Citations L'ancêtre (1983)
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Une Sélection de 20 citations et proverbes sur le thème L'ancêtre (1983).
20 citations
Pour tout dire, deux ou trois ans après mon arrivée, c'était comme si je n'avais jamais été ailleurs. Il n'y avait que le présent pâteux où se débat notre lucidité vaillante mais faible et un futur qui annonçait davantage la répétition que la nouveauté. Mon sentiment d'étrangeté était, de ce fait, accompagné non pas d'étonnement mais d'indifférence. Dans le va-et-vient des saisons, mon corps, densité sans destin propre, sans mémoire, était ballotté par la volée au ralenti des événements, et c'est de ce système, à la fois familier et inconnu, que viendrait me tirer, à son caprice, la mort.L'ancêtre (1983) de
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De ces rivages vides il m'est surtout resté l'abondance de ciel. Plus d'une fois je me suis senti infime sous ce bleu dilaté : nous étions, sur la plage jaune, comme des fourmis au centre d'un désert.L'ancêtre (1983) de
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Si, pour n'importe quel homme, son passé est incertain et difficile à situer en un point précis du temps et de l'espace, pour moi, qui venais du néant, sa réalité était plus problématique encore. Aucune vie humaine n'est plus longue que les dernières secondes de lucidité qui précédent la mort. Vingt, trente, soixante, dix milles ans de passé ont la même étendue et la même réalité.L'ancêtre (1983) de
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De toute façon, la mort, pour ces indiens, ne signifiait rien. Mort et vie étaient sur le même plan et hommes, choses et animaux, vivants ou morts, coexistaient dans la même dimension. Ils voulaient, bien sûr, comme tout un chacun, rester en vie, mais mourir n'était pas pour eux plus terrible que d'autres dangers qui les rendait fous de panique. A condition qu'elle fût réelle, la mort ne les effrayait pas.L'ancêtre (1983) de
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La mort et les souvenirs en cela se révèlent égaux. Ils sont, pour chaque homme, uniques, et ceux de nous qui croient avoir, pour les avoir vécus dans une même expérience, des souvenirs communs, ne savent pas qu'ils ont des souvenirs différents et qu'ils sont condamnés à la solitude de ces souvenirs comme à celle de leur mort. Ces souvenirs sont, pour chacun, comme un cachot où il est enfermé de la naissance à la mort.L'ancêtre (1983) de
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Pendant des années je me suis réveillé jour après jour sans savoir si j'étais une bête ou un ver de terre, un métal en sommeil, et la journée entière passait en incertitude et désarroi, comme si j'avais été empêtré dans un rêve obscur, plein d'ombres sauvages, duquel seule me délivrait l'inconscience nocturne. Mais à présent que je suis un vieillard, je sais que la certitude aveugle d'être homme et seulement homme nous apparente davantage à la bête que l'incertitude constante et presque insupportable quant à notre propre condition.L'ancêtre (1983) de
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Ces Indiens ne mentaient jamais. Ils parlaient peu, et toujours pour des raisons précises. L'art de la conversation leur était inconnu. Leurs assemblées n'étaient pas à proprement parler des conversations, mais un échange d'idées très précises qu'ils lançaient, laconiques, à l'auditoire qui, à son tour, les recevait sans commentaires. Parfois, entre une question et une réponse, des heures passaient.L'ancêtre (1983) de
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Toute vie est un puits de solitude qui va se creusant avec les années.L'ancêtre (1983) de
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On ne sait jamais quand on naît : l'accouchement est une simple convention. Beaucoup de gens meurent sans être jamais nés ; d'autres naissent à peine, d'autres mal, comme avortés. Certains, par naissances successives, passent de vie en vie, et si la mort ne venait pas les interrompre, ils seraient capables d'épuiser le bouquet des mondes possibles à force de naître sans relâche, comme s'ils possédaient une réserve inépuisable d'innocence et d'abandon.L'ancêtre (1983) de
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Mais pour ces marins, tous les Indiens étaient semblables et ils ne pouvaient pas, comme moi, faire la différence entre les tribus, les régions, les noms. Ils ignoraient que sur quelques lieues vivaient, juxtaposées, plusieurs tribus différentes et que chacune d'elles étaient non pas un simple groupe humain ou la prolongation numérique d'un groupe voisin mais un monde autonome avec ses lois propres, son langage, ses coutumes, ses croyances, vivant dans une dimension impénétrable aux étrangers. Ce n'étaient pas seulement les hommes qui étaient différents, mais l'espace, le soleil, la lune, les étoiles. Chaque tribu vivait dans un univers singulier, infini et unique qui ne recoupait aucunement celui des tribus voisines.L'ancêtre (1983) de
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La condition même des indiens était sujette à discussion. Pour certains, ce n'étaient pas des hommes; pour d'autres, c'étaient des hommes mais pas des chrétiens ; et pour beaucoup ce n'étaient pas des hommes parce que ce n'étaient pas des chrétiens.L'ancêtre (1983) de
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Il y a, me dit-il une fois, peu de temps avant de mourir, deux sortes de souffrance : avec l'une, on sait que l'on souffre et , tandis que l'on souffre, une vie meilleure dont le goût persiste dans la mémoire est escamotée; avec l'autre, on ne le sait pas mais le monde entier, jusque dans la plus modeste de ses présences, apparaît aux yeux de celui qui le traverse comme un lieu désert et calciné.L'ancêtre (1983) de
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Aucune vie humaine n'est plus longue que les dernières secondes de lucidité qui précède la mort.L'ancêtre (1983) de
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On peut dire que, depuis que les Indiens ont été anéantis, l'univers entier est parti à la dérive dans le néant. Si cet univers si peu sûr avait, pour exister, quelque raison, cette raison c'était justement les Indiens qui, au milieu de tant d'incertitudes, étaient ce qui semblait le plus certain. Les appeler sauvages est une preuve d'ignorance ; on ne peut appeler sauvages des êtres qui assumaient un telle responsabilité.L'ancêtre (1983) de
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De même que les indiens de certaines tribus voisines traçaient dans l'air un cercle invisible pour se protéger de l'inconnu, mon corps est comme enveloppé de la peau de ces années qui ne laissent plus rien passer de l'extérieur. Seul ce qui y ressemble est accepté. Le moment présent n'a d'autre fondement que sa parenté avec le passé. Avec moi, mes Indiens ne se sont pas trompés : je n'ai, à part ce scintillement confus, rien à raconter. En plus, comme je leur dois la vie, il est juste que je paie ma dette en revivant, jour après jour, leur vie à eux.L'ancêtre (1983) de
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Le vice fondamental des êtres humains est de vouloir, contre vents et marées, rester vivants et en bonne santé et de chercher à tout prix à actualiser les représentations de l'espoir.L'ancêtre (1983) de
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L'inconnu est abstraction ; le connu, un désert ; mais le connu à demi, l'entr'aperçu, est le lieu parfait où faire onduler désir et hallucination.L'ancêtre (1983) de
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Rien ne nous est consubstantiel. Il suffit d'une accumulation de vie, même si elle est grise et neutre, pour que nos espoirs les plus fermes et nos désirs les plus intenses s'éboulent. Nous recevons des masses continues d'expériences comme le cercueil les pelletées de terre définitive dans la fosse humide.L'ancêtre (1983) de
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Quand nous oublions, c'est que nous avons moins perdu la mémoire que le désir.L'ancêtre (1983) de
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Quand nous oublions, c'est que nous avons moins perdu la mémoire que le désir. Rien ne nous est consubstantiel. Il suffit d'une accumulation de vie, même si elle est grise et neutre, pour que nos espoirs les plus fermes et nos désirs les plus intenses s'éboulent. Nous recevons des masses continues d'expériences comme le cercueil les pelletées de terre définitive dans la fosse humide.L'ancêtre (1983) de
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L'ancêtre de Juan José Saer
« L’Ancêtre », de Juan José Saer : un monument pour des Indiens disparus. Dans une langue admirable, « L’Ancêtre », de Juan José Saer, ressuscite une civilisation perdue.
Le chef d'œuvre de l'un des écrivains argentins les plus importants du XXe siècle.
Peu de livres donnent au lecteur l'impression, dès les premières pages, d'être confronté à un chef d'œuvre absolu. L'Ancêtre, de Juan José Saer, appartient à cette catégorie.
" De ces rivages vides il m'est surtout resté l'abondance de ciel. Plus d'une fois je me suis senti infime sous ce bleu dilaté : nous étions, sur la plage jaune, comme des fourmis au centre d'un désert. Et si, maintenant que je suis un vieil homme, je passe mes jours dans les villes, c'est que la vie y est horizontale, que les villes cachent le ciel. "
Le roman est inspiré d'une histoire réelle. En 1515, un corps expéditionnaire de trois navires quitte l'Espagne en direction du Rio de la Plata, vaste estuaire à la conjonction des fleuves Parana et Uruguay. Mais, à peine débarqués à terre, le capitaine et les quelques hommes qui l'accompagnent sont massacrés par des Indiens. Un seul en réchappe, le mousse : fait prisonnier, accueilli dans la tribu de ses assaillants, il n'est rendu à son monde que dix ans plus tard, à l'occasion d'une autre expédition naviguant dans ces eaux. De ce fait historique Juan José tire une fable universelle qui interroge le sens des destinées humaines et le pouvoir du langage. Arrivé à la fin de sa vie, le mousse se souvient comment, soixante ans plus tôt, il a été amené pendant toutes ces années à partager l'existence d'une tribu d'hommes anthropophages au point de bouleverser sa vision du monde...
La première édition de ce livre a été menée par Flammarion en 1987. Cette nouvelle édition est postfacée par Alberto Manguel. La traduction, de Laure Bataillon a reçu en 1988 le prix de la meilleur traduction décernée par la Maison des Écrivains et des Traducteurs (MEET). Après la mort de la traductrice, il fut décidé que le prix porterait dorénavant son nom.
Citations extraites de L'ancêtre de Juan José Saer
« De ces rivages vides il m’est surtout resté l’abondance de ciel. Plus d’une fois je me suis senti infime sous ce bleu dilaté : nous étions, sur la plage jaune, comme des fourmis au centre d’un désert. Et si, maintenant que je suis un vieil homme, je passe mes jours dans les villes, c’est que la vie y est horizontale, que les villes cachent le ciel. Là-bas, en revanche, nous dormions, la nuit, à l’air libre, presque écrasés par les étoiles. Elles étaient comme à portée de main et elles étaient grandes, innombrables, sans beaucoup de noir entre elles, presque crépitantes, comme si le ciel eût été la paroi criblée d’un volcan en activité qui eût laissé apercevoir par ses trous l’incan descence interne.»
« À cette époque la mode était aux Indes car cela faisait quelque vingt ans qu’on avait découvert de pouvoir les atteindre par le ponant ; de là-bas revenaient des bateaux chargés d’épices ou en piteux état après avoir dérivé sur des mers inconnues ; dans les ports on ne parlait pas d’autre chose et l’idée fixe donnait parfois un air dément aux regards et aux conversations. L’inconnu est une abstraction ; le connu, un désert ; mais le connu à demi, l’entr’aperçu, est le lieu parfait où faire onduler désir et hallucination. Dans les bouches des marins, tout se mêlait : les Chinois, les Indiens, un nouveau monde, les pierres précieuses, les épices, l’or, la cupidité et la fable. On parlait de villes pavées d’or, du paradis sur terre, de monstres marins qui surgis-saient soudain de l’eau et que les marins prenaient pour des îles, au point qu’ils débarquaient sur leur dos et campaient dans les anfractuosités de leur peau pierreuse et écailleuse. J’écoutais ces rumeurs avec étonnement et battements de cœur ; me croyant, comme tous les enfants, destiné à toutes les gloires et à l’abri de toute catastrophe, à chaque nouvelle relation que j’entendais, qu’elle fût heureuse ou terrifiante, mes envies d’embarquer augmentaient. Enfin l’occasion se présenta : un capitaine, l’un des plus grands pilotes du royaume, organisait une expédition aux Moluques et j’obtins de me faire engager.».
« Plus d’une fois, leur seule déclaration d’amour fut de me mettre un couteau sur la gorge. Il fallait choisir, sans autre possibilité, entre l’honneur et la vie. Je fus deux ou trois fois sur le point de me plaindre au capitaine mais les menaces décidées de mes prétendants m’en dissuadèrent. Finalement j’optai pour le consentement et l’intrigue, cherchant la protec-tion des plus forts et essayant de tirer avantage de la situation. Mon commerce avec les femmes du port m’y fut finalement de quelque utilité.».
« Avec une intuition d’enfant, je m’étais aperçu, en les regardant faire, que se vendre n’était pour elles qu’une façon de survivre et que, dans leur façon d’agir, l’honneur se voyait éclipsé par la stratégie. Les questions de goût personnel étaient tout aussi superflues. »
« Le vice fondamental des êtres humains est de vouloir, contre vents et marées, rester vivants et en bonne santé et de chercher à tout prix à actualiser les représentations de l’espoir. Je désirais parvenir jusqu’aux régions paradisiaques : je passai donc de main en main et je dois dire que, grâce à mon ambiguïté de garçon imberbe, le commerce de ces marins, qui se comportaient aussi en pères envers l’orphelin que j’étais, me procura en certaines occasions quelque plaisir. Nous en étions là de ces va-et-vient lorsque nous aperçûmes la terre.»
🖊 Prix Goncourt - Les 100 romans du Monde - Voir la critique littéraire du Monde « L’Ancêtre », de Juan José Saer : un monument pour des Indiens disparus
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