Citations sur harm. iv 11

Et de ceux que j'aimais l'image évanouie Se lève dans mon âme, et je revis ma vie !

Si la vie et la mort ne sont pas même, hélas ! Deux mots créés par l'homme et que Dieu n'entend pas !

Et moi je passe aussi parmi l'immense foule D'êtres créés, détruits, qui devant toi s'écoule

Ceux-ci de la faveur assiégent les sentiers

Et toute notre vie était un seul aimer

D'autres, accumulant pour enfouir encor, Recueillent dans la fange une poussière d'or

Le soleil, qui descend de nuage en nuage, à mesure qu'il baisse et retire le jour....

Mon âme a, quelques jours, animé de sa vie Un peu de cette fange à ces sillons ravie, Qui répugnait à vivre et tendait à la mort

La nuit roule en silence autour de nos demeures Sur les vagues du ciel la plus noire des heures

À ce risque fatal, je vis, je me confie ; Et dût ce noble instinct, sublime duperie, Sacrifier en vain l'existence à la mort, J'aime à jouer ainsi mon âme avec le sort

Nul ne désira plus dans l'autre âme qu'il aime De concentrer sa vie en se perdant soi-même

Quand le premier amour et la fraîche espérance Nous entr'ouvrent l'espace où notre âme s'élance....

Comme une urne fêlée et dont les flancs arides Laissent fuir l'eau du ciel que l'homme y cherche en vain

Voyons si la vertu n'est qu'une sainte erreur, L'espérance un dé faux qui trompe la douleur

J'abandonne à leur chance et mes sens et mon âme ; Qu'ils aillent où Dieu sait, chacun de leur côté

... Sur les flots dormants se répand une voix, Une voix qui cadence une langue divine

Je n'entends au dehors que le lugubre bruit Du balancier qui dit : Le temps marche et te fuit !