Biographie de Jean-Pierre Bacri
Jean-Pierre Bacri

Décédé le : 18/01/2021
Jean-Pierre Bacri est un acteur, scénariste et dramaturge français né le 24 mai 1951 à Castiglione en Algérie et mort le 18 janvier 2021. Il est connu pour son association avec Agnès Jaoui avec laquelle il a joué et écrit plusieurs pièces de théâtre et films.
Il a aussi collaboré à plusieurs reprises avec les réalisateurs Cédric Klapisch, Alain Chabat, Alain Resnais, Claude Berri et Pascal Bonitzer.
Au théâtre, il reçoit le Molière de l'auteur en 1992 pour Cuisine et Dépendances et le Molière du comédien dans un spectacle de théâtre privé en 2017 pour son rôle dans Les Femmes savantes. Au cinéma, il a reçu quatre fois le César du meilleur scénario original, a remporté une fois celui du meilleur acteur dans un second rôle et a été nommé six fois pour le César du meilleur acteur.
L'année 1996 les révèle en effet au grand public avec la comédie Un air de famille, adaptation de Cédric Klapisch d'une autre pièce co-écrite par le tandem Jabac, selon l'expression d'Alain Resnais. Le film leur vaut le César du Meilleur scénario 1997.
La même année, Bacri confirme aussi en tant qu'acteur, en menant la comédie fantastique Didier, premier long-métrage d'Alain Chabat. Bacri y cultive son personnage d'éternel râleur. Puis avec la comédie On connaît la chanson, nouvelle comédie d'Alain Resnais, dont Bacri a co-signé à nouveau le scénario. Cette fois, il décroche non seulement le César du meilleur scénario original ou adaptation mais aussi le César du meilleur acteur dans un second rôle.
En 1998, il donne la réplique à Catherine Deneuve, tête d'affiche du drame Place Vendôme, réalisé par Nicole Garcia. Il retrouve cette dernière comme actrice pour la comédie Kennedy et moi, mise en scène par Sam Karmann, qui sort en 1999.
L'année 2000 lui permet de s'imposer à nouveau comme auteur et acteur, avec le film Le Goût des autres, dont la réalisation est cette fois assurée par Agnès Jaoui. Le film est multirécompensé, et vaut au tandem leur quatrième César du meilleur scénario original ou adaptation.
Crédit Photo
Par Georges Biard, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons
Jean-Pierre Bacri, acteur, scénariste et dramaturge, est mort d’un cancer à l’âge de 69 ans lundi 18 janvier 2021
Jean-Pierre Bacri, acteur, scénariste et dramaturge, est mort, lundi 18 janvier, des suites d’un cancer à l’âge de 69 ans, a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès de son agente, Anne Alvares Correa.
Figure du théâtre et du cinéma français, il occupait une place de choix auprès du public pour ses rôles d’antihéros râleurs et désabusés mais profondément humains.
Il était le maître des anti-héros râleurs et désabusés, mais profondément humains: de l’humour absurde de «Didier», dans la peau d’un entraîneur de foot qui doit garder un homme-chien, aux comédies ciselées avec sa complice Agnès Jaoui, en passant par l’enfer de l’organisation d’un mariage dans le «Sens de la fête», d’Eric Toledano et Olivier Nakache.
Jean-Pierre Bacri a été plusieurs fois récompensé comme acteur, mais aussi comme scénariste. Il a ainsi reçu cinq César : quatre fois le trophée du meilleur scénario avec Agnès Jaoui (pour Smoking/No Smoking, Un air de famille, On connaît la chanson et Le Goût des autres) et une fois celui du meilleur acteur pour un second rôle dans On connaît la chanson. Au fil de sa carrière, il s'était illustré à travers des rôles de râleurs, souvent bougons et toujours attachants. Il a également signé de nombreux scénarios, souvent en duo avec Agnès Jaoui, sa collaboratrice de toujours.
Le chef de l'État Emmanuel Macron salue la mémoire de l'acteur dans un message publié sur Twitter: « Il avait le sens de la fête et le goût des autres. Jean-Pierre Bacri, le plus tendre de nos râleurs s’en est allé. Comme une image, son humanité laconique et sensible continuera de peupler nos vies.»
Le président y multiplie les clins d'oeil à la filmographie de l'acteur, citant Le Sens de la fête (Eric Toledano et Olivier Nakache, 2018), Le Goût des autres et Comme une image (Agnès Jaoui, 2000 et 2003).
Quelques citations célèbres de Jean-Pierre Bacri
« « Je ne joue pas toujours des personnages râleurs ! » - en 2015 auprès de l’AFP
« C’est la majorité ! Laquelle d’abord ? Celle qui croyait que la Terre était plate ? Celle qui veut rétablir la peine de mort ?… Celle qui se met une plume dans le cul parce que c’est la mode ? Laquelle exactement ? », s’énervait son personnage, Georges, dans Cuisine et Dépendances.
« Je voulais être prof de français et je veux toujours. J’aime ce métier. Le cours d’art dramatique m’a donné l’amour des grands textes. J’avais lu quatre bouquins et j’ai tout découvert en même temps, Shakespeare, Molière… » - Europe 1 interview accordée par Bacri en 2017
« Je ne serai pas arrivé là si je n’étais la somme de névroses parentales, volontairement entretenues, auxquelles j’ai rajouté des névroses personnelles, et en premier lieu la détestation absolue des contraintes. De mon père, qui était facteur, j’ai gardé une névrose de la droiture, disons un sens de la parole, de l’égalité et de la justice qu’il résumait par cette phrase mille fois rabâchée : « Pour moi, balayeur ou président de la République, c’est la même chose ! ». Autrement dit : on leur doit le même respect. De ma mère, par goût, j’ai conservé l’orgueil. Un orgueil que je tire peut-être de mes valeurs. En tout cas, une estime de soi satisfaisante. Je me plais comme je suis. Et je me suis créé un univers dans lequel le plaisir est prioritaire et les contraintes définitivement bannies. » - « Le Monde magazine » 2011
« Au départ, c’est venu d’une nécessité, d’une angoisse qu’on avait en tant qu’acteur. Je commençais à trouver insuffisant ce qu’on me proposait. (…) Cette angoisse a commencé à nous faire écrire. Ensuite, on y a pris goût parce qu’on a eu la chance d’avoir du succès et cela nous plaît beaucoup d’écrire ensemble» Jean-Pierre Bacri en 2013 dans les pages de L’Humanité, à l’occasion de la sortie de son film Au bout du conte.
«J’en ai eu toute ma jeunesse et dans mon premier travail à la Société Générale de Cannes qui semblait alors être mon destin. Je devais me lever tôt. Me raser de près, ce qui m’était pénible, à moi qui ai une barbe de brun. Porter le costume-cravate. Et sourire. Tout le temps sourire. Eh bien j’en ai eu marre. J’ai décidé que c’était inhumain. Que je ne ferais plus jamais ces minables concessions d’amabilité et de sourire forcé. Quand je sourirais, ce serait spontanément, quand ça me viendrait. Parce qu’un sourire, ça a de la valeur. A celui qui me l’arrache, je donne quelque chose de bon et de vrai. Alors on dit souvent que je fais la gueule. Mais oui ! Bien sûr que je fais la gueule ! Et je vais continuer à la faire ! Quand je n’ai rien à dire et aucune raison de sourire, je fais la gueule. Je fais ma gueule. C’est-à-dire, j’ai cette tête. » - « Le Monde magazine » 2011
« Il faut se méfier de laisser du vide, parce que les gens le remplissent. » Jean-Pierre Bacri / Evene.fr - Juin 2009
« S’il n'y a pas d'humour, je ne me satisfais pas du premier degré. On ne peut pas ne pas avoir cette distance qui fait qu'observer une situation de loin à quelque chose de plaisant » Jean-Pierre Bacri en 2013 dans les pages de L’Humanité, à l’occasion de la sortie de son film Au bout du conte.
« Je me déguisais par perversité, mais je ne voulais pas du tout être acteur (…) Je voulais être prof de français-latin d'abord, ensuite banquier, puis finalement acteur. Je suis rentré dans un cours d'art dramatique par hasard(…) j'avais rendez-vous avec une amie, enfin , avec qui j'avais envie de faire une connaissance peu plus approfondie. Si vous voyez ce que je veux dire. Mais elle m'a dit : pas ce soir car j'ai un cours (…) d'art dramatique (…) Et c'est comme ça que je suis entré dans un cours. Et tout ça, après n'a été que magie, chance et réussite !» - Le 11 février 1986, l'acteur est l'un des invités de l'émission Mardis Cinéma. A Pierre Tchernia qui lui demande comment est née sa vocation de comédien, Jean-Pierre Bacri répond avec l'humour grinçant dont il est coutumier sur les plateaux télé :
« On ne s'évade jamais aussi bien qu'avec des paysages humains. Moi, en l'occurrence, c'est le paysage humain qui m'intéresse » - En 1996, à l'occasion de la sortie de Un air de famille", et adapté au cinéma par Cédric Klapisch. , le JT de 20h00 nous entraînait dans les coulisses d'un tournage studieux.
Les répliques cultes de Jean-Pierre Bacri
«On ne sent pas le cul ! » - Didier, d’Alain Chabat
« Oui, on sent qu’il vient de la mer ce poisson hein » - Cuisine et dépendances, de Philippe Muyl
« Oh je vais mourir dans deux minutes » - La cité de la peur, d’Alain Berberian
« The » répété une dizaine de fois - Le goût des autres, Agnès Jaoui
« Ah ! C'est donc aujourd'hui que tout le monde a décidé de me faire chier » - Didier, d’Alain Chabat
Sources :
« Le Monde magazine » « Je ne serai pas là si » à Jean-Pierre Bacri
Jean-Pierre Bacri / Evene.fr - Juin 2009
Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui : quand les inséparables se confiaient à Match
Jean-Pierre Bacri, rire et châtiment - TROISCOULEURS
Les 5 répliques cultes de Jean-Pierre Bacri - L'union
Jean-Pierre Bacri déteste le « c'était mieux avant » Ouest-France : Recueilli par Gilles Kerdreux. Ouest-France, 25 juin 2017.
Ina - 1986, Jean-Pierre Bacri : "Je ne voulais pas du tout être acteur"