Définition de « coeur »


Notre dictionnaire de français vous présente les définitions du mot coeur de manière claire et concise, avec des exemples pertinents pour aider à comprendre le sens du mot.

Il comprend des informations supplémentaires telles que des exemples d'expressions, l'étymologie, les synonymes, les homonymes, les antonymes mais également les rimes et anagrammes et bien sûr des citations littéraires sur coeur pour aider à enrichir la compréhension du mot Coeur et répondre à la question quelle est la définition de coeur ?

NOM genre (m) de 1 syllabes
Une définition simple : coeur

  • Graphie erronée du mot cœur. (-note-) Cette dernière est très courante en raison de labsence de la ligature œ (e pris dans le o) du clavier AZERTY qui est le plus utilisé chez les francophones.


    Définitions de « c?ur »


    Trésor de la Langue Française informatisé


    C?UR, subst. masc.

    ... le mot « c?ur » (...) le mot charnel et sensible, le mot rond dans lequel il y a du sang (A. de Noailles, La Nouvelle espérance,1903, p. 148).
    I.? [Le c?ur dans sa réalité physique]
    A.? [Le c?ur comme organe interne]
    1. Usuel
    a) [Chez l'homme et les animaux supérieurs] Viscère rouge en forme de cône renversé, situé dans le médiastin, essentiellement constitué d'un muscle (myocarde) doublé de deux tuniques (péricarde, endocarde), divisé intérieurement en deux parties distinctes qui présentent chacune deux cavités communicantes (oreillette en haut, ventricule en bas) ? agent principal de la circulation sanguine doué d'un réseau nerveux autonome qui assure son fonctionnement automatique, mais placé sous l'influence du système nerveux central. Comme ce roi brûlant, le c?ur, siège au milieu des poumons qui l'enveloppent recevant tout le sang en lui et le renvoyant par ses portes (Claudel, Tête d'or,2eversion, 1901, p. 235).Ce panier des côtes qui porte le c?ur comme un beau fruit sur des feuillages (Giono, Regain,1930, p. 133).Mon c?ur au chaud, ce lapin, derrière sa petite grille des côtes, agité, blotti, stupide (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 48):
    1. La circulation : c'est une faculté qui n'a d'existence que dans certains animaux, (...) s'exécute dans un système d'organes particulier qui y est propre. Ce système d'organes se compose essentiellement de deux sortes de vaisseaux; savoir : d'artères et de veines; et presque toujours, en outre, d'un muscle creux et charnu qui occupe à peu près le centre du système, qui en devient bientôt l'agent principal, et qu'on nomme le c?ur. La fonction qu'exécute le système d'organes dont il s'agit, consiste à faire partir le fluide essentiel de l'animal, qui doit ici porter le nom de sang, d'un point à peu près central où se trouve le c?ur lorsqu'il existe, pour l'envoyer de là, par les artères, dans toutes les parties du corps, d'où revenant au même point par les veines, il est ensuite renvoyé de nouveau dans toutes ces parties. Lamarck, Philos. zool.,t. 2, 1809, pp. 155-156.
    2. Description morphologique du c?ur d'un mouton. C'est un organe rouge et conique dont la base, tournée vers l'avant du corps (vers la tête) est à l'origine de gros vaisseaux sanguins (...). Deux oreillettes, droite et gauche, de consistance légèrement flasque, occupent la base du c?ur. Un sillon transversal, très visible sur la face dorsale et parcouru par d'importants vaisseaux nourriciers du c?ur, sépare les oreillettes des ventricules; ceux-ci, fermes et ventrus, vont en s'amincissant jusqu'à la pointe du c?ur. H. Camefort, A. Gama, Sc. nat.,1960, p. 183.
    3. Harvey avait bien montré que le c?ur était une pompe aspirante et foulante, et qu'il utilisait, comme les pompes industrielles, des tuyaux et des scupapes. Mais le système circulatoire ne s'en trouvait pas entièrement déshumanisé. Il suffit de regarder une artère pour voir qu'elle n'est pas assimilable à un tuyau de pompe, puisqu'elle participe du miracle protoplasmique, vit, se reproduit, se répare, etc. (...). Nous ne savons pas encore si le c?ur naturel contient ou non quelque élément miraculeux, car nous ne possédons pas la description complète de ce c?ur. Mais nous savons que le c?ur fabriqué en usine est une pure machine matérielle. Or, il se substitue parfaitement au c?ur naturel. Même si ce dernier contenait encore « autre chose », la partie remplacée provisoirement par le c?ur artificiel se trouve définitivement déshumanisée... A. David, La Cybernétique et l'humain,1965, pp. 28-29.
    SYNT. a) C?ur + adj. C?ur addisonien. C?ur très petit, symptôme de l'insuffisance surrénale (d'apr. Méd. Biol. t. 1 1970). C?ur alcoolique, c?ur amyloïde. C?ur dont le myocarde a subi une dégénérescence amyloïde (ibid.). C?ur anémique, c?ur artificiel. ,,Oxygénateur pourvu d'une pompe aspirante et d'une pompe foulante qui remplacent temporairement le c?ur`` (Méd. Biol. t. 1 1970). C?ur basedowien. Synon. de cardio-thyréose. C?ur droit. Moitié latérale droite du c?ur, recevant le sang non oxygéné et l'expulsant dans les poumons. C?ur droit ou veineux (...) c?ur gauche ou artériel (G. Gérard, Manuel d'anat. hum., 1912, p. 228). C?ur fibreux, c?ur forcé. C?ur insuffisant à la suite d'un effort trop violent et prolongé. Le c?ur forcé, l'asystolie aiguë des coureurs, des cyclistes, des surmenés (Macaigne, Précis d'hygiène, 1911, p. 197). C?ur gauche. Moitié latérale gauche du c?ur, recevant le sang oxygéné et l'expulsant dans tout l'organisme (cf. G. Gérard, loc. cit.). C?ur instable ou irritable, malade, mobile, c?ur myx?démateux. Troubles cardiaques d'origine hypothyroïdienne (d'apr. Méd. Biol. t. 1 1970 et Garnier-Del. 1972). C?ur pulmonaire. Troubles cardiaques liés à une affection pulmonaire (ibid.; d'apr. Eyraud ds Vie lang., 1969, no205, pp. 197-205 : la correction de cette expr. est contestable). C?ur rhumatismal, sénile, triangulaire. ? Loc. adj. (Chirurgie/opération/opérer) à c?ur ouvert. Par ouverture du c?ur, après déviation de la circulation sanguine dans un c?ur-poumon artificiel; p. anal. à c?ur fermé. b) Adj. + c?ur. Gros c?ur (synon. cardiomégalie). c) C?ur + subst. C?ur-poumon (artificiel). Appareil qui assure provisoirement la circulation et la réoxygénation du sang en dehors de l'organisme (d'apr. Rob. Suppl. 1970, Méd. Biol. t. 1 1970 et Garnier-Del. 1972). C?ur + à + subst. C?ur à sinus pulmonaire. C?ur à oreillette gauche « double » (d'apr. Méd. Biol. t. 1 1970). C?ur + de + subst. C?ur d'athlète, de soldat (Strong ds Nouv. Traité Méd., fasc. 3, 1920-24, p. 468). C?ur des gibbeux. C?ur + en + subst. C?ur en ballon de rugby, en goutte, en sabot. Subst. + de/du c?ur. Battements, maladie, maux de c?ur; bruits, dilatation, enveloppes, greffe, lésions, palpitations, piliers, pulsations, rythme du c?ur ? Loc. subst. À la place du c?ur. d) Verbe + c?ur. Affluer, refluer au c?ur.
    Rem. Dans l'expr. c?urs lymphatiques, c?urs désigne p. anal. des organes contractiles faisant circuler la lymphe chez les Amphibiens. Canaux lymphatiques des Batraciens s'ouvrent (...) par quatre c?urs lymphatiques (E. Perrier, Traité de zool., t. 3, 1899-1925, p. 2796).
    ? En partic.
    ? ALIM. Abat rouge consommé en ragoût. Elle fricassait un c?ur de b?uf (Zola, L'Assommoir,1877, p. 752).
    ? PHILOS. Agent principal et symbole de vie. Vie du c?ur, tant que mon c?ur battra. [Tant que je vivrai.] Le c?ur, ce fruit rouge de ma vie, où la vie est le plus joyeuse, le plus intense, le plus active (Jouhandeau, M. Godeau intime,1926, p. 236):
    4. Le c?ur et le poumon forment en effet avec le cerveau, suivant l'ingénieuse expression de Bordeu, le trépied de la vie; et aucun de ces viscères ne peut être altéré d'une manière un peu forte ou étendue sans qu'il n'y ait danger de mort. R.-T.-H. Laennec, De l'Auscultation médiate,t. 1, 1819, p. 1.
    5. ... au-dessus du bruit des autres organes, il était surtout assourdi par son c?ur, qui sonnait des volées de cloche dans chacun de ses membres, jusqu'au bout de ses doigts. S'il posait le coude sur une table, son c?ur battait dans son coude; s'il appuyait sa nuque à un dossier de fauteuil, son c?ur battait dans sa nuque; s'il s'asseyait, s'il se couchait, son c?ur battait dans ses cuisses, dans ses flancs, dans son ventre; et toujours, et toujours, ce bourdon ronflait, lui mesurait la vie avec le grincement d'une horloge qui se déroule. Zola, La Joie de vivre,1884, pp. 997-998.
    6. Ô c?ur instantané, Tu vis, tu meurs, Ô c?ur momentané, Lourd de rumeurs. Péguy, Quatrains,1914, pp. 555-557.
    7. J'ai eu (...) l'impression qu'à travers moi l'humanité entière passe comme sur une grand'route. Elle est tout moi, et moi tout elle. J'existais le jour où pour la première fois elle a levé les yeux vers les nuages, je serai en elle jusqu'à la fin, s'il y a une fin. Je ne puis mourir. Son c?ur est le mien, et ce c?ur ne fait que commencer à battre. Ce que j'appelle vivre n'est pas autre chose que la conscience que l'humanité a d'elle-même. Green, Journal,1938, pp. 152-153.
    b) P. anal.
    ? [P. anal. de forme et (parfois) de couleur] Ce qui présente ou évoque la forme plus ou moins stylisée (en pointe vers le bas, en double hémicycle vers le haut) et (parfois) la couleur rouge d'un c?ur. En forme de c?ur. Ayant, sous la lèvre d'en bas, un rond de peinture rouge qui leur fait comme l'exagération de ce qu'on appelle chez nous ,,la bouche en c?ur`` (Loti, Japoneries d'automne, 1889, p. 46); sa petite bouche en c?ur, une bouche farce, qui a toujours l'air de siffler (Gyp, Souvenirs d'une petite fille,1927, p. 165).Un c?ur avec des ailes et à la voix d'amour : le rouge-gorge frêle (Jammes, Les Géorgiques chrétiennes,1912, p. 75).
    Rem. Pour les emplois de l'expr. bouche en c?ur où l'accent est mis sur l'intention d'amabilité (et non sur l'anal. de forme ou de couleur), v. bouche I D 2.
    ? Spécialement
    BOT., HORTIC. [À propos de feuilles, fleurs, fruits, légumes rappelant la forme d'un c?ur] Ses lilas (...) les petits c?urs verts et frais de leurs feuilles (Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 135).Feuilles (...) ovoïdes, en c?ur à la base (L. Plantefol, Cours de bot. et de biol. végétale,t. 2, 1931, p. 281).C?ur-de-b?uf. Variété de chou cabus. Chou c?ur de b?uf gros (...) chou de printemps par excellence (...) gros, rustique, pomme serrée (A. Gressent, Le Potager moderne,1863, p. 300).C?ur-de-b?uf ou c?ur de pigeon. Bigarreau gros-c?uret. (...) caressé en forme de cerise c?ur-de-b?uf le contour des lèvres (Giono, Bonheur fou,1957, p. 32).C?ur-de-Jeannette ou c?ur-de-Marie. Variété de dicentre (Fumariacées) cultivée pour la valeur ornementale de ses fleurs en c?ur rose vif, disposées en grappe sur une longue tige recourbée. Ces fleurs de parterre (...) les c?urs de Marie qui semblent démodées et qui sont plus fraîches que la rosée, encore, et plus éclatantes que l'arc-en-ciel (Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 140).Des c?urs-de-Jeannette et des pavots (Colette, Sido,1929, p. 149).
    Rem. Pour c?ur des Indes, v. cardiosperme s.v. cardi (a) (o)-.
    CH. DE FER. Pointe-de-c?ur ou c?ur. Pièce en angle aigu utilisée dans les changements de voie. Comprendre l'aiguille et le c?ur dans la courbe (Ch. Bricka, Cours de ch. de fer,t. 1, 1894, p. 385).
    CONCHYLIOLOGIE. Coquillage en forme de c?ur. Les c?urs, les vénus, les mactres (Cuvier, Leçons d'anat. comp., t. 4, 1805, p. 427; cf. aussi t. 2, p. 594).
    HABILL. Bottes à c?ur. Bottes avec des échancrures en c?ur. Le costume d'un petit-maître de l'Empire (...) un jabot très-roide, des bottes à c?ur (G. Sand, Le Péché de Monsieur Antoine,1847, p. 137).Gilet à c?ur. Trottant en gilet à c?ur, en claque et en escarpins de bal (P. Arène, Jean des Figues,1870, p. 132).Corsage, décolleté en c?ur. Corsage à basque ronde (...) ouvert en c?ur (Mallarmé, La dernière mode, 1874, p. 711); p. ell. Une vieille femme (...) dans une robe feuille morte, montrant par un c?ur très évasé un grand morceau de vieille peau (E. et J. de Goncourt, Journal,1870, p. 693).
    HÉRALD. Meuble en forme de c?ur. Ses armes parlantes [de Jacques C?ur], des c?urs comme ceux d'un dix de c?ur (Stendhal, Mémoires d'un touriste,t. 1, 1838, p. 355).
    JEUX (cartes). L'une des quatre couleurs, représentée par un c?ur de forme stylisée et de couleur rouge. As de c?ur (cf. as ex. 1); dame/roi/valet de c?ur; à tout c?ur :
    8. Il jette une carte sur le tapis. Panisse la regarde, regarde César, puis se lève brusquement, plein de fureur. Panisse. ? Est-ce que tu me prends pour un imbécile? Tu as dit : « Il nous fend le c?ur » pour lui faire comprendre que je coupe à c?ur. Et alors il joue c?ur, parbleu! Pagnol, Marius,1931, III, 1ertabl., 1, p. 158.
    Rem. Se dit aussi des cartes qui portent cette couleur. Probabilité de tirer 3 c?urs en tirant successivement 3 cartes d'un jeu de 52 cartes (G. Cullmann, M. Denis-Papin, A. Kaufmann, Éléments de calcul informationnel, 1960, p. 26).
    Arg. Valet de c?ur. Amoureux :
    9. Quand je t'aimais le mieux, sans m'en dire les causes Brusquement ton amour de moi s'est écarté. Où s'en est-il allé? Partout un peu, je pense; Car, faisant triompher l'une et l'autre couleur, Ton amour inconstant flotte sans préférence Du brun valet de pique au blond valet de c?ur. Te voilà maintenant heureuse : ton caprice Règne sur une cour de galants jouvenceaux, ... Murger, Scènes de la vie de bohème,1851, p. 281.
    ORNEMENTATION (sans valeur symbolique marquée). Une ogive en c?ur échancrée à la base comme celles de la mosquée de Cordoue (T. Gautier, Italia,voyage en Italie, 1852, p. 97).Les volets, percés de trèfles et de c?urs (S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 14).
    ? [P. anal. de forme et de lieu] Ce qui présente ou évoque la forme et la position du c?ur. Comme la fusée à mi-route des étoiles, épanouit son c?ur brûlant et retombe en gerbe de feu (Barrès, Mes cahiers,t. 4, 1904-1906, p. 231).
    ? Spéc., BOT., HORTIC. Partie plus ou moins arrondie et centrale d'une fleur, d'un fruit, d'un légume, rappelant la forme et la position du c?ur. C?ur d'artichaut*, de laitue, de palmier*. Ce qu'il y avait de meilleur à manger (...) le c?ur de sa salade (G. Sand, La Petite Fadette,1849, p. 41).Une rose énorme, largement ouverte, versant de son c?ur pourpré où dormaient des scarabées, une odeur suave (Moselly, Terres lorraines,1907, p. 159):
    10. Ne savez-vous pas que les sympathies ont leur secret qu'il faut respecter, au lieu de les traiter comme les enfants font des tulipes encore à demi-fermées, qui en ouvrent de force les pétales pour regarder plus avant, et ne trouvent au c?ur qu'un peu de vide et de poussière? Toulet, Les Tendres ménages,1904, p. 179.
    Rem. Dans cet emploi ambivalent, l'anal. de forme est moins nette que supra et l'anal. de lieu l'emporte, mais celle-ci est encore plus évidente en I B.
    ? [P. anal. de fonction]
    ? Personne qui joue un rôle capital dans une activité quelconque. Être le c?ur d'une entreprise. Être son organe d'animation :
    11. ... ce n'est pas sur du bois seulement que le Rédempteur est étendu et crucifié, c'est sur l'univers dont il forme désormais le n?ud, le centre, la raison d'être, le c?ur, le pivot, la pièce essentielle, et vitale, cet organe par qui il respire et communique dans toutes ses parties. Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 156.
    ? Chose qui remplit une fonction essentielle dans un mécanisme. Frapper au c?ur :
    12. C?ur hypertrophique d'un réseau de veines et d'artères ramassées, elle [la gare Saint Lazare] distribue un trafic dense et bref, que la mer voisine tranche et borne. A. Arnoux, Paris-sur-Seine,1939, p. 151.
    2. Dans qq. loc. figées. [Chez l'homme uniquement]
    a) Complexe organique interne, de nature indifférenciée, auquel se rattache parfois une impression de malaise. Le barbouillage de c?ur (...) tous les malaises physiques et moraux d'une physionomie de femme (E. et J. de Goncourt, Journal,1890, p. 1157).Le c?ur brouillé de fatigue physique et de dégoût moral (De Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 218).
    ? Au fig. Atteinte sournoise d'anxiété (...) qu'elle nommait (...) son mal de c?ur moral (Colette, Chéri,1920, p. 178):
    13. Le luxe de Passavant l'a dégoûté; son élégance, ses manières aimables, sa condescendance, l'affectation de sa supériorité. Oui, ça lui a levé le c?ur. Et j'ajoute que je comprends ça... au fond, il est à faire vomir, ... Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1228.
    b) [Sans doute p. réf. au cardia] (Quasi-) synon. estomac :
    14. ... la vue de la viande déposée sur la table, lui souleva le c?ur; il prescrivit qu'on la fît disparaître, commanda des ?ufs à la coque, tenta d'avaler des mouillettes, (...) manquant d'air, il se leva, mais les mouillettes avaient gonflé, et remontaient lentement dans le gosier qu'elles obstruaient. Jamais il ne s'était senti aussi inquiet, aussi délabré, aussi mal à l'aise; (...) il fut s'étendre sur le canapé du salon, mais alors un tangage de navire en marche le berça et le mal de c?ur s'accrut; ... Huysmans, À rebours,1884, pp. 218-219.
    SYNT. Avoir le c?ur barbouillé/noyé/soulevé; avoir le c?ur bien accroché; avoir le c?ur sur les lèvres; retourner le c?ur; avoir/faire mal au c?ur. Jeter/mettre du c?ur sur le carreau (arg.). Vomir.
    Rem. Dans qq. expr. vieillies, c?ur tend à être employé comme (quasi-) synon. de appétit. Avoir le c?ur bon. Avoir de l'appétit. N'être pas malade de c?ur. Garder de l'appétit. Cf. aussi : Attaqu[er] de grand c?ur une fort alléchante collation (Milosz, L'Amoureuse initiation, 1910, p. 29); Réveillonn[er] de bon c?ur et de bel appétit (G. Guèvremont, Le Survenant, 1945, p. 108).
    c) P. euphémisme, rare, littér. (Quasi-)synon. entrailles, ventre.Comme la femme qui dans son c?ur éprouve la commotion de l'enfant mâle (Claudel, La Ville,2eversion, 1901, p. 453).
    B.? P. méton. Poitrine, qui abrite le c?ur (et, secondairement, les autres organes internes primordiaux); en partic. l'endroit de la poitrine où les battements du c?ur sont perceptibles :
    15. ... Edmond, penché sur son ami, la main appliquée à son c?ur, sentit successivement ce c?ur se refroidir et ce c?ur éteindre son battement de plus en plus sourd et profond. Enfin, rien ne survécut; le dernier frémissement du c?ur cessa, la face devint livide, les yeux restèrent ouverts, mais le regard se ternit. A. Dumas, Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 241.
    C.? P. métaph. ou au fig. [P. réf. plus ou moins nette à la position quasi-médiane du c?ur dans la poitrine] Le c?ur de qqc., au c?ur de qqc. (Quasi-)synon. centre, milieu ou dedans, intérieur, profondeur.
    1. [En parlant de choses situées dans l'espace] ... chassés du c?ur de l'empire aux extrémités, rejetés des frontières au centre (Chateaubriand, Ét. hist.,1831, p. 199).N'être jamais que des faubourgs, quand on vise au c?ur de la place, fréquenter toute sa vie la Cour sans en avoir jamais pu être par le dedans (Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 9,1851-62, p. 164).... s'enfermait « au c?ur des bois » (...) restait bien profondément gardé par leur épaisse poitrine (J. de La Varende, Nez-de-cuir, gentilhomme d'amour,1936, p. 85).
    SYNT. (Au/en plein) c?ur de la forêt/de l'obscurité, des ténèbres; atteindre/s'enfoncer/pénétrer au c?ur de (...).
    ? Spécialement
    ? BOT., CHARPENT., MENUIS. Partie centrale d'un tronc d'arbre, caractérisée par sa dureté et sa couleur foncée. (Quasi-)synon. bois parfait, duramen p. oppos. à aubier :
    16. Duraminisation. C?ur et aubier. (...). Dans les couches extérieures du tronc, le bois qui vient d'être formé depuis quelques années conserve une couleur claire; ses cellules ont leurs parois purement cellulosiques et sont gorgées d'eau (...). Mais, pendant que des couches nouvelles se forment vers l'extérieur, les couches plus internes subissent peu à peu de profondes modifications. Elles perdent d'abord une partie de l'eau libre qu'elles contenaient. Puis leurs parois se durcissent, s'incrustent de lignine; (...). On distingue alors souvent sur la section transversale une zone interne, colorée, appelée bois parfait, ou c?ur de l'arbre, en opposition avec une zone externe, plus claire, l'aubier. J. Campredon, Le Bois,1948, p. 12.
    SYNT. C?ur étoilé, excentré, mort, noir, renfermé, rouge; c?ur de chêne.
    ? GASTR. Fromage très crémeux. C?ur de Brayon ou c?ur normand. Petits c?urs à la crème (...) « Bon fromage à la cré, fromage à la cré, bon fromage! » (Proust, La Prisonnière,1922, p. 128).Les fromages dits frais (suisses, c?urs à la crème, etc.) (...) préparés avec du lait caillé auquel on ajoute de la crème (R. Lalanne, L'Alim. hum.,1942p. 77).
    Expr. À c?ur. Dans toute l'épaisseur. Camembert fait à c?ur (d'apr. Rob. Suppl. 1970).
    Rem. À c?ur s'emploie aussi à propos d'autres produits alim. Poissons (...) congelés à c?ur (A. Boyer, Les Pêches mar., 1967, p. 64), et même à propos de produits non alim. dans des domaines techn. très variés. [Pour le forgeage des fleurets en acier au carbone] chauffer lentement et bien à c?ur jusqu'au rouge cerise (J. Cahen, E. Bruet, Carrières, plâtrières, ardoisières, 1926, p. 95). Les panneaux de bois, contreplaqués (...) imprégnés « à c?ur » (Catal. d'instruments de lab. (Jouan), 1933, p. 4).
    ? HÉRALD. Milieu de l'écu. (Quasi-)synon. abîme.D'or, à la croix de sable (...) chargée en c?ur d'une fleur de lys d'or (Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 33).
    ? PHYS. Partie du réacteur nucléaire qui renferme le combustible. Le c?ur du réacteur (...) un cylindre de trois mètres de hauteur (...) les éléments de combustible (...) pastilles d'oxyde d'uranium enrichi (...) logées dans d'étroits cylindres de zirconium (...) Le tout (...) situé dans un caisson cylindrique (Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 211).
    Rem. 1. ,,Terme familier`` selon Charles 1960. 2. Certains aut. appellent c?ur la partie centrale de divers phénomènes phys. Le « c?ur » d'un atome (Teilhard de Chardin, Le Phénomène humain, 1955, p. 36).
    ? TECHNOL., vx. C?ur de cheminée. Partie centrale de la cheminée. Être noir comme le c?ur de la cheminée.
    Rem. Attesté ds Ac. 1798-1878, Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, Guérin 1892, Quillet 1965.
    2. [En parlant de choses situées dans un espace de temps] C?ur de l'été/de l'hiver/du mois. Les paysages tahitiens, éclairés par la lune, au c?ur de la nuit, dans le grand silence de deux heures du matin (Loti, Le Mariage de Loti,1882, p. 196).
    3. [En parlant d'une réalité abstr.] Au c?ur de la vie humaine, dans les mystères de la volonté charnelle, en ce donjon fermé d'où la raison reine et captive traite avec les puissances mutines de la nature (M. Blondel, L'Action,1893, p. 178).Bondi dans le c?ur du sujet sitôt le préambule achevé (Du Bos, Journal,1927, p. 176).
    SYNT. (Entrer... au) c?ur des choses, du débat, d'un problème, de la question.
    ? Expr. Le c?ur du c?ur. Le fin fond. Le c?ur du c?ur de l'espérance humaine : ce pardon indéfiniment renouvelé, cette rémission des péchés (Mauriac, Mémoires intérieurs,1959, p. 120).
    II.? [Le c?ur comme foyer ou réceptacle de la vie intérieure] ,,Qui ne sait qu'une physiologie peu exercée a donné au c?ur un rôle, peu défini, mais excessif, comme organe de toute notre vie intime?`` (Théol. cath.t. 3, 11911).
    A.? [P. réf. à l'automatisme cardiaque; le c?ur comme organe ou lieu d'une saisie plus ou moins automatique]
    1. Gén. dans des loc. figées. Mémoire mécanique. Apprendre/connaître/réciter/savoir par c?ur (qqc.). Mécaniquement, littéralement :
    17. Un escalier de vingt-cinq marches conduit à l'étage; très-élevé, très-roide, sans rampe, il est tellement étroit, si endommagé, si singulièrement construit, que j'ai dû positivement l'apprendre par c?ur afin de pouvoir, la nuit, l'escalier sans danger. Je pourrais t'indiquer de mémoire les deux marches qui manquent; ... Fromentin, Un Été dans le Sahara,1857, p. 116.
    ? P. anal. et plaisant., fam. Dîner par c?ur. Se passer de dîner (cf. Zola, L'Assommoir, 1877, p. 756 et Verlaine, Correspondance, t. 2, 1869-96, p. 100).
    Rem. D'apr. Littré ,,cette locution paraît s'être dite d'abord de celui qui, au lieu de dîner, parlait, racontait, récitait, et de la sorte se passait de manger``.
    2. Mémoire affective :
    18. Dans toute âme qui de bonne heure a vécu, le passé a déposé ses débris en sépultures successives que le gazon de la surface peut faire oublier; mais, dès qu'on se replonge en son c?ur et qu'on en scrute les âges, on est effrayé de ce qu'il contient et de ce qu'il conserve; il y a en nous des mondes! Ces souvenirs, du moins, que je me surprends ainsi à poursuivre jusqu'en leur tendre badinage, ne sont-ils pas trop coupables dans un homme de renoncement, ... Sainte-Beuve, Volupté,t. 1, 1834, p. 33.
    19. ... le c?ur de l'homme filtre les souvenirs et ne garde que ceux des beaux jours. La douleur, les haines, les regrets éternels, tout cela est trop lourd, tout cela tombe au fond... On oubliera. Les voiles de deuil, comme des feuilles mortes, tomberont. L'image du soldat disparu s'effacera lentement dans le c?ur consolé de ceux qu'il aimait tant. Et tous les morts mourront pour la deuxième fois. Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 317.
    20. ... ces anciens sentiments si personnels à moi, que j'ai eus, me semblent, ce qui est la manie de tous les collectionneurs, très précieux. Je m'ouvre à moi-même mon c?ur comme une espèce de vitrine, je regarde un à un tant d'amours que les autres n'auront pas connus. Et de cette collection à laquelle je suis maintenant plus attaché encore qu'aux autres, je me dis, un peu comme Mazarin pour ses livres, mais, du reste, sans angoisse aucune, que ce sera bien embêtant de quitter tout cela. Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 703.
    SYNT. Remonter au c?ur; emporter, garder, graver qqn/qqc. dans son c?ur.
    3. Mode de connaissance intuitif, gén. opposé à l'intelligence rationnelle, discursive. L'instinct, l'intelligence du c?ur; c'est mon c?ur qui me le dit :
    21. Il faut d'abord chercher la vérité avec son c?ur, et non avec son esprit. Les hommes sentent tous de la même manière, et ils raisonnent différemment, parce que les principes de la vérité sont dans la nature, et que les conséquences qu'ils en tirent sont dans leurs intérêts. C'est donc avec un c?ur simple qu'on doit chercher la vérité; car un c?ur simple n'a jamais feint d'entendre ce qu'il n'entendait pas, et de croire ce qu'il ne croyait pas. (...). Bernardin de Saint-Pierre, La Chaumière indienne,1791, p. 103.
    22. Combien j'ai de choses à vous dire! Vous les devinez, vous les sentez, ma chère amie, parce que votre c?ur est si pénétrant! On n'a jamais dit, je crois, un c?ur pénétrant; mais l'esprit qui conçoit rapidement et le c?ur qui sent, devine avec une grande promptitude, ne peuvent-ils pas mériter la même épithète; n'est-ce pas une véritable pénétration, que cette vivacité de votre ame qui vous fait concevoir tout ce qui se passe dans la mienne, vous met, en quelque sorte, à ma place, et vous fait saisir les plus légères nuances du sentiment qui m'affecte. Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, p. 1558.
    23. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le c?ur. L'essentiel est invisible pour les yeux. Saint-Exupéry, Le Petit Prince,1943, p. 474.
    ? Expr. Connaître qqn ou qqc. par (le) c?ur. Connaître avec l'infaillibilité de l'instinct intuitif, à fond, parfaitement. ... possible que tu me connaisses par c?ur. Mais tu ne me regardes pas (Cocteau, Les Parents terribles,1938, I, 4, p. 203).En avoir le c?ur net (de qqc.). Vérifier si ce dont on a l'intuition correspond bien à la réalité, à la vérité :
    24. ... une idée l'occupait, et, pour en avoir le c?ur net, elle demanda : ? Depuis quand êtes-vous là? A. France, La Révolte des anges,1914, p. 104.
    ? [P. allus. littér. (à Vauvenargues, Réflexions et maximes, 1746, p. 127)] Les grandes pensées viennent du c?ur :
    25. Je n'emploie pas volontiers ce mot « c?ur ». Il le faut bien pourtant, afin de donner à entendre que le cerveau a partie liée avec le reste de l'organisme, et qu'il peut sans doute raisonner fort bien dans l'abstrait, mais que tout raisonnement abstrait omet le plus vital de notre être. (...) Le sublime est irraisonnable; mais déclarer que « les grandes pensées viennent du c?ur » revient simplement à dire avec Montaigne : « Rien de noble ne se fait sans hasard », et que l'homme n'obtient pas grand'chose de soi par le simple raisonnement. Gide, Journal,1929, p. 917.
    ? Spéc. en matière de foi :
    26. Vous plaignez l'aveugle qui n'a jamais vu les rayons du jour, le sourd qui n'a jamais entendu les accords de la nature, le muet qui n'a jamais pu rendre la voix de son âme, et, sous un faux prétexte de pudeur, vous ne voulez pas plaindre cette cécité du c?ur, cette surdité de l'âme, ce mutisme de la conscience qui rendent folle la malheureuse affligée et qui la font malgré elle incapable de voir le bien, d'entendre le Seigneur et de parler la langue pure de l'amour et de la foi. A. Dumas Fils, La Dame aux camélias,1848, p. 23.
    27. Nous trouverons donc en nous deux ordres de réponses à la sensation (...) que nous donnent la vue du ciel et l'imagination de l'univers. Les unes seront spontanées, et les autres élaborées. (...). On les distingue souvent en attribuant les unes au c?ur, les autres à l'esprit. Ces termes sont assez commodes. Le c?ur finit presque toujours, dans sa lutte contre la figure effrayante du monde, par susciter, à force de désir, l'idée de quelque être assez puissant pour contenir, pour avoir construit, ou pour émettre, ce monstre d'étendue et de rayonnements qui nous produit, ... Valéry, VariétéI, 1924, pp. 160-161.
    Rem. Dans le passage célèbre de Chateaubriand (Essai sur les Révolutions, 1797, p. XI : Je n'ai point cédé, j'en conviens, à de grandes lumières surnaturelles; ma conviction est sortie du c?ur : j'ai pleuré et j'ai cru), l'intuition se nuance d'affectivité.
    ? [P. allus. littér. (à Pascal, Pensées, 1669, section IV, *277 et 278, p. 201 du t. 13 des ?uvres de B. Pascal, par L. Brunschvicg, Paris, Hachette, 1904)] Le c?ur a ses raisons, que la raison ne connaît point ? C'est le c?ur qui sent Dieu, et non la raison; Voilà ce que c'est que la foi : Dieu sensible au c?ur, non à la raison :
    28. ... le c?ur se trouve ici promu à la qualité d'organe de la vérité ou plus exactement pour appréhender la vérité, (...). Plus profondément l'appréhension par le c?ur est aux yeux de Pascal fait primitif parce qu'acte unique de l'être, je veux dire non divisible en moments distincts et comme soustrait au temps (...). Nous sommes ici en présence entre c?ur et raison (et nous savons que le Pascal des Pensées ? mû ici par la logique souterraine de ses tendances ? en arrive toujours davantage à entendre par raison : raisonnement) d'une distinction (...) qui nous donne l'impression que traduit de façon parfaite l'image où Bergson, voulant exprimer les relations de la pensée discursive à l'acte intuitif, disait : « L'intuition est la pièce d'or dont le raisonnement n'a jamais fini de rendre la monnaie ». (...). Cet aspect de la notion de c?ur est très voisin de l'intuition bergsonienne : j'irai jusqu'à dire que, dans le langage d'aujourd'hui, en traduisant là le mot de c?ur par celui d'intuition on ne commettrait sans doute nul contresens. Le problème (...) c'est le passage de cet aspect-là à celui du fragment « La foi c'est Dieu sensible au c?ur ». Et entre les deux se trouverait le fragment que j'ai rapproché d'Hamlet « que le c?ur humain est creux et plein d'ordure ». Notons qu'ici Pascal dit « le c?ur humain » et que dans le premier cas il s'agit plutôt du c?ur de l'intellect, ... Du Bos, Journal,1923, pp. 354-355.
    29. Depuis plus d'un demi-siècle, ce c?ur, qui déjà se contractait au collège lorsqu'il fallait aller au tableau, n'a cessé de se serrer et de se dilater, jouet de toutes les passions, livré à Dieu, livré aux créatures... Charnel, et voilà le mystère : un organe comme tous les autres organes, et pourtant quand on dit : le c?ur, quand Pascal parle du « Dieu sensible au c?ur », ou « le c?ur a ses raisons », sans doute s'agit-il pour lui d'abord d'un certain mode de connaissance intuitive. Tout de même, il y a là beaucoup plus qu'une image, beaucoup plus qu'un symbole. C'est toujours notre passion, la plus haute ou la pire, qui précipite ou ralentit ses battements. Mauriac, Le Bâillon dénoué,1945, p. 466.
    Rem. Pour ces passages, certains auteurs donnent abusivement à c?ur le sens de affectivité, amour. Dans la lang. cour., la phrase célèbre Le c?ur a ses raisons que la raison ne connaît point est souvent employée, familièrement, à propos d'inclination amoureuse (cf. R. Martin du Gard, Les Thibault, La Belle saison, 1923, p. 851).
    B.? [P. réf. à l'intériorité et à l'activité de l'organe en tant que facteur central de la vie hum. individuelle] Le c?ur comme foyer ou réceptacle de la vie intérieure profonde, de la personnalité morale d'un individu.
    1. En gén. Le fond secret d'un être, dans son unité et sa vérité primitives, cachées sous les apparences ou se révélant dans un élan de spontanéité, de sincérité; ensemble des sentiments et idées intimes commandant le comportement d'un individu. Son c?ur (...) un logis qui n'a pas d'escalier (Musset, Namouna,1832, p. 398).Le c?ur (...) vase sacré tout rempli de secrets (Vigny, Le Journal d'un poète,1835, p. 1022):
    30. ... tu ne m'ouvres que la tête : c'est le c?ur, c'est l'âme, c'est l'intime, ce qui fait ta vie, que je croyais voir. Tu ne me montres que ta façon de penser; tu me fais monter, et moi je voulais descendre, te connaître à fond dans tes goûts, tes humeurs, tes principes, en un mot, faire un tour dans les coins et recoins de toi-même. E. de Guérin, Journal,1835, p. 83.
    31. L'esprit seul est vie, et le corps se résorbe en lui. En l'homme, il est un lieu qui est celui de l'unité, un centre de la créature, que Troxler appelle le gemüt, ? disons le c?ur. Le c?ur est l'unité du corps et de l'esprit, comme de l'âme et du sôma. Le c?ur est l'être même de l'homme..., sa vraie individualité, le centre vivant de son existence, le monde de tous les mondes en lui, l'homme en soi. Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, pp. 92-93.
    32. ... le sang Alibert, si vigoureux, n'a d'élans que secrets, animé qu'il est par un c?ur difficile à entendre. Ce c?ur peut battre fort (car cela arrive aussi) mais toujours régulièrement, et le bruit en est étouffé par une volonté plus lourde, souveraine du c?ur. Ils ont un sentiment très grand de l'honneur du visage; et, pour eux, n'y laisser rien paraître de l'âme, est un souci si naturel qu'ils en gardent ce pli de gravité par où seulement ils vous livrent le signe de leur vie intérieure. Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 340.
    ? P. anal. :
    33. C'est un aquarium qui montre à nu, le mieux, Dans son eau compliquée, entre des murs de verre, Le c?ur de l'eau, scruté par l'angoisse des yeux. Là, vraiment net et sûr, le c?ur de l'eau s'avère! Or, dans ce trouble glauque, on trouve un peu de soi, Un peu du c?ur humain qui se tient clos et coi, Impénétrable c?ur plein de choses confuses Qui dans des murs de verre aussi semblent recluses, Ô c?ur mystérieux comme un aquarium! Rêves en léthargie, embryons de pensées Trempant dans une eau morte, aux pâleurs nuancées, Qui se peuple comme un beau songe d'opium : ... Rodenbach, Le Règne du silence,1891, pp. 68-70.
    SYNT. C?ur + adj. C?ur débordant (de), fermé, profond, sincère. Subst. + du c?ur. Connaissance, cri [N'accus[er] juste leurs sentiments que dans les mots imprévus... le cri du c?ur (Stendhal, De l'Amour, 1822, p. 62)], écho, effusion, élan, élancement, épanchement, langage, langue, mouvement(s), ouverture, replis, secrets, voix du c?ur. C?ur + verbe. Déborder, s'épancher, s'ouvrir. Verbe + le/son c?ur. Connaître le c?ur humain, épancher, fermer, fouiller, montrer (le fond de), ouvrir [Ouvrir mon c?ur... dire la vérité (E. et J. de Goncourt, Journal, 1863, p. 1258)], répandre, soulager, verser, vider [Vidait son c?ur et se livrait ... à des aveux (Cocteau, Les Enfants terribles, 1929, 2epart., chap. 3, p. 146)] son c?ur. Verbe + dans le/son c?ur. Lire, renfermer, trouver dans le/son c?ur. Verbe + du c?ur. Jaillir, monter, sortir, venir du c?ur.
    ? Loc. C?ur-à-c?ur. Relation d'intimité entre deux êtres qui échangent en toute confiance leurs pensées les plus profondes. Volupté de ce c?ur-à-c?ur... une de ces heures d'intimité... joie de pouvoir laisser crever et couler sa pauvre âme boursouflée de lyrismes (R. Martin du Gard, Devenir,1909, p. 22).Contemplation immédiate du vivant principe... C?ur-à-c?ur aussi étroit que possible avec « l'être » même du Verbe incarné (Bremond, Hist. littér. du sentiment relig. en France,1921, p. 647).À c?ur ouvert. S'ouvrant à fond... parlait à c?ur ouvert et librement (E. et J. de Goncourt, Journal,1862, p. 1181).Un ami avec lequel je suis intime à peine une fois par an, dans une de ces causeries à c?ur ouvert où l'on se dit tout (Renard, Journal,1900, p. 612).? P. anal. et plaisant. Quand j'ai dîné... besoin de causer à c?ur déboutonné (E. Augier, Philiberte,1853, II, p. 154).Au/du fond du c?ur. Au/du plus profond du c?ur, au plus secret/dans le secret du c?ur. Selon son c?ur. En accord avec sa nature profonde. Tort de demander aux choses d'être selon son c?ur, rencontre d'autant plus rare que le c?ur est plus curieusement raffiné (P. Bourget, Essais de psychol. contemp.,1883, p. 9).Avoir le c?ur sur les lèvres. S'exprimer spontanément. Les gens francs et sincères qui ont le c?ur sur les lèvres (Mérimée, Théâtre de Clara Gazul,1825, p. 52).Parler d'abondance de c?ur (p. réf. à l'Évangile de St Mathieu, XII, 33 : c'est du trop-plein du c?ur que la bouche parle). ... tant besoin de m'attendrir sur moi et sur les autres qu'il m'était tout à fait aisé de parler de choses tristes et touchantes... d'abondance de c?ur (Gobineau, Nouvelles asiatiques,La Guerre des Turcomans, 1876, p. 211).Il y a loin du c?ur aux lèvres (Sue, Les Mystères de Paris,t. 1, 1842-43, p. 223).
    Rem. Dans tous ces syntagmes et loc. prédomine l'image d'ouverture ou de fermeture, d'expansion ou d'introversion.
    ? Spéc. en matière de création artistique. La personnalité morale la plus intime comme objet d'étude ou instrument d'expression caractérisé par son naturel et sa simplicité, opposé à la recherche de la composition et du style, et plus généralement à l'artifice. Les inspirations du c?ur. L'art ne fait que des vers; le c?ur seul est poète (Chénier, Élégies,1794, p. 175).Ah! frappe-toi le c?ur, c'est là qu'est le génie (Musset, Premières poésies,À mon ami Édouard B. ds ?uvres complètes, Paris, éd. du Seuil, 1832, p. 90).Mon c?ur mis à nu (?uvre en prose de Baudelaire, 1867) :
    34. ... il n'y a (...) rien de plus faible que de mettre en art ses sentiments personnels. Suis cet axiome pas à pas, ligne par ligne. Qu'il soit toujours inébranlable en ta conviction, en disséquant chaque fibre humaine et en cherchant chaque synonyme de mot, et tu verras! tu verras comme ton horizon s'agrandira, comme ton instrument ronflera et quelle sérénité t'emplira! Refoulé à l'horizon, ton c?ur t'éclairera du fond au lieu de t'éblouir sur le premier plan. Toi disséminée en tous, tes personnages vivront et au lieu d'une éternelle personnalité déclamatoire, (...) on verra dans tes ?uvres des foules humaines. Flaubert, Correspondance,1852, pp. 378-379.
    35. ... il n'y a rien chez Chausson d'antérieur au c?ur, mais c'est que le c?ur, tantôt fleur et tantôt fruit, fleurit et fructifie naturellement : ceci se devrait rattacher à la différence (...) entre les deux mots : effusion et épanchement : effusion appartenant à Franck, étant comme une aspiration lumineuse, une montée de rayons vers l'au-delà; épanchement étant ce surplus, ce luxe qui choit du c?ur à la façon d'une larme comblée. Ce que Duhamel appelle le règne du c?ur... Du Bos, Journal,1924, p. 226.
    Rem. Chez les aut. les plus romantiques, c?ur dans cet emploi tend à restreindre son accept. au sens de sentiment, sentimentalité (cf. II D) :
    36. Les poëtes cherchent le génie bien loin, tandis qu'il est dans le c?ur, et que quelques notes bien simples, touchées pieusement et par hasard sur cet instrument monté par Dieu même, suffisent pour faire pleurer tout un siècle, et pour devenir aussi populaires que l'amour et aussi sympathiques que le sentiment. Le sublime lasse, le beau trompe, le pathétique seul est infaillible dans l'art. Celui qui sait attendrir sait tout. Il y a plus de génie dans une larme que dans tous les musées et dans toutes les bibliothèques de l'univers. Lamartine, Les Confidences,Graziella, 1849, p. 201.
    2. En partic. (avec une nuance de jugement moral)
    a) Conscience morale (naturelle ou religieuse), ensemble des vertus et/ou des vices qui caractérisent tel individu. Regarder dans un noble c?ur comme dans une onde pure, et voir jusqu'au fond... un enchantement (Amiel, Journal intime,1866, p. 458).Mon c?ur... comme du linge raide et lessivé, empilé droit sur des rayons d'armoire, rigidement classé dans les chambres de Dieu (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 332):
    37. À mesure que Sixte avançait dans le manuscrit, il lui semblait qu'un peu de sa personne intime se souillait, se corrompait, se gangrenait, tant il y retrouvait des choses de lui-même, mais un « lui-même » cousu, par quel mystère? aux sentiments qu'il détestait le plus au monde. Car dans ce philosophe illustre les saintes virginités de la conscience demeuraient intactes, et, derrière le hardi nihiliste d'esprit, un noble c?ur d'homme naïf se dissimulait toujours. P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 213.
    38. ... il y a une hiérarchie entre les âmes. Et d'abord il y a des pensées viles ? pour les c?urs mauvais. Et puis il y a des pensées belles, mais faciles, il y a de pauvres, de misérables satisfactions spirituelles pour ces c?urs qui ignorent profondément le mal, mais ne se nourrissent que de vertus ordinaires. Mais quels sont ceux-ci qui s'avancent, portant leurs c?urs au-devant d'eux, comme des flambeaux? Ce sont les héroïques, les affamés de la vertu, les assoiffés de la justice. Psichari, Le Voyage du centurion,1914, pp. 187-188.
    SYNT. C?ur + adj. C?ur candide, contrit, flétri, innocent, naïf, noir, pur, simple, soulagé, tranquille. Subst. + de/du c?ur. Droiture, humilité, paix, pureté, simplicité, sincérité de/du c?ur.
    ? [P. allus. littér.]
    ? [Au Livre de Jérémie, XVII, 10] Moi, Yahvé, je scrute le c?ur, je sonde les reins, pour donner à chacun selon sa conduite. Sonder les reins et les c?urs. Ne... pas croire qu'un Dieu pourrait sonder les c?urs et les reins et délimiter ce qui nous vient de la nature et ce qui nous vient de la liberté (Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 197).
    ? [À l'Évangile de St Mathieu, V, 8] Heureux ceux qui ont le c?ur pur, parce qu'ils verront Dieu. Ce que savent désigner des c?urs purs, des âmes livrées, parce qu'elles sont incultes, à la contemplation et à son lent enrichissement (Colette, Paysages et portraits,1954, p. 216).
    ? Racine, Phèdre, 1677, IV, 2] Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon c?ur. Le soleil d'un jour de juillet... pas plus pur dans un ciel sans tache, que son noble c?ur dans son sein chéri (Musset, La Quenouille de Barberine,1840, I, 3, p. 294).
    ? [P. allus. hist. (à Émile Ollivier, à propos de la déclaration de guerre à l'Allemagne en 1870)] D'un c?ur léger. La conscience tranquille. ... ne croirai jamais qu'un révolutionnaire puisse d'un c?ur léger ouvrir aux autres, les portes de la mort (Guéhenno, Journal d'une « Révolution », 1938, p. 202).
    ? P. méton.
    ? [Avec une valeur symbolique] Partie médiane de la poitrine, en relation avec un geste de la main exprimant la sincérité. ... posa la main sur son c?ur pour donner sa parole sacrée (Zola, L'Assommoir,1877, p. 786).La main sur le c?ur. La main sur la conscience, en toute franchise (cf. Frapié, La Maternelle, 1904, p. 263).
    ? Personne considérée sous le rapport de sa conscience morale, de ses vertus et/ou de ses vices. Un c?ur simple (conte de Flaubert, 1877). Incomplète foi... de ceux que l'épreuve terrasse. Les c?urs simples et purs... heureux sous ma loi (Dierx, Poèmes et poésies,1864, p. 111).
    b) (Qualité morale du) caractère. Un c?ur à l'antique (Renard, Journal,1892, p. 132):
    39. ... tout devrait élever l'âme de l'homme qui, dès le jeune âge, possède de tels privilèges, lui imprimer ce haut respect de lui-même dont la moindre conséquence est une noblesse de c?ur en harmonie avec la noblesse du nom. Cela est vrai pour quelques familles. Ça et là, dans le faubourg Saint-Germain, se rencontrent de beaux caractères, ... Balzac, La Duchesse de Langeais,1834, p. 220.
    SYNT. C?ur + adj. C?ur bien né, fier, haut placé, honnête, loyal, noble. Subst. + de c?ur. Homme de c?ur. Homme d'honneur. [L'homme de c?ur et de conscience (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 166)]. Verbe + du c?ur. Avoir du c?ur [... ont du c?ur, de la fidélité (Stendhal, Le Rouge et le noir, 1830, p. 371)].
    Rem. hist. Le c?ur était autrefois considéré comme l'organe noble par excellence. La tradition de garder en relique le c?ur de certains hauts personnages s'est longtemps conservée. Le corps de Chopin... enterré, son c?ur excepté, qu'on envoya à Varsovie, où il est resté depuis dans l'église à la Sainte-Croix. Beau symbole qui convient à ce c?ur fidèle (G. de Pourtalès, Chopin, ou le Poète, 1927, p. 245; cf. aussi Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, pp. 97-98).
    ? P. méton. Personne considérée sous le rapport de (la qualité de) son caractère. Les c?urs de ce pays-là (...) les Italiens (...) bonnes gens (Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 2).Un homme loyal et bon, un noble c?ur (Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 301).
    C.? [Le c?ur comme foyer ou réceptacle du dynamisme moral, de certaines tendances volitives] « L'humanité est autant caractérisée par l'énergie que par la tendresse, comme l'atteste familièrement l'heureuse ambiguïté du mot c?ur » (A. Comte, Système de pol. positive,1824, I, 266 ds Foulq.-St-Jean 1962).
    1. Vieilli. Courage, vaillance, force d'âme :
    40. ... si tu pleures toujours, je te croirai sans courage et sans caractère : je n'aime pas les lâches; une impératrice doit avoir du c?ur. Napoléon Ier, Lettres à Joséphine,1807, p. 128.
    ? P. anal. [En parlant d'animaux, notamment de chevaux] Les chevaux (...) d'un sang ardent, d'un c?ur égal. Bien faits pour chevaucher de compagnie, fringants, rapides et sans peur (Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 226).Le c?ur (...) l'émulation ardente, le désir incoercible de primer, je ne sais quelle étincelle qui couve en certains animaux (Pesquidoux, Le Livre de raison,1928, p. 205).
    SYNT. C?ur + adj. C?ur défaillant, intrépide, lâche, solide, vaillant. C?ur + subst. (Avoir un) c?ur de fer, de lièvre [... aisé d'avoir du courage avec des gens à c?urs de lièvre (Mérimée, La Jacquerie, 1828, p. 69)], de lion [Bravoure de la jeune fille (...) dans l'étroite cage de sa maigre poitrine un vrai c?ur de lion ou de héros antique (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 322)], de poule, de poulet [Un vrai canari, d'habit et de caractère... tu as un c?ur de poulet (Mérimée, Carmen, 1847, p. 44)]. C?ur + verbe. Défaillir. Verbe + c?ur. Perdre c?ur [Ne jamais lâcher (...) la seule honte (...) perdre c?ur (Pourrat, Gaspard des montagnes, À la belle bergère, 1925, p. 289)]. Verbe + le c?ur. Faire défaillir, ranimer, remettre, remonter le c?ur.
    ? Loc. Le c?ur me manque (Bloy, Journal, 1901, p. 46). [Gén. avec une nuance péj.] Avoir le c?ur de. [Il] a eu le c?ur de se mettre à plat ventre devant ceux qui pouvaient le servir, et la finesse d'être insolent avec ceux dont il n'avait plus besoin (Balzac, La Maison Nucingen,1838, p. 593).Fam. Avoir/donner/mettre/remettre le/du c?ur au ventre. Cherchait à lui mettre le c?ur au ventre et lui disait chemin faisant : « Allegramente! » (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 180).Si tu as des c au c. (...) si tu as du c?ur au ventre (Barrès, Mes cahiers,t. 5, 1906-07, p. 30).Arg. Être en c?ur. Nous sommes en c?ur et eux en peur (G. d'Esparbès, Le Roi,1901, p. 166).
    ? Devises. À c?ur vaillant, rien d'impossible. Devise de Jacques C?ur. Maison de Jacques C?ur (...) À vaillans c?urs rien impossible (Michelet, Journal,1835, p. 214).Haut les c?urs! Les élèves de l'école des garçons, qui viennent braire un ch?ur imbécile : « Sursum corda! Sursum corda! Haut les c?urs! Que cette devise soit notre cri de ralliement » (Colette, Claudine à l'école,1900, p. 303).
    ? P. allus. littér. P. Corneille, Le Cid, 1636, I, 5] Rodrigue, as-tu du c?ur? Ah! France! As-tu du c?ur? (...) As-tu des dents pour mordre? (Quinet, Napoléon,1836, p. 282).
    Rem. De nos jours, cette allus. se fait surtout dans une intention plais., ironique.
    ? P. méton. Personne considérée sous le rapport de sa vaillance. Richard Ier, C?ur-de-Lion (roi d'Angleterre, 1157-99) :
    41. ... une poitrine large... annonce, avec un grand poumon, un c?ur plus énergique, et par conséquent... une circulation plus rapide et plus forte; de là cette expression commune en parlant des héros : un grand c?ur. Stendhal, Hist. de la peinture en Italie,t. 2, 1817, p. 40.
    Rem. gén. (sur II C 1). Dans cette accept., c?ur a donné lieu au dér. c?uru, e, adj. [En parlant d'une pers.] Vx., dial. Qui a du c?ur, de la vaillance. Les lois (...) des mots appliqués par de malheureux scribes de quat'sous, qui ne tiennent pas devant des gens c?urus et décidés (J. de La Varende, La Dernière fête, 1953, p. 35); cf. aussi Guérin 1892 pour ce même sens, mais J. de La Varende emploie c?uru en d'autres accept., notamment à propos de bois. S'il y reste de l'aubier, cette matière épidermique et molle qui finit par pourrir, la partie c?urue se conserve assez forte pour garder sa puissance (La Normandie en fleurs, 1950, p. 149).
    2. Disposition (ou manque de disposition) à souhaiter, faire telle chose. Désir, v?u du c?ur :
    42. Nous ne faisons pour ainsi dire jamais tout ce que nous voulons comme nous le voulons; des résistances imprévues, des frottements, des heurts usent, entament et dévient la volonté. On se connaît bien en général, mais à chaque instant on s'ignore; et c'est ce moment qui décide des actes. Nos désirs souvent nous cachent nos vrais désirs. Il y a deux c?urs dans le c?ur humain; et l'un ne sait pas les pensées de l'autre. Mais par le seul fait qu'une décision est prise et qu'un effort est tenté, la situation intérieure a changé; l'hôte voilé en nous se découvre; ... M. Blondel, L'Action,1893, p. 170.
    ? Locutions
    ? Le c?ur y est/n'y est pas :
    43. ... le presque-rien est absolument tout; les bonnes ?uvres, sans lui, ne sont qu'une mimique de singe et une façade dépourvue d'intériorité, et nous disons, faute de mieux, que « le c?ur n'y est pas ». Si le c?ur y est, rien n'y est... et tout y est! Le c?ur qui n'est rien, qui est tout, qui est à la lettre, le tout-et-rien du bienfait. (...) la distance est infiniment infinie, à bienfait équivalent, entre une bienfaisance sans bienveillance, où « le c?ur » n'est pas, et une bienfaisance bien intentionnée dont toute l'âme et toute la réalité résident dans un insaisissable bon vouloir. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, pp. 66-67.
    ? Si le c?ur vous en dit. Si vous êtes disposé à telle chose. Pour peu que le c?ur en dise au ministère, je suis aussi disposé à le quitter, qu'il est disposé à la malveillance pour moi (Chateaubriand, Correspondance gén.,t. 2, 1789-1824, p. 173).Avoir/n'avoir pas le c?ur à qqc./à l'ouvrage. Être/n'être pas disposé à telle chose. Tu as le c?ur à rire, moi je l'ai à pleurer (Hémon, Maria Chapdelaine,1916, p. 131).Pourquoi n'aurais-je plus de c?ur à l'ouvrage (Bernanos, L'Imposture,1927, p. 449).Accepter/consentir/faire qqc./rire/souhaiter... de bon c?ur/ de mauvais c?ur. Accepter, etc. de bon/mauvais gré. Puisque vous êtes de bon c?ur et de bonne volonté (G. Sand, Monsieur Sylvestre,1866, p. 97).Faire contre mauvaise fortune bon c?ur (S. de Beauvoir, Les Mandarins, 1954, p. 438).
    ? [Avec une valeur intensive] Avoir/prendre (qqc.) à c?ur. Y prendre beaucoup d'intérêt. Trouver une personne très respectable, très dévouée, qui prît la chose plus à c?ur (Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 983).Avoir à c?ur de. Être bien décidé à. J'ai à c?ur de faire un ouvrage aussi parfait (Balzac, Correspondance,1834, p. 526).Tenir au c?ur (de qqn). S'y attacher par une forte adhésion intime. Tout ce qui me tient à c?ur et m'importe (Gide, Journal,1943, p. 182).Faire qqc. avec c?ur/de tout son c?ur Mettre du c?ur à l'ouvrage/à qqc. Y mettre beaucoup d'ardeur. Il y mettait tout son c?ur (E. et J. de Goncourt, Journal,1894, p. 681).
    Rem. Pour l'expr. à contre-c?ur, v. contre-c?ur*.
    D.? [Le c?ur comme foyer ou réceptacle de la vie affective]
    1. Centre de résonance de la sensibilité aux phénomènes extérieurs, de la disposition à y répondre par des émotions diverses (joie, peine, colère, etc.) :
    44. Tous ces hommes de fer, tous ces preux invincibles portaient dans leur poitrine un c?ur tendre et naïf comme celui des enfans. On ne leur avait point encore appris à flétrir l'innocence naturelle de leurs sentimens, ou à en rougir. Ils n'avaient point encore desséché et glacé dans leurs âmes la source des émotions simples, pures et fortes, de cette rosée divine qui féconde et embellit la vie. Montalembert, Hist. de Ste Élisabeth de Hongrie,1836, p. 72.
    45. ... le c?ur humain est le jouet de tout, et l'on ne saurait prévoir quelle circonstance frivole cause ses joies et ses douleurs. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 102.
    46. Il pleure dans mon c?ur Comme il pleut sur la ville; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon c?ur? Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits! Pour un c?ur qui s'ennuie Ô le chant de la pluie! (...). C'est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon c?ur a tant de peine! Verlaine, Romances sans paroles,1874, p. 14.
    47. Le goût de l'héroïque et du passionnel Qui flotte autour des corps, des sons, des foules vives, Touche avec la brûlure et la saveur du sel Mon c?ur tumultueux et mon âme excessive... La nature, le bois, les houles de la rue M'emplissent de leurs cris et de leurs mouvements; Je suis comme une voile où la brise se rue. Ah! vivre ainsi les jours qui mènent au tombeau, Avoir le c?ur gonflé comme le fruit qu'on presse Et qui laisse couler son arome et son eau; Loger l'espoir fécond et la claire allégresse! A. de Noailles, Le C?ur innombrable,1901, pp. 19-20.
    Rem. Dans certains ex., c?ur prend une valeur péj. et se rapproche plutôt du sens de sensiblerie :
    48. Il voyait l'art allemand tout nu. Tous, ? les grands et les sots, ? étalaient leurs âmes avec une complaisance attendrie. L'émotion débordait, la noblesse morale ruisselait, le c?ur se fondait en effusions éperdues; les écluses étaient lâchées à la redoutable sensibilité germanique; elle diluait l'énergie des plus forts, elle noyait les faibles sous ses nappes grisâtres : c'était une inondation; la pensée allemande dormait au fond. R. Rolland, Jean-Christophe,La Révolte, 1907, p. 388.
    SYNT. C?ur + adj. C?ur affligé, agité, amer, aride, attendri, avide, battant, blessé, bondissant, bouleversé, brisé, broyé, chaviré, content, crevé, crispé, déchiré, désolé, dévoré, ému, froid, gai, glacé, gonflé, gros [Comme le c?ur dont on dit qu'il est trop gros lorsque l'excès du chagrin semble engager celui qui souffre à le fuir (J. Bousquet, Traduit du silence, 1935-36, p. 76)], inondé, joyeux, lassé, léger, lourd [Le c?ur n'est jamais si lourd que quand il est vide (Lamartine, Les Confidences, 1849, p. 376)], malheureux, meurtri, navré, noyé, oppressé, palpitant, rempli, saignant, serré [Si triste que fût notre c?ur serré et ficelé de soucis (Barrès, Mes cahiers, t. 2, 1898-1902, p. 8)], souffrant, touché, tremblant, triste, troublé [Le c?ur troublé de sensations extraordinaires, l'âme émue (Maupassant, Contes et nouvelles, t. 2, Menuet, 1882, p. 1251)], ulcéré. Adj. + c?ur. Misérable, pauvre c?ur. Subst. + de + c?ur. Déchirement, pincement, serrement de c?ur. Subst. + du c?ur. Amertume, fibres, plaies, plaisir, tumulte du c?ur. L'eau/ la pluie du c?ur. Les larmes (cf. Lamartine, Les Confidences, Graziella, 1849, p. 253; Montherlant, Le Maître de Santiago, 1947, II, 3, p. 642). C?ur + verbe. Bondir, se briser, se déchirer, se dilater, éclater, s'élancer, s'émouvoir, s'épanouir, être en proie à, se fendre, se fondre, se glacer, se gonfler, palpiter, saigner, sauter, sentir, se serrer, tressaillir. Verbe + le/son c?ur. Agiter, apaiser, arracher, attendrir, avoir/serrer/tenir (...) dans un étau, blesser, briser, broyer, crever, déchirer, dessécher, dévorer, dilater, échauffer, écraser, émouvoir, emplir, envahir, épanouir, étouffer, étreindre, faire battre/bondir/palpiter/saigner/souffrir/tressaillir, fendre, glacer, gonfler, habiter, inonder, mordre, navrer, noyer, occuper, percer, pincer, réchauffer [Réchauffa le c?ur de la foule et la mit en meilleure disposition pour écouter le discours (Aymé, Le Nain, 1934, p. 241)], réjouir, remplir, remuer, ronger, sentir battre, serrer, tordre, torturer, toucher, transpercer, traverser le/son c?ur. Verbe + au c?ur. Aller [Choses désuètes, froides, un peu scolaires, incapables d'aller au c?ur, et surtout aux nerfs du public (H. Ghéon, Promenades avec Mozart, 1932, p. 328)], faire chaud/froid/mal, inspirer, parler au c?ur. Verbe + dans le/son c?ur. Couler, enfoncer/ plonger un poignard, s'enfoncer, entrer, éveiller, mettre, naître, nourrir, se passer, pénétrer, retentir dans le/son c?ur. Verbe + sur le c?ur. Avoir qqc./un poids, en avoir gros/lourd [Tapait les pieds d'un air rageur... devait en avoir gros sur le c?ur (Zola, Son Excellence E. Rougon, 1876, p. 247)], garder qqc., peser (lourd), rester [Qu'elle est juste l'expression populaire « des paroles qui restent sur le c?ur »! Celles-là faisaient un bloc dans ma poitrine (Bernanos, Journal d'un curé de campagne, 1936, p. 1085)] sur le c?ur.
    ? Loc. a) Princ. subst. Le c?ur en fête (L. de Vilmorin, Le Retour d'Érica, 1946, p. 107). (Avec) l'angoisse/ un coup (de couteau)/le désespoir/l'espérance/la joie/la rage au/dans le c?ur [La mort au c?ur (Ponson du Terrail, Rocambole,t. 4, Les Exploits de Rocambole,1859, p. 87)].De gaieté de c?ur [De gaieté de c?ur et par plaisir (Barrès, Les Déracinés,1897, p. 483)].b) Princ. verbales. Le c?ur me fend (E. Rostand, Cyrano de Bergerac, 1898, I, 4, p. 49). À c?ur fendre. S'en donner (etc.) à c?ur joie [S'en donnait à c?ur joie... y mettait toute la sauce (Céline, Mort à crédit,1936, p. 518)].
    Rem. Dans les nombreux syntagmes ou loc. auxquels c?ur se prête en cette accept., on remarquera l'abondance des images évoquant des réalités très concr. (poids, volume, agitation, blessure, chaud ou froid, etc.) et rappelant les liens étroits du phys. et du moral.
    ? Proverbe. C?ur qui soupire n'a pas ce qu'il désire.
    ? P. allus. littér. [aux Psaumes, 104. 15] Le vin qui réjouit le c?ur de l'homme (Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels,Les Demoiselles de Bienfilâtre, 1883, p. 7);cf. aussi Huysmans, L'Oblat, t. 2, 1903, p. 108.
    2. Centre général de résonance ou de rayonnement des sentiments. Affections, besoins, sentiments du c?ur. Localis[er] (...) l'intelligence dans la tête (...) le sentiment dans le c?ur (Leroux, De l'Humanité,t. 2, 1840, p. 392):
    49. Le c?ur n'est qu'un morceau de chair bleuâtre qui ressent vivement les mouvements de reflux imprimés au sang par les idées dans le cerveau, mais je le crois impuissant à créer des sentiments, comme c'est assez sa réputation. Vigny, Le Journal d'un poète,1843, p. 1198.
    ? Absol. (p. ell.). Le c?ur. L'affectivité, le sentiment, la sentimentalité. Anachronisme qui empêche si souvent le calendrier des faits de coïncider avec celui des sentiments (...) intermittences du c?ur (Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 756).Barrès qui fait appel au c?ur, aux ressources du sentiment (Massis, Jugements,1923, p. 208):
    50. Ce qu'on appelle le c?ur est donc la solidarité affective, cette puissance qui fond plusieurs existences en une seule, une extension de notre sensibilité, telle qu'elle souffre ou jouit par une surface infiniment plus grande que celle de notre simple individu; plus brièvement, c'est l'identification morale de plusieurs existences par la sympathie instinctive, par conséquent une augmentation d'être pour chacune d'elles, mais un accroissement corrélatif de dépendance. Le c?ur nous dilate, nous étend, nous épanche au dehors, précisément au rebours de l'égoïsme qui nous rétrécit et nous contracte. Amiel, Journal intime,1866, p. 44.
    ? [P. allus. littér. (à La Rochefoucauld, Réflexions ou sentences et maximes morales, 1664, verset 102)] L'esprit est toujours la dupe du c?ur (cf. Sénac de Meilhan, L'Émigré, 1797, p. 1671; Gide, La Symphonie pastorale, 1919, p. 916 qui utilisent cette formule avec la var. souvent).
    3. Siège des sentiments liés à des situations particulières.
    a) [Dans les rapports familiers, amicaux] La servante au grand c?ur (Baudelaire, Les Fleurs du Mal,1857-61, p. 174):
    51. On me demande des conformités qui ne sont pas en mon pouvoir, des expansions que j'accorderai par égard et jamais par nature, et des expressions d'une tendresse résidant dans ma raison et sans doute aussi dans mon c?ur, mais non pas sensiblement et à précipiter les pulsations. Serais-je entendu si je m'exposais en cette manière? Ceux qui aiment avec le c?ur peuvent-ils se rendre à la vérité d'une affection rationnelle? M. de Guérin, Correspondance,1835, p. 222.
    52. Mes parents, ma s?ur, je les aimais : ce mot couvrait tout. Les nuances de mes sentiments, leurs fluctuations, n'avaient pas droit à l'existence. Zaza était ma meilleure amie : il n'y avait rien de plus à dire. Dans un c?ur bien ordonné, l'amitié occupe un rang honorable, mais elle n'a ni l'éclat du mystérieux amour, ni la dignité sacrée des tendresses filiales. Je ne mettais pas en question cette hiérarchie. S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 94.
    ? P. anal. (à propos d'un animal, d'un végétal ou d'une chose). Mon pauvre Childebrand à l'amitié si franche, Le meilleur c?ur de chat et l'âme la plus blanche (T. Gautier, Albertus,1833, p. 130).Beau livre que l'on pourrait écrire sur « le c?ur des plantes », où l'on montrerait l'exemple touchant de celles chez qui cet organe hypertrophié empêcha sans doute de se développer le cerveau, qui (...) préfèrèrent aux joies de l'invention celle très pure de conserver leurs enfants tout près d'elles (Gide, Feuillets,1889-1939, p. 808).
    ? [Avec une valeur allégorique] :
    53. Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte; En vain il [le pélican] a des mers fouillé la profondeur : L'océan était vide, et la plage déserte; Pour toute nourriture il apporte son c?ur. Sombre et silencieux, étendu sur la pierre, Partageant à ses fils ses entrailles de père, Dans son amour sublime il berce sa douleur, (...) Poète, c'est ainsi que font les grands poètes. Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps; Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes Ressemblent la plupart à ceux des pélicans. Musset, La Nuit de mai,1835, p. 67.
    SYNT. C?ur maternel, paternel; c?ur de mère; ami de c?ur. (Ne pas) porter qqn dans son c?ur. Éprouver ou non de l'amitié pour lui (cf. Genevoix, Raboliot, 1925, p. 213).
    ? P. méton.
    [Avec une valeur symbolique] Partie médiane de la poitrine, en relation avec un mouvement exprimant l'affection. Étendit les bras, (...) sentit battre contre son c?ur un c?ur qui l'aimait (R. Bazin, Le Blé qui lève,1907, p. 327).
    SYNT. C?ur contre/sur c?ur; appuyer/presser/serrer qqn contre/ sur son c?ur.
    Personne qui inspire ou éprouve de l'affection. Quel homme tendre c'était que cet archevêque, quel c?ur sensible et fertile en ménagements! (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 28).Elle qui avait connu dans ses langes ce pauvre agneau, ce petit c?ur joli (Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 104).
    b) [Dans les rapports amoureux (gén. p. oppos. à la sensualité, à la sexualité)] La pire de toutes les mésalliances est celle du c?ur (Chamfort, Maximes et pensées,1794, p. 65).Le labyrinthe du c?ur féminin : si compliqué et si plein de routes enchevêtrées (Theuriet, La Maison des deux barbeaux,1879, p. 128):
    54. Je l'aime beaucoup mieux quand je ne la vois pas que quand je la vois. En absence, mon imagination retranche ce qui la choque, ajoute quelque chose de ce qui manque, suppose ce qui lui convient. Je l'ai pensé souvent : le sentiment de l'amour n'a rien de commun avec l'objet qu'on aime. C'est un besoin du c?ur qui revient périodiquement à des époques plus éloignées que les besoins des sens, mais de la même manière; et comme l'attrait des sexes fait qu'on cherche une femme dont on puisse jouir, n'importe laquelle, le besoin du c?ur cherche à se placer sur un objet qui l'attire ou par de la douceur, ou par de la beauté, ou par telle autre qualité qui devient le prétexte que le c?ur allègue à l'imagination pour justifier son choix. Constant, Journaux intimes,1803, p. 33.
    55. J'éprouve pour toi un mélange d'amitié, d'attrait, d'estime, d'attendrissement de c?ur et d'entraînement de sens qui fait un tout complexe, dont je ne sais pas le nom mais qui me paraît solide. (...). Les sens, un jour, vous mènent ailleurs; le caprice s'éprend à des chatoiements nouveaux. Qu'est-ce que cela fait? Si je t'avais aimée dans le temps comme tu le voulais alors, je ne t'aimerais plus autant maintenant. Les affections qui suintent goutte à goutte de votre c?ur finissent par y faire des stalactites. Cela vaut mieux que les grands torrents qui l'emportent. Flaubert, Correspondance,1852, p. 347.
    56. ... je sentais grandir en moi une étrange et poignante émotion, un attendrissement infini, quelque chose comme un besoin d'ouvrir mes bras pour étreindre, et d'ouvrir mon c?ur pour aimer, de me donner, de donner mes pensées, mon corps, ma vie, tout mon être à quelqu'un! Ma compagne murmura, comme dans un songe : « Où sommes-nous? Où allons-nous? Il me semble que je quitte la terre? Comme c'est doux! Oh! si vous m'aimiez... un peu!!! » Mon c?ur se mit à battre. Je ne pus rien répondre; il me sembla que je l'aimais. Je n'avais plus aucun désir violent. J'étais bien ainsi, à côté d'elle, et cela me suffisait. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Lettre trouvée sur un noyé, 1884, p. 906.
    57. La plénitude de cet amour le confondait. Il ne savait trop quel chemin prendre pour faire monter vers Dieu sa gratitude ni quel sens exact donner au terme : bénédiction. Tout cela palpitait entre ciel et terre. La douceur de certains mots lui était littéralement intolérable : celui de « petite Anne », celui de « fiancée ». Ils produisaient un arrêt du c?ur réel, senti, d'une ou deux secondes. Dans sa poitrine, en attente et ne servant à rien, une sorte de velours intérieur trop chaud, s'étalait, contre lequel battait ce c?ur. Il pensait aux vieilles images : feu, blessure, tant raillées; c'était bien cela cependant. Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 111.
    58. Notre amitié était une chose extrêmement bien. Mais le c?ur infecte tout. Sur le plan de l'amitié, ou sur le plan de la sensualité, les choses sont saines, les plaies, s'il s'en forme, sont nettes. Arrive le c?ur, et la plaie gagne, tout se prend. Combien de fois ai-je remarqué cela! ? Ce que vous dites est absurde. Le c?ur n'infecte rien; au contraire, il purifie tout. C'est trop idiot, à la fin! Et ce serait le « plan de la sensualité » qui serait pur! Je vous apporterais une grande passion physique, vous me la pardonneriez... être provocante, vous faire comprendre que je cherche seulement le plaisir, vous me mépriseriez peut-être, mais vous accepteriez. Mais vous offrir de l'amour, quelle gêne! quel ennui! Si on nous fichait un peu la paix avec l'amour! Montherlant, Les Jeunes filles,1936, p. 969.
    SYNT. C?ur + adj. C?ur aimant, ardent, brûlant, changeant, embrasé, enflammé, épris, éteint, fidèle, inaccessible, inoccupé, jeune (Hugo, Hernani, 1830, III, 1, p. 57), libre, occupé, passionné, percé, solitaire, tendre, trahi, transpercé, vide, vieux, volage. C?ur de + subst. C?ur de femme. Subst. + au c?ur. L'amour au c?ur. Subst. + de c?ur. Affaire, amant, amour [mieux qu'un amour de tête, et pas tout-à-fait un amour de c?ur (Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. 2, 1851-62, p. 337)], coup (E. et J. de Goncourt, Journal, 1859, p. 647), jeunesse, peine (s) [Les peines de c?ur et les infortunes idéales (Vigny, Chatterton, 1835, p. 238)], solitude, tendresse de c?ur. ? Arg. Valet de c?ur (cf. I A 1b p. anal. de forme et de couleur, spéc., jeux). Subst. + du c?ur. Blessure, courrier, entraînements, faiblesses, presse [Jusqu'au moment du moins où elle devint ma maîtresse et où je compris que la presse du c?ur, qui enseignait à parler de l'amour, n'apprenait pas à le faire (Camus, La Chute, 1956, p. 1524)], trouble, vide du c?ur. Subst. + des c?urs. Bourreau des c?urs [Beau mâle, bourreau des c?urs (Zola, Travail, t. 1, 1901, p. 39)]. ? P. anal. Un beau casse-c?urs (Colette, La Jumelle noire, 1938, p. 80). C?ur + verbe. Aimer, s'amollir. Verbe + le/son c?ur. Amollir, brûler, se disputer, donner, enflammer, gagner, offrir, partager, posséder, prendre, ravir, refuser, toucher, troubler le/son c?ur. Verbe + avec/dans/de son c?ur. Aimer avec/dans/de (tout) son c?ur (Montherlant, Pitié pour les femmes, 1936, p. 1134). Verbe + du c?ur. S'emparer du c?ur, trouver le chemin du c?ur.
    Rem. Dans cette accept., les images évoquées par les assoc. syntagmatiques de c?ur sont surtout celles de la conquête, de la combustion, de la blessure (cf. ex. 57).
    Proverbe. Loin des yeux, loin du c?ur (except. Loin des yeux, près du c?ur ds Flaubert, Correspondance, 1879, p. 240).
    ? [En réf. à la représentation iconographique stylisée du c?ur symbolisant l'amour sentimental] Un c?ur en or. ... peint un c?ur enflammé pour dire l'amour, un c?ur flétri pour dire le chagrin (Destutt de TracyÉléments d'idéologie,Grammaire, 1803, p. 308).Un nom de femme, Iris de carrefour, que surmontait un c?ur percé d'une flèche semblable à une arête de poisson (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 304).
    ? P. méton.
    [Avec une valeur symbolique] Partie médiane de la poitrine en relation avec un geste exprimant l'amour sentimental. Appuyant sa main sur son c?ur avec le geste passionné d'un jeune premier; je l'aime! (Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 384).Presser Anne sur mon c?ur, sur ma poitrine (Giraudoux, Simon le Pathétique,1926, p. 169).
    Personne qui inspire ou éprouve de l'amour sentimental. Ses triomphes féminins et cette longue brochette de c?urs ardents (Miomandre, Écrits sur de l'eau,1908, p. 56).Le tout de cette vie (...) trouver une compagnie, un beau c?ur aimant près de qui demeurer toujours (Pourrat, Gaspard des montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 50).
    SYNT. C?ur + de + subst. C?ur d'artichaut*. Verbe + un/les c?ur(s). Conquérir, gagner les c?urs; n'être qu'un (seul) c?ur.
    Loc. Une chaumière et un/deux c?ur(s) (cf. bonheur ex. 21).Gentil/joli comme un c?ur. Gentil/joli comme un amour. Dire qu'il est gentil comme un c?ur (...) qu'il avait de beaux yeux (Musset, Namouna,1832, p. 398).Jolie comme un c?ur (...) ma mignonne (A. France, Nos enfants,1887, p. 23).P. anal. Des vers jolis, jolis comme des c?urs (Renard, Journal,1897, p. 397).(Sans doute par contraction de joli comme un c?ur, péj.) faire le joli c?ur. Jouer les galants :
    59. ... ils faisaient les jolis c?urs; les épaules rondes, l'air vaurien, ils répondaient par d'égrillards sourires au sourire amusé des filles plantées debout au seuil des maisons... Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 2epart., X, p. 211.
    Rem. Except. employé adjectivement :
    60. ... dans le genre brun, tout rasé, avec yeux de velours, épaules larges, et pas soupçon de hanches, on ne peut rêver rien de plus joli c?ur que Jacques Lamberdesc, ... Aragon, Les Beaux Quartiers,1936, p. 35.
    [P. allus. littér. (à Racine, Phèdre, 1677, II, 5)] Charmant, jeune et traînant tous les c?urs après soi (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 192);cf. aussi Sartre, Les Mots, 1964, p. 155.
    En interj. Terme d'affection (utilisé dans les rapports familiaux, amicaux ou amoureux). Les mots mon c?ur, mon bijou, mon petit chou, ma reine, tous les diminutifs amoureux de 1770 (Balzac, La Vieille fille,1836, p. 261).Mon amour, mon inquiétude, mon cher c?ur (Michelet, Journal,1857, p. 337).Mon petit c?ur, mon c?ur, ma petite chérie (Géraldy, Toi et moi,1913, p. 32).
    c) [Dans les rapports soc., humanitaires] Bonté, humanité, reconnaissance (...) tous les sentiments qui épanouissent le c?ur (A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 377):
    61. Il faudrait guérir l'âme. Le pauvre suppose qu'en liant le riche par telle loi, tout est fini, que le monde ira bien. Le riche croit qu'en ramenant le pauvre à telle forme religieuse, morte depuis deux siècles, il raffermit la société... Beaux topiques! Ils imaginent apparemment que ces formules, politiques ou religieuses, ont une certaine force cabalistique pour lier le monde, comme si leur puissance n'était pas dans l'accord qu'elles trouvent ou ne trouvent pas dans le c?ur! Le mal est dans le c?ur. Que le remède soit aussi dans le c?ur! Laissez là vos vieilles recettes. Il faut que le c?ur s'ouvre, et les bras... Eh! ce sont vos frères, après tout. L'avez-vous oublié? ... Michelet, Le Peuple,1846, p. 175.
    62. Un groupe n'est pas seulement une autorité morale qui régente la vie de ses membres, c'est aussi une source de vie sui generis. De lui se dégage une chaleur qui échauffe ou ranime les c?urs, qui les ouvre à la sympathie, qui fait fondre les égoïsmes. Durkheim, De la Division du travail soc.,1893, p. XXX.
    63. Il est à Bar-Le-Duc un fameux monument que les auteurs anciens appelaient « le mausolée du c?ur ». C'est un squelette à demi décharné, cependant droit et irréductible, la tête levée, ses orbites vides tournées vers son c?ur de vermeil qu'il tend à bout de bras, vers le ciel, dans un élan d'invincible volonté. Voilà l'idée qu'il faudrait qu'un architecte sût traduire en monument pour l'ossuaire de Douaumont. (...). C'est devant cette image posée dans ce lieu même des grandes souffrances, devant cette immortelle affirmation d'espoir et de vouloir, devant cet appel des morts qui nous tendent, à nous et au juge suprême, leur c?ur à vérifier, que nous comprendrons le mieux comment toute haute vie, toute pensée, tout art, toute nation surgissent d'une profondeur de sacrifice. Barrès, Mes cahiers,t. 13, 1920-22, pp. 248-249.
    SYNT. C?ur + adj. C?ur compatissant, délicat, dévoué, dur, endurci, généreux, ingrat, reconnaissant, sec [Le c?ur sec comme un caillou (Flaubert, Correspondance, 1870, p. 154)], sensible. Adj. + c?ur. Bon [Joue[r] la comédie « du bon c?ur » (...) guigne[r] le « bon effet » de sa générosité (Frapié, La Maternelle, 1904, p. 221)], brave, excellent, grand [Dans sa poitrine un grand c?ur généreux, avide de faire le bien (R. Rolland, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, p. 1491)], mauvais, meilleur c?ur. C?ur de + subst. C?ur d'airain [D'une voix qui eût amolli un c?ur d'airain (Sandeau, Melle de La Seiglière, 1848, p. 139)], de bronze, de glace, de granit, de marbre, d'or [Tu es un brave garçon, tu as un c?ur d'or (Balzac, Pierre Grassou, 1840, p. 442)], de pierre (Karr, Sous les tilleuls, 1832, p. 140), de roche (Sue, Atar Gull, 1831, p. 7), de tigre, de vipère. Subst. + de/du c?ur. Bonté, délicatesse, dureté, générosité, qualités, sécheresse de c?ur; éducation du c?ur. Verbe + le/son c?ur. Écouter, endurcir, sécher le/son c?ur. Verbe + le/du c?ur. Avoir du/n'avoir pas de c?ur [Jouer c?ur est simple. Il faut en avoir, voilà tout (...) Votre c?ur se cache par crainte du ridicule (...) Montrez votre c?ur et vous gagnerez (Cocteau, Poésie critique 2, Monologues, 1960, p. 45)], manquer de c?ur.
    ? Loc. À votre bon c?ur (formule pour solliciter la générosité de quelqu'un). (Donner/offrir/remercier...) de bon/de grand/de mauvais/de tout c?ur. Verre d'eau donné de bon c?ur (...) rendu au centuple (Claudel, Un poète regarde la Croix,1938, p. 267).Compatis de tout c?ur aux difficultés que vous éprouvez (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Les Maîtres, 1937, p. 68).Mauvaise tête et bon c?ur (Sardou, Rabagas,1872, IV, 5, p. 177).Avoir le c?ur sur la main. Être enclin à une grande générosité. Désir sentimental d'une vie simple, le c?ur sur la main, au milieu d'une bonté universelle (Zola, Nana,1880, p. 1367).J'ons le quieur sur la main et la main partout (Colette, La Naissance du jour,1928, p. 58).Être plein de c?ur/ sans c?ur. Un misérable sans c?ur ni âme (Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 479).
    ? P. méton. Personne considérée sous le rapport de sa générosité, de son altruisme. Ce c?ur d'acier trempé (...) brigand par amour de l'humanité (About, Le Roi des montagnes,1857, p. 210).Des êtres ruisselants de vertu et qui ont le c?ur sur la main? Les « c?urs sur la main » n'ont pas d'histoire (Mauriac, Thérèse Desqueyroux,1927, p. 170).Des riens de rien, des sans-c?ur qui se fichaient de moi au lieu de m'aider (Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. 1519).
    d) [Dans les rapports entre l'homme et Dieu (très gén. parlant)]
    ? [En parlant de l'homme priant, s'adressant à Dieu] Prier de tout son c?ur. Notre c?ur humain (...) étroit palais pour un hôte divin (M. de Guérin, Poésies,1839, p. 69):
    64. Ceux-là seuls veillent, ô mon Dieu, qui pensent à vous et qui vous aiment (...). Mais l'homme est-il fait pour jouir ici-bas d'une telle félicité? S'il en était capable, il aurait sa perfection. L'oubli des choses de la terre, et l'intention aux choses du ciel; l'exemption de toute ardeur, de tout souci, de tout trouble et de tout effort; la plénitude de la vie, sans aucune agitation; les délices du sentiment, sans le travail de la pensée; les ravissements de l'extase, sans les apprêts de la méditation; en un mot, la spiritualité pure, au sein du monde et parmi le tumulte des sens : ce n'est que le bonheur d'une minute, d'un instant; mais cet instant de piété répand de la suavité sur nos mois et sur nos années. La religion est la poésie du c?ur; elle a des enchantements utiles à nos m?urs; elle nous donne et le bonheur et la vertu. Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 112.
    65. Le c?ur, comme la raison, poursuit l'infini, et la seule différence qu'il y ait dans ces poursuites, c'est que tantôt le c?ur cherche l'infini sans savoir s'il le cherche, et que tantôt il se rend compte de la fin dernière du besoin d'aimer qui le tourmente. Cousin, Du Vrai, du beau et du bien,1836, p. 109.
    66. L'esprit de l'homme est une image abrégée, mais fidèle et complète de l'infini. Quand un de ses foyers de vie s'éteint, il s'en rallume un autre plus brillant; c'est que ce principe appartient à Dieu seul. Lélia n'est pas foudroyée parce qu'un homme l'a maudite. Il lui reste son propre c?ur et ce c?ur renferme le sentiment de la divinité, l'intuition et l'amour de la perfection! Depuis quand perd-on la vue du soleil, parce qu'un des atomes que son rayon avait embrasés est rentré dans l'ombre? G. Sand, Lélia,1839, p. 397.
    ? Spéc., RELIG. CATH.
    ? [En parlant de Jésus-Christ considéré comme aimant l'homme] C?ur sacré/Sacré(-)C?ur (de Jésus) :
    67. Dimanche 14 juillet. Fête du Sacré-C?ur. ? Vue claire de ce qui fait pour plusieurs la difficulté; c'est qu'on matérialise trop cette admirable dévotion. On attribue trop au c?ur matériel, au symbole ce qui ne doit être attribué qu'au c?ur spirituel, à l'amour. Sans doute le c?ur de chair est adorable, comme le corps de Notre-Seigneur « propter unionem divinam ». Mais il ne s'ensuit pas que ce c?ur de chair soit le c?ur spirituel, l'amour même, et le principe de l'amour, la source de l'amour. Il en est le symbole, adorable, aimable, comme le c?ur d'un Dieu fait homme, comme le c?ur d'un père. Dupanloup, Journal intime,1872, pp. 327-328.
    68. ... l'école de Paray elle-même hésite parfois entre la dévotion au c?ur-amour et la dévotion au c?ur-personne. C'est ainsi, remarque le P. Lebrun, que les premiers théologiens jésuites, « qui traitent de la dévotion au Sacré-C?ur, en étendent l'objet » aussi loin (que le P. Eudes) ... D'après le P. de Galiffet, l'élément spirituel qui, avec le c?ur de chair de l'Homme-Dieu, constitue l'objet de la dévotion au Sacré-C?ur, ce n'est pas uniquement son amour, mais encore son âme sainte, avec les dons et les grâces qu'elle renferme, les vertus et les affections dont elle est le siège et le principe. Bremond, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 3, 1921, p. 654.
    [En réf. avec la représentation iconographique de ce c?ur (enflammé, couronné d'épines, transpercé, etc.)]
    Des crucifix (...) des c?urs percés de glaives, flambant par le haut et saignant par le bas (Huysmans, Les S?urs Vatard,1879, p. 27).Image du Sacré-C?ur (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 279).
    P. méton. Lieu de culte ou congrégation vouée au Sacré-C?ur. La basilique du Sacré-C?ur (...) ?uvre de vanité plus que de foi (Bloy, Journal,1904, p. 234).Blanche, éc?urante comme un fromage, l'énorme provocation du Sacré-C?ur de Montmartre (Aragon, Les Beaux Quartiers,1936, p. 339).Les dames du Sacré-C?ur (Gyp, Souvenirs d'une petite fille,1928, p. 154).L'ordre des prêtres du Sacré-C?ur (Billy, Introïbo,1939, p. 165).
    ? [En parlant de la Vierge Marie considérée comme médiatrice aimante et souffrante] C?ur de Marie :
    69. Longtemps, il avait gardé au mur de sa cellule une gravure coloriée du Sacré-C?ur de Marie. La Vierge, souriant d'une façon sereine, écartait son corsage, montrait dans sa poitrine un trou rouge, où son c?ur brûlait, traversé d'une épée, couronné de roses blanches. Cette épée le désespérait (...). Il l'effaça, il ne garda que le c?ur couronné et flambant, arraché à demi de cette chair exquise pour s'offrir à lui. Ce fut alors qu'il se sentit aimé. Marie lui donnait son c?ur, son c?ur vivant, tel qu'il battait dans son sein, avec l'égouttement rose de son sang. Il n'y avait plus là une image de passion dévote, mais une matérialité, un prodige de tendresse, ... Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1292.
    Prononc. et Orth. : [k?:?]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. ch?ur. Étymol. et Hist. I. Organe central de la circulation. A. Ca 1050 « siège de la vie » (Alexis, éd. Ch. Storey, 445 : Ço'st granz merveile que li mens quors tant duret); 1130-40 (Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 62 : Ele ama Deu et Deu l'ama, Trestot son cuer li adona). B. Ca 1100 au propre (Roland, éd. J. Bédier, 2965 : [Li emperere ad fait] tuz les quers en paile recuillir). C. Ca 1100 p. ext. « la poitrine » (ibid., 3448 : L'escut li freint, cuntre le coer li quasset). D. 1195-1200 « siège des sensations physiques » (Renart, éd. Martin, branche 11, 565 : il avoit a son cuer grant fein); ca 1200 « estomac » (ibid., branche 9, 1724 : A pou que li cuers ne me faut); xiiies. « région épigastrique » (J. Le Marchand, Mir. N.-D. de Chartres, 5 ds T.-L. : a vomir les convenoit Du mal qui au cuer leur venoit); 1508 dire tout ce qu'on a sur le c?ur (Eloy d'Amerval, Livre de la Deablerie, 147b ds IGLF); 1633 coucher du c?ur sur le carreau « vomir [jeu de mots tiré des cartes] » (Comédie des Proverbes, acte II, scène 2, Anc. Théâtre fr., t. 9, p. 42). E. Fin xiies. « partie centrale » (Mort Aymeri de Narbonne, 607 ds T.-L. : El cuer de France). F. 1340 « objet en forme de c?ur » (v. Gay). G. 1585 « as de c?ur » (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, t. 2, p. 202 ds IGLF). H. 1600 « sorte de cerise » (Ol. de Serres, Théâtre d'Agric., VI, 26 ds Hug.). II. Centre de la vie intérieure. A. Siège des émotions, de l'affectivité. Ca 1050 (Alexis, 464 : Ne puis tant faire que mes quors s'en sazit); ca 1100 (Roland, 317 : Tro avez tendre coer); 1ertiers xiiies. (Lancelot du Lac, éd. O. Sommer, t. 5, partie 3, p. 353 : il navoit oi noveles ... qui tant li feissent mal au cuer); 1167-70 p. méton. c?ur désigne la personne chérie (G. d'Arras, Ille et Galeron, 4160 ds T.-L.). B. Siège du désir, de la volonté. Ca 1050 (Alexis, 166 : Quant tut sun quor en ad si afermét); ca 1162 de son cuer « de toute son ardeur, très sincèrement » (Flore et Blancheflor, 1925 ds T.-L.); début xives. avoir au cuer de (faire qqc.) (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, livre V, 460); 1579 de gayeté de c?ur (H. Estienne, Precellence du lang. fr., 359 ds IGLF); 1585 du meilleur de mon c?ur (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, t. 2, p. 275). C. Siège du sentiment moral, du courage. Ca 1100 (Roland, 1107 : mal seit del coer ki el piz se cuardet); ca 1220 son cuer reprendre « reprendre courage » (G. de Coincy, Mir., éd. Koenig, I Mir 18, 326); 1508 à c?ur vaillant, rien impossible (E. D'Amerval, loc. cit., 138b). D. Siège de l'intelligence. 1130-40 « discernement » (Wace, Ste Marguerite, 431 : Lors cuers, lor sens, fais oscurer); ca 1190 « savoir intuitif » (M. de France, Lais, Guigemar, 547, éd. J. Rychner : Mis quors me dit que jeo vus pert); ca 1220 les ielz dou cuer (G. de Coincy, Mir., éd. Koenig, II Ch 9,3792); cf. au xviies. le c?ur en tant que siège de la grâce, permettant la communication avec Dieu (Pascal, Pensées, section IV, 278 et 277, éd. Brunschvicg, t. 13, p. 201 : C'est le c?ur qui sent Dieu, et non la raison; le c?ur a ses raisons, que la raison ne connaît point; section XII, 793, t. 14, p. 232 : aux yeux du c?ur et qui voient la sagesse). E. Siège du souvenir, de la mémoire. Ca 1190 (M. de France, Fables, 70, 61 ds T.-L. : Senz quer fu e senz remembrance); ca 1200 retenir par cuer (Poème moral, éd. Bayot, 1036); ca 1220 savoir par cuer (G. de Coincy, Mir., éd. Koenig, I Mir 11, 757); 1690 (Fur. : On dit aussi, qu'on fait dîner quelqu'un par c?ur quand on ne luy a point donné à dîner); 1694 p. ext. de savoir par c?ur : apprendre une chose par c?ur (Ac.), v. aussi Tobler, Sitzung der philosophisch-historischen Classe vom 27. October 1904, Berlin, p. 1274, 1275. Du lat. class. co?r (peut-être par l'intermédiaire d'une forme *co?re, Fouché, p. 656, Bl.-W.1-5) qui, dans la conception antique, est à la fois le siège de la vie et des fonctions vitales, et celui des passions et des émotions, des pensées et de l'intelligence, de la mémoire et de la volonté (cf. gr. ? ? ? ? ? ? ? « c?ur » et aussi « entrée de l'estomac », « siège des passions et des facultés de l'âme »; v. aussi K. Weinberg ds Arch. St. n. Spr., t. 203, 1966-67, pp. 1-31); pour par c?ur, v. Bambeck, Lat. rom. Wortstudien, no126. Fréq. abs. littér. : 56 064. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 99 094, b) 84 140; xxes. : a) 80 349, b) 60 462. Bbg. Bergmann (K.). Herz/c?ur. Zeitschrift für Deutschkunde. 1935, t. 49, pp. 73-78. ? Bruyndonckx (J.M.). Les Emplois du mot c?ur d'après quatre aut. du xvies. Louvain, 1967. ? Flasche (H.). Der Begriff c?ur bei Guez de Balzac. Rom. Jahrb. 1949, t. 2, pp. 224-254; [C?ur]. Philosophia. 1951, t. 8, pp. 31-50. ? Goug. Mots t. 1, 1962, pp. 116-117; p. 260. ? Lommatzsch (E.). Arch. St. n. Spr. 1912, t. 28, pp. 252-257. ? Moles (E.). Pascal's theory of the heart. Mod. Lang. Notes. 1969, t. 84, no4, pp. 548-564. ? Schittenhelm. Zur stilistischen Verwendung des Wortes cuer in der altfranzösischen Dichtung. In : [Mél. Ewert (A.)]. Oxford, 1961, p. 179. ? Tabachovitz (A.). Vivre ? c?ur. Vox. rom. 1959, t. 18, pp. 49-93. ? Weinberg (K.). Zum Wandel des Sinnbezirks von Herz und Instinkt unter dem Einfluß Descartes. Arch. St. n. Spr. 1966, t. 203, pp. 1-31.


    Wiktionnaire


    Nom commun - français

    c?ur \k??\ masculin

    1. (Anatomie) Organe musculaire, creux et pulsatile assurant la circulation sanguine dans le corps humain ou animal.
      • Après irrigation de l'organisme, le sang revient au c?ur par les veines, puis il est envoyé aux poumons. Le compartiment droit du c?ur est de taille inférieure à celle du compartiment gauche parce que le travail qu'il fournit pour envoyer le sang dans les poumons est moins important que pour l'envoyer dans tout l'organisme. À chaque battement de c?ur, les muscles se détendent, ce qui permet le retour du sang dans le c?ur. Puis les muscles se contractent de nouveau pour envoyer le sang dans toutes les parties du corps et le circuit reprend. (Bill Forse, Christian Meyer, et al., Que faire sans vétérinaire ?, Cirad / CTA / Kathala, 2002, page 41)
      • Le crapaud a la vie très dure. Il survit plusieurs heures à la décapitation, plusieurs jours à l'avulsion du c?ur, quarante jours à l'ablation des poumons, plusieurs semaines à l'amputation du museau en arrière des yeux. (Jean Rostand, La Vie des crapauds, 1933)
      • Son grand succès était la célèbre « Chanson du C?ur » qui m'émouvait au plus haut point. Il y est question d'un fils acoquiné avec une gourgandine qui lui demande « le c?ur de sa mère pour son chien » ; ayant tué sa mère et rapportant son c?ur saignant, le fils tombe ; on entend alors le c?ur lui dire : « T'es-tu fait mal, mon enfant ? ». (Michel Leiris, L'âge d'homme, 1939, collection Folio, page 92)
      • La respiration demeure calme, le c?ur est encore bon, mais le sang lui dégouline du crâne sur le nez, dans les yeux, poisse la chemise. (Jean Rogissart, Passantes d'Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    2. (En particulier) Organe considéré comme susceptible de mouvements causés par les passions.
      • Le c?ur en émoi, secouée de pressentiments inquiets, Zaheira se vêtit et gagna le village voisin sur un âne. (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans « Trois contes de l'Amour et de la Mort », 1940)
      • Son c?ur ne se serrait pas, n'était pas plus ou moins flétri ; non, sa nature fraîche et fleurie se pétrifiait par la lente action d'une douleur intolérable parce qu'elle était sans but. (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
      • Rien n'est plus malaisé que l'exploitation méthodique d'un évènement du c?ur, rien ne s'amortit plus vite que les ondes d'un coup de foudre. (Paul Nizan, La Conspiration, 1938, page 44)
      • Me Demange achève sa plaidoirie, dont la péroraison très sobre, très courte, mais puissante par la chaleur de l'accent et de l'élévation de la pensée, touche visiblement le c?ur des juges : [?]. (Maurice Paléologue, Journal de l'Affaire Dreyfus 1894-1899 : L'affaire Dreyfus et le Quai d'Orsay, Paris : Librairie Plon, 1955, page 260)
    3. (Par extension) Être aimant et aimé.
      • Depuis longtemps il cherchait en vain un c?ur capable de l'aimer pour lui-même, et s'affligeait de ne pouvoir le trouver. (Marie-Jeanne Riccoboni, Histoire d'Ernestine, 1762, édition ?uvres complètes de Mme Riccoboni, tome I, Foucault, 1818)
      • Un jour, alors qu'il est parti, pauvre c?ur aux yeux soulignés par des cernes mauvâtres, au dos de plus en plus voûté, à la pâleur carcérale, je décide, prise d'un besoin pressant, de me lever. (Ananda Devi, Manger l'autre, Editions Grasset, 2018)
    4. (Par métonymie) Partie de la poitrine où les battements du c?ur se font sentir.
      • Il le pressa, il le serra tendrement contre son c?ur. - Mettre la main sur son c?ur.
    5. (Par extension) (Familier) Estomac.
      • Mal de c?ur. - Il a mal au c?ur. - Il a le c?ur barbouillé. - Cela lui fait mal au c?ur. - Il est sujet à des maux de c?ur. - Cela lui fait soulever le c?ur.
    6. (Figuré) Organe considéré comme le siège de la sensibilité morale, des sentiments et des passions.
      • Bois-Guilbert, répondit la juive, tu ne connais pas le c?ur des femmes [?] (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l'anglais par Alexandre Dumas, 1820)
      • C'est à l'idéologie, [?] qui, [?] , veut sur ses bases fonder la législation des peuples, au lieu d'approprier les lois à la connaissance du c?ur humain et aux leçons de l'histoire, qu'il faut attribuer tous les malheurs qu'a éprouvés notre belle France. (Procès du général Malet, dans Causes célèbres du XIXe siècle: rédigées par une société d'avocats et de publicistes, Paris : H. Langlois fils & Cie, 1827 & Paris : P. Pourrat frères et Bazouge-Pigoreau, 1834, volume 2, page 70)
      • J'ai la passion de la philosophie et de la science qui vont cherchant l'inconnu du c?ur de l'homme et le pourquoi des lois de la vie. (Octave Mirbeau, Contes cruels : La Chanson de Carmen (1882))
      1. (En particulier) Quant à la tendresse, l'amour et l'affection.
        • C'est qu'à son insu, par la force des sympathies cachées qui existent entre tous les êtres dans la grande famille humaine, son c?ur avait rencontré le c?ur qu'il cherchait. (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l'Arkansas, 1858)
        • Julie avait deviné que madame de Sérizy était la femme qui lui avait enlevé le c?ur de son mari. (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
        • J'ai pitié du pauvre c?ur qui a si peu longtemps ce qu'il a ; j'ai pitié des hommes qui ont un c?ur pour ne plus aimer. (Henri Barbusse, L'Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
      2. (En particulier) Quant aux qualités morales liées à la compassion, vertu, générosité.
        • C'est la pauvreté d'esprit qui purifie le c?ur des ordures dont les richesses l'ont souillé. (Instruction chrétienne sur les huit Béatitudes par demandes et réponses, Paris : chez Witte & chez Henry, 1732, page 286)
        • Admirons deux fois l'homme chez qui le c?ur et le caractère égalent en perfection le talent. (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
        • À la vue de traitements aussi atroces que l'on fait éprouver aux chevaux de course, le c?ur de tout homme sensé se révolte. (Jean Déhès, Essai sur l'amélioration des races chevalines de la France, École impériale vétérinaire de Toulouse, Thèse de médecine vétérinaire, 1868)
        • [?] le respect de la personne humaine, la fidélité sexuelle et le dévouement pour les faibles constituent les éléments de moralité dont sont fiers tous les hommes d'un c?ur élevé ? c'est même très souvent à cela que l'on réduit la morale. (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chap. VII, La Morale des producteurs, 1908, page 340)
    7. (Par extension) (Vieilli) Courage ; fermeté d'âme ; constance.
      • Rodrigue, as-tu du c?ur ? (Corneille, Le Cid)
      • Loin du danger, il ne rêve qu'exploits héroïques, entreprises surhumaines et gigantesques ; mais, quand vient le péril, son imagination trop vive lui représente la douleur des blessures, le visage camard de la mort, et le c?ur lui manque [?] (Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse, vol. 1, Charpentier, 1871, page 270)
      • Geneviève braverait le courroux de son père, l'opinion du monde et ses mépris, mais devant ce ton glacé de Lafcadio, le c?ur lui manque. (André Gide, Les Caves du Vatican, 1914)
      • Les Spartiates étaient petits en nombre, grands de c?ur, ambitieux et violents ; de fausses lois n'en aurait tiré que de pâles coquins ; Lycurgue en fit d'héroïques brigands. (Louis Thomas, Arthur de Gobineau, inventeur du racisme (1816-1882), Paris : Mercure de France, 1941, page 99)
    8. (Par extension) Personnage qui possède ces qualités de courage, de vaillance, etc.
      • Ne crains pas, Wilfrid, dit-il, de t'adresser à Richard Plantagenet, puisque tu le vois dans la compagnie de tant de vrais et vaillants c?urs anglais [?] (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l'anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    9. (Figuré) Centre de l'affectivité par opposition à la raison, à l'esprit.
      • Essayez de vous rappeler la dernière fois que vous avez regardé avec le c?ur. N'étiez-vous pas plus ouvert, plus disponible à l'émerveillement? L'expérience vous a sans doute rendu plus compréhensif et compatissant. (Christine Michaud et Thomas De Koninck, Le Petit Prince est toujours vivant, Gallimard/Édito, 2020, page 186)
      • Le c?ur a ses raisons que la raison ne connaît point. (Blaise Pascal, Pensées, Section IV Des moyens de croire, n? 277)
      • Pendant plusieurs mois je regrette d'avoir accepté ce poste ? une décision caractérisée par la raison, plus que par le c?ur. (Margaux, 28 ans, « Conseillère d'orientation, j'ai réalisé que je m'étais trompée de voie », Le Monde. Mis en ligne le 16 décembre 2019)
    10. Pensée intime, dispositions de l'âme.
      • Nul homme n'aurait eu l'?il assez perspicace pour sonder la profondeur de ces deux c?urs féminins : l'un jeune et généreux, l'autre sensible et fier [?] (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
      • Le langage du c?ur. - Son c?ur a parlé. - Son c?ur démentait sa bouche.
      • Quand il vous offre ses services, on sent que cela sort du c?ur, vient du c?ur, part du c?ur.
    11. (Familier) Sujet des affections de quelqu'un.
      • Ça va comme tu veux, mon c?ur ?
      • ? Ah ! vous êtes bon, m'écriai-je.
        ? C'est toi qui es bon, un bon garçon, un brave petit c?ur. Vois-tu, il y a des moments dans la vie où l'on est disposé à reconnaître ces choses-là et à se laisser attendrir.
        (Hector Malot, Sans famille, 1878)
    12. Ce qui rappelle la forme de l'organe.
      • Une croix d'or surmontée d'un c?ur. - Une feuille en c?ur, des pétales en c?ur, etc.
    13. (Régionalisme) Bigarreau.
      • C'était des c?urs à chair épaisse, trop sucrée, du prime-fruit, de la friandise pour enfants [?] Cette année, les arbres en ruisselaient, piaillant de merles et de pies. (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L'Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 10)
    14. (Cartes à jouer) Une des quatre enseignes d'un jeu de cartes français ou germanique, ainsi nommée parce que les cartes de cette couleur sont marquées de c?urs rouges stylisés (?).
      • Si, à la seconde levée, A avait joué son 7 de c?ur au lieu de son roi d'atout, cette manière inattendue de jouer aurait dû mettre votre défiance en éveil, [?]. (« Les jeux de cartes », dans la Grande encyclopédie méthodique, universelle, illustrée des jeux et des divertissements de l'esprit et du corps, Librairie illustrée, 1888, page 545)
      • Cette fois, le gentilhomme n'avait pas tourné un roi, mais le sept de trèfle. J'avais deux c?urs et trois atouts : le roi et l'as de c?ur, l'as, le dix, et le neuf de trèfle. (Gaston Leroux, L'Homme qui a vu le diable, 1908)
    15. (Par analogie) Milieu de quelque chose, particulièrement d'un état ou d'une ville, centre, parfois symbolique, d'un objet, d'un endroit.
      • Ce jeune gentilhomme, [?] jetant un regard assez dédaigneux sur les nombreuses hôtelleries qui étalaient à sa droite et à sa gauche leurs pittoresques enseignes, laissa pénétrer son cheval tout fumant jusqu'au c?ur de la ville [?] (Alexandre Dumas, La Reine Margot, C. Lévy, 1886)
      • Aux aventureux, l'Islande offre aussi l'attrait de l'inconnu. Le c?ur de l'île, inhabité et inhabitable, est encore une terre incognito. (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 3)
      • La commune de La Chapelle-Heulin se situe au c?ur du vignoble nantais, au sud-est du département de la Loire-Atlantique. (?Petit Futé Loire-Atlantique 2015, page 180)
      • Cette pomme, cette poire est gâtée dans le c?ur. - Le c?ur de cet ananas est gâté. - Le c?ur d'une laitue. - Les c?urs de céleri sont tendres.
    16. (Par extension) (France) Zone centrale d'un parc naturel, bénéficiant d'une protection renforcée.
      • Au sein du Parc national des Calanques, le maintien de la chasse est autorisé même en c?ur de parc. Seule une partie du c?ur a été désignée en tant que zone de tranquillité de la faune sauvage (environ 51 % de la surface du c?ur du parc, soit 42 km²). (Jean-Noël Cardoux et Alain Péréa, Restaurer l'équilibre agro-sylvo-cynégétique pour une pleine maîtrise des populations de grand gibier et de leurs dégâts à l'échelle nationale, mars 2019 ? lire en ligne)
    17. Porte en c?ur (17)
      (Par extension) (Héraldique) Centre de l'écu. Voir en c?ur.
      • Abîme ou C?ur. Nom du centre de l'écu (I, 2, A). (Johannes Baptist Rietstap, Armorial général : précédé d'un Dictionnaire des termes du blason, tome 1 (A?K), G. B. van Goor Zonen, Gouda, 1884)
      • Courtenay-Arrablay ? Orléanais (Ét. vers 1540). D'or à trois tourt. de gu., brisé d'un croiss. d'azur en c?ur. (Johannes Baptist Rietstap, Armorial général : précédé d'un Dictionnaire des termes du blason, tome 2 (L?Z), G. B. van Goor Zonen, Gouda, 1887)
      • Gironné de gueules et d'argent de douze pièces, à la porte de fort d'or brochant en c?ur, qui est de la commune d'Eix de la Meuse ? voir illustration « porte en c?ur »
    18. Armoiries avec 3 c?urs (18)
      (Héraldique) Meuble représentant un c?ur stylisé (cardioïde) dans les armoiries. À rapprocher de c?ur vendéen.
      • D'azur à une étoile d'argent accompagnée de trois c?urs d'or, qui est de la commune de Condat-sur-Gavaneix de Corrèze ? voir illustration « armoiries avec 3 c?urs »
    19. (Foresterie, Menuiserie) Partie centrale du corps ligneux des arbres.
      • Le même jour, j'ai fait deux autres cylindres, l'un de c?ur et l'autre d'aubier de chêne [?] (?uvres complètes de Buffon, mises en ordre par Lacépède, tome 4, 1818, page 270)
      • Du c?ur de chêne, de poirier, de cormier, etc. - Une table faite de c?ur de noyer.
    20. (Technologie des réacteurs nucléaires) Partie d'un réacteur nucléaire à fission dans laquelle est placé le combustible nucléaire et qui est agencée de manière à permettre une réaction de fission en chaîne.
    21. (Technologie des réacteurs nucléaires) Quantité de combustible nucléaire située dans cette partie du réacteur.
    22. (Électronique) C?ur de processeur.
      • Processeur multi-c?ur : processeur contenant plusieurs c?urs qui fonctionnent en parallèle.
    23. Le c?ur d'un aiguillage. (23)
      (Chemin de fer) Partie d'un aiguillage où se croisent deux rails.
    24. (Par extension) (Horlogerie) Dispositif en forme de c?ur, inventé en 1862 par le Suisse Adolphe Nicole et permettant aux chronographes de remettre rapidement l'aiguille à zéro d'une seule pression.
      • J'ai indiqué que, dans le chronographe, le c?ur était l'organe capital. C'est, en effet, lui qui est chargé de ramener à zéro les aiguilles et de reconduire d'un bond la rattrapante sous sa compagne. (Le Cosmos; revue des sciences et de leurs applications, du 3 octobre 1912, page 386)
    25. Jeu de cartes dans lequel les cartes se jouent par couleur. La dame de pique permet de briser le c?ur, et cette couleur peut alors être jouée.
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    Dictionnaire de l'Académie française, huitième édition

    CŒUR. n. m.
    T. d'Anatomie. Viscère musculaire qui est le principal organe de la circulation du sang et qui est situé dans la poitrine. Sa forme est à peu près celle d'un cône renversé, légèrement aplati de deux côtés, arrondi vers la pointe et ovoïde au sommet. Le mouvement du cœur. Le battement, les battements du cœur. Les pulsations du cœur. La contraction, la dilatation du cœur. Avoir des palpitations de cœur. Les maladies du cœur. Une maladie de cœur. Il fut blessé, frappé au cœur. Son cœur ne battait plus que faiblement. Son cœur avait cessé de battre. Le cœur d'un animal. Un cœur de bœuf. Tant que le cœur me battra, Tant que je vivrai. Il se dit, dans un sens particulier, du Cœur considéré comme susceptible de mouvements causés par les passions. Le cœur lui bat, lui bat violemment. Son cœur palpite. Son cœur tressaillait d'aise, de joie. La joie dilate le cœur, le chagrin le resserre. Épanouissement de cœur. Serrement de cœur. Il désigne quelquefois par extension la Partie de la poitrine où les battements du cœur se font sentir. Il le pressa, il le serra tendrement contre son cœur. Mettre la main sur son cœur. Il se dit souvent au figuré du Cœur regardé comme l'organe de la sensibilité morale, le siège des sentiments et des passions. Avoir le cœur navré, oppressé, serré de douleur, de tristesse. Son cœur était enflammé de colère. Avoir la rage, le désespoir dans le cœur. Avoir gros cœur. Le cœur plein d'amertume, d'indignation. Il a le cœur gros. Cela le touche au cœur. Amollir, attendrir, toucher le cœur de quelqu'un. Le cœur lui saigne. Cela me fait saigner le cœur, me fait crever le cœur. Cela me perce, me déchire, me fait fendre le cœur, me fend le cœur. Le calme rentra dans mon cœur. Mon cœur s'ouvrit à l'espérance. Il gardait cela dans son cœur. Cela est gravé dans mon cœur. Les plaisirs du cœur. Les peines du cœur. Les plaies du cœur. Avoir un poids sur le cœur. Cela va au cœur, Cela touche, émeut. Ses paroles m'allaient au cœur. Fam., De gaieté de cœur. Voyez GAIETÉ. Se ronger le cœur, et, par abréviation, S'affliger, se chagriner, se tourmenter. Avoir quelque chose sur le cœur, En avoir du ressentiment. Cela lui pèse sur le cœur, Cela lui cause du chagrin, du ressentiment. Décharger son cœur, Découvrir, déclarer avec franchise les sujets de douleur, d'inquiétude, de plainte ou de ressentiment que l'on a. Ma patience est à bout, il faut que je décharge mon cœur. Prov., Je veux en avoir le cœur net, Je veux savoir ce qu'il en est, je veux me délivrer de mes doutes sur ce fait. Je lui demanderai la cause de son refroidissement, pour en avoir le cœur net. Il désigne plus particulièrement cette Faculté de l'âme qui nous rend capables d'affection, d'amitié, d'amour, de zèle, etc. Régner sur les cœurs. Se concilier tous les cœurs. Il sut gagner tous les cœurs. Il a le cœur des peuples, des soldats. Tous les cœurs volent au-devant de lui. Élever son cœur à Dieu, lui offrir son cœur. Attaché de cœur à la cause des anciens rois. J'ai fait cela de cœur et d'âme, du meilleur de mon cœur. Acceptez cela; c'est de bon cœur que je vous l'offre. Il a mis là tout son cœur. Il s'y est mis de tout cœur. Je l'aime de tout mon cœur. Le cœur d'un ami, d'un père, d'un époux, d'une mère, etc. Un cœur de père. Nos cœurs ne tardèrent pas à s'entendre. Un ami qui nous parle du cœur. Obtenir, posséder le cœur d'une personne. Donner son cœur. Disposer de son cœur. Donner son cœur et sa main. Faire don de son cœur. La paix du cœur. Un cœur fidèle. Un cœur embrasé d'amour, brûlant d'amour. Un cœur prompt à s'enflammer. Avoir le cœur tendre. Il sut trouver le chemin de mon cœur. L'union des cœurs. Fig. et fam., Son cœur commence à parler, son cœur a parlé, se dit d'une Jeune personne qui éprouve les premiers sentiments de tendresse, de préférence pour quelqu'un. Prov., Loin des yeux, loin du cœur, Ordinairement l'absence détruit ou refroidit les affections. L'ami de cœur. Ils sont amis de cœur. L'ami, l'amie du cœur, Celui, celle que l'on aime le plus tendrement. Fam., Affaire de cœur, Commerce de galanterie. Fig., Ces deux personnes ne sont qu'un cœur et qu'une âme, Elles s'entraiment beaucoup. Mon cœur, mon petit cœur, mon cher cœur, Expressions de tendresse dont on se sert en parlant à une personne que l'on aime; ou, par badinage, en parlant à une personne avec qui l'on vit familièrement. Avoir à cœur de... Avoir un vif désir, une ferme intention de... J'ai à cœur de vous prouver ma reconnaissance. J'ai à cœur d'accomplir ma tâche jusqu'au bout. Prendre une chose à cœur, S'en affecter, y être vivement sensible. Vous prenez cela trop à cœur. On dit de même Cette affaire lui tient au cœur, Il s'y intéresse fort, ou Il y est très sensible. Fam., Avoir cœur, Avoir le cœur au métier, Travailler avec zèle, avec ardeur; affectionner ce qu'on fait, ce qu'on doit faire. On dit de même Avoir cœur ou avoir le cœur à l'ouvrage. De bon cœur, de grand cœur, de tout son cœur, Volontiers, avec plaisir. À contre-cœur, Avec répugnance, malgré soi. Fam., Si le cœur vous en dit, Si vous êtes d'humeur à faire cela. Le cœur vous en dit-il? Fig. et fam., Prendre son cœur à deux mains, Faire un grand effort sur soi-même. Il se dit aussi en parlant des Inclinations de l'âme. C'est un bon cœur. C'est un mauvais cœur. Avoir bon cœur. Avoir mauvais cœur. Il a le cœur droit. Il a le cœur franc. Il a le cœur bien placé. Cœur généreux. Cœur dissimulé. Il a le cœur gâté, corrompu. Cœur excellent. Cœur dur. Cœur compatissant. Cœur sensible. La pureté du cœur. Vous connaissez la droiture de son cœur. Être doux et humble de cœur. Il le promit dans toute la sincérité de son cœur. L'impulsion du cœur. Régler les mouvements de son cœur. Fig. et fam., C'est un cœur d'or, C'est un excellent cœur. Prov., Mauvaise tête et bon cœur, Les gens étourdis et inconsidérés ont parfois de bonnes intentions, un bon cœur. Fig., Être tout cœur, Être très généreux, plein d'affection, de dévouement. On dit dans le même sens Il est plein de cœur. Il a un grand cœur, et même par ellipse C'est un grand cœur, C'est un homme capable des sentiments les plus élevés. Fig., N'avoir point de cœur, Être dépourvu de toute sensibilité, n'avoir aucune noblesse, aucune générosité dans les sentiments. On dit aussi dans le même sens C'est un sans-cœur. Cet homme a le cœur endurci, c'est un cœur endurci, Il est tellement opiniâtre qu'on ne peut le fléchir; et, en termes de Dévotion, Il est extrêmement obstiné dans le mal, dans le péché. Fig., Avoir le cœur ou un cœur de roche, un cœur de marbre, un cœur de pierre, un cœur d'airain, etc., Avoir un cœur dur, insensible. Avoir un cœur de tigre, Être d'une extrême cruauté. Il se dit aussi par opposition à l'Esprit, dans les divers sens figurés qui précèdent. Ce sermon plaît à l'esprit et ne touche point le cœur. Former l'esprit et le cœur des enfants. Son esprit égara son cœur. Il se dit aussi, soit absolument, soit avec un adjectif, en parlant du Courage, de la fermeté d'âme, de la constance. Il a du cœur. Il n'a point de cœur. Perdre cœur. Reprendre cœur. C'est un homme de peu de cœur, sans cœur. Ils se comportèrent en gens de cœur. Cela lui a élevé, haussé le cœur; lui a abattu, abaissé le cœur; lui a rendu le cœur. Le cœur lui manque. Le cœur lui revient. Fig., Un cœur de lion, Un grand courage, et familièrement, Un cœur de poule, Une extrême poltronnerie. Fig. et fam., Mettre, remettre le cœur au ventre à quelqu'un, Lui donner, lui redonner du courage. Il était consterné, mais ce succès lui remit le cœur au ventre. Fig. et fam., Faire contre mauvaise fortune, contre fortune bon cœur. Voyez BON. Il désigne encore la Pensée intime, les dispositions secrètes de l'âme. Dieu sonde les cœurs. Dieu connaît les cœurs, voit le fond des cœurs. Vous lisez dans mon cœur. Il pénètre dans les replis les plus cachés du cœur. Au fond du cœur. Descendre dans son cœur, au fond de son cœur. Connaître tous les secrets du cœur humain. Le langage du cœur. Son cœur a parlé. Son cœur démentait sa bouche. Quand il vous offre ses services, on sent que cela sort du cœur, vient du cœur, part du cœur. Se parler cœur à cœur, Se parler avec la plus grande franchise, sans aucune réserve. Fig., Avoir le cœur sur les lèvres, Être franc et sincère. Avoir le cœur sur la main, Être très cordial, très accueillant, très généreux. Ouvrir son cœur à quelqu'un, Lui confier ses plus secrets sentiments. Ouvrez-moi votre cœur. Puisque vous prenez tant d'intérêt à ce qui me touche, il faut que je vous ouvre mon cœur. Parler à cœur ouvert, Parler avec une entière franchise, sans aucun déguisement. Parler d'abondance de cœur, Parler avec épanchement, avec une pleine confiance. Il se prend abusivement pour l'Estomac. Mal de cœur. Il a mal au cœur. Il a le cœur barbouillé. Cela lui fait mal au cœur. Il est sujet à des maux de cœur. Cela lui fait soulever le cœur. Fig. et fam., Cela lui fait mal au cœur, il en a mal au cœur, Il ne voit cela qu'avec déplaisir, il en est choqué. Cela me fait grand mal au cœur. Pensez-vous qu'il n'ait pas bien mal au cœur de voir... Fig. et fam., Si le cœur vous en dit, Si vous en avez envie. Faire une chose de bon cœur, à contre-cœur, La faire avec plaisir ou malgré soi. Prov., S'en donner à cœur joie, En jouir pleinement et abondamment, s'en rassasier. Il se dit aussi de Certains bijoux, ornements, etc., qui ont à peu près la forme d'un cœur. Une croix d'or surmontée d'un cœur. On dit dans un sens analogue, en termes de Botanique, Une feuille en cœur, des pétales en cœur, etc. Fam., Faire la bouche en cœur, Donner à sa bouche une forme mignarde, affectée. Il signifie figurément Faire l'aimable avec excès. Il se dit particulièrement d'Une des quatre couleurs du jeu de cartes, dont les points sont figurés par des cœurs. Roi de cœur. Dix de cœur. Il a trois cœurs dans son jeu. Il désigne encore, par analogie, le Milieu de quelque chose, particulièrement d'un État ou d'une ville. Le cœur de la ville. Le cœur du royaume. Il est logé au cœur de la ville. L'ennemi était au cœur du royaume. Au cœur de l'hiver, au cœur de l'été, Au plus fort de l'été, au plus fort de l'hiver, par le plus grand chaud, par le plus grand froid. On dit de même figurément Être au cœur du sujet, au cœur d'une question. Il désigne également la Partie centrale du tronc d'un arbre. Du cœur de chêne. Du cœur de poirier. Une table faite de cœur de noyer. Cœur de cormier. Il se dit aussi du Milieu d'un fruit, particulièrement d'une pomme et d'une poire. Cette pomme, cette poire est gâtée dans le cœur. Le cœur de cet ananas est gâté. On dit dans un sens analogue Le cœur d'une laitue.

    PAR CŒUR, loc. adv. De mémoire. Apprendre une chose par cœur. Savoir des vers, un discours, etc., par cœur. Réciter par cœur. Fig. et fam., Savoir un homme par cœur, Connaître parfaitement son caractère, ses habitudes. Fig. et fam., Dîner par cœur, Se passer de dîner. S'il ne vient à l'heure, il dînera par cœur.

    Littré

    C?UR (keur) s. m.

    Résumé

    • 1° Organe qui meut le sang.
    • 2° la poitrine.
    • 3° l'ensemble des facultés affectives et des sentiments moraux.
    • 4° mémoire des sentiments.
    • 5° sens moral, conscience.
    • 6° tempérament moral.
    • 7° la pensée intime, les dispositions secrètes.
    • 8° l'affection, la tendresse, l'amour.
    • 9° la personne elle-même qui éprouve ces divers sentiments.
    • 10° ardeur, vif intérêt.
    • 11° courage, fermeté.
    • 12° générosité.
    • 13° le principal agent, le principal intérêt.
    • 14° l'estomac.
    • 15° la partie centrale de quelque chose.
    • 16° ce qui a forme de c?ur.
    • 17° terme de manége.
    • 18° terme de blason.
    • 19° terme d'astronomie.
    • 20° terme d'horticulture.
    • 21° terme de métier.
    • 22° terme de boucherie.
    • 1 Terme d'anatomie. Organe conoïde, creux et musculaire qui, renfermé dans la poitrine, est le principal agent de la circulation du sang. Les battements du c?ur. Grande reine, je satisfais à vos plus tendres désirs, quand je célèbre ce monarque?; et ce c?ur, qui n'a jamais vécu que pour lui, se réveille, tout poudre qu'il est, et devient sensible, même sous ce drap mortuaire, au nom d'un époux si cher, Bossuet, Reine d'Anglet. Il ne se forma plus de nouveau sang au c?ur?; Chaque membre en souffrit?; les forces se perdirent, La Fontaine, Fabl. III, 2. Tout abattu qu'il fût, il demeura vainqueur?; Son sang fut en cent lieux le prix de sa victoire?; Et Mars ne lui laissa rien d'entier que le c?ur, Épitaphe du mar. de Rantzau, dans RICHELET.

      Tant que le c?ur me battra, me battra au ventre, dans le ventre, c'est-à-dire tant que je vivrai.

      Fig. Le c?ur me bat, je suis très inquiet.

      Faire la bouche en c?ur, donner aux lèvres la forme d'un c?ur, les resserrer d'une façon mignarde?; et fig. S'efforcer de paraître gracieux.

      Fig. Il voudrait lui manger le c?ur, lui arracher le c?ur, il le hait mortellement.

      Se ronger le c?ur, se consumer d'un chagrin secret. Y a-t-il rien de plus sot que de vouloir porter continuellement un fardeau qu'on veut toujours jeter par terre?; d'avoir son être en horreur et de tenir à son être?; enfin de caresser le serpent qui nous dévore, jusqu'à ce qu'il nous ait mangé le c?ur?? Voltaire, Candide, 11.

      Le c?ur me saigne, je suis pénétré d'une vive douleur. Le c?ur saigne en lisant le récit de ces cruautés.

      Avoir le c?ur gros, éprouver le besoin de pleurer, de soupirer, de sangloter, ressentir un chagrin profond. Le c?ur gros de soupirs.

      Je veux en avoir le c?ur net, je veux savoir ce qui en est.

      Sacré-C?ur, dévotion au c?ur de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui s'est développée au commencement du XVIIIe siècle

      Congrégation de religieuses consacrées à l'adoration du c?ur de Jésus-Christ et qui se dévouent aussi à l'éducation des jeunes filles.

    • 2 Par extension, la poitrine. Il le pressa tendrement contre son c?ur. Jamais sans défiance avez-vous pu d'un frère Presser le sein sur votre c?ur?? Gilbert, Ode à Salm. Riant et m'asseyant sur lui, près de son c?ur, Chénier, 70.
    • 3L'ensemble des facultés affectives et des sentiments moraux, par opposition à esprit, qui est l'ensemble des facultés intellectuelles?; cet emploi du mot c?ur provient d'une opinion ancienne et erronée qui plaçait le siége des passions dans le c?ur, parce que cet organe en ressentait immédiatement des effets manifestes. Attendrir, toucher le c?ur de quelqu'un. Avoir le c?ur navré, oppressé. L'homme croit souvent se conduire lorsqu'il est conduit?; et, pendant que par son esprit il tend à un but, son c?ur l'entraîne insensiblement à un autre, La Rochefoucauld, Max. 43. L'esprit est toujours la dupe du c?ur, La Rochefoucauld, ib. 102. Chacun dit du bien de son c?ur, et personne n'en ose dire de son esprit, La Rochefoucauld, ib. 98. Je sais que tous les lieux sont égaux pour les esprits bien faits?; mais il n'en est pas de même quand les esprits bien faits ont des c?urs sensibles, Voltaire, Lett. Chauvelin, 25 août 1763. Le c?ur, dès qu'il est touché, ne tarit point, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 90. Ils habitaient un bourg plein de gens dont le c?ur Joignait aux duretés un sentiment moqueur, La Fontaine, Phil. et Bauc. J'en ai le joie au c?ur Par le chagrin qu'aura ce lâche déserteur, Molière, Femmes sav. V, 5. Et le plus sûr moyen de gagner leur faveur [des grands], C'est de flatter toujours le faible de leur c?ur, Molière, D. Garc. II, 1. Il dit en soupirant que la nuit de sa vue Ne l'empêche pas tant que la nuit de son c?ur, Malherbe, I, 4. Avec des vers bien faits, bien compassés, on ne tient rien si le c?ur n'est ému, Voltaire, Lett. d'Argental, 16 déc. 1760. Les c?urs sont-ils donc faits à Paris autrement que chez moi?? Voltaire, Lett. d'Argental, 17 sept. 1760. Le bel art de la déclamation, c'est-à-dire l'art de se rendre maître des c?urs, Voltaire, Lett. Albergati, 14 fév. 1763. Il faut que le c?ur seul parle dans l'élégie, Boileau, Art poét. II. Dieu connaît le caractère de nos c?urs et jusqu'où va notre faiblesse, Massillon, Avent, Afflict. Et déjà le chagrin pesait moins sur mon c?ur, Saint-Lambert, Saisons, hiver. Pourquoi de mes loisirs accuser la langueur?? Pourquoi vers des lauriers aiguillonner mon c?ur?? Chénier, Élég. VIII. Et les arts, dans un c?ur de leur amour rempli, Versent de tous les maux l'indifférent oubli, Chénier, ib. XVI.

      Parler, aller au c?ur, toucher vivement, intéresser. Cette grâce qui m'allait droit au c?ur, Sévigné, 79.

      Le c?ur me le disait bien, j'en avais le pressentiment.

      De c?ur, par la disposition intérieure. Les dévots de c?ur, Molière, Tart. I, 6. Mortifié dans l'abondance, pauvre de c?ur au milieu des biens périssables, Massillon, Avent, Afflict. La loi qui nous oblige à croire de c?ur, Massillon, Car. Culte. Qui la cherche de c?ur [la vérité] un jour peut la connaître, Voltaire, Henr. I.

      De c?ur, avec un sentiment sincère. Attaché de c?ur à la famille de ses rois.

      Ami de c?ur, ami dévoué, sincère.

      De gaieté de c?ur, de propos délibéré, et sans sujet.

    • 4Le c?ur considéré comme mémoire des sentiments. Vos bienfaits sont gravés dans mon c?ur. Il faut ne rien garder sur votre c?ur, Sévigné, 509.

      Avoir quelque chose sur le c?ur, garder, entretenir un ressentiment. J'aurai toujours ce coup-là sur le c?ur, Molière, Fâch. II, 2. J'ai ce soufflet fort sur le c?ur, Molière, Sicil. 13. J'ai cette insulte sur le c?ur, Molière, Fourb. II, 27. J'ai quelque chose sur le c?ur contre vous, Sévigné, 296. Nous avons ces réponses sur le c?ur, Sévigné, 234. Elle emporta tout cela sur son c?ur avec la rage pêle-mêle, Sévigné, 35. Il avait encore sur le c?ur la perfidie du Suisse, Hamilton, Gramm. 3. N'osant lui parler de ce qu'il avait sur le c?ur, Hamilton, ib. 7. Il fut bien aise de dire une partie de ce qu'il avait sur le c?ur, Hamilton, ib. 5. Une femme à qui l'on joue ce tour dit volontiers à son adverse partie ce qu'elle a sur le c?ur, Voltaire, Lett. d'Argental, 23 déc. 1762.

      Décharger son c?ur, dire sans réticence ce qui préoccupe.

      Par c?ur, de mémoire. Locution qui vient d'une extension de la mémoire du c?ur à la mémoire de l'esprit. Le peuple apprit par c?ur ce divin cantique, Bossuet, Hist. II, 3. Qui ont lu et appris par c?ur le même livre, Pascal, Persuad.

      Fig. Savoir un homme par c?ur, connaître parfaitement son caractère et sa vie. Votre homme arrive?; je l'ai étudié une bonne grosse demi-heure, et je le sais déjà par c?ur, Molière, Pourc. I, 4.

      Familièrement. Dîner par c?ur, se passer involontairement de dîner. Cette locution paraît s'être dite d'abord de celui qui, au lieu de dîner, parlait, racontait, récitait, et de la sorte se passait de manger.

    • 5Sens moral, conscience. Et renverser soudain la paix de votre c?ur, Comme un enfant renverse un verre, Hugo, Voix intér. IX. Pour juge il a son c?ur, pour amis ses égaux, Saint-Lambert, Saisons, automne. Je n'ai point sur mon c?ur de m'être divertie, Sévigné, 21. Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon c?ur, Racine, Phèd. IV, 2.

      Sans c?ur, sans sentiment moral. Et moi, reine sans c?ur, fille sans amitié, Racine, Athal. II, 7. [Elle] Dit que j'étais sans foi, sans c?ur, sans conscience, Corneille, Médée, I, 1.

      Par extension. Tant de marbres réputés beaux sont sans âme, sans c?ur, et vous laissent aride, Vitet, Marbres d'Éleusis. Revue des Deux-Mondes, t. XXVI, p. 221.

      Familièrement. Un sans c?ur, un homme dépourvu de sentiment moral et d'énergie. C'est un grand sans c?ur.

    • 6Tempérament moral. Avoir bon c?ur. Avoir un mauvais c?ur. C?ur égoïste. Il a le c?ur gâté, corrompu. Plus on vieillit, dit-on, plus on a le c?ur dur, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 20 nov. 1765. C'est l'affaire dont vous avez parlé à Mme la duchesse de la Rochefoucauld, qui occupe actuellement ma vieille tête et mon jeune c?ur, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 31 déc. 1774. Je reconnais cela, madame, avec ce c?ur que vous savez que j'ai, Voiture, Lett. 16. Ce c?ur qui est si fort au-dessus des sceptres et des couronnes, et ces grâces qui vous font régner sur toutes les volontés, Voiture, ib. 7. C?ur perfide, Racine, Andr. II, 5. Et mon c?ur aussi fier que tu l'as vu soumis, Racine, ib. C?ur d'acier, Corneille, Hor. III, 2. Son c?ur né fier et qui jusqu'à ce temps Avait été nourri d'un doux encens, Gresset, Ver-vert, III.

      C?ur de vipère, caractère plein de méchanceté et de perfidie. Dans toutes les fureurs des siècles de tes pères, Les monstres les plus noirs firent-ils jamais rien, Que l'inhumanité de ces c?urs de vipères Ne renouvelle au tien?? Malherbe, II, 12.

      C?ur d'airain, caractère impitoyable. Avec un c?ur d'airain exerçant sa puissance, J'ai fait taire les lois et gémir l'innocence, Racine, Esth. III, 1. Et la religion, mère autrefois sensible, S'arme d'un c?ur d'airain contre ses fils ingrats, Gilbert, Jugem. dernier. On dit dans un sens analogue, c?ur de marbre, de pierre, de diamant, c?ur de tigre.

      Avoir, porter un c?ur d'homme, être sensible, avoir des sentiments humains.

      C'est un c?ur d'or, c'est un excellent c?ur.

      Il a le c?ur haut et la fortune basse, se dit d'un homme qui est glorieux et pauvre. Prendre son c?ur par autrui, se mettre en la place d'un autre.

      Le bon c?ur, l'ensemble des sentiments qui constituent la bienveillance pour autrui. Le bon c?ur est chez vous compagnon du bon sens, La Fontaine, Fabl. XII, 23. Une certaine sensibilité qui est la marque d'un bon c?ur, Massillon, Car. Parole.

      Mauvaise tête et bon c?ur, personne vive et emportée, mais dont, au fond, les sentiments sont pleins de bienveillance.

      Un bon c?ur, un mauvais c?ur, une personne qui a un bon, un mauvais c?ur.

      De bon c?ur, loc. adv. Volontiers, sincèrement. Jamais de si bon c?ur je ne brûlai pour elle, Malherbe, V, 24. Je vous pardonnerai de bon c?ur tout ce crime, Tristan, M. de Chrispe, III, 4. Je baise de bon c?ur les verges que tu tiens, Tristan, ib. V, 9. Elle est fort affligée et pleure de bon c?ur, Sévigné, 214. Je suis au monde unique en mon espèce. - Pauvre immortel?! je vous plains de bon c?ur, Millevoye, le Phénix.

      De grand c?ur, très volontiers. Voulez-vous m'écouter?? - Sans doute et de grand c?ur, Molière, Éc. des maris, II, 3.

      Être tout c?ur, être vif à obliger. Il est tout c?ur pour ses amis, il est pour eux plein d'attachement et de désir de les servir.

      De tout son c?ur, avec une pleine affection. Je salue madame votre s?ur de tout mon c?ur, Bossuet, Lett. abb. 47. Ils condamnent cette hérésie de tout leur c?ur, Pascal, Prov. 18.

      De tout c?ur, avec la meilleure volonté du monde.

      Absolument, c?ur dans le sens de bon c?ur, de c?ur bien doué. C'est le c?ur qui fait tout?; que la terre et que l'onde Apprêtent un repas pour les maîtres du monde, Ils lui préféreront les seuls présents du c?ur, La Fontaine, Phil. et Bauc. Parlerai-je d'Iris?? chacun la prône et l'aime?: C'est un c?ur, mais un c?ur? c'est l'humanité même, Gilbert, XVIIIe siècle. L'art des transports de l'âme est un faible interprète?; L'art ne fait que des vers, le c?ur seul est poëte, Chénier, Élég. XX. Si, pauvre et généreux, son c?ur vient de souffrir Aux cris d'un indigent qu'il n'a pu secourir, Chénier, ib.

    • 7La pensée intime, les dispositions secrètes. Montrant que dans le c?ur ce voyage le fâche, Malherbe, I, 4. On s'est plus appliqué aux vices de l'esprit, aux replis du c?ur et à tout l'intérieur de l'homme, La Bruyère, Disc. sur Théophr. Il ne faut pas juger des hommes sur une seule et première vue?: il y a un intérieur et un c?ur qu'il faut approfondir, La Bruyère, XII. Il dissimule les mauvais offices, sourit à ses ennemis, contraint son humeur, déguise ses passions, dément son c?ur, parle, agit contre ses sentiments, La Bruyère, VIII. Connaître un bon visage, et juger si le c?ur, Contraire à ce qu'on voit, ne serait pas moqueur, Régnier, Sat. III. Vous avez vu plus tôt que moi un sentiment qui était caché dans mon c?ur, Voiture, Lett. 16. Ces enfants bien heureux? Ayant Dieu dans le c?ur, ne le purent louer, Malherbe, I, 4. La constance des sages n'est que l'art de renfermer leur agitation dans leur c?ur, La Rochefoucauld, Max. 20. La sincérité est une ouverture de c?ur, La Rochefoucauld, ib. 62. Je veux qu'on soit sincère et qu'en homme d'honneur On ne lâche aucun mot qui ne parte du c?ur, Molière, Mis. I, 1. Il est bon quelquefois de sentir des traverses Et d'en éprouver la rigueur, Elles rappellent l'homme au milieu de son c?ur, Et peignent à ses yeux ses misères diverses, Corneille, Imit. I, 12. C'est dans cette simplicité champêtre que se trouve la vérité et l'effusion du c?ur, Voltaire, Lett. Schouvalof, 19 déc. 1762. C'est du c?ur que je vous demande cette grâce, Sévigné, 395. Crois-tu? Qu'Andromaque en son c?ur n'en sera pas jalouse?? Racine, Andr. II, 5. Il n'est que trop instruit de mon c?ur et du vôtre, Racine, Brit. III, 7. Télémaque ouvrit son c?ur à son ami, Fénelon, Tél. XXII. En m'éveillant je reconnus l'embarras de Néoptolème?; il soupirait comme un homme qui ne sait dissimuler et qui agit contre son c?ur, Fénelon, Tél. X. Et nous ouvrant son c?ur nous ouvrit ses trésors, Corneille, Pomp. I, 3. Dans l'entretien où, m'ayant ouvert votre c?ur, j'y vis tant de résolution, de force et de générosité, Voiture, Lett. 34.

      Selon le c?ur de Dieu, pieux, aimé de Dieu. David que Dieu trouva selon son c?ur, Bossuet, Hist. II, 3. Un roi selon le c?ur de Dieu, Fléchier, Dauph.

      Dans le langage général, selon le c?ur de, agréable à. La première chose que le roi fait avec ce nouveau pape qui est entièrement selon son c?ur et au delà de nos espérances, c'est de lui rendre le Comtat, Sévigné, 592.

      Dans le langage de l'Écriture, les c?urs des rois sont dans la main de Dieu. Mais, comme dit le Sage, autant que le ciel s'élève, et que la terre s'incline au-dessous de lui, autant le c?ur des rois est impénétrable, Bossuet, le Tellier.

      À c?ur ouvert, avec franchise, sincérité, effusion. Parler à c?ur ouvert. Souffrez qu'à c?ur ouvert, monsieur, je vous embrasse, Molière, Mis. I, 2.

      Avoir le c?ur sur les lèvres, avoir le c?ur sur la main, ne pas déguiser sa pensée, ses sentiments.

      Parler d'abondance de c?ur, parler du c?ur, parler avec épanchement. Pour chercher un ami qui me parle du c?ur, Racine, Bérén. I, 4. Nous parlâmes du c?ur, comme deux vieux amis, Au foyer l'un de l'autre à la campagne admis, Lamartine, Harm. III, 6.

      Se parler c?ur à c?ur, se parler avec franchise.

    • 8L'affection, la tendresse, l'amour. Se concilier tous les c?urs. Régner sur les c?urs. L'extrême joie qu'on m'a donnée en me mandant que j'étais tout entier dans le c?ur de cet homme que vous savez qui est si fort selon le mien, Voiture, Lett. 42. Hyménée et l'Amour, par des désirs constants, Avaient uni leurs c?urs dès leur plus doux printemps, La Fontaine, Phil. et Bauc. Sans mentir, mademoiselle, ce ne vous est pas peu de gloire d'avoir pu allumer le c?ur d'un homme aussi froid que je suis, Voiture, Lett. 42. Ah?! si mon c?ur osait encor se renflammer?! La Fontaine, Fabl. IX, 2. Je veux encore un coup montrer un c?ur de père, Corneille, le Ment. V, 3. Ayons un c?ur dont nous soyons les maîtres, Molière, le Fest. III, 6. Sévère lui avait gagné le c?ur des soldats, Bossuet, Hist. I, 10. J'ai fort dans le c?ur M. et Mme Scomberg, Bossuet, Lett. 45. Toutes les choses où j'ai mis mon c?ur, Pascal, Prière. Le petit cardinal a son oncle dans le c?ur, Sévigné, 219. Je ne vous demande que votre c?ur, Fénelon, Tél. IV. Un roi fait ce qu'il veut des c?urs?: tous les protestants sont prêts à mourir pour son service, Voltaire, Lett. Damilaville, 16 avril 1765. Emporter après lui tous les c?urs des soldats, Racine, Baj. I, 1. Pour m'arracher du c?ur de ses soldats, Racine, ib. Sans me faire payer son salut [le salut de mon fils] de mon c?ur, Racine, Andr. I, 4. J'attends avec la paix son c?ur de votre main, Racine, ib. II, 4. Si vous faites ce petit voyage que vous avez projeté dans nos cantons, vous verrez tous les c?urs voler au-devant de vous, Voltaire, Lett. Thiroux, mars 1763. Puis-je espérer encore Que vous accepterez un c?ur qui vous adore?? Racine, Andr. I, 4. Elle aura quelque trait qui, de mes sens vainqueur, Me passant par les yeux, me blessera le c?ur, Régnier, Sat. VII. Il ira, le c?ur plein d'une image divine, Chercher si quelques lieux ont une Clémentine, Chénier, Élég. XI.

      Ces deux personnes ne font qu'un c?ur et une âme, elles sont liées par la plus étroite affection. Les deux princesses ne furent plus qu'un même c?ur, Bossuet, Anne de Gonz.

      Son c?ur commence à parler, son c?ur a parlé, se dit d'une jeune personne qui éprouve les premiers sentiments de l'amour.

      Affaire de c?ur, commerce de galanterie.

    • 9La personne elle-même qui éprouve ces divers sentiments. Je me tiens très heureux d'avoir une si grande place dans le meilleur c?ur de France, Voiture, Lett. 42. Deux démons à leur gré partagent notre vie?; Je ne vois point de c?ur qui ne leur sacrifie, La Fontaine, Fabl. X, 10. Il peut trouver du moins, dans le cours de sa vie, Un c?ur sans injustice, un ami sans envie, Saint-Lambert, Saisons, automne. Des c?urs séparés à regret Trouvent de se rejoindre aisément le secret, Corneille, Othon, II, 4. Un c?ur né pour servir sait mal comme on commande, Corneille, Pomp. IV, 2. Que ne fait point un c?ur Pour plaire à ce qu'il aime et gagner son vainqueur?? Racine, Bérén. II, 2. C?ur accablé de déplaisirs, Racine, Andr. II, 1. C?ur épris de courroux, Racine, ib. I, 1. D'un c?ur qui t'aime, Mon Dieu, qui peut troubler la paix?? Racine, Athal. III, 8. J'aime mieux renoncer à tout cet embarras, Et ne veux point d'un c?ur qui ne se donne pas, Molière, F. sav. V, 4. Avez-vous un secret important, versez-le hardiment dans ce noble c?ur, Bossuet, Duch. d'Orl.

      Familièrement. Bien que d'un cabinet sortît un petit c?ur, Avec son chaperon, sa mine de poupée, Régnier, Sat. X. De s'entendre appeler petit c?ur ou mon bon, Boileau, Sat. X. Elle a eu l'effronterie de me dire que je ne suis point malade?; vous savez, mon c?ur, ce qui en est, Molière, Mal. im. I, 6. Mon pauvre petit c?ur, tu le peux si tu veux, Molière, Éc. des f. V, 5.

      Un joli c?ur, un jeune homme qui prend un soin particulier de sa toilette.

      Faire le joli c?ur, se donner des grâces.

    • 10Ardeur, vif intérêt. Il a le c?ur à l'étude. Amour enfin qui prit à c?ur l'affaire, La Fontaine, Coc. Il s'agit d'une affaire que j'ai fort à c?ur, Bossuet, Lett. 109. Il prend trop de c?ur à ce qu'il entreprend, Pascal, Prov. III. Qui croyez-vous qui prenne les choses à c?ur? Pascal, ib. Il n'eut plus de c?ur que pour lui, Fléchier, M. de Mont. Il avait mis son c?ur à ce mariage, Rousseau, Hél. I, 40. Des haines qui, en refusant le c?ur au devoir, ont assez d'empire sur elles, pour donner les apparences au monde, Massillon, Car. Pardon. J'avais peur Que mon père ne prît l'affaire trop à c?ur, Racine, Plaid. II, 6. Vous prenez la chose fort à c?ur, Molière, les Préc. 1. Il avait le c?ur trop au métier, Racine, Plaid. I, 1.

      Avoir à c?ur quelque chose, y prendre un vif intérêt. Ils n'ont rien tant à c?ur que de voir la concorde régner, Massillon, Or. fun. Louis XI. Tenir au c?ur, être l'objet d'un attachement, d'un désir, d'un intérêt. Le reste ne lui tenait plus au c?ur, Sévigné, 216. Cela est au premier rang de ce qui me tient le plus au c?ur, Sévigné, 202. On aime fort ce détail pour les choses qui tiennent au c?ur, Sévigné, 5. Les choses qui nous tiennent sensiblement au c?ur, Sévigné, 570. Une beauté me tient au c?ur, Molière, Fest. I, 2. La Sicile ravie leur tenait au c?ur, Bossuet, Hist. I, 8. Diantre?! l'amour vous tient au c?ur de bon matin, Racine, Plaid. I, 5.

      Tenir au c?ur, être l'objet d'une inquiétude, d'un tourment. Le Rhône me tient fort au c?ur, Sévigné, 23. Votre frère me tient fort au c?ur, Sévigné, ib. Ce maître d'armes vous tient bien au c?ur, Molière, le Bourg. III, 3.

    • 11Courage, fermeté. Homme de c?ur, homme plein de courage. La rigueur de ses lois, après tant de licence, Redonnera le c?ur à la faible innocence, Malherbe, II, 1. ? Vous vous troublez beaucoup?; Mon c?ur n'est point du tout ébranlé de ce coup, Molière, F. sav. V, 4. À la fin je pris c?ur, résolu d'endurer?, Régnier, Sat. X. Non, non, j'ai trop de c?ur pour lâchement me rendre, Régnier, Élég. I. Si tu connaissais tes péchés, tu perdrais c?ur, Pascal, Myst. 2. Rodrigue, as-tu du c?ur? Corneille, Cid, I, 9. Nous vous laissons ici pour leur rendre du c?ur, Corneille, Hor. II, 7. Et ne vous flattez pas ni sur votre grand c?ur Ni sur l'éclat d'un nom cent et cent fois vainqueur, Corneille, Nicom. I, 1. ? Tant de fois vaincus ils ont perdu le c?ur De se plus hasarder contre un si grand vainqueur, Corneille, Cid, II, 7. Ces favorables mots vous ont rendu le c?ur, Corneille, Tois. d'or, IV, 5. Un orgueil noble et juste et digne d'une reine, Qui soutient avec c?ur et magnanimité L'honneur de sa naissance et de sa dignité, Corneille, Pomp. III, 1. Sans qu'on l'ose accuser d'avoir manqué de c?ur, Corneille, Cid, V, 1. [Il] m'a fait voir trop de c?ur, Corneille, le Ment. III, 2. En vain en l'attaquant [il] fait paraître un grand c?ur, Corneille, Hor. IV, 4. S'il avait moins de c?ur, Corneille, Cid, II, 7. S'il la sauve, peut-être on trouvera dans Rome Plus de c?ur que de crime en l'ardeur d'un jeune homme, Corneille, Théodore, V, 7. Antigone Gonatas reprit c?ur, pendant que Pyrrhus, inquiet et ambitieux, faisait la guerre aux Lacédémoniens et aux Argiens, Bossuet, Hist. univ. I, 8. Ils ne voulaient pas qu'on s'y prît d'une manière à lui faire perdre c?ur, Bossuet, Var. 10. Le parti a repris c?ur et fait les derniers efforts, Bossuet, Lett. quiét. 341. Ce discours ébranla le c?ur De notre imprudent voyageur?; Mais le désir de voir et l'humeur inquiète?, La Fontaine, Fabl. IX, 2. Battre un homme à coup sûr n'est pas d'une belle âme?; Et le c?ur est digne de blâme Contre les gens qui n'en ont pas, Molière, Amph. I, 2. Si l'heureux Amurat, secondant leur grand c?ur, Aux champs de Babylone est déclaré vainqueur, Racine, Baj. I, 1. Surtout j'admire en vous ce c?ur infatigable, Racine, Mithr. III, 1. Il faut du c?ur et de l'action, Fléchier, Serm. I, 169. Un dessein si hardi jeta les patriciens et le peuple dans une consternation générale?; tous manquent de c?ur et de résolution, Vertot, Révol. rom. liv. II, p. 201.

      Familièrement. Prendre son c?ur à deux mains, faire tous ses efforts, ou prendre son grand courage.

      Familièrement. Avoir le c?ur de, pousser la dureté, l'indifférence jusqu'à. Vous n'aurez pas ce c?ur-là, Molière, Mal. im. I, 5. Comment avez-vous le c?ur de mêler avec leurs fruits des ossements?? Rousseau, Ém. II.

      Un c?ur de lion, un homme d'un extrême courage.

      Un c?ur de poule, un poltron. Ah?! poltron?! dont j'enrage, Lâche?! vrai c?ur de poule, Molière, Sganar. sc. 21.

      Mettre, remettre le c?ur au ventre à quelqu'un, lui rendre le courage. Cette locution vient du langage du moyen âge, où le c?ur est joint souvent à ventre, pris en un sens très général de tronc du corps?; locution qui provient elle-même de ce qu'on se sent plus de force et de courage après avoir bien mangé.

      Faire contre mauvaise fortune, ou, absolument, contre fortune bon c?ur, ne pas se laisser abattre et aussi ne pas laisser paraître sur son visage le désappointement, la peine qu'on éprouve.

    • 12Générosité. Être plein de c?ur.

      Grand c?ur, magnanimité. Seigneur, vous devez tout au grand c?ur d'Exupère, Corneille, Héracl. V, 4. Henriette d'un si grand c?ur est contrainte de demander du secours?; Anne d'un si grand c?ur ne peut en donner assez, Bossuet, Reine d'Anglet.

      Un grand c?ur, une personne magnanime. Mais de cette faiblesse un grand c?ur est honteux?; Il ose espérer tout dans un succès douteux, Corneille, Hor. I, 1. N'attendez point de moi de regrets ni de larmes?: Un grand c?ur à ses maux applique d'autres charmes, Corneille, Pomp. V, 1. La grâce est aux grands c?urs honteuse à recevoir?; La menace n'a rien qui les puisse émouvoir, Corneille, Suréna, IV, 4. Un grand c?ur cède un trône et le cède avec gloire?; Cet effort de vertu couronne sa mémoire, Corneille, Rodog. II, 5. Au travers des périls un grand c?ur se fait jour, Racine, Andr. III, 1. Jamais dans un grand c?ur vit-on plus de faiblesse?? Racine, Bérén. III, 2.

      Homme de c?ur, homme qui a de la générosité, de la sensibilité.

      N'avoir point de c?ur, être dépourvu de toute sensibilité, de toute noblesse d'âme.

    • 13Le principal agent, le principal intérêt. Le parti du duc et de mon frère Dont l'un est votre c?ur, si l'autre est votre bras, Rotrou, Vencesl. I, 1. Quand à ton père usé je rendis la vigueur, J'avais encor tes v?ux, j'étais encor ton c?ur, Corneille, Médée, III, 3. Le prince de Conti fut le c?ur et le confident de M. de Luxembourg dans ses dernières années, Saint-Simon, 220, 212.
    • 14 Par extension, l'estomac?: dénomination qui vient de ce que, dans l'ancienne anatomie grecque, on donnait le nom de c?ur à l'orifice cardiaque ou supérieur de l'estomac, et le nom de douleur de c?ur aux douleurs de l'estomac. Des soulèvements de c?ur. J'ai encore mon dîner sur le c?ur.

      Avoir le c?ur noyé, noyé d'eau, être incommodé pour avoir bu trop d'eau.

      Fig. Cela lui pèse sur le c?ur, c'est quelque chose qui lui cause du chagrin, de la rancune.

      Ce vin va au c?ur, il fait plaisir.

      Avoir mal au c?ur, être pris de nausées. Sur mer j'ai mal au c?ur. Celles qui ont dîné ont mal au c?ur, Sévigné, 185.

      Mal de c?ur, envie de vomir. À moitié chemin, j'eus un grand mal de c?ur, Sévigné, 58.

      Fig. Cela fait mal au c?ur, fait soulever le c?ur se dit d'une chose qui excite le dégoût, l'aversion, le chagrin. Une douceur fade qui fait mal au c?ur, Molière, Impr. 3. Avec un style si bourgeois et si ridicule, que cela fait mal au c?ur, Vauvenargues, Du goût. Les violons de la cour font mal au c?ur au prix de ceux-là, Sévigné, 73. Il est d'une faiblesse à faire mal au c?ur, Sévigné, 44. Les louanges me font mal au c?ur, Sévigné, 235. Tout ce qui ressemble à une séparation fait bien mal au c?ur, Sévigné, 462. Ce qui vient de sa part lui fait soulever le c?ur, Bossuet, Resp. 1. De ce raccommodement vint un fils qui réduisit la jeune princesse de Bade à l'état ordinaire pour les biens, dont sa belle-mère eut grand mal au c?ur, Saint-Simon, 168, 259.

      Si le c?ur vous en dit, si vous avez envie d'en manger?; et fig. Si vous êtes disposé à cela.

      Avoir le c?ur bon, avoir l'appétit bon, se dit d'un malade qui conserve de l'appétit.

      Cet homme a bon c?ur, il ne rend rien, se dit d'un homme dont l'estomac ne rejette pas ce qu'il mange?; et, figurément, de celui qui ne rend pas ce qu'on lui prête.

      Avoir le c?ur sur le bord des lèvres, et, simplement, sur les lèvres, être prêt à vomir.

      Avoir le c?ur mort, se sentir très faible.

      Populairement. N'être pas malade de c?ur, conserver un bon appétit.

      S'en donner au c?ur joie, à c?ur joie, jouir pleinement, se rassasier d'une chose.

      À c?ur jeun, sans avoir mangé de la journée. Locution qui vieillit.

    • 15 Par analogie, la partie centrale de quelque chose. Il est logé au c?ur de la ville. Le c?ur d'un fruit, d'un chou. Je veux qu'elle me voie au c?ur de ses États Soutenir ma fureur d'un million de bras, Corneille, Nicom. V, 7. Dans le c?ur de son empire, Bossuet, Hist. I, 8. Il y avait au c?ur de la Judée des hommes choisis, Pascal, Juifs, 20. Plus les chênes croissent vite, plus ils forment de c?ur, et meilleurs ils sont pour le service, Buffon, Exp. sur les végét. 2e mém. Les vieilles souches [de vigne] sont pourries jusqu'au c?ur, et le fruit n'en vaut guère, Courier, I, 272. Je relève sous l'eau les tiges abattues, Je secoue au soleil les c?urs de mes laitues, Lamartine, Joc. IX, 281.

      Fig. Au c?ur de l'été, de l'hiver, pendant les plus grandes chaleurs, les plus grands froids. Évitez le c?ur de l'hiver pour revenir, Sévigné, 355. On était au c?ur d'un hiver extrêmement rude, Hamilton, Gramm. 8. Les Suédois faisaient la guerre au c?ur de l'hiver comme dans l'été, Voltaire, Charles XII, 2. Éveillés à minuit au c?ur de l'hiver, Rousseau, Ém. II.

      C?ur de cheminée, le milieu de la cheminée, où est ordinairement une plaque. Il est noir comme le c?ur de la cheminée.

      À c?ur de journée, sans relâche. Locution qui paraît venir de ce que le c?ur de la journée est pris pour le fort du travail. Murce avait un jeune valet qu'il appelait marcassin et qui se moquait de lui à c?ur de journée, Saint-Simon, 164, 168.

    • 16Ce qui a la forme d'un c?ur. Une croix d'or surmontée d'un c?ur.

      Le c?ur, une des couleurs du jeu de cartes. Le c?ur est atout. J'ai tous les c?urs.

      Nom vulgaire d'un grand nombre de coquilles bivalves.

    • 17 Terme de manége et de fauconnerie. Être en c?ur, se dit d'un cheval, d'un oiseau qui se montrent pleins d'ardeur. Un cheval de deux c?urs, est celui qui répond mal aux aides et qui ne manie pas volontiers.
    • 18 Terme de blason. Le milieu de l'écu, dit aussi abîme.
    • 19 Terme d'astronomie. C?ur du Lion, étoile de première grandeur qui fait partie de la constellation du Lion, dite aussi Régulus.

      C?ur de Charles, petite constellation entre la Grande Ourse et le Lion.

      C?ur de l'Hydre, étoile de la constellation de l'Hydre. C?ur du Scorpion ou Antarès.

    • 20 Terme d'horticulture. C?ur de pigeon, espèce de prune et espèce de pomme.

      C?ur de b?uf, espèce de prune.

      C?ur de Saint-Thomas, nom vulgaire d'un fruit d'Amérique ou mieux d'une graine, dite aussi châtaigne de mer (entade gigalobion).

      Nom d'une espèce de bigarreau.

    • 21Pièce d'horlogerie qui dégage la détente de la sonnerie.

      Milieu d'une verge de plomb dans un vitrage.

    • 22 Terme de boucherie. Maniement pair ou double chez le b?uf et la vache, placé au-dessous et à quelque distance du paleron, en arrière et vers le milieu de la masse musculaire olécrânienne, et répondant à peu près à la place qu'occupe le c?ur dans l'intérieur du thorax.

    PROVERBES

    Il dit cela de bouche, mais le c?ur n'y touche, c'est-à-dire il parle contre sa pensée.

    De l'abondance du c?ur la bouche parle, c'est-à-dire on parle volontiers de ce qu'on désire, de ce qui captive.

    Loin des yeux, loin du c?ur, c'est-à-dire l'absence refroidit.


    REMARQUE

    Le langage populaire dit quelquefois?: joli comme un c?ur. Cela ne signifie rien et ne peut rien signifier?; c'est une confusion avec joli c?ur.

    Avoir à c?ur et tenir au c?ur, sont deux locutions toutes faites et dans lesquelles rien ne peut être interverti. Avoir au c?ur et tenir à c?ur seraient des fautes contre l'usage, du moins aujourd'hui?; car, au XVIIe siècle, on trouve tenir à c?ur dans de bons écrivains. Les nouvelles de la guerre me tiennent fort à c?ur, Sévigné, 752. J'ai un extrême chagrin que vous fassiez tant de cas de toutes ces niaiseries [romans et comédies] qui ne doivent tout au plus servir qu'à délasser quelquefois l'esprit, mais qui ne devraient point vous tenir autant à c?ur qu'elles font, Racine, Lettr. à son fils, X.


    SYNONYME

    C?UR, COURAGE, disposition qui fait mépriser le danger. Courage est dérivé de c?ur; par conséquent, la nuance entre ces deux mots ne peut être que dans cette dérivation même. En effet, le courage, à proprement parler, est le produit du c?ur. On a du c?ur ou on en manque?; on signale son courage, on combat avec courage?; l'homme de c?ur se distingue par des traits de courage.


    HISTORIQUE

    XIe s. Se [il] son queur li purportast e soun conseil li donast, Lois de Guill. 12. Charles respont?: trop avez tendre coer, Ch. de Rol. XXIII. Mal seit du coer qui au piz [poitrine] se couarde, ib. LXXXV. Franc ont feru de coer et de vigur, ib. LX. Si esclargiez vos talenz [satisfaites vos désirs] et vos coers, ib. CCLXV.

    XIIe s. Dit à son oncle son cuer et sa pensée, Ronc. p. 19. Li emperere ot mout le cuer iré, ib. p. 35. L'aigue [eau] du cuer lui est es els [yeux] montée, ib. p. 48. [à] Vos compaignons [ils] feront les cuers partir, ib. p. 60. Mout [il] ot le cuer dolent et irascu, ib. Du sanc qu'il laisse lui va li cuer faillant, ib. p. 100. [Il] Fit sa priere de cuer, fort en pleurant, ib. p. 152. Plus [j'] en auroie le cuer du ventre clair [satisfait], ib. p. 158. Par vasselage [courage] [il] a son cor [sa fermeté] recouvré, ib. p. 169. Li cuers lui part, l'ame s'en est alée, ib. p. 176. Ah?! Dex?! dist Charles, comme ai le cuer grevé?! ib. p. 183. Tant s'est amors affermée En mon cuer, à long sejor, Couci, I. Que cele où j'ai mon cuer et mon penser, ib. VI. Ele a mon cuer, que jà [je] n'en quier oster, ib. X. Je ne me sai tenir ne conforter De vous, beaus cuers, servir entierement, ib. Si que souvent [je] chant là où de cuer [je] plor [pleure], ib. XVI. Onques vers lui [elle] [je] n'oi [n'eus] faus cuer ne volage, ib. XI. Car traï m'a et mort à escient Mes jolis cuers, que je doi tant haïr, ib. X. Se nuls morist [mourut] pour avoir cuer dolent, ib. XXII. Se li cors va servir nostre seigneur, Li cuers remaint du tout en sa baillie [de ma dame], Quesnes, Romancero, p. 93. L'aigue lui cort [court, coule] du cuer parmi les oilz à rais, Sax. X. Tel cinq cent chevalier Qui n'ont cuer ne courage de Saisnes guerroier, ib. XVI. [Le roi] Qui assez vous salue de bon cuer, sans feintise, ib. XXIII. De grant outrage faire nuls hom ne monteplie, Ainz se monte et essauce qui son cuer humelie, ib. XXXII. Il n'en venront à chief [viendront à bout], mes cuers le senefie [l'annonce], ib. À la nef sunt venu, e entrerent en mer?; Rogiers del Punt l'Evesque n'i pout sun quer celer?: Thomas, Thomas, fait-il, mal m'i faites passer, Th. le mart. 133.

    XIIIe s. Dist li rois?: Dame, puet bien estre verté?; J'en ai le cuer al ventre si serré Que ne me puis aidier ne conforter, Chanson du vilain Hervi. Il ne creoient mie les Grieus à qui il avoient pais fete, que de cuer leur deussent aidier, Villehardouin, CLXI. Et sachiés que li cuers des gens ne fu mie en pais, quar une partie de l'ost se travelloit à ce que il se volsissent bien departir, Villehardouin, LIV. Il estoit de moult grant cuer, Villehardouin, XL. Einsi dura la guerre grant piece, jusques au cuer d'iver, Villehardouin, XLV. Forment lui doult li cuers, mout fut en grand esmoi, Berte, VII. ? De grant joie fu ses cuers esmeüs, ib. XXIV. ? Se [vous] saviez orendroit à quel meschief je sui, li cuers vous partiroit, ib. XXVIII. Mais li cuers lui failloit, ib. XXX. Mais il avoit le cuer si plein de loyauté, ib. XLV. Si que l'eaue du cuer sur sa face en descent, ib. XLVII. Chascuns eut cuer certain, piteus et fin et sain, ib. XLIX. Ne cuida pas mes peres li rois au cuer hardit?, ib. LIII. Ainçois [elle] se lairroit traire le cuer sous la poitrine, ib. LVI. Ahi?! mere, faitele, com auriez cuer marri Se vous saviez?, ib. LIX. Il l'amoient [Berte] de cuer come bien enseignée, ib. LX. En la serve [il] avoit mis cuer et cor et desir, ib. LXIII. Sachiez que mout [il] les hait de cuer entierement, ib. XCV. Lasse?! pourquoi ne creve mes cuers sous ma chemise?? ib. C. D'amor et de desir tout li cuers lui esprent, ib. CX. Renart, fet-il, par le cuer bé [corbleu], Tu m'as hui honi et gabé, Ren. 4641. Moult ai iré le cuer au ventre, la Rose, 3752. Mes pren bon cuer, et si t'avance De recevoir en pacience Tout quanque Fortune te donne, ib. 6875. Mès, par mon chief, or i parra [paraîtra], Se tu de bon cuer serviras, ib. 2049. Que chascuns si bien i entende? Que tout par cuer le retengniés, ib. 20113. La reson pourquoy, que il en donroit cuer à ses ennemis, Joinville, 214. Et quant sa gent virent que le roy metoit deffense en li, il pristrent cuer, et laisserent le passage du flum, Joinville, 227.

    XIVe s. ? Tu sembles l'oisel de proie, Qui vuet le cuer tant seulement?; Se le cuer has tant seulement, Aras le corps et la chevance, Machaut, p. 111. Se il est juste, il n'est autre chose quelconque que il ait principalement à cuer, Oresme, Eth. 155. Enfans qui ont recordé par cueur aucunes choses, Oresme, ib. 198. Je ne puis pas savoir lor sens ne lor folie?; Car ce qui est au cuer, homme ne le dit mie, Guesclin. 10940. Et li bons coerz fait l'oevre, non mie le lonc jour, Baud. de Seb. IV, 184. Le dain est une belle beste et bien plaisant, quant elle est en cueur de saison, Modus, f° XXVIII.

    XVe s. Il en ot grand joie en son c?ur, Froissart, II, III, 19. Le comte d'Asquesuffort, qui estoit pour ce temps tout le c?ur et le conseil du roi, Froissart, II, II, 237. Les chemins que il fait, je les sais tous par c?ur, car en sa compagnie et sans lui je les ai esté trop de fois, Froissart, II, III, 17. Louis Rambaud avoit une trop belle femme à amie et l'aimoit de tout son c?ur parfaitement, Froissart, II, III, 17. Quand le noble roi Charles de France eut ouï sa s?ur ainsi lamenter, et qui de c?ur et en plorant lui montroit sa besogne, Froissart, I, I, 8. Et y laissa mort son neveu que moult aimoit?; dont il estoit en c?ur et fut depuis ce moult destroit et courroucé, mais amender ne le put, Froissart, I, I, 181. Le comte de Hainaut avoit si pris en c?ur cette guerre, Froissart, I, I, 128. Gens qui ont encore au c?ur la felonnie et le mautalent sur les François, Froissart, II, II, 207. Et je feray volontiers et de bon c?ur ce que vous me commandez?, Froissart, I, I, 47. Il alla voir la fierte [la châsse] saint Thomas à c?ur jeun et y fit offrande belle et riche, Froissart, III, IV, 15. Les seigneurs regarderent que il estoit le mois de decembre le droit c?ur d'hiver, Froissart, II, II, 203. Se ne montrez? Que vous ayez mon fait à cueur, Orléans, Rondel de Frédet. Par cueur retiens ce que j'en ay apris, Car plus ne sçay lire ou livre de joye, Orléans, Rondel. Le dessus dit comte de Waleran et ceux qui s'estoient sauvés de sa compagnie eurent au c?ur très grand tristesse, non pas sans cause, Monstrelet, liv. I, chap. 24. Certes, de bouche et non de cueur plusieurs gens parlent, Monstrelet, liv. I, chap. 9. Comme qui bien avoit le cuer à la besoigne, Chastelain, Chron. des ducs de Bourg. III, ch. 28. Lié [joyeux] sui, quant il est en ce point?; Car je le hay de tout mon cuer, la Pass. de N. S. J. C. Et quelque semblant qu'ilz luy montrassent, si le haioient-il en cueur comme il fu de puis apparent, Fenin, 1413. Le mareschal, qui le c?ur n'avoit à aultre chose fors à toujours grever les Sarrazins, Bouciq. I, ch. 23. Et pour ce, nous qui desirons de tout nostre c?ur l'honneur de son noble estat avons advisé une haute emprise, ib. III, ch. 15. Si fist Chasteaumorant au c?ur vaillant e fier, ib. II, ch. 20. Hée, mon ami, revenez si vous voulez?; vous savez que nous femmes avons les cuers tendres, Jeh. de Saintré, ch. 26. Pour son sallaire d'avoir esté offrir à l'eglise de Sainct-Esperit-lezRue deux c?urs d'or, De Laborde, Émaux, p. 217. Laquelle tenoit entre ses deux mains ung coer, qui se ouvry à l'eure que le roy entra en ladite porte, et dedans ledit coer y avoit une fleur de lis signiffiant la loyaulté de la Cité, De Laborde, ib. p. 217. Il leur sembla honte et peril et que ce seroit donner cueur à ceulx de Paris, Commines, I, 9. Le roy n'avoit point fort la matiere à cueur, Commines, IV, 11. On croyait qu'Ascaigne faisoit ceste feinte, et qu'au c?ur estoit content du Pape, Commines, VII, 13. Et si [Charles VIII] avoit son c?ur, tousjours, de faire et accomplir le retour en Italie, Commines, VIII, 18. C?ur pensif ne sait où il va, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 275. Dieu nous veuille garder et defendre de toute malaventure?! le c?ur ne me gist pas bien de cette vision, Louis XI, Nouv. LXXII.

    XVIe s. Ils recoloyent par cueur quelques plaisans vers de Virgile, Rabelais, Garg. I, 24. Il se saisit du baston de la croix, qui estoit de cueur de cormier, Rabelais, ib. I, 27. Dieu vous doint ce que vostre noble cueur desire, Rabelais, Pant. II, 16. Je boy à luy de bien bon cueur, et à vous aussy, messieurs les recordz, Rabelais, ib. IV, 15. Le dyable se represente on lieu, accompaigné d'ung escadron de petitz dyableteaulx de cueur, Rabelais, ib. IV, 46. Je croy qu'il s'addoucira, Ou sera Plus dur que le c?ur d'un arbre, Du Bellay, J. IV, 29, recto. Au c?ur de l'hiver, Marguerite de Navarre, Nouv. XXXVIII. Le peuple n'eut pas le c?ur de prendre seulement les balotes en main, Montaigne, I, 3. Faulte de c?ur [courage], Montaigne, I, 26. Non en leur action seulement, mais surtout en leur c?ur, Montaigne, I, 108. Faire mal au c?ur [donner des nausées], Montaigne, I, 110. Sçavoir par c?ur n'est pas sçavoir, Montaigne, I, 163. Ayant extreme peur de faillir une chose qu'il avoit tant à c?ur, Montaigne, I, 196. Il leur remeit par ce moyen le c?ur au ventre, Montaigne, I, 353. Aulcun homme de c?ur ne daigne s'advantager de?, Montaigne, II, 66. Nous prenons trop à c?ur ces substitutions, Montaigne, II, 86. Il a disné par c?ur pour l'affection qu'il avoit de medire des femmes, Yver, p. 555. Montrer qu'ilz n'avoient point le cueur failly, Amyot, Péric. 62. Sans s'arrester aux larmes des passagers qui se tourmentent d'effroy et tirent du cueur, Amyot, ib. 63. Au cueur d'esté, Amyot, ib. 66. La perte de celuy là seul luy attendrit le cueur, Amyot, ib. 69. Avoir le cueur [courage] bon, Amyot, P. Aem. 43. Il n'y eut si dur cueur en toute la ville de Rome, à qui ce grant accident ne feist pitié, Amyot, ib. 57. Quant à moy, je n'aurois jamais le cueur de vendre le b?uf qui auroit longuement labouré ma terre, Amyot, Caton, 41. Homme de bas et petit cueur, Amyot, Crassus, 133. Du filz autant m'est la personne chere, Comme j'av eu à contre-c?ur le pere, Amyot, Pomp. 1. Homme du tout fait à la devotion et selon le cueur de Pompeius, Amyot, Caton d'Ut. 45. Elle ne pardonnoit jamais, depuis qu'elle avoit pris une chose à cueur, Amyot, Artax. 24. Monsieur, j'ai sur le c?ur tant de sang versé des nostres, D'Aubigné, Hist. I, 132. Venons au c?ur de la France et des affaires, D'Aubigné, ib. I, 139. Le vaivode fait attaquer la ville avec la chaleur de c?ur que la victoire passée donnoit à ses gens, D'Aubigné, ib. II, 198. Quand on vous decouvriroit implacable, tenant votre c?ur [rancune] et inexorable, Carloix, I, 38. Ils avoient promis la garder ou y mourir?; mais le c?ur leur devint foye, et se rendirent leurs vies sauves, Du Bellay, M. 80. Ceste gresse est trouvée principalement au mesentere, et base du c?ur, Paré, I, 6. Le ventricule a deux orifices, à sçavoir un superieur nommé l'estomach et vulgairement c?ur?; et l'autre inferieur nommé pylorus, Paré, I, 14. La figure du c?ur est pyramidale, à sçavoir large en sa base et estroite sur sa pointe, Paré, II, 11. Et où il failloit, coups de baston ne luy manquoient pas, luy diminuant sa portion, le faisant souvent jeusner par c?ur, Paré, Animaux, 18. C?urs ou cerises heaumées, De Serres. Baise moy donc, mon c?ur [m'amie], car j'aime mieux Ton seul baiser, que si quelque deesse?, Ronsard, 109. J'aime de tout mon c?ur, je veux aussi qu'on m'aime, Ronsard, 254. Ils sont toujours après pour lui [à la jeunesse] faire apprendre par cueur (ainsi parlent-ils) ce que les livres disent?, Charron, Sagesse, I, 14. Il a eu le c?ur de ce faire, Pasquier, Recherches, liv. VIII, p. 675, dans LACURNE. Estant allé à Bergame, il trouva son maistre qu'il salua joyeusement?; et le maistre luy rendit le salut en disant?: que dit le c?ur [comment va la santé]?? Nuits de Straparole, t. I, p. 258, dans LACURNE. Sans davantage nous tuer le c?ur et le corps, ib. t. II, p. 386. Prenez vostre c?ur à autruy, Oudin ? C?ur content, et manteau sur l'espaule, Cotgrave ? Le c?ur fait l'?uvre, et non pas les grands jours, Cotgrave ? Le c?ur ne veut douloir ce que l'?il ne peut voir, Cotgrave ? À c?ur dolent, l'?il pleure, Cotgrave ? À povre c?ur petit souhait, Cotgrave ? Belle chere, et c?ur arriere [semblant d'amitié, sans que le c?ur y soit], Cotgrave ? Qui n'a c?ur [mémoire] ait jambes, Cotgrave ? Le c?ur me dit qu'il faut que je meure, l'Amant ressuscité, p. 533, dans LACURNE. Au tresor gist le c?ur, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 233. Bruler ne peut cueur Qui par venin meurt, Leroux de Lincy, ib. p. 254. C?ur blessé ne se peut ayder, Leroux de Lincy, ib. p. 275. C?ur de verre, c?ur loyal et ouvert, Leroux de Lincy, ib. Quand bien vient, c?ur fault, Leroux de Lincy, ib. p. 377. Item plus, est necessaire de sçavoir tout de cueur la multiplication d'une chascune des dix figures par soy mesme et aussi par une chascune des aultres, De Laroche, Arismetique, f° 8, verso.


    SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    C?UR. Ajoutez?:
    23Une personne objet de tendresse. Je craignais encore Mme de Caylus, sa nièce [de Mme de Maintenon], son goût et son c?ur, qui la connaissait parfaitement, Saint-Simon, t. VIII, p. 225, édit. Chéruel.
    24 Terme de turf. On dit qu'un cheval manque de c?ur, quand il ne fait pas son possible pour triompher.
    25C?ur vert, espèce d'arbre. Le mora (mora excelsa) et le c?ur vert (hectandra Rodeii) de la Guyane anglaise, Rev. Britann. fév. 1876, p. 283.
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    France Terme

    Partie d'un réacteur nucléaire à fission dans laquelle est placé le combustible nucléaire et qui est agencée de manière à permettre une réaction de fission en chaîne.

    Notes : Dans le langage professionnel, le terme « c?ur » désigne aussi la quantité de combustible nucléaire pouvant être contenue dans cette partie.

    FranceTerme, Délégation générale à la langue française et aux langues de France

    Étymologie de « c?ur »

    Bourguig. coeu?; picard (environs d'Amiens), tcheur?; provenç. cor?; ital. cuore?; du latin cor, cordis?; allem. Herz?; angl. heart?; goth. hairtô?; gaél. chridhe?; sanscrit, hrid. C?ur a pris le sens de mémoire, parce qu'il s'est étendu à l'âme tout entière?; et l'on voit nettement comment il l'a pris, dans cette phrase provençale?: En vostre cor devetz saber que tuit li adjectiu? [en votre c?ur devez savoir que tous les adjectifs?], Gramm. provençales, publiées par GUESSARD, p. 78. Dans l'ancien français, au nominatif singulier li cuers, au régime le cuer?; au nominatif pluriel li cuer, au régime les cuers. Du reste, cuer se prononçait c?ur.

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    (1048) Du moyen français coeur, de l'ancien français cuer, coer, quer, quor, du latin cor, génitif cordis (« c?ur, estomac »), de l'indo-européen commun *??r (« entrailles »). Apparenté à l'anglais heart ou l'allemand Herz, au grec ancien ??????, kardía (« c?ur »)[1], qui a donné de nombreux dérivés en « cardio- ».
    Étymologiquement parlant, on fait donc référence à une très ancienne origine du mot quand on dit que l'on a « mal au c?ur » et que l'on désigne par là un ventre récalcitrant ou un estomac éc?uré.
    Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l'identique 3.0

    C?UR, subst. masc.
    Étymol. et Hist. I. Organe central de la circulation. A. Ca 1050 « siège de la vie » (Alexis, éd. Ch. Storey, 445 : Ço'st granz merveile que li mens quors tant duret); 1130-40 (Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 62 : Ele ama Deu et Deu l'ama, Trestot son cuer li adona). B. Ca 1100 au propre (Roland, éd. J. Bédier, 2965 : [Li emperere ad fait] tuz les quers en paile recuillir). C. Ca 1100 p. ext. « la poitrine » (ibid., 3448 : L'escut li freint, cuntre le coer li quasset). D. 1195-1200 « siège des sensations physiques » (Renart, éd. Martin, branche 11, 565 : il avoit a son cuer grant fein); ca 1200 « estomac » (ibid., branche 9, 1724 : A pou que li cuers ne me faut); xiiies. « région épigastrique » (J. Le Marchand, Mir. N.-D. de Chartres, 5 ds T.-L. : a vomir les convenoit Du mal qui au cuer leur venoit); 1508 dire tout ce qu'on a sur le c?ur (Eloy d'Amerval, Livre de la Deablerie, 147b ds IGLF); 1633 coucher du c?ur sur le carreau « vomir [jeu de mots tiré des cartes] » (Comédie des Proverbes, acte II, scène 2, Anc. Théâtre fr., t. 9, p. 42). E. Fin xiies. « partie centrale » (Mort Aymeri de Narbonne, 607 ds T.-L. : El cuer de France). F. 1340 « objet en forme de c?ur » (v. Gay). G. 1585 « as de c?ur » (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, t. 2, p. 202 ds IGLF). H. 1600 « sorte de cerise » (Ol. de Serres, Théâtre d'Agric., VI, 26 ds Hug.). II. Centre de la vie intérieure. A. Siège des émotions, de l'affectivité. Ca 1050 (Alexis, 464 : Ne puis tant faire que mes quors s'en sazit); ca 1100 (Roland, 317 : Tro avez tendre coer); 1ertiers xiiies. (Lancelot du Lac, éd. O. Sommer, t. 5, partie 3, p. 353 : il navoit oi noveles ... qui tant li feissent mal au cuer); 1167-70 p. méton. c?ur désigne la personne chérie (G. d'Arras, Ille et Galeron, 4160 ds T.-L.). B. Siège du désir, de la volonté. Ca 1050 (Alexis, 166 : Quant tut sun quor en ad si afermét); ca 1162 de son cuer « de toute son ardeur, très sincèrement » (Flore et Blancheflor, 1925 ds T.-L.); début xives. avoir au cuer de (faire qqc.) (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, livre V, 460); 1579 de gayeté de c?ur (H. Estienne, Precellence du lang. fr., 359 ds IGLF); 1585 du meilleur de mon c?ur (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, t. 2, p. 275). C. Siège du sentiment moral, du courage. Ca 1100 (Roland, 1107 : mal seit del coer ki el piz se cuardet); ca 1220 son cuer reprendre « reprendre courage » (G. de Coincy, Mir., éd. Koenig, I Mir 18, 326); 1508 à c?ur vaillant, rien impossible (E. D'Amerval, loc. cit., 138b). D. Siège de l'intelligence. 1130-40 « discernement » (Wace, Ste Marguerite, 431 : Lors cuers, lor sens, fais oscurer); ca 1190 « savoir intuitif » (M. de France, Lais, Guigemar, 547, éd. J. Rychner : Mis quors me dit que jeo vus pert); ca 1220 les ielz dou cuer (G. de Coincy, Mir., éd. Koenig, II Ch 9,3792); cf. au xviies. le c?ur en tant que siège de la grâce, permettant la communication avec Dieu (Pascal, Pensées, section IV, 278 et 277, éd. Brunschvicg, t. 13, p. 201 : C'est le c?ur qui sent Dieu, et non la raison; le c?ur a ses raisons, que la raison ne connaît point; section XII, 793, t. 14, p. 232 : aux yeux du c?ur et qui voient la sagesse). E. Siège du souvenir, de la mémoire. Ca 1190 (M. de France, Fables, 70, 61 ds T.-L. : Senz quer fu e senz remembrance); ca 1200 retenir par cuer (Poème moral, éd. Bayot, 1036); ca 1220 savoir par cuer (G. de Coincy, Mir., éd. Koenig, I Mir 11, 757); 1690 (Fur. : On dit aussi, qu'on fait dîner quelqu'un par c?ur quand on ne luy a point donné à dîner); 1694 p. ext. de savoir par c?ur : apprendre une chose par c?ur (Ac.), v. aussi Tobler, Sitzung der philosophisch-historischen Classe vom 27. October 1904, Berlin, p. 1274, 1275. Du lat. class. co?r (peut-être par l'intermédiaire d'une forme *co?re, Fouché, p. 656, Bl.-W.1-5) qui, dans la conception antique, est à la fois le siège de la vie et des fonctions vitales, et celui des passions et des émotions, des pensées et de l'intelligence, de la mémoire et de la volonté (cf. gr. ? ? ? ? ? ? ? « c?ur » et aussi « entrée de l'estomac », « siège des passions et des facultés de l'âme »; v. aussi K. Weinberg ds Arch. St. n. Spr., t. 203, 1966-67, pp. 1-31); pour par c?ur, v. Bambeck, Lat. rom. Wortstudien, no126.

    coeur au Scrabble


    Le mot coeur vaut 7 points au Scrabble.

    coeur

    Informations sur le mot coeur - 5 lettres, 3 voyelles, 2 consonnes, 5 lettres uniques.

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    coeur

    Les rimes de « coeur »


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    Les rimes de coeur peuvent aider les poètes et les paroliers à trouver des mots pour former des vers avec une structure rythmique cohérente, mais aussi pour jouer avec les mots et les sons, découvrir de nouvelles idées et perspectives ce qui peut être amusant et divertissant.

    Les rimes en 9R

    Rimes de jigger      Rimes de loosers      Rimes de balayeur      Rimes de leurres      Rimes de ricaneurs      Rimes de déblayeur      Rimes de zappeur      Rimes de astiqueur      Rimes de interlocuteurs      Rimes de accusateur      Rimes de procréateur      Rimes de demi-heures      Rimes de entôleur      Rimes de avant-coureurs      Rimes de brouteur      Rimes de promoteurs      Rimes de boer      Rimes de glandeurs      Rimes de visiteur      Rimes de mobilisateurs      Rimes de provocateur      Rimes de enjôleurs      Rimes de tagueurs      Rimes de joint-venture      Rimes de éjaculateur      Rimes de antérieures      Rimes de prometteur      Rimes de fouisseurs      Rimes de concepteur      Rimes de équarisseur      Rimes de facilitateur      Rimes de émetteur      Rimes de sueur      Rimes de déserteur      Rimes de protecteurs      Rimes de lisseur      Rimes de squatteur      Rimes de récupérateur      Rimes de ferrailleur      Rimes de mitrailleurs      Rimes de répétiteurs      Rimes de jongleurs      Rimes de blagueurs      Rimes de autodestructeur      Rimes de anti-pasteur      Rimes de calculateur      Rimes de procréateurs      Rimes de gratteurs      Rimes de chanteurs      Rimes de perturbateur     

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    Les citations sur « coeur »

    1. Tu sais quoi ? J'ai l'impression que je vais être heureuse partout, dans la tête, dans le coeur, dans le corps, et même dans les doigts de pieds.

      Auteur : Katherine Pancol - Source : Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi (2010)


    2. C'était hier et c'est demain
      Je n'ai plus que toi de chemin
      J'ai mis mon coeur entre tes mains
      Avec le tien comme il va l'amble
      Tout ce qu'il a de temps humain
      Nous dormirons ensemble.


      Auteur : Louis Aragon - Source : Le Fou d'Elsa (1963), Vers à danser


    3. Elle est comme le coeur d'une fleur sans coeur.

      Auteur : André Breton - Source : Nadja (1928)


    4. Il ensevelit son chagrin et jeta son amour au fond de son coeur, comme un cercueil à la mer.

      Auteur : Honoré de Balzac - Source : La Femme de trente ans (1834)


    5. Je pense que si le parfum est le plus puissant évocateur de souvenirs, c'est que le nez est plus près du coeur que les yeux.

      Auteur : Hervé Le Tellier - Source : Les amnésiques n'ont rien vécu d'inoubliable (1998)


    6. La politesse est à l'esprit
      Ce que la grâce est au visage:
      De la bonté du coeur elle est la douce image
      Et c'est la bonté qu'on chérit.


      Auteur : Voltaire - Source : Stances, XXXVIII, Stances ou quatrains, pour tenir lieu de ceux de Pibrac, qui ont un peu vieilli


    7. La médaille du coeur et des doux
      Ne met de corde autour du cou.


      Auteur : Charles de Leusse - Source : 1616 (2004)


    8. J'aime le travail; il me fascine et je peux rester assis des heures à le considérer. J'adore l'avoir sous la main, et la seule idée de m'en débarrasser me fend le coeur.

      Auteur : Jerome Klapka, dit Jerome K. Jerome - Source : Trois Hommes dans un bateau, XV


    9. Mes chers compatriotes, vous l'imaginez, c'est avec beaucoup d'émotion que je m'adresse à vous ce soir. Pas un instant, vous n'avez cessé d'habiter mon coeur et mon esprit. Pas une minute, je n'ai cessé d'agir pour servir cette France magnifique. Cette France que j'aime autant que je vous aime. Cette France riche de sa jeunesse, forte de son histoire, de sa diversité, assoiffée de justice et d'envie d'agir. Cette France qui, croyez-moi, n'a pas fini d'étonner le monde.

      Auteur : Jacques Chirac - Source : Allocution radiotélévisée du président de la République, Jacques Chirac, prononcée dimanche 11 mars 2007


    10. L'homme, si vaste que soit son coeur, ne peut s'attacher à tout avec la même force.

      Auteur : Henri Lacordaire - Source : Conférences


    11. L'on peut pénétrer l'âme et le coeur des hommes sans les chercher sur les paquebots, dans les trains foudroyants et dans les lentes caravanes.

      Auteur : Joseph Kessel - Source : Des hommes (1972)


    12. Le monde est constitué d'éléments invisibles et subtils que nous ne pouvons percevoir qu'avec notre coeur ou notre intuition.

      Auteur : Frédéric Lenoir - Source : Coeur de cristal (2014)


    13. La joie n'a pas de nuances: ce n'est qu'une dilatation du coeur.

      Auteur : Jules Renard - Source : Journal


    14. Pour le moment, il voulait faire comme tous ceux qui avaient l'air de croire, autour de lui, que la peste peut venir et repartir sans que le coeur des hommes en soit changé.

      Auteur : Albert Camus - Source : La Peste (1947)


    15. Mais en vérité je l'attends
      Avec mon coeur avec mon âme
      Et sur le pont des Reviens-t'en
      Si jamais revient cette femme
      Je lui idrai Je suis content.


      Auteur : Guillaume Apollinaire - Source : Alcools (1913), la Chanson du Mal-Aimé


    16. Je hais les coeurs pusillanimes qui, pour trop prévoir n'osent rien entreprendre.

      Auteur : Molière - Source : Sans référence


    17. Jeunesse et inexpérience égarent souvent le coeur.

      Auteur : Théognis de Mégare - Source : Poèmes élégiaques, v 629-630


    18. Philis est l'objet charmant
      qui tient mon coeur à l'attache;
      et je devins son amant
      la voyant traire une vache.


      Auteur : Molière - Source : La Princesse d'Elide (1664), 2ème intermède, 1, Moron


    19. Tout coeur qui n'est pas brisé n'est pas un coeur.

      Auteur : Frédéric Beigbeder - Source : 99 francs (2000)


    20. Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu...
      Dans votre immense sagesse
      Immense ferveur
      Faites donc pleuvoir sans cesse
      Au fond de nos coeurs
      Des torrents de tendresse
      Pour que règne l'amour
      Règne l'amour
      Jusqu'à la fin des jours.


      Auteur : Bourvil - Source : La Tendresse, Chanson (1963)


    21. Le coeur de la femme est un labyrinthe de subtilités qui défie l'esprit grossier du mâle à l'affût.

      Auteur : Carlos Ruiz Zafón - Source : L'Ombre du vent (2001)


    22. Les vilaines pensées viennent du coeur.

      Auteur : Paul Valéry - Source : Mélange (1939)


    23. A Sainte-Félicité, - C'est le plein coeur de l'été.

      Auteur : Dictons - Source : 10 juillet


    24. Le coeur se resserre chez bien des gens dans la mesure où leur bourse s'enfle.

      Auteur : Emile Banning - Source : Réflexions morales et politiques


    25. Je ne fléchirai point sous une injuste loi.
      Ma vie est à l'Etat; mais mon coeur est à moi.


      Auteur : Lucien Emile Arnault - Source : Pierre de Portugal (1823)


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    Les mots proches de « coeur »

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    Les synonymes de « coeur»

    Les synonymes de coeur :

      1. frisette
      2. guiche
      3. bouclette
      4. anglaise
      5. boucle
      6. frison
      7. frisottis
      8. rouflaquette
      9. favori
      10. patte
    Les synonymes de coeur :

      1. amour
      2. attachement
      3. sentiment
      4. générosité
      5. ardeur
      6. centre
      7. compassion
      8. commisération
      9. pitié
      10. apitoiement
      11. condoléances
      12. attendrissement
      13. miséricorde
      14. conscience
      15. cognition
      16. hardiesse
      17. audace
      18. intrépidité
      19. énergie
      20. risque
      21. courage
      22. assurance
      23. bravoure
      24. fermeté
      25. témérité
      26. imprudenc
    Les synonymes de coeur :

      1. peine
      2. déception
      3. désappointement
    Les synonymes de coeur :

      1. nausée
      2. écoeurement
    Les synonymes de coeur :

      1. insensible
      2. méchant

    synonymes de coeur

    Fréquence et usage du mot coeur dans le temps


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