Proverbes d'amour
L'amour naît à la première vue.- L'amour le plus parfait est le plus malheureux - L'amour fait perdre le repos et le repas.Le mouvement des yeux est le langage des amants - autant de proverbes d'amour connus. Mais connaissez vous l'origine et la signification de ces proverbes sur l'amour ?
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Les beaux proverbes d'amour
Les proverbes qui expriment des sentiments universels comme l'amour se retrouvent toujours et partout. Ils sont les mêmes chez tous les peuples quant au fond : ils ne varient que dans la forme : d'où l'on peut conclure qu'en général ils n'ont pas été empruntés par un peuple à un autre peuple, mais qu'ils sont nés spontanément chez toutes les nations et dans tous les pays par le seul fait du sens commun.
Proverbes et amour
L'amour est la clef du mérite et un étang de prouesses
L'amour est la clef du mérite et un étang de prouesses. Étant ici employé au figuré pour quantité considérable, nombre infini, dans le même sens que les Latins disaient pelagus bonorum, une mer de biens, une mer d'abondance. Ce proverbe est traduit de ces deux vers du troubadour Arnaud Daniel. Amor es de pretz la clans Et de proeza us estancli. Pour bien le comprendre, il faut savoir que les troubadours avaient donné au mot amour une signification beaucoup plus étendue que celle que nous lui donnons. Ils le regardaient comme le principe et la source de tout mérite intellectuel et moral. « L'amour, disait Rambaud de Vaqueiras, est le mieux « de tout bien ; il améliore les meilleurs et peut donner de la valeur aux plus mauvais ; d'un lâche il peut faire un brave, d'un guerrier un nomme gracieux et courtois. » Le génie poétique, ou l'art de trouver, était considéré comme le résultat et l'expression de l'amour érigé en vertu suprême, et- ses divers degrés correspondaient à ceux de cette vertu. De là l'espèce de synonymie établie par la langue romane entre amour et poésie, synonymie adoptée par Pétrarque dans ces vers où il appelle le troubadour Arnaud Daniel grand maître d'amour, pour dire grand maître de poésie. Gran maestro d'amor ch' alla sua terra Ancor fa onor col dir polito et bello.
L'amour excite aux grandes prouesses
L'amour excite aux grandes prouesses. C'est encore un proverbe roman qui se trouve dans plusieurs ouvrages des troubadours, notamment dans le roman de Flamenca. On dit dans le même sens : L'amour fait les heros, variante que J. J. Rousseau a rapportée et expliquée dans sa Nouvelle Héloïse : « L'amour véritable est un feu dévorant qui porte son ardeur dans les autres sentiments et les anime d'une vigueur nouvelle. C'est pour cela qu'on a dit que l'amour faisait les héros. »Platon affirmait que, si l'on composait une armée de jeunes gens amoureux, il n'y aurait point d'actes héroïques dont ils ne fussent capables pour plaire à leurs maîtresses. On sait que le seigneur de Fleuranges s'écriait en montant à l'assaut sous le feu de l'ennemi : « Ah ! si ma dame me voyait ! » Trait que Lebrun a rappelé dans une de ses odes, où il a voulu démontrer par des exemples que l'amour est le plus puissant mobile de la valeur et du génie. D'un assaut bravant la furie, J'entends Fleuranges qui s'écrie : « Ah ! si ma dame me voyait ! » II vole, il frappe, tout succombe, De toutes parts l'ennemi tombe : Un jeune amant le foudroyait.
L'amour est le revenu de la beauté
L'amour est le revenu de la beauté. Revenu très passager, car, si la beauté a le don de produire l'amour, elle n'a pas celui de le conserver longtemps. Elle a besoin, pour maintenir les avantages qu'elle possède, d'y joindre les charmes du cœur et de l'esprit. C'est ce qu'expriment très bien ces vers de madame Verdier : Pour inspirer un feu constant, Il ne suffit pas d'être belle : C'est à la beauté qu'on se rend, Mais c'est au cœur qu'on est fidèle. C'est à l'accord intéressant D'un esprit doux et sage et d'une âme sensible, Que se trouve attaché le secret infaillible De fixer un époux et d'en faire un amant
L'amour égalise toutes les conditions
L'amour égalise toutes les conditions. L'amour ne peut souffrir ni barrières ni distinctions entre les amants, dont il se plaît à confondre les existences. Il veut qu'ils méconnaissent toutes les prérogatives du rang et de la fortune pour vivre sous le régime bienfaisant de l'égalité, et chacun d'eux obéit à cette loi d'autant plus volontiers qu'il la trouve sanctionnée par son propre cœur. « Son vœu le plus cher, a'_ dit M. Michelet dans son livre intitulé le Peuple, c'est de se faire un égal sa crainte, « c'est de rester supérieur, de garder un avantage que l'autre n'a pas. » Non bene conveniunt née in una sede morantur Majestas et amor. (Ovide, Métam. H, fab. xix.) « La majesté et l'amour ne s'accordent point et ne demeurent point ensemble. »
L'amour rapproche les distances
L'amour rapproche les distances. L'amour fait disparaître les inégalités sociales entre les personnes qu'il unit : princes et pastourelles, princesses et pastoureaux, vont de pair en se donnant la main. C'est l'idée du proverbe L'amour égalise toutes les conditions sous d'autres termes.
L'amour et la crainte ne mangent pas à la même écuelle
L'amour et la crainte ne mangent pas à la même écuelle. L'amour et la crainte sont deux sentiments incompatibles, et, quand une personne inspire l'un, elle ne saurait inspirer l'autre. — 1l faut remarquer dans ce proverbe l'expression manger à la même écuelle, qui rappelle un usage introduit au temps de la chevalerie, où la galanterie avait imaginé de placer à table les convives par couple, homme et femme. « La politesse et l'habileté des maîtresses de maison consistaient alors, dit le Grand d'Aussy, à « savoir bien assortir les couples qui n'avaient qu'une assiette commune, ce qui s'appelait manger à la même écuelle. »—L'expression, détournée du sens propre au figuré s'employa pour marquer une liaison amoureuse. — Elle servit aussi à caractériser l'intimité des relations amicales. Une des plus grandes preuves de confiance qu'un roi pût autrefois donner à un de ses ministres consistait à manger avec lui à la même écuelle.
Amour et seigneurie ne souffrent compagnie
Amour et seigneurie Ne souffrent compagnie Proverbe pris de ce vers du livre III de l'Art d'aimer d'Ovide : A'on bene ctim suciis régna Venusqtie mancnt. vers dont M. J. Janin, dans sa charmante étude sur le poête latin, a donné cette traduction : Et le trône et l'amour ne se partagent pas. « L'amour, dit Pascal, est un tyran qui ne souffre point de compagnon; il veut régner seul; il faut que toutes les passions ploient et lui obéissent. » (Discours sur les passions de l'amour.) Il en est de même du pouvoir souverain, il exclut tout partage et toute rivalité. On dit, dans un sens analogue : L'amour et l'ambition ne souffrent point de compagnon.
Il ne faut pas jouer avec le feu ni avec l'amour
Il ne faut pas jouer avec le feu ni avec l'amour. Parce que, dans l'un et l'autre cas, on court risque d'être brûlé. Ovide remarque, dansle premier livre de l'Art d'aimer, qu'on a vu souvent dès personnes, qui d'abord faisaient semblant d'aimer, finir par aimer sérieusement, et passer de la feinte à la réalité.
Il n'y a point d'amour sans jalousie
Il n'y a point d'amour sans jalousie. Saint Augustin a dit : Qui non zelat non amat. (Adv. Adamant., Xhi.) «Qui n'est point jaloux n'aime point. » — Le 21e article du Code d'amour porte : Ex vera zelotgpia affectus semper crescit amandi. « La vraie jalousie fait toujours croître l'amour.Molière, dans les Fâcheux, a consacré la quatrième scène du second acte de cette comédie à cette controverse sentimentale, qui est terminée par ce vers, digne de Molière : Le jaloux aime plus, mais l'autre aime bien mieux. On dit aussi : La jalousie est-la sœur de l'amour, proverbe qui a suggéré au chevalier de Boufllers ce joli quatrain : L'amour, par ses douceurs et ses tourments étranges, Nous fait trouver l'enfer et le ciel tour à tour : La jalousie est la sœur de l'amour, Comme le diable est le frère des anges. Cette dernière a encore donné lieu à la comparaison proverbiale : La jalousie naît de l'amour comme la cendre du feu pour l'étouffer.
Plus l'amour vient tard, plus il ard
Plus l'amour vient tard, plus il ard. C'est-à-dire plus il est ardent. Ard est la troisième personne du présent de l'indicatif du vieux verbe arder ou ardre, qui signifie brûler.
En amour un blessé guérit l'autre
En amour un blessé guérit l'autre. L'amour compense le mal qu'il fait en blessant deux cœurs : il met dans la plaie de l'un le baume de celle de l'autre. Pourquoi donc les amants se plaignent-ils tant de ses rigueurs? Ne feraient-ils pas mieux de s'entendre pour les adoucir, en usant du remède qu'il leur a donné? C'est ce que pense l'auteur du roman de Flamenca. Ce troubadour, après quelques remarques sur les effets de l'amour, conclut que ce qu'il y a de meilleur pour les cœurs en peine, c'est leur mutuelle assistance, car, dit-il, l'Us nafrutz pot guerir l'autre. — Un blessé peut guérir l'autre.
L'amour est comme la lance d'Achille, qui blesse et guérit
L'amour est comme la lance d'Achille, qui blesse et guérit. Comparaison proverbiale qui exprime la même idée que ce vers de P. Syrus :Amoris vulnus sanal idem qui facit. « En amour, qui fait la blessure la guérit. »Les mythologues et les poètes racontent que Télèphe ayant été blessé par Achille ne put être guéri de sa plaie que par un emplâtre composé de la rouille du fer dont il avait été blessé. « Le jeune roi de Mysie trouva la guérison de sa blessure dans la lance même d'Achille, dont il avait été blessé. » Vulnus in Herculeo qiise quondam fecerat hosle, Vulneris auxilium Pelias hasta tulit. (Ovide, ttemed. amor., i, 47.) « La lance d'Achille cicatrisa la blessure qu'elle-même avait faite au fils d'Hercule. » De là cette comparaison de l'amour avec la lance d'Achille, comparaison heureuse que Bernard de Ventadour a, le premier, employée dans une pièce de vers où il parle d'un baiser qu'il a reçu de la belle Agnès de Montluçon, femme du vicomte Èble. Ce troubadour s'écrie qu'un si doux baiser va le faire mourir, si un autre de la même bouche ne vient lui rendre la vie, et il le compare à la lance d'Achille qui faisait une blessure dont il n'était pas possible de guérir, si l'on n'en était blessé une seconde fois.
L'amour est un grand maître
L'amour est un grand maître. Molière a employé et expliqué ce proverbe dans les \ers suivants de l'Ecole des femmes : II le faut avouer, l'amour est un grand maître : Ce qu'on ne fut jamais, il nous enseigne à l'être; Et souvent de nos mœurs l'absolu changement Devient par ses leçons l'ouvrage d'un moment. Re la nature en nous il force les obstacles, El ses effets soudains ont de l'air des miracles. D'un avare à l'instant il fait un libéral, Un vaillant d'un poltron, un civil d'un brutal ; 11 rend agile à tout l'âme la plus pesante Et donne de l'esprit à la plus innocente. (Acte III, se. iv.) On dit aussi que l' amour est inventif dans le même sens que le proverbe, qui doit s'entendre non-seulement des tours subtils et des expédient rusés qu'il suggère, mais aussi de quelques arts dont les poètes ont attribué la découverte ou le perfectionnement à ses inspirations.
L'amour fait porter selle et bride aux plus grands clercs
L'amour fait porter selle et bride aux plus grands clercs. Ce proverbe a dû son origine au fabliau d'Aristote, où il se trouve formulé à peu près dans les mêmes termes.Alexandre le Grand, épris d'une jeune et belle Indienne, semblait avoir perdu le goût des conquêtes. Ses guerriers en murmuraient, mais aucun d'eux n'était assez hardi pour lui en exprimer le mécontentement général. Son précepteur Aristote s'en chargea : il lui représenta qu'il ne convenait pas à un conquérant de négliger ainsi la gloire pour l'amour; que l'amour n'était bon que pour les bêtes, et que l'homme esclave de l'amour méritait d'être envoyé paître comme elles. Une telle remontrance, autorisée sans donte par les mœurs du temps jadis, qui étaient bien différentes des nôtres, fit impression sur ' le monarque, et il se décida, pour apaiser les murmures de son armée, à ne plus aller chez sa maîtresse; mais il n'eut pas le courage de défendre qu'elle vînt chez lui. Elle accourut tout éplorée, afin de savoir la cause de son délaissement, et elle apprit ce qu'avait dit Aristote. « Eh quoi! s'écria-t-elle, le seigneur Aristote a de l'humeur contre le penchant le plus naturel et le plus doux ! il vous conseille d'exterminer par la guerre des gens qui ne vous ont fait aucun mal, et il vous blâme d'aimer qui vous aime! C'est une déraison complète, c'est une impertinence inouïe qui réclame une punition exemplaire, et, si vous voulez bien le permettre, je me charge de la lui infliger. Son amant ne s'opposa point à ses projets, et dès ce moment elle mit tout en œuvre pour séduire le philosophe. Ce que veut une belle est écrit dans les cieux, et l'égide de la sagesse ne met pas à couvert de ses traits vainqueurs. Le vieux censeur des plaisirs l'apprit à ses dépens.Son cœur, surpris parles galanteries les plus adroites, se révolta contre sa morale. Vainement il crut l'apaiser en recourant à l'étude et en se rappelant toutes les leçons de Platon : une image charmante venait sans cesse se placer devant ses yeux et attirait vers elle seule toutes les méditations auxquelles il se livrait. Enfin il reconnut que l'étude et Platon ne sauraient le défendre contre une passion si impérieuse, et son esprit subtil lui révéla que le meilleur moyen de la vaincre était d'y céder. Dès l'instant il laissa là tous les livres et ne songea qu'aux moyens d'avoir un entretien secret avec la jeune Indienne. Un jour qu'elle faisait sa promenade solitaire dans le jardin du palais impérial, il accourut auprès d'elle, et à peine l' ut-il abordée, qu'il se jeta à ses pieds en lui adressant une pathétique déclaration. L'enchanteresse feignit de ne pas y croire pour se la l'aire répéter. Cette manière de prolonger les jouissances de l'amour-propre était alors en usage chez le beau sexe. Obligée enfin de s'expliquer, elle répondit qu'elle ne pouvait ajouter foi à des aveux si extraordinaires sans des preuves bien convaincantes. Toutes celles qu'il était possible d'exiger lui furent offertes. «Eh bien! reprit-elle, après cela, il faut satisfaire un caprice : toute femme a le sien; celui d'Omphale était de faire filer un héros, et le mien est de chevaucher sur le dos d'un philosophe. Cette condition vous paraîtra peut-être une folie ; mais la folie est, à mes yeux, la meilleure preuve d'amour. » Il fut fait comme elle le désirait. Qu'y a-t-il en cela d'étonnant? Le dieu malin qui change «« âne en danseur, comme dit le proverbe, peut également changer un philosophe en quadrupède. Voilà notre vieux barbon sellé, bridé, et l'aimable jouvencelle à califourchon sur son dos. Elle le fait trotter de côté et d'autre, et, pendant qu'il s'essouffle à trotter, elle chante joyeusement un lai d'amour approprié à la circonstance. Enfin, lorsqu'il est bien fatigué, elle le presse encore et le conduit... devinez où?... elle le conduit vers Alexandre, caché sous un berceau de verdure, d'où il examinait cette scène réjouissante. Peignez-vous, si vous le pouvez, la confusion d'Aristote, lorsque le monarque, riant aux éclats, l'apostropha de celte manière : « 0 maître! « est-ce bien vous que je vois en ce grotesque équipage? Vous avez donc oublié la morale que vous m'avez faite, et maintenant c'est vous qu'il faut mener paître? La raillerie semblait sans réplique, mais l'homme habile a réponse à tout. — Oui, c'est moi, j'en conviens, répondit le philosophe en se redressant : que l'état où me vous voyez sensé à vous mettre en garde contre l'amour. De quels dangers ne menace-t-il pas votre jeunesse, lors qu'il a pu réduire un vieillard si renommé par sa sagesse à un tel excès de folie ? Cette seconde leçon était meilleure que la première. Alexandre parut l'approuver, et il promit de la méditer auprès de la jeune et belle Indienne. C'était là qu'on lui reprochait d'avoir perdu sa raison ; c'était là qu'il devait la retrouver. Il y réussit ; mais ce fut, dit-on, par l'effet du temps plutôt que par celui de la leçon. Le temps, pour guérir de l'amour, en sait beaucoup plus qu'Aristote.
L'amour ôte le deuil
L'amour ôte le deuil. L'amour est un sentiment passionné qui absorbe tous les autres : il asservit l'âme entière, il en devient l'objet unique, et comme il la rend indifférente aux plus grandes joies qui ne lui viennent pas de lui, il la console des plus vives afflictions dont il n'est pas le principe; il les lui fait même oublier. De là ce proverbe qui parait avoir été suggéré par un passage charmant de la Genèse, où il est question de l'arrivée de Rebecca auprès d'Isaac, à qui elle était destinée pour épouse : « Isaac la fit entrer dans la tente de sa mère « Sara et il la prit pour femme, et l'affection qu'il eut pour elle fut si grande, qu'elle tempéra la douleur que la mort de sa mère lui avait causée. » (hiv, 67.)Chateaubriand, dans son Génie du christianisme, a justement loué la simplicité éloquente de ces paroles bibliques.
En amour trop n'est pas assez
En amour trop n'est pas assez. On sait que ce charmant proverbe a été formulé par Beaumarchais, qui a dit dans le Mariage de Fignro : « En fait d'amour, vois-tu, trop n'est pas même assez. » (Act. IV, se. i.) Mais il faut remarquer pourtant que cet ingénieux auteur, en le formulant, peut avoir été inspiré par cet autre proverbe : Pour l'avarice trop n'est pas assez, ou bien par ce délicieux passage de Montesquieu : «Lorsque l'amour renaît après lui-même, lorsque tout promet, que tout demande, que tout obéit ; lorsqu'on sent qu'on a tout et que l'on sent qu'on n'a pas assez, lorsque l'âme semble s'abandonner et se porter au delà de la nature même, etc. » Après tout, Beaumarchais n'a fait qu'appliquer heureusement à l'amour une observation déjà faite sut- toute passion extrême dont les désirs, suivant
Plus l'amour est nu, moins il a froid
Plus l'amour est nu, moins il a froid. Ce proverbe est littéralement traduit de ce vers latin : Qno nudiis magis est, hoc minus alget amor. Il doit s'interpréter honnêtement dans le même sens que le mot d'Hésiode : « la pauvreté est la mère de l'amour, c'est-à-dire que les pauvres ressentent cette passion avec plus de vivacité que les riches. Ceux-ci peuvent y apporter plus de délicatesses et de raffinements, mais non autant de vives et franches ardeurs. Toutes les fleurs artificielles dont ils parent la couche de l'amour ne valent pas cette floraison naturelle qui semble éclore sur le grabat des indigents de la sève même de leur cœur. — On connait ces vers de Déranger, qui forment un tableau si gracieux : Quel dieu se plaît et s'agite Sur ce grabat qui fleurit ? C'est l'Amour qui rend visite A la Pauvreté qui rit. Alfred de Musset a dit avec une simplicité charmante au début de son joli conte intitulé Simone : Les gens d'esprit et les heureux Ne sont jamais bien amoureux :Tout ce beau monde a trop à faire. Les pauvres en tout valent mieux; Jésus leur a promis les cieux, L'amour leur appartient sur terre.
Faire l'amour en toute saison est ce qui distingue l'homme des bêtes
Faire l'amour en toute saison est ce qui distingue l'homme des bêtes. « Il n'est permis aux animaux de se livrer aux plaisirs de l'amour qu'en une saison de l'année. L'homme seul peut les goûter en tout temps jusque dans l'extrême vieillesse. » (Entretiens de Socrate, i, 19.) Cette observation proverbiale a été réunie par Beaumarchais, d'une manière piquante et spirituelle, à une autre observation également proverbiale, dans cette phrase que le jardinier Antonio, pris de vin, adresse à la comtesse Almaviva : « Boire sans soif et faire l'amour en tout temps, madame, il n'y a que que ça qui nous distingue des autres bêtes. » (Mariage de Figaro, act. II, se. xxi.) On connaît la répartie de madame de la Sablière à son oncle, qui la moralisait eu lui disant : « Quoi ! ma nièce, toujours et toujours des amours!... mais les bêtes mêmes n'ont qu'un temps pour cela. — « Eh! mon oncle, c'est que ce sont des bêtes. »
L'amour et la pauvreté font mauvais ménage ensemble
L'amour et la pauvreté font mauvais ménage ensemble. Le ménage le plus uni cesse de l'être quand il est pauvre : la pauvreté tue l'amour. — Les Anglais disent : Quand la pauvreté entre par la porte, l'amour s'envole par la fenêtre. Proverbe que Shakspeare avait peut-être présent à l'esprit lorsqu'il disait dans le Conte d'hiver : « La prospérité est le plus sûr lien de l'amour. (Act. IV, se. m.) On dit trivialement dans le même sens : Quand il n'y a pas de foin au râtelier, les Anes se bottent.Quoi de plus opposé à l'amour que l'avarice ! Dans l'amour, on est d'une prodigalité excessive, on ne s'occupe pas du tout de sa fortune : dans l'avarice, au contraire, on ne pense qu'à sa fortune. Si un avare aimait, il cesserait de l'être. « Un avaricieux même qui aime, dit Pascal, devient libéral; il ne se souvient pas d'avoir eu une habitude opposée. » (Disc. sur les pass. de l'amour.)
La faim fait oublier l'amour
La faim fait oublier l'amour. C'est ce que disait le philosophe Craiés, et il avait bien raison, car l'estomac maîtrise le cœur, et quand le besoin fait crier le premier, l'autre est réduit à se taire. Telle est la loi de la nature, à laquelle les amoureux les plus robustes ne sauraient échapper. Il ne s'en trouverait pas un seul peut-être qui, dans ce cas, ne fût de l'avis de ce paysan à qui l'on demandait s'il aimait les femmes : «J'aime beaucoup une fort belle fille, répondit-il, mais j'aime encore mieux une fort bonne côtelette. » — Il n'y a point d'amour qui tienne contre la fringale. On connaît ces vers de la Fontaine :On ne vil ni d'air ni d'amour, Les amants ont beau dire et faire, ll en faut revenir toujours au nécessaire.
Sans pain ni vin l'amour est vain
Sans pain ni vin l'amour est vain. C'est-à-dire, l'amour n'est rien, comme porte une variante. Ce proverbe est une traduction familière de celui des Latins cité dans l'Eunuque, de Térence : Sine Cerere et Libera friget Venus. (Act." IV, se. vi.) « Sans Gérés et Bacchus Vénus est transie. » — II faut remarquer, à ce sujet, que l'amour n'était guère pour les anciens qu'un acte sensuel auquel ils préludaient par les bons mets et les bons vins, qui leur paraissaient les moyens les plus propres à l'exciter et à le favoriser. Ils le regardaient comme le couronnement de l'orgie. De là ces paroles de saint Jérôme, que je n'oserais traduire, sur les débauchés qui avaient le cœur au ventre : Distento ventre dis • tenduntur ea qux ventri adhèrent. — Venter plenus despumat in libidinem. Les Romains avaient encore ce proverbe analogue, qui leur était venu des Grecs : Satura Venus ailest, famelico nequaquam adest. « Vénus ou l'amour est pour celui qui a le ventre plein, et non pour celui qui la vide. » Les Languedociens disent: Vivo l'amour! mal që iëou dinë. — Vive l'amour, mais que je dîne ! C'est exactement ce qu'on dit en français : Vive l'amour après dîner !
Après l'amour le repentir
Après l'amour le repentir. Hélas ! nous ne pouvons aimer toujours, et bien souvent le repentir nous prend où l'amour nous laisse. Les amours s'en vont et les douleurs demeurent, dit le proverbe espagnol : Un troubadour anonyme a comparé l'amour à l'églantier, dont les fleurs passent et tombent en peu de temps, tandis que les épines restent toujours. Guarini a dit de l'amour dans son Pastorfido: « La racine en est douce et le fruit amer »
On fait l'amour, et quand l'amour est fait, c'est une autre paire de manches
On fait l'amour, et quand l'amour est fait, c'est une autre paire de manches. Tout le monde comprend ce que signifie ce proverbe, dont la dernière partie, devenue une locution à part, est continuellement répétée; il rappelle un usage pratiqué au douzième siècle par des individus de sexe différent qui voulaient former ensemble un tendre engagement. Ils échangeaient une paire de manches comme gage du don mutuel qu'ils se faisaient de leur cœur et ils se les passaient aux bras en promettant de n'avoir pas désormais de plus chère parure, ainsi qu'on le voit dans une nouvelle du troubadour Vidal de Besaudun, où il est parlé de deux amants qui se jurèrent de porter manches et anneaux l'un lié à l'autre. Ces enseignes ou livrées d'amour, destinées à être le signe de la fidélité, devinrent presqu'en même temps celui de l'infidélité; car Imites les fois qu'on changeait d'amour on changeait aussi de manches, et il arrivait même assez souvent que celles qu'on avait prises la veille étaient mises nu rebut le lendemain. Vainement un autre proverbe recommandait de respecter cette sorte d'investiture d'amour par la manche en disant : la manche, ce n'est pas un badinage, car c'est un signal d'amourette. Comme une pareille recommandation n'avait aucune force légale, chacun et chacune y contrevenaient à qui mieux mieux. Aussi tel ou telle qu'on s'était flatté de tenir dans sa manche s'en débarrassait au plus vite, sans le moindre scrupule, et, en définitive, c'était toujours une autre paire de manches.
Vieil amour vieille prison
Vieil amour vieille prison. Un vieil amour est un esclavage où l'on éprouve beaucoup de peines et d'ennuis. « Dans la vieillesse de l'amour comme dans celle de l'âge, dit la Rochefoucauld, on vit encore pour les maux, mais on ne vit plus pour les plaisirs. » Ce proverbe est pris du latin : Antiquus amor career est. Il s'applique le plus souvent à l'amour conjugal, que les deux époux sont obligés de subir jusqu'à ce que mort s'en suive, pour l'un ou l'autre. Aussi arrive-t-il quelquefois que le mari voit mourir sa femme ou la femme son mari du même œil qu'un prisonnier voit briser ses fers.Philémon, poète comique grec, a dit dans une de ses pièces : « Le mariage est une prison qui n'a de beau que la porte par laquelle on y entre, et de consolant que celle par laquelle on a vu la mort faire sortir la personne avec qui on avait fait son entrée. »
L'amour meurt rarement de mort subite
L'amour meurt rarement de mort subite. Il meurt presque toujours d'une maladie de langueur, beaucoup plus longue que ne le voudraient ceux qui en son atteints. C'est une observation qu'ont faite plusieurs poètes érotiques. Difficile est longum subito deponere amorem. (Catulle.) « Il est difficile de se défaire tout à coup d'un long amour. » Longus at invita pectore sedet amor. (Ovide.) « Mais le cœur malgré lui conserve un long amour. » Cette ténacité de l'amour chez des personnes qui ne demanderaient pas mieux que d'en être affranchies est produite par l'habitude, par la paresse de changer, par la difficulté de former une nouvelle liaison, par l'impossibilité de vivre seul, et par beaucoup d'autres causes qui font qu'on a bien de la peine à rompre quand on ne s'aime déjà plus, et à plus forte raison quand on s'aime encore un peu. Tant que l'amour dure, dit la Bruyère, il subsiste de lui-même et quelquefois par les choses qui semblent le devoir éteindre, par les caprices, par les rigueurs, par l'éloignement, par la jalousie. » (Ch. iv, du Cœur.) L'indignité même de l'objet qui l'a inspiré ne parvient pas toujours à lui donner une mort soudaine : Longtemps on aime encore en rougissant d'aimer. (Saurin.) On l'a justement comparé au feu grégeois qui brûle sous les flots de la mer, et à la chaux vive que l'eau dont on l'arrose allume ou met en ébullition. Pauvres belles délaissées, n'espérez pas l'éteindre à force de pleurer. Toutes ces larmes qui vous retombent sur le cœur ne servent qu'à le rendre plus ardent. C'est le temps et non la volonté qui met fin à l'amour, dit le proverbe latin :
Quand l'amour s'en va, c'est pour ne plus revenir
Quand l'amour s'en va, c'est pour ne plus revenir. Le Code d'amour a exprimé la même idée en ces termes : article 19. « Si l'amour diminue, il dépérit vite et rarement il se rétablit. »La Rochefoucauld dit dans une de ses pensées : « Il est impossible d'aimer une seconde fois ce qu'on a véritablement cessé d'aimer. » II ajoute dans une autre : « il y a peu de gens qui ne soient honteux de s'être aimés, quand ils ne s'aiment plus. »
Un nouvel amour en remplace un ancien comme un clou chasse l'autre
Un nouvel amour en remplace un ancien comme un clou chasse l'autre. Ou plus simplement par la substitution d'une métaphore allégorique à la comparaison : Un clou chasse l'autre. Ce proverbe se trouve dans la phrase suivante de la quatrième Tusculane de Cicéron : Novo umore veterem amorem tanquam clavo clavium ejiciendum pntant. « Ils pensent qu'un nouvel amour doit remplacer un ancien amour comme un clou chasse l'autre. » Novus amor veterem compellit abire. (Art. xvii du Code d'amour.) Duclos a dit de l'amour qui se porte vers plusieurs objets et peut se remplacer par un autre : « Un tel amour n'est pas fort délicat; non, mais il est heureux, et le bonheur fait la gloire de l'amour. » Lorsque Longchamp, secrétaire de Voltaire, lui remit la bague qu'il avait eu la précaution d'ôter du doigt de la marquise de Châtelet qui venait de mourir, et dans laquelle devait se trouver le portrait du
L'amour apprend les ânes à danser
L'amour apprend les ânes à danser. La légèreté et la souplesse singulières avec les quelles les ânes, au mois de mai, bondissent et se trémoussent dans la prairie auprès des ânesses, ont donné lieu à ce proverbe, dont le sens métaphorique est que l'amour polit le naturel le plus inculte.
L'amour porte avec soi la musique
L'amour porte avec soi la musique. On dit aussi : L'amour enseigne la musique. — Les amants aiment à chanter leurs plaisirs et leurs peines. « Un amant, dit-on, dans une nuit refusée à ses vœux, chanta le premier des vers devant la porte fermée de sa maîtresse, et l'éloquence ne fut d'abord que l'art d'attendrir une cruelle. »Les Anglais disent : — Amour engendre poésie, ce qui a été ingénieusement développé dans le Spectateur d'Addison, n. 377 : Le chant des premiers vers exprima : Je vous aime. (Saint-Lambert.)
L'amour est comme un flambeau, plus il est agile, plus il brûle
L'amour est comme un flambeau, plus il est agile, plus il brûle. Cette comparaison proverbiale est prise du vers suivant de P. Syrus, qui dit l'amant, et non l'amour : Elle est parfaitement juste : « Les âmes propres à l'amour, dit Pascal, demandent une vie d'action qui éclate en événements nouveaux. Comme le dedans est mouvement, il faut aussi que le dehors le soit, et cette manière de vivre est un merveilleux acheminement à la passion. C'est de là que ceux de la cour sont mieux reçus dans l'amour que ceux de la ville, parce que les uns sont tout de feu, et que les autres mènent une vie dont l'uniformité n'a rien qui frappe : la vie de tempête surprend, frappe et pénètre. (Discours sur les passions de l'amour.) Les femmes savent très-bien que celui qui aime ne conserverait pas longtemps son ardeur si elle restait inactive, et qu'il a besoin, pour l'entretenir, pour l'enflammer, d'une vie d'agitation, de remuement et de secousses, enfin d'une vie de tempête. Aussi remarquez avec quels soins prévoyants elles s'appliquent à préserver leurs adorateurs des dangers du calme, à les tenir constamment en haleine par la nouveauté des impressions qu'elles leur font éprouver, à les faire passer rapidement et sans relâche d'une situation paisible à une situation émouvante, à leur faire voir du pays, comme on dit. Hommes peu clairvoyants, qui leur reprochez d'agir ainsi par coquetterie, par humeur, par caprice, par bizarrerie, etc., ne nommerez-vous jamais les choses par leur vrai nom, et les jugerez-vous toujours sur les apparences"* Reconnaissez donc que toutes ces manières d'être, qui vous semblent d'étranges inégalités de caractère, ne sont, la plupart du temps, chez ces enchanteresses, que des procédés d'un art merveilleux par lequel elles veulent se rendre plus aimables et plus aimées, en renouvelant sans cesse leur beauté par des changements inattendus, ainsi que vos cœurs, par des désirs variés, et, loin de les accuser de troubler votre repos, rendez-leur grâce de multiplier vos sensations pour vous sauver des ennuis de la monotonie.
Baiser le verrou
Baiser le verrou. S'est dit pour rendre hommage, par allusion à un usage féodal qui voulait que le vassal se prèsenta chez son seigneur pour lui rendre hommage, et, en son absence, baisât la serrure ou le verrou de la porte du manoir seigneurial.Les amoureux transis ne manquaient jamais de baiser la serrure ou le verrou de la porte devant laquelle ils allaient chaque jour soupirer leur martyre.1 Le mot serviteur était autrefois synonyme d'amantLes amants, à Rome, se conduisaient aussi de cette manière, comme nous l'apprend Lucrèce, vers la fin du livre IV de son poëme. « Cependant, l'amant en larmes, à qui l'accès est interdit, orne sa porte de fleurs et de guirlandes, répand des parfums sur les poteaux dédaigneux et imprime sur le seuil de tristes baisers. » Cela se faisait de même en signe d'adieu, lorsqu'on s'éloignait avec regret d'un lieu chéri. Rutilius, exprimant la douleur qu'il ressentait de partir de Rome, a dit : Crebra relinquendis infigimus oscula partis. .Nous imprimons de fréquents baisers aux portes qu'il faut quitter. »
L'amour et la gale ne se peuvent cacher
L'amour et la gale ne se peuvent cacher. L'un et l'autre ont des démangeaisons irrésistibles qui les font bientôt découvrir. Les anciens disaient : Amor tussisque non celatur. — L'amour et la toux ne se peuvent celer. Proverbe cité par Gilbert Cousin L'amour et le musc ne peuvent rester ignorés. (Proverbe hindoustani.)Les Danois disent : La pauvreté et l'amour sont difficiles à cacher. — « L'amour est un de ces maux qu'on ne peut cacher ; un mot, un regard indiscret, le silence même le découvre. » (Abeilard.) « L'amour est si puissant, dit le romancero espagnol, et ses effets sont tels que les yeux le publient, encore que la langue le taise. On connaît ces vers de Racine : On a beau se cacher, l'amour le plus discret Laisse par quelque marque échapper son secret. (Bajaset, act. III, se. vin.) L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme : Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux, Et les feux mal couverts n'en éclatent que mieux. (Androm., act. II, se. n.)
L'amour divulgué est rarement de durée
L'amour divulgué est rarement de durée. On dit aussi : Le secret est la garde la plus assurée de l'amour. — II en est de l'amour comme d'un parfum qui se conserve quand on le tient renfermé, et qui se gâte quand on l'évente. Ce proverbe est une traduction littérale de l'article treizième du Code d'amour. — Amor raro consuevit durare vulgatus. Nous avons encore ce proverbe : Le secret, le vin et l'amour ne valent rien quand ils sont éventés.
L'amour est le frère de la guerre
L'amour est le frère de la guerre. C'est-à-dire que l'amour et la guerre se ressemblent sous beaucoup de rapports : l'un et l'autre ont leurs combats qui se renouvellent chaque jour, avec une tactique à peu près pareille, pour obtenir une victoire suivie d'une trêve plus ou moins longue, après laquelle une autre lutte recommence. Écoutez l'éternelle chanson des poètes érotiques ; vous croirez par moments entendre un chant guerrier : la plupart des termes caractéristiques en sont militaires. Blessé, blessure, vaincu, vainqueur, victoire, triomphe, chaîne, conquête, etc. Ovide a dit, dans le second livre de L'Art d'aimer : « L'amour est une sorte de guerre, » Militix species amor est; et dans la neuvième élégie du premier livre des Amours : • Militat omnis amans, et habet sua castra Cupido. « Tout amant est soldat, et l'Amour a ses camps. »
L'amour est le frère de la haine
L'amour est le frère de la haine. L'amour et la haine pour le même objet naissent assez souvent dans le même cœur et s'y font sentir par des emportements, des malédictions, des violences, et d'autres effets communs à l'une et à l'autre passion. De là vient sans doute qu'on a regardé l'amour et la haine comme frère et sœur. Mais l'amant livré à leur double influence ne hait pas précisément. Il hait et aime tout ensemble, comme dit ce proverbe des anciens cité par Gilbert Cousin : Non or/i, ofli et amo. C'est ce qu'exprime très-bien la charmante épigramme de Catulle à Lesbie,Odi et amo. Quare id faciam for fasse requiris? Nescio : sed fieri sentio et excrucior. « J'aime et je hais. — Comment est-ce possible? diras-tu. — Je ne sais, mais je le sens et je souffre. » L'amour est le frère de la haine, peut s'expliquer aussi par cette pensée de la Bruyère : « On veut faire tout le bonheur ou, si cela ne se peut, tout le malheur de ce qu'on aime. »
A battre faut l'amour
A battre faut l'amour. Faut est ici la troisième personne de l'indicatif du verbe faillir, et ce proverbe, tiré du latin, injuria solvit amorem, signifie que les mauvais traitements font cesser l'amour. — Cependant le cas n'est point sans exception. On sait que les femmes moscovites mesuraient l'amour qu'elles inspiraient à leur mari sur la violence avec laquelle elles étaient battues, et qu'il n'y avait ni paix ni contentement pour elles avant d'avoir éprouvé la pesanteur du bras marital. Exper'untia testalnr feminas moscoviticas verberibns placari. (Drex., de Jejutno, lib. I, cap. u.)Une chanson d'un troubadour anonyme attribue le même goût aux filles de Montpellier. Las castanhas al brasier Peton quan no son mordudas ; Las fillas de Mounpelier Ploron quan no son battudas. Ce qu'un ancien traducteur a rendu vers pour vers de cette manière : Les châtaignes au brasier Pètent quand ne sont mordues ; Les filles de Montpellier Pleurent quand ne sont battues. On voit dans le Voyage en Grèce de Pouqueville que les femmes albanaises considèrent comme des marques d'amour les coups qu'elles reçoivent de leur mari. Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, si connu dans l'histoire sous le nom de Guillaume le Conquérant, fit longtemps une cour assidue à Mathilde de Flandre, qui le traitait avec une froideur dédaigneuse. L'ayant rencontrée, en 1047, dans une rue de Bruges, lorsqu'elle revenait de la messe, il la saisit, la renversa, la roula dans la boue et la battit outrageusement. La jolie Mathilde, soit que cette déclaration d'amour un peu brutale la convainquît de la violente passion de son amant, soit que la peur de le voir réitérer la même scène la disposât mieux pour lui, le traita désormais avec moins de rigueur et consentit enfin à l'épouser en 10à2. Les deux époux devinrent des modèles de tendresse conjugale. Cette anecdote est rapportée dans la Vie de la reine Mathilde, etc., par Strickland, t. I, ch. i.Au reste, la violence dont usa Guillaume envers Mathilde était une conséquence logique de la passion qu'il avait' pour elle, et on a vu maintes fois, avant lui et après lui, plus d'un amoureux dédaigné outrager publiquement sa belle inhumaine, dans l'espérance qu'un tel outrage l'empêchant de trouver un autre époux, elle consentirait enfin à s'unir avec lui. Il y a encore une exception très-remarquable au proverbe, et ce sont les deux amants les plus célèbres qui l'ont fournie. Abeilard fustigeait quelquefois son Héloïse, qui ne l'en aimait pas moins. Lui-même, parlant à elle-même, rappelle la chose dans une de ses lettres, où il confesse d'un cœur contrit les scandaleux excès de sa passion immodérée : In ipsis diebus dominical Passionis, te nolentem ac dissuadentem sxpius minis ac flagellis ad consensum trahebam. — « Les jours mêmes de la Passion du Seigneur, lorsque tu me refusais ce que je demandais ou que tu m'exhortais à m'en priver, ne t'ai-je pas souvent forcée par des menaces et des coups de fouet à céder à mes désirs? » Ausone avait deviné le cœur d'Héloi'se, lorsqu'il disait en peignant les qualités d'une maîtresse accomplie (épigr. Lxvh) : « Je veux qu'elle sache recevoir des coups, et qu'après les avoir reçus elle prodigue ses caresses à son amant. »L'auteur des Mémoires de l'Académie de Troges, facétie spirituelle attribuée au comte de Caylus, mais que l'on croit plus généralement être de Groslcy, a examiné d'une manière plaisante jusqu'à quel point est fondée l'opinion que battre est une preuve d'amour. Voyez dans cet ouvrage (pag. 205 et suivantes) la Dissertation sur l'usage de battre sa maîtresse. Après tant de faits généraux et particuliers, qui contredisent le proverbe, ne serait-on pas tenté de croire qu'il est l'expression d'une opinion erronée, et que Sganarelle a raison de dire à sa femme, à laquelle il vient de donner des coups : « Ce sont petites choses qui sont de temps en temps nécessaires dans l'amitié, et cinq ou six coups de bâton entre gens qui s'aiment ne font que ragaillardir l'affection. » (Médecin malgré lui, act. I, se. m.) •
Heureux au jeu, malheureux en amour
Heureux au jeu, malheureux en amour. La passion du jeu captive celui qui s'y livre en proportion du gain qu'il y trouve, et lui fait oublier tout le reste. Dans cette situation, il néglige sa maîtresse, et celle-ci se dédommage par des infidélités; telle est probablement la raison de ce proverbe, qui doit être fort ancien, puisque le troubadour Bérenger de Puivert l'a rappelé dans les vers suivants : Pois de datz no sui aventuresBen degra aver calque domna conquisa. « Puisque je n'ai point de chance aux dés, je devrais bien avoir quelque dame conquise. » Nous avons encore cet autre proverbe corrélatif : Malheureux au jeu, heureux en amour, lequel est fondé sur la supposition que le joueur maltraité de la fortune revient à sa belle, dont la reconnaissance et la fidélité font son bonheur. Supposition fréquemment démentie. Quoi qu'il en soit, tous les joueurs ressemblent à celui de Regnard, qui oublie sa belle Angélique lorsqu'il gagne, et lui adresse des invocations quand il a perdu.
Filer le parfait amour
Filer le parfait amour. C'est nourrir longtemps un amour tendre et romanesque. — Cette façon de parler fait allusion à la conduite d'Hercule filant aux pieds de la reine Omphale. Elle fut probablement introduite dans notre langue à l'époque où les confrères de la Passion représentaient le mystère d'Hercule sur leur théâtre. On sait que ce titre de mystère, consacré à certains ouvrages dramatiques, s'appliquait à un sujet profane comme à un sujet religieux.
L'amour se paye par l'amour
L'amour se paye par l'amour. Ce proverbe se retrouve textuellement dans celui des Basques, Maitaseac, maîtaze du harze. Il peut avoir inspiré à Ninon de Lenclos le mot suivant, qui en esl le commentaire : « L'amour est la seule passion qui se paye d'une monnaie qu'elle fabrique elle-même, et l'amour seul peut acquitter l'amour. »
Plus il y a paroles en amour et moins y sied
Plus il y a paroles en amour et moins y sied. En amour, dit Pascal, un silence vaut mieux qu'un langage. Il est bon d'être interdit. Il y a une éloquence de silence qui pénètre plus que la langue ne saurait faire. Qu'un amant persuade bien sa maîtresse, quand il est interdit, et que d'ailleurs il. a de l'esprit! Quelque vivacité que l'on ait, il est bon, dans certaines rencontres, qu'elle s'éteigne. Tout cela se passe sans règle et sans réflexion, et quand l'esprit le fait il n'y pensait pas auparavant. C'est par nécessité que cela arrive. » (Discours Sur les pass. de l'amour.) Ce silence qui survient tout à coup sans qu'on y pense, qui résulte, non d'un calcul, mais de la nécessité, est le plus tendre et le plus vrai langage des amants. Aucun discours ne rendrait aussi bien ce qu'ils sentent. Les paroles ne peuvent être que des signes d'une faible passion : elles sont comme ces bluettes qui ne jaillissent guère que d'un feu peu ardent. « Celui qui peut dire combien il aime, s'écrie Pétrarque, n'a qu'une petite ardeur. » Chi puo dir com'egli arde, e un picciol ftioco.
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De toutes les, sciences, dit Erasme, il n'en est peut-être pas de plus ancienne que celle des proverbes. Ils étaient comme autant de symboles qui renfermaient presque toute la philosophie des premiers âges. Les oracles des philosophes étaient-ils dans ces temps reculés, autre chose que des proverbes ? On avait pour'eux tant de respect, qu'ils semblaient sortis de la bouche d'un mortel, mais descendus du Ciel. Aussi les voyait on partout inscrits au frontispice des temples, et gravés sur des colonnes, comme dignes de partager, en quelque sorte, l'immortalité avec les Dieux, dont ils paraissaient être l'ouvrage.
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