Citations sur art p. ii

Je hais ces vains auteurs.... Ils ne savent jamais que se charger de chaînes, Que bénir leur martyre, adorer leur prison....

D'un trait de ce poëme [la satire] en bons mots si fertile, Le Français, né malin, forma le vaudeville

Le madrigal, plus simple et plus noble en son tour, Respire la douceur, la tendresse et l'amour

Un sonnet sans défaut vaut seul un long poëme

Lucile le premier.... Vengea l'humble vertu de la richesse altière, Et l'honnête homme à pied du faquin en litière

Heureux si ses écrits [de Régnier], craints du chaste lecteur, Ne se sentaient des lieux où fréquentait l'auteur

Insipides plaisants, bouffons infortunés, D'un jeu de mots grossier partisans surannés

Il met tous les matins six impromptus au net

Telle aimable en son air, mais humble dans son style, Doit éclater sans pompe une élégante idylle ; Son tour simple et naïf n'a rien de fastueux, Et n'aime point l'orgueil d'un vers présomptueux

Juvénal, élevé dans les cris de l'école, Poussa jusqu'à l'excès sa mordante hyperbole

Telle aimable en son air, mais humble dans son style, Doit éclater sans pompe une élégante idylle

Le latin dans les mots brave l'honnêteté, Mais le lecteur français veut être respecté

Mais pourtant on a vu le vin et le hasard Inspirer quelquefois une muse grossière

À la fin tous ces jeux, que l'athéisme élève, Conduisent tristement le plaisant à la Grève

On dirait que Ronsard sur ses pipeaux rustiques Vient encor fredonner ses idylles gothiques

Je hais ces vains auteurs dont la muse forcée M'entretient de ses feux, toujours froide et glacée

Mais pourtant on a vu le vin et le hasard Inspirer quelquefois une muse grossière, Et fournir sans génie un couplet à Linière

Heureux si ses discours [de Régnier], craints du chaste lecteur, Ne se sentaient des lieux où fréquentait l'auteur

Et, follement pompeux, dans sa verve indiscrète

Loin ces rimeurs craintifs dont l'esprit flegmatique....

[L'ode] Mène Achille sanglant au bord du Simoïs, Ou fait fléchir l'Escaut sous le joug de Louis

Son tour [de l'idylle] simple et naïf n'a rien de fastueux

Mais, pour un vain bonheur qui vous a fait rimer, Gardez qu'un sot orgueil ne vous vienne enfumer

À la fin tous ces jeux que l'athéisme élève

Mais souvent dans ce style un rimeur aux abois Jette là de dépit la flûte et le hautbois, Et, follement pompeux dans sa verve indiscrète, Au milieu d'une églogue entonne la trompette