Citations sur art p. i

Heureux qui, dans ses vers, sait d'une voix légère Passer du grave au doux, du plaisant au sévère !

Craignez-vous pour vos vers la censure publique, Soyez-vous à vous-même un sévère critique

Ce ne sont que festons, ce ne sont qu'astragales

Que d'un art délicat les pièces assorties N'y forment qu'un seul tout de diverses parties

Mais sa muse [de Ronsard] en français parlant grec et latin

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément

J'aime mieux un ruisseau qui, sur la molle arène, En un pré plein de fleurs lentement se promène

À son entrée tout le monde applaudit Tel vous semble applaudir, qui vous raille et vous joue

Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme

Il compte des plafonds les ronds et les ovales

Malherbe.... D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir

Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire

Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire

Ils croiraient s'abaisser dans leurs vers monstrueux, S'ils pensaient ce qu'un autre a pu penser comme eux

Il est certains esprits dont les sombres pensées Sont d'un nuage épais toujours embarrassées

Tout doit tendre au bon sens ; mais, pour y parvenir, Le chemin est glissant et pénible à tenir

Ronsard.... Vit dans l'âge suivant, par un retour grotesque, Tomber de ses grands mots le faste pédantesque

L'ouvrage le plus plat a, chez les courtisans, De tout temps rencontré de zélés partisans

Que d'un art délicat les pièces assorties Ne fassent qu'un seul tout de diverses parties

La nature, fertile en esprits excellents, Sait entre les auteurs partager les talents

Il ne pardonne point les endroits négligés

Un sage ami, toujours rigoureux, inflexible, Sur vos fautes jamais ne vous laisse paisible

Voulez-vous du public mériter les amours, Sans cesse en écrivant variez vos discours

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage

Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée, Ne peut plaire à l'esprit quand l'oreille est blessée