Biographie de Abdulrazak Gurnah
Abdulrazak Gurnah

Abdulrazak Gurnah (né le 20 décembre 1948 à Zanzibar) est un romancier tanzanien, qui écrit en anglais et est basé au Royaume-Uni. Ses romans les plus célèbres sont Paradis (1994), qui a été présélectionné pour le Booker et le Whitbread Prize, Désertion (2005) , Près de la Mer (2001), qui a été sélectionné pour le Booker et présélectionné pour le Los Angeles Times Book Award et Adieu Zanzibar (2009) .
Il a reçu le prix Nobel de littérature en 2021 pour son récit empathique et sans compromis des effets du colonialisme et le destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents.
Crédit Photo
Par <a rel="nofollow" class="external text" href="https://www.flickr.com/photos/37446735@N07">PalFest</a> - originally posted to <a href="//commons.wikimedia.org/wiki/Flickr" class="mw-redirect" title="Flickr">Flickr</a> as <a rel="nofollow" class="external text" href="https://www.flickr.com/photos/37446735@N07/3579003339">Abulrazak Gurnah on Hebron Panel</a>, CC BY 2.0, Link
Mise à jour le vendredi 26 septembre 2025 à 03h50
« Prix Nobel de la littérature 2021 pour le romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah »
Le prix Nobel de littérature est attribué à Abdulrazak Gurnah. Le romancier tanzanien de 74 ans a été récompensé mercredi 7 octobre 2021 « pour son traitement sans compromis et plein de compassion des effets du colonialisme et du sort du réfugié dans le fossé entre les cultures et les continents » a salué l'académie suédoise sur son compte Twitter.
Il a été récompensé pour sa narration « empathique et sans compromis des effets du colonialisme et du destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents », selon le jury.
Son œuvre s’éloigne des « descriptions stéréotypiques et ouvre notre regard à une Afrique de l’Est diverse culturellement qui est mal connue dans de nombreuses parties du monde », a expliqué le jury.
Abdulrazak Gurnah a appelé l’Europe à voir l’arrivée des réfugiés venus d’Afrique comme une richesse. « Beaucoup de ces gens qui viennent, viennent par nécessité, et aussi franchement parce qu’ils ont quelque chose à donner. Ils ne viennent pas les mains vides », a affirmé l’écrivain dans une interview à la Fondation Nobel, appelant à changer de regard sur « des gens talentueux et pleins d’énergie ».
Voir également le prix Goncourt Tous les lauréats du prix Goncourt : Prix Goncourt 2025 Prix Goncourt 2024 Prix Goncourt 2023 Prix Goncourt 2022 Prix Nobel de littérature Littérature de la Grèce antique 100 romans du monde
Les prix Nobel de Littérature
Tous les auteurs couronnés du prix Nobel de littérature
Abdulrazak Gurnah
Albert Camus
Alexandre Soljenitsyne
« Je suis un réfugié, un demandeur d'asile. J'ai débarqué à l'aéroport de Gatwick en fin d'après-midi le 23 novembre de l'an dernier. C'est un point culminant, mineur et familier de nos histoires que de quitter ce qu'on connaît pour arriver dans des lieux étranges, emportant avec soi pêle-mêle des bribes de bagages, bâillonnant des ambitions secrètes et embrouillées. ». Saleh Omar, originaire de Zanzibar, se présente à la douane avec un faux passeport. Pas de visa d'entrée. Apprentissage de la perte, quête d'identité en terre d'exil, Près de la mer est une histoire d'honneur, de trahison et de vengeance qui nous invite à redécouvrir l'histoire d'une Afrique où les destins individuels se confondent avec l'Histoire passée ou présente. Ce sont aussi tous les mythes de l'océan Indien qui jaillissent de la mémoire collective. De Zanzibar à la péninsule arabique et jusqu'à l'Occident, Omar égrène ses souvenirs malgré lui, réinventant le passé à force d'oubli et dans le souci de sa propre vérité. - Roman Près de la Mer.
Citations du roman Près de la Mer
« Je parle aux cartes. Et parfois, elles me répondent. Ce n'est pas aussi étrange que ça en a l'air, et ce n'est pas non plus une chose inconnue. Avant les cartes, le monde était sans limites. Ce sont les cartes qui lui ont donné une forme et l'ont fait ressembler à un territoire, à quelque chose que l'on pouvait posséder, et non pas seulement détruire et piller. Les cartes ont fait en sorte que les endroits situés aux confins de l'imagination semblent saisissables et accessibles. »
« Parfois, je pense que c'est mon destin de vivre dans les décombres et la confusion des maisons en ruine. »
Citation issue de Paradis
« Respectez-vous et les autres viendront vous respecter. C'est vrai pour chacun d'entre nous, mais surtout pour les femmes. C'est le sens de l'honneur. »
« Une nuit, un marchand de Mombasa s’arrêta chez Hamid et parla d’un de ses oncles qui venait de rentrer après un séjour de quinze ans dans le pays des Rusi – dont personne n’avait jamais encore entendu parler. Il y était allé, au service d’un officier allemand. Celui-ci avait été en poste à Witu jusqu’au moment où les Anglais en avaient chassé les Allemands, et envoyé ensuite comme diplomate dans une ville appelée Pétersbourg, chez ces Rusi. On avait peine à croire tout ce que racontait ce marchand : dans cette ville, le soleil brillait jusqu’à minuit, disait-il. »
Autres citations de Abdulrazak Gurnah
« Voyager loin de chez soi offre de la distance et de la perspective, ainsi qu'un degré d'amplitude et de libération. Cela rend plus intenses les souvenirs, qui est l'arrière-pays de l'écrivain. » écrivait Abdulrazak Gurnah dans le Guardian.
Dans un article du quotidien britannique The Guardian, publié en 2004 : « J'ai commencé à écrire avec désinvolture, dans une certaine angoisse, sans aucune idée de plan mais pressé par le désir d'en dire plus », expliquait-il.
« Je veux simplement écrire de manière aussi vraie que possible, et essayer de dire quelque chose de noble », expliquait-il dans une interview donnée à Francfort en 2016.
« Le lendemain matin, nous avons chargé les pirogues : les marchandises et nous-mêmes ! Les rameurs ont manœuvré pour nous faire quitter la rive. En début de soirée, un violent orage s’est levé et il nous a semblé que nous allions mourir. Mais les Wafipa ont dit : ‘Vite, vite, là-bas résident nos esprits, allons les implorer et peut-être que le vent se calmera.’ Nous avons atteint en toute hâte le rivage d’une île et avons débarqué, hommes et marchandises. Les Wafipa nous dirent : ‘Donnez-nous une étoffe de couleur noire, ainsi qu’un drapeau, une shuka de couleur blanche, quelques perles blanches, quelques perles rouges. Nous allons les apporter aux esprits.’ Nous avons rapidement ouvert les charges pour leur fournir ce qu’ils demandaient afin de l’offrir à leur esprit, qui s’appelle Wampembe. Nous lui avons transmis les offrandes, nous l’avons invoqué ainsi : ‘Ô toi qui est bien Wampembe, nous t’apportons ici quelques cadeaux, donne-nous de voyager en paix : que nous partions en paix et revenions sains et saufs.’ Nous avons attendu un quart d’heure et le vent s’est calmé. ‘Allez, maintenant, rechargeons vite les pirogues !’ Nous avons remis à bord les marchandises puis avons embarqué, les rameurs ont repris leurs rames, et nous sommes repartis ; nous avons atteint à minuit la rive de Marungu, sur le territoire du sultan Mlilo. Mais il était trop tard pour faire route vers son village, et nous avons dormi dans les pirogues. »
Harries, Swahili Prose Texts, p. 105-106. Traduction française :
Abdulrazak Gurnah est un romancier né à Zanzibar en 1948. Il quitte l’île à 18 ans pour poursuivre des études de lettres au Royaume-Uni où il soutient sa thèse. Il a enseigné à l’université de Kano (Nigeria) et est désormais professeur émérite de l’université du Kent à Canterbury où il a enseigné à partir de 2004 les littératures anglaises et postcoloniales. Gurnah a notamment travaillé sur V.S. Naipaul ou Salman Rushdie et dirigé deux tomes d’essais consacrés aux écritures africaines.
Parmi ses nombreux romans, souvent nourris de son expérience de l’émigration, un certain nombre a été traduit en français. Paradise, qui l’a été sous le titre Paradis, reste à ce jour le plus célèbre d’entre eux. Publié en anglais en 1994, il fut sélectionné pour le Man Booker Price for Fiction et pour le Whitbread Prize et a connu des traductions dans de nombreuses langues européennes.
Sans être un auteur particulièrement connu et médiatisé, Abdulrazak Gurnah appartient cependant pleinement à la sphère éditoriale « globalisée » contemporaine : il écrit en anglais, a reçu un certain nombre de prix, ses ouvrages, souvent traduits connaissent le plus souvent une édition de poche et sont aisément disponibles. Ils sont cependant irrigués par des sources et des inspirations liées au pays natal.