Citations sur art p. iii

La tragédie en pleurs D'Oreste parricide exprima les douleurs

Ce n'est pas que j'approuve en un sujet chrétien Un auteur follement idolâtre et païen

On s'ennuie aux exploits d'un conquérant vulgaire

Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable

Les acteurs laissant le masque antique, Le violon tint lieu de choeur et de musique

Sans tous ces ornements le vers tombe en langueur, La poésie est morte, ou rampe sans vigueur

La vieillesse chagrine incessamment amasse

Un jeune homme, toujours bouillant dans ses caprices, Est prêt à recevoir l'impression des vices

Leurs tas [d'exemplaires], au magasin, cachés à la lumière, Combattent tristement les vers et la poussière

Que, devant Troie en flamme, Hécube désolée Ne vienne pas pousser une plainte ampoulée

Étudiez la cour et connaissez la ville ; L'une et l'autre est toujours en modèles fertile

Que le trouble, toujours croissant de scène en scène, à son comble arrivé, se débrouille sans peine

Mais pour un faux plaisant.... Qu'il s'en aille, s'il veut, sur deux tréteaux monté, Amusant le pont Neuf de ses sornettes fades....

La vieillesse chagrine incessamment amasse, Garde, non pas pour soi, les trésors qu'elle entasse

Que produira l'auteur après tous ces grands cris ? La montagne en travail enfante une souris

Que de traits surprenants sans cesse il nous réveille, Qu'il coure dans ses vers de merveille en merveille

La nature, féconde en bizarres portraits, Dans chaque âme est marquée à de différents traits

Des succès fortunés du spectacle tragique, Dans Athènes naquit la comédie antique

La tragédie, informe et grossière en naissant, N'était qu'un simple choeur où chacun en dansant, Et du dieu des raisins entonnant les louanges, S'efforçait d'attirer de fertiles vendanges ; Là, le vin et la joie éveillant les esprits, Du plus habile chantre un bouc était le prix

[Dans la Fable] Ce n'est plus la vapeur qui produit le tonnerre, C'est Jupiter armé pour effrayer la terre

Thespis fut le premier qui.... Et, d'acteurs mal ornés chargeant un tombereau, Arausa les passants d'un spectacle nouveau

Bientôt ils défendront de peindre la Prudence, De donner à Thémis ni bandeau ni balance

Chez nos dévots aïeux le théâtre abhorré Fut longtemps dans la France un plaisir ignoré

Bientôt ils défendront de peindre la Prudence, De figurer aux yeux la Guerre au front d'airain, Ou le Temps qui s'enfuit une horloge à la main

Vos froids raisonnements ne feront qu'attiédir Un spectateur toujours paresseux d'applaudir