Citations sur lutr. v.

Évrard seul, dans un coin prudemment retiré, Se croyait à couvert de l'insulte sacré

Mais bientôt, rappelant son antique prouesse, Il [le prélat] tire du manteau sa dextre vengeresse

Le perron antique Où sans cesse, étalant bons et mauvais écrits, Barbin vend aux passants des auteurs à tout prix

Chacun s'arme au hasard du livre qu'il rencontre

Entre ces vieux appuis dont l'affreuse grand'sale Soutient l'énorme poids de sa voûte infernale, Est un pilier fameux des plaideurs respecté, Et toujours de Normands à midi fréquenté

Il gagne les degrés et le perron antique Où, sans cesse étalant bons et mauvais écrits, Barbin vend aux passants des auteurs à tous prix

Il veut partir à jeun ; il se peigne, il s'apprête

Et dans leurs coeurs brûlants de la soif de plaider, [la sibylle] Verse l'amour de nuire et la peur de céder

L'un et l'autre rival, s'arrêtant au passage, Se mesure des yeux, s'observe, s'envisage

Le prélat et sa troupe, à pas tumultueux, Descendaient du Palais l'escalier tortueux

Le vieillard de ses soins bénit l'heureux succès, Et sur un bois détruit bâtit mille procès ; L'espoir d'un doux tumulte excitant son courage, Il ne sent plus le poids ni les glaces de l'âge

L'Aurore cependant d'un juste effroi troublée

La Discorde triomphe, et du combat fatal Par un cri donne en l'air l'effroyable signal

Il l'observe de l'oeil ; et, tirant vers la droite, Tout d'un coup tourne à gauche....

Le prélat et sa troupe à pas tumultueux Descendaient du Palais l'escalier tortueux

Et sur le couple pâle et déjà demi-mort Fait tomber à deux mains l'effroyable tonnerre [un énorme in-folio]

Il terrasse lui seul et Guibert et Grasset, Et Gorillon la basse et Grandin le fausset

Tels deux fougueux taureaux, de jalousie épris, Auprès d'une génisse au front large et superbe....

Là sur des tas poudreux de sacs et de pratique Hurle tous les matins une sibylle étique, On l'appelle chicane

Entre ces vieux appuis dont l'affreuse grand'salle Soutient l'énorme poids de la voûte infernale

Sur ses pas au barreau la troupe s'achemine, Et bientôt, dans le temple, entend, non sans frémir, De l'antre redouté les soupiraux gémir

Leur appétit fougueux, par l'objet excité, Parcourt tous les recoins d'un monstrueux pâté

Les chagrins dévorants et l'infâme ruine, Enfants infortunés de ses raffinements [de la chicane]

...le prélat vers lui fait une marche adroite

Evrard a beau gémir du repas déserté