Citations sur art p. iii

La Fable offre à l'esprit mille agréments divers

Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe, Je ne reconnais plus l'auteur du Misanthrope

Que dès les premiers vers l'action préparée, Sans peine du sujet aplanisse l'entrée

Un rimeur, sans péril, de là les Pyrénées, Sur la scène en un jour enferme des années ; Là souvent le héros d'un spectacle grossier, Enfant au premier acte, est barbon au dernier

Plus enclin à blâmer que savant à bien faire

Là pour nous enchanter tout est mis en usage ; Tout prend un corps, une âme, un esprit, un visage

[Le jeune homme] Est vain dans ses discours, volage en ses désirs

La tragédie, informe et grossière en naissant, N'était qu'un simple choeur....

[Le jeune homme] Est vain dans ses discours, volage en ses désirs

Bientôt l'amour, fertile en tendres sentiments, S'empara du théâtre ainsi que des romans

De la foi d'un chrétien les mystères terribles D'ornements égayés ne sont pas susceptibles

Un poëme excellent où tout marche et se suit.... Jamais d'un écolier ne fut l'apprentissage

Écho n'est plus un son qui dans l'air retentisse, C'est une nymphe en pleurs qui se plaint de Narcisse

J'aime sur le théâtre un agréable auteur Qui, sans se diffamer aux yeux du spectateur, Plaît par la raison seule....

J'aime mieux Arioste et ses fables comiques Que les auteurs toujours froids et mélancoliques Qui, dans leur sombre humeur, se croiraient faire affront, Si les Grâces jamais leur déridaient le front

D'un pinceau délicat l'artifice agréable Du plus affreux objet fait un objet aimable

Un rimeur sans péril, delà les Pyrénées

La tragédie, informe et grossière en naissant, N'était qu'un simple choeur où chacun, en dansant, Et du dieu des raisins entonnant les louanges, S'efforçait d'attirer de fertiles vendanges

Ainsi, pour nous charmer, la tragédie en pleurs, D'Oedipe tout sanglant fit parler les douleurs

Chaque passion parle un différent langage

Du plus habile chantre un bouc était le prix

Je chante les combats et cet homme pieux Qui, des bords phrygiens conduit dans l'Ausonie, Le premier aborda les champs de Lavinie

Un amant de son père écoute les leçons, Et court chez sa maîtresse oublier ces chansons [remontrances]

D'un seul nom quelquefois le son dur ou bizarre Rend un poëme entier ou burlesque ou barbare

Eschyle dans le choeur jeta les personnages, D'un masque plus honnête habilla leurs visages, Sur les ais d'un théâtre en public exhaussé Fit paraître l'acteur d'un brodequin chaussé