet aphorisme ouvre L'Album blanc, un recueil de chroniques écrites par Joan Didion entre 1968 et 1978.
« J’écris entièrement pour savoir ce que je pense, ce que je regarde, ce que je vois et ce que cela signifie. Ce que je veux et ce que je crains. » Pourquoi j’écris
« Un lieu appartient à jamais à celui qui le revendique le plus durement, s’en souvient le plus obsessionnellement, l’arrache à lui-même, le façonne, le rend, l’aime si radicalement qu’il le refait à son image. L’album blanc
« La mémoire s’estompe, la mémoire s’ajuste, la mémoire se conforme à ce dont nous pensons nous souvenir.» Nuits bleues
«La grammaire est un piano que je joue à l’oreille.» Joan Didion : essais et conversations
« La vie change vite. La vie change dans l’instant. Vous vous asseyez pour dîner et la vie telle que vous la connaissez se termine. L’année de la pensée magique
« Nous oublions trop tôt les choses que nous pensions ne jamais pouvoir oublier. Nous oublions les amours et les trahisons, oublions ce que nous avons chuchoté et ce que nous avons crié, oublions qui nous étions. » S’affaler vers Bethléem
« Une seule personne vous manque et le monde entier est vide. » L’année de la pensée magique
« La capacité de penser par soi-même dépend de la maîtrise de la langue. » S’affaler vers Bethléem
Joan Didion avait écrit 19 ouvrages, les plus connus étant Slouching Towards Bethlehem (non traduit en français), Play It As It Lays (Mauvais joueurs) et The White Album (L’Amérique), estime le journal. De plus, “elle avait été finaliste du prix Pulitzer dans la catégorie Biographie et Autobiographie pour son ouvrage paru en 2005, The Year of Magical Thinking (L’Année de la pensée magique)”, qui racontait l’année pendant laquelle son mari était mort et sa fille avait été hospitalisée dans le coma.
En 2012, le président américain de l’époque, Barack Obama, avait présenté Joan Didion comme “l’une des observatrices les plus fines et les plus respectées de la politique et de la culture américaines”.
L'auteure et journaliste américaine Joan Didion est morte à 87 ans (Sur France Info, le 23.12.2021)
Mort de Joan Didion, "autrice légendaire et virtuose de la prose - 24/12/2021 - France Culture
L’écrivaine américaine Joan Didion est morte : L’essayiste et romancière s’est éteinte jeudi à l’âge de 87 ans. Elle fut l’une des pionnières du « new journalism », dénommé aussi « journalisme littéraire » ou « littérature du réel ». Le Monde - 23.12.2021
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