Citation Une enfance de rêve (2014)
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Une Sélection de 30 citations et proverbes sur le thème Une enfance de rêve (2014).
30 citations (Page 1 sur un total de 2 pages)
Je le savais, mais bien sûr je me tus.
Une enfance de rêve (2014) de J’avais été au cœur d’un événement incompréhensible. Je venais de quitter le temps infini de l’espèce, j’étais entrée dans le temps de ma vie.
Une enfance de rêve (2014) de Au contraire des adultes qui souvent sur les photos ont une pose en retrait, le menton rentré jusqu’à prendre l’air renfrogné, parce qu’ils ont le soleil dans les yeux et surtout parce qu’ils savent déjà qu’ils n’aimeront pas trop ce presque inconnu à leur place sur le papier glacé, les tout jeunes enfants ont une attitude qui les projette, le regard droit dans l’objectif comme s’ils voulaient adhérer à la surface de l’image.
Une enfance de rêve (2014) de Alors que les rêves de l’adulte projettent celui-ci dans le futur, ceux de l’enfant sont immédiatement palpables. De plus, au fur et à mesure que l’adulte réalise ses rêves, son monde imaginaire se rétrécit parce qu’il doit accepter que la réalité n’est jamais aussi magique que les rêves si bien que, sans même s’en rendre compte, il adapte ceux-ci aux limites du raisonnable, renonce à l’Amérique pour la villa Sans-Souci, alors que, tout le temps que dure l’enfance, les rêves s’amplifient tant que l’espace de vie s’élargit.
Une enfance de rêve (2014) de Pour la plupart d’entre nous, cette première expérience du combat solitaire avec les embûches et les énigmes du vaste monde a lieu le premier jour d’école.
Une enfance de rêve (2014) de L’école maternelle est un lieu intermédiaire bizarre, où commence l’apprentissage du monde des adultes, mais où certains détails de la vie, habituellement embêtants pour les tout-petits, leur sont adaptés, compensations offertes à ceux qui devront s’habituer à en obtenir de moins en moins.
Une enfance de rêve (2014) de Il y a des enfants qui se changent en gargouille écumante lorsqu’ils ont affaire au réel qui leur résiste. Moi, j’avais une forme de passivité qui me faisait glisser à la surface du monde, en suivant les pentes douces et en épousant au passage les aspérités.
Une enfance de rêve (2014) de Tous les enfants ont une perception spontanée du rang social.
Une enfance de rêve (2014) de Je faisais déjà partie de la catégorie d’êtres humains qui, de la même façon que la plupart des animaux domestiques d’ailleurs, s’adaptent facilement ; un chien qui pour une raison ou pour une autre passe d’un maître à un autre veut aimer et être aimé et adopte en conséquence les habitudes de sa nouvelle maison.
Une enfance de rêve (2014) de J’étais moins mue par une soif de connaissance que par l’utopie d’être celle qui aurait le plus lu, engagée dans une pure activité d’assimilation, sans idée que cela pût avoir une finalité, sans l’objectif que cela servît à autre chose qu’à suivre éternellement un parcours balisé.
Une enfance de rêve (2014) de Le sentiment d’en savoir autant sur la vie, parce que confrontée à la dure réalité qui ressemble plus aux romans pour les adultes qu’aux récits d’aventures pour les enfants, m’autorisait à avoir un comportement et à tenir des discours qui n’étaient pas ceux de tout le monde.
Une enfance de rêve (2014) de J’ai longtemps été convaincue que mon principal défaut était d’être une menteuse. Mentir était un péché mortel, mais il me fallait bien tenir mon rôle devant l’un ou l’autre de mes publics, et j’arrivais à m’en accommoder. Cette sorte de mensonges qui servent à séparer les vies différentes qu’une personne mène de front n’appartient ni à l’une ni à l’autre de ces vies.
Une enfance de rêve (2014) de La vie d’un tout jeune enfant est littéralement cernée par la peur, elle circonscrit l’espace qu’il habite. Elle surgit lorsqu’à la limite de son champ de vision, hors de sa portée, les silhouettes familières dont il ne prévoit pas le retour disparaissent derrière la porte qui se referme, ou lorsqu’il croit qu’au fond des ténèbres s’ouvre un vide immense.
Une enfance de rêve (2014) de Dans les livres, quels que soient les dangers que courent les héros, ils ne les entraînent jamais dans l’inconnu total. Le monde peut être muet pour eux, il ne l’est que provisoirement, parce que l’auteur l’a balisé et qu’il en donne parfois les clefs au lecteur avant même de sauver son héros. Tout finit par avoir une explication. Le roman remplit le vide, éclaire les zones sombres, déjoue le hasard
Une enfance de rêve (2014) de L’enfer, comme le paradis, c’est pour l’éternité, et les enfants qui n’ont pas encore éprouvé les souffrances et les pertes engendrées par le temps qui passe ne doutent pas que le temps puisse passer sans jamais s’arrêter, ils ont confiance dans la promesse d’éternité, et peu importe qu’elle se situe dans un espace qu’on appelle l’au-delà. C’est à peine s’ils s’enquièrent du détail de ce qui fait les délices du paradis et les supplices de l’enfer.
Une enfance de rêve (2014) de Persuadée que l’inspiration serait le déclencheur d’une belle histoire bien écrite, j’étais aux aguets de ce qui, dans mon environnement, dans la vie, allait emporter mon imagination, et les mots et les phrases avec. C’est ainsi qu’il m’arriva d’attraper un fragment de conversation qui m’obséda des années durant, parce que la phrase résonnait déjà comme une phrase de roman et qu’il aurait suffi d’enchaîner d’autres phrases similaires à la suite
Une enfance de rêve (2014) de Pour faire vivre le désir, mieux valait la moquerie bienveillante de mon père, à qui je n’avais pas fait plus de confidence qu’aux autres, qui simplement me voyait plongée dans mes lectures et rapporter de bonnes notes en rédaction, et qui me surnommait « Catherine-Millet-de-l’Académie-française ».
Une enfance de rêve (2014) de Il est probable que la confiance totale que j’avais dans mes rêves empêchât que je ne me heurte aux aspérités de la réalité, et que c’est peut-être ainsi, de ne pas trop peser sur le monde des choses concrètes, que l’on force paradoxalement le destin.
Une enfance de rêve (2014) de À la fin de films documentaires, il arrive que l’on indique à l’écran ce que sont devenues les personnes qui y sont intervenues. Je lis toujours attentivement ces informations parce qu’elles empêchent le récit de rejoindre la fiction, elles en préservent toute l’épaisseur temporelle.
Une enfance de rêve (2014) de Les enfants gros ont l’air grave ; ils sont sur le qui-vive, dans l’attente du regard qu’on va poser sur eux.
Une enfance de rêve (2014) de Certaines paroles traduisent des choses si importantes, si graves, qu’elles ne sont prononcées que par pure forme, à la façon d’un mot de passe entre deux conjurés qui peuvent ne pas se connaître, ignorer peut-être le but ultime de leur action, mais qui ne doutent pas de son importance.
Une enfance de rêve (2014) de Les mots marquent la distance minimale qu'il est permis de mettre entre soi et la douleur.
Une enfance de rêve (2014) de Lorsque les adultes dédaignent ou se moquent du physique ingrat des adolescents et se plaignent de l’humeur grincheuse dont ceux-ci l’assortissent, ils feraient bien de prendre en compte ce que doit être la brutale frustration éprouvée par ceux dont ils admiraient et câlinaient le corps potelé si peu de temps auparavant.
Une enfance de rêve (2014) de Nous avons tort de ne pas faire confiance aux apparences, parce que si chacun de nous voyait vraiment ce qu’il a devant les yeux et s’il acceptait avec innocence d’appréhender la vie dans les formes sous lesquelles elle se manifeste, il aurait la satisfaction de constater que sa propre existence présente la cohérence d’un roman bien construit, ou d’un film dont le montage subtil éclaire le scénario, au lieu qu’elle lui paraisse, comme c’est le cas le plus souvent, un confus conglomérat de faits et d’émotions.
Une enfance de rêve (2014) de Quand le goût des livres vient tôt, il tient à sa fonction de fenêtre sur d’autres horizons plus ou moins extraordinaires, mais s’y ajoute le statut d’objet du livre, de propriété facile à acquérir ; il est le premier bien que l’on peut avoir pour soi, égal aux biens des adultes, et non pas leur imitation, comme le sont les jouets.
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Une enfance de rêve de Catherine Millet
« Une enfance de rêve », de Catherine Millet : la toute première foi. Dans « Une enfance de rêve », l’écrivaine raconte ses jeunes années et éclaire ainsi notre vie à tous. Un chef-d’œuvre.
C'est le récit fidèle d'une vie, ou plutôt d'une enfance écoulée dans les années 1950 en banlieue parisienne. C'est aussi le récit d'une naissance, celle d'un besoin impérieux d'écrire. Catherine Millet se raconte dans ces pages au fil desquelles elle fait resurgir les figures familiales, les rencontres et décors qui ont façonné son appréhension du réel en même temps que son identité d'adulte. Récit de ses désirs et de ses aspirations d'enfant puis d'adolescente, aussi bien que genèse de son émancipation personnelle et de son rejet de la morale établie, ce texte est un authentique roman d'apprentissage.
En 2014, elle évoque ses premières années difficiles dans Une enfance de rêve, où elle raconte comment, encore enfant, elle décide de mettre la douleur à distance en la vivant comme une héroïne de roman. C’est ce qu’elle nomme « la vie dédoublée » qui « permet de transformer en récit le drame de telle sorte qu’il perde sa fatalité ». Les disputes de ses parents, la mort de ses proches sont autant d’épreuves qu’elle surmonte en s’observant à distance puis en en rapportant le souvenir par la littérature. De fait, cela lui permet d’espérer une issue heureuse aux événements les plus sombres. Les critiques littéraires saluent sa remarquable sincérité que l’on retrouve aussi bien dans ses récits que dans ses critiques d’art où, fait rare, elle écrit « je ».
Catherine Millet a entrepris ce récit où elle raconte son enfance, son père et sa mère, pour essayer de comprendre comment on peut grandir sans se fabriquer une morale, et comment peut naître le désir d'écrire. Catherine Millet se raconte dans ces pages au fil desquelles elle fait resurgir les figures familiales, les rencontres et décors qui ont façonné son appréhension du réel en même temps que son identité d'adulte. Récit de ses désirs et de ses aspirations d'enfant puis d'adolescente, aussi bien que genèse de son émancipation personnelle et de son rejet de la morale établie, ce texte est un authentique roman d'apprentissage. « L'auteure élargit à tout moment le champ du regard, fait surgir l'universel en passant son vécu propre au tamis d'une analyse spéculative d'une saisissante acuité. » Nathalie Crom - Télérama.
Citations extraites de Une enfance de rêve de Catherine Millet
« Ce qui m’intéresse n’est certainement pas d’extérioriser ma vie intérieure, mais, en sens inverse, de mesurer l’écho que la réalité extérieure peut avoir en moi, éventuellement les bouleversements qu’elle produit ». Catherine Millet, « What do you represent ? », Nouvelle Revue française, octobre 2011
« Dans les derniers jours du mois d’octobre 1951, une fin de matinée, mes parents rentrèrent à la maison et ma mère posa sur le divan qui servait de lit à sa mère un bébé dont la seule image qu’il m’ait laissée est celle d’une de ses mains que je fus autorisée à caresser. Il faut dire que le divan se trouvait dans la pénombre, appuyé contre le mur opposé à celui de la fenêtre, dans ce qui était la pièce principale du petit appartement que nous occupions et qui donnait sur une cour étroite. On entre dans la vie avec les poings serrés, et j’ai joué à déplier les doigts minuscules comme font certainement beaucoup de petites filles, en comparant cette main à celles d’un gros baigneur en Celluloïd que j’avais. Elle était délicieusement douce. Ma mère, attentive et grave, m’encouragea à ce jeu : « Tu peux toucher. Oui, oui, vas-y, tu peux toucher. » »
« Un autre souvenir, revenu celui-là à la faveur d’une psychanalyse entreprise vingt ans plus tard, est le suivant : nous avions attendu très longtemps des livreurs et comme ceux-ci n’arrivaient pas, ma mère et ma grand-mère avaient finalement décidé de sortir en promenade. Comme nous passions la porte vitrée qui séparait la cage d’escalier du vestibule de l’immeuble, j’avais éclaté en sanglots. Les deux femmes s’en étaient amusées tout en s’empressant de me consoler. Quand ce souvenir avait émergé, ma mère vivait encore et je l’avais interrogée. Elle se rappelait la scène. Selon elle, elle avait eu lieu une après-midi où elle attendait la livraison de nouveaux lits. J’avais jusqu’alors dormi dans la chambre de mes parents mais, à la naissance de mon frère, on y avait installé le lit à barreaux de celui-ci, et décidé que désormais je dormirais dans la même pièce que ma grand-mère. Ce que le souvenir avait laissé de côté, c’était qu’à l’instant où nous sortions, nous étions tombés sur les livreurs que nous n’attendions plus. Les lits qu’ils apportaient étaient des lits gigognes, et à partir de ce jour, chaque soir, il fallait sortir l’un de dessous l’autre, et le mettre au niveau en redressant ses pieds, et nous avons ainsi dormi côte à côte, ma grand-mère et moi, dans des lits accolés faute de place, le reste de la pièce étant occupé par un buffet ainsi que par une table et des chaises de salle à manger d’allure rustique. On m’avait attribué celui qui était contre le mur parce que bien sûr ma grand-mère se levait plus tôt que moi. Nous avons ainsi vécu à cinq dans ce deux-pièces. On pénétrait par un couloir exigu sur lequel donnaient à gauche la cuisine qui était tout en longueur et, au fond, cette pièce à usage variable. A droite, il y avait la porte à double battant d’un placard dans lequel on promettait de m’enfermer à la prochaine bêtise; on m’y enferma d’ailleurs quelquefois, et j’y restais immobile et terrorisée parce que la punition était assortie de cette menace : son plancher comportait une trappe par laquelle je pourrais bien tomber en enfer. Pour aller à la chambre dont j’avais été délogée, il fallait traverser la pièce principale. Je ne sais plus où se trouvaient les W.-C., mais je me rappelle que nous faisions notre toilette (nous disions plutôt que nous nous débarbouillions) au-dessus de l’évier de la cuisine. C’était à Bois-Colombes, banlieue parisienne, au 1, rue Philippe-de-Metz. C’était là que j’étais née, dans le deuxpièces au troisième étage, surgie sur place, privilège que j’imaginais réservé à mon statut d’aînée, parce que, pour mon frère, ma mère était allée accoucher dans une clinique. Je n’étais pas seulement contente d’avoir été présente dans les lieux avant lui, je trouvais qu’il y avait plus d’honneur à naître au milieu de la famille que dans un lieu lointain et anonyme. Ce qui fait la préséance de l’aîné, ce n’est pas tant d’être plus vieux, plus grand ou plus fort, c’est d’appartenir à cet ensemble que forment la famille et la maison, qui accueille le cadet et lui fait une place, d’être son hôte. Quand plus tard je fus capable de me figurer à peu près ce qu’était un accouchement, et que j’entendais ma mère dire : « La première fois » , ou « pour Catherine, j’ai accouché à la maison » , c’était allongée sur le divan recouvert de tuft vert sapin, là où elle avait posé le bébé en rentrant de la clinique, et non pas dans son propre lit, que je me représentais ma mère dans l’acte de me mettre au monde. En revanche, comme ce petit frère fut prénommé Philippe, il se pouvait qu’un lien occulte attachât sa personne à la rue, en vertu de je ne sais quelle survivance d’une sorte de droit féodal dont il se targuait dans ses fabulations enfantines. Les petits garçons, plus que les petites filles, aiment les particules, peut-être parce que les chevaliers qui sont leurs héros sont toujours chevaliers de quelque chose, alors il se donnait du Philippe de Millet, et même du Philippe de Reyssac de Millet, parce que nous avions rendu visite une fois à des cousins de mon père qui habitaient le village de Reyssac en Corrèze, et qu’il devait trouver que Reyssac sonnait bien, mieux que Millet.»
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🖊 À lire aussi Prix Nobel de littérature | Prix Goncourt - Les 100 romans du Monde - Voir la critique littéraire du Monde « Une enfance de rêve », de Catherine Millet : la toute première foi
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