Biographie de Denis Tillinac
Denis Tillinac

Décédé le : 26/09/2020
Denis Tillinac (1947-2020) né le 26 mai 1947 à Paris et mort le 26 septembre 2020, est un écrivain, éditeur et journaliste français.
Diplômé de l'Institut d'études politiques de Bordeaux (1971), il travaille comme journaliste à La Montagne, en Corrèze, à Madame Figaro et à La Dépêche du Midi, dans les années 1970. Il en a tiré un journal, Spleen en Corrèze, paru en 1979, où l'on voit notamment Jacques Chirac sillonner ses terres électorales.
Il est le représentant personnel de Jacques Chirac au Conseil permanent de la francophonie de 1995 à 1998 et fait partie des chiraquiens historiques qui soutiennent Nicolas Sarkozy.
Il dirige les Éditions de la Table ronde de 1992 à 2007. Il est membre de l'Institut Thomas-More.
Il fait partie, aux côtés de Claude Michelet, Michel Peyramaure, de ce qu'il est convenu d'appeler l’École de Brive.
En février 2020, le cercle de réflexion « Écologie responsable », proche de la droite, lui décerne au Sénat le prix annuel de l'Enracinement-Simone Weil, en l'honneur de son œuvre et de son parcours.
Crédit Photo
Par Ji-Elle — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, Lien
L’écrivain et éditeur Denis Tillinac est mort le 26 septembre 2020
L’écrivain et éditeur Denis Tillinac est mort. Un an, jour pour jour, après la mort de Jacques Chirac, l’un des compagnons de route de l’ancien président disparaît. L’écrivain Denis Tillinac est mort à l’âge de 73 ans, dans la nuit de vendredi à samedi, rapporte Le Point samedi 26 septembre. Son éditeur Albin Michel a confirmé au Monde qu’il est décédé durant la nuit alors qu’il se trouvait, comme chaque année, à la fête du livre « Livres en vignes », organisée dans le vignoble du Clos de Vougeot, en Côte-d’Or.
Très attaché à la Corrèze, l’écrivain avait notamment suivi les campagnes électorales de Jacques Chirac, récit qu'il évoquait dans Spleen en Corrèze, son premier livre paru en 1979.
Jacques Chirac sourira, tutoiera les maires, embrassera les dames, distribuera de fausses confidences. Ses pieds s'agiteront sous la table, sa voix chaude remplira les salles de mairie - une belle voix de caïd, un peu ténébreuse ; il allumera une quantité invraisemblable de Winston avec son bizarre froncement de sourcils...
Réactionnaire revendiqué, amateur de rugby, Denis Tillinac fut aussi le conseiller à la francophonie de l’ancien président.
Pour faire le point sur sa vie et son oeuvre, critiquer les moeurs de son temps, évoquer ses amitiés, ses haines, l'écrivain passe souvent par le journal intime tenu en réserve de publication ou un relevé de notes intitulé Mémoires. Pour ce faire et, comme il le dit, "vider son sac", Denis Tillinac a choisi le roman, genre qui permet la mise en scène de nombreux personnages qui s'offrent à bien des "alias". Le sien est connu. Si le Prix de littérature sportive pour Rugby Blues (La Table ronde) n'induit pas une orientation politique, les Prix Roger Nimier, Kléber Haedens et Jacques Chardonne disent assez l'héritier des Hussards des années 1950. Ajouter à cela son amitié pour Jacques Chirac qui en fait son représentant pour la francophonie, et l'étiquette "de droite" ne peut que coller au curriculum de l'auteur de Désespoir de cause (Gallimard) qui n'attendait pas du Cohn-Bendit de Mai-68 qu'il mît un terme aux lancements de pavés, mais qu'il acceptât "une trêve des barricades" pour permettre aux équipes de Lourdes et de Toulon de jouer la finale du championnat de France de rugby.
L'homme de lettres a publié une quarantaine de romans et d'essais, dont le dernier, Dictionnaire amoureux du Général (Plon), était consacré à de Gaulle.
Les citations de Denis Tillinac
« On n’a pas besoin de grand-chose, mais on a tout: télé, portable, internet, de sorte qu’on est à la fois libres et reliés. Il n’y a plus ce sentiment d’appartenir - à quelques réserves près dans les hameaux - à cette ruralité gentiment ridiculisée par les médias nationaux. La Mère Denis n’a plus court, et tant mieux. » Interview Le Figaro par Marie-Laetitia Bonavita, le 22 mars 2020
Quelques aphorismes de Denis Tillinac
« Sois le condottière de tes désirs, pas leur délégué syndical »
« Le triste sort de celles qu’aucun regard jamais ne déshabilla en pleine rue. Ne te plains pas Marion d’entendre louer tes rondeurs, fut-ce dans l’argot des troupiers ou des carabins. Si tu savais ta chance… »
« La nuit les villes « modernes » gorgées de lumière nous émeuvent. Elles sont devenues belles comme par inadvertance. Dans ces villes-là mieux vaut dormir le jour.»
« Valéry : « Tout pouvoir repose sur une croyance ». D’où cette nécessité d’inoculer sans relâche de nouvelles crédulités. De nouvelles divinités. Mais à terme les masses se lasseront des stars du foot et du showbiz, par définition immanentes et vouées à l’éphémère. Un stock d’idoles en rotation accélérée ne fait pas une religion. Les masses un jour de grand cafard ou une nuit de pleine lune détruiront les écrans, il suffira qu’un gourou les y incite sur Internet. Alors les rois seront vraiment nus, et leurs communicants sans armes. Grand chambardement en perspective.»
« Toujours, sur le théâtre social, faire semblant de croire à ceci, puis à cela. Toujours, à l’instant de soutenir une opinion, cette évidence que l’opinion adverse n’est pas moins pertinente. Toujours traitre en puissance de quelque cause que ce soit. Traitre au couchant de mes certitudes de l’aube. Au fond je n’ai jamais cru qu’en Dieu -mais jamais tout à fait le même selon les saisons de mon âme. Et quel mystère que ses sautes d’humeur ! Elles auront dicté mes inconduites en les grimant d’alibis variables. Toujours faire semblant, retranché dans ce capharnaüm où cohabitent mes écrivains, mes peintres, mes musiciens, mes philosophes un peu, mes théologiens en tant que de besoin.»
« Le passéisme est aussi nécessaire à l’écrivain que le sécateur au jardinier, le bistouri au chirurgien, l’avion au pilote, la canne blanche à l’aveugle, le fauteuil roulant au paraplégique.»
« Ta vie est un jeu ; n'en sacrifie pas la gratuité à des obligations. Un jeu tragique, souvent cruel et dont les cartes sont biseautées. Tout de même, ce «songe d'un songe» (Calderón), cet aléa si improbable et plus bref dans son genre que la vie d'un papillon, tâche d'en faire la marelle d'une cour de récréation. Émerveille-toi d'avoir sauté une case, avec cette gravité des enfants qui jouent. Émerveille-toi de tout et d'un rien en privilégiant l'envers poétique des êtres et des choses. Ta vie est un jeu amoureux ; n'en dilapide pas les mises sur les échiquiers dérisoires de l'esprit de sérieux. »
« Sois le condottiere de tes désirs, pas leur délégué syndical !
Prends tes distances avec le goût du jour. C'est ton inconsistance qu'instaurent la rotation accélérée des stocks d'un imaginaire concassé par l'info en boucle, le débat en cours, le spectacle en vogue, le dernier sondage, le dernier scandale. Éloigne-toi du bruitage de l'«actu» pour n'être pas frappé de surdité quand les vents de l'Histoire se mettront à hurler. Débranche-toi sans craindre d'être largué. Désintoxique-toi. Sois inactuel... »
Source : Site internet de l'auteur