La définition de Ennemi, Ie du dictionnaire français. Signification du mot et son éthymologie - De nombreux exemples d'usage en français ainsi que des citations.
Ennemi, ie
Nature : s. m. et f.
Prononciation : è-ne-mi, mie ; du temps de Chifflet, Gra
Etymologie : Berry, hinnemi, innemi, annemin ; provenç. enemic ; catal. enemig ; espagn. enemigo ; portug. inimigo ; ital. nemico ; du latin inimicus, de in, négatif, et amicus, ami.
Notre dictionnaire de français vous présente les définitions de ennemi, ie de manière précise, avec des exemples pertinents pour aider à comprendre la signification du mot.
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La définition de Ennemi, Ie
Celui, celle qui hait quelqu'un, et cherche toutes les occasions de lui nuire. Un ennemi déclaré. Ennemi mortel, irréconciliable.
Toutes les définitions de « ennemi, ie »
Dictionnaire de l'Académie française, huitième édition
Celui, celle qui veut du mal à quelqu'un. Ennemi déclaré. Ennemi juré, mortel. Ennemi de l'État, de la patrie. Se déclarer ennemi de quelqu'un. Se faire un ennemi, des ennemis. Ennemis politiques. Ennemis littéraires. Par extension, Le chat est ennemi de la souris. L'eau et le feu sont ennemis. Dans le style de la Chaire, L'ennemi du genre humain, ou, absolument, L'ennemi, Le diable, le démon. Il se dit très souvent absolument, soit au singulier, soit au pluriel, de la Nation armée avec laquelle une autre nation est en guerre. Devant l'ennemi. À la vue, à l'approche de l'ennemi. Tomber entre les mains des ennemis. Passer à l'ennemi. Repousser l'ennemi, les ennemis. Mettre l'ennemi en fuite. De nouvelles troupes qui n'ont pas encore vu l'ennemi. Fig., C'est autant de pris sur l'ennemi, C'est toujours avoir obtenu quelque avantage, avoir tiré quelque parti d'une mauvaise affaire. Il se dit aussi de Celui, de celle qui éprouve de l'aversion pour des choses bonnes ou mauvaise, justes ou injustes. Ennemi de toute violence. Ennemi des procès. Ennemi des cérémonies. Ennemi du repos. Ennemi de la société. Prov., Le mieux est l'ennemi du bien. Voyez MIEUX. Il s'emploie aussi comme adjectif dans plusieurs des sens indiqués. Des peuples ennemis, ennemis l'un de l'autre. L'armée ennemie. Se précipiter dans les rangs ennemis. Une terre, une nation ennemie. En pays ennemi. Le chaud et le froid sont des qualités ennemies. Figurément, La fortune ennemie. Les destins ennemis. Les vents ennemis. En termes de Peinture, Couleurs ennemies, Couleurs qui, par leur opposition, produisent un effet discordant.
Littré
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1Celui, celle qui hait quelqu'un, et cherche toutes les occasions de lui nuire. Un ennemi déclaré. Ennemi mortel, irréconciliable.
Lorsque l'on veut choquer un puissant ennemi
, Tristan, Mariane, IV, 1.Tu fus mon ennemi même avant que de naître
, Corneille, Cinna, v, 1.Ô soupirs?! ô respect?! ô qu'il est doux de plaindre Le sort d'un ennemi quand il n'est plus à craindre?!
Corneille, Pomp. v, 1.Il est doux de périr après ses ennemis
, Corneille, Rodog. v, 1.L'ennemi qui flatte est le plus dangereux
, Corneille, Théodore, IV, 1.Si votre ennemi a faim, donnez-lui à manger?; s'il a soif, donnez-lui de l'eau à boire
, Sacy, Bible, Prov. de Salomon, XXV, 21.Le plus fier ennemi, quelque ardeur qui l'enflamme?
, Rotrou, Hercule mour. I, 4.Notre ennemi, c'est notre maître, Je vous le dis en bon français
, La Fontaine, Fabl. VI, 8.Entre nos ennemis Les plus à craindre sont souvent les plus petits
, La Fontaine, ib. II, 9.Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami?; Mieux vaudrait un sage ennemi
, La Fontaine, ib. VIII, 10.Venez voir à vos pieds tomber vos ennemis
, Racine, Athal. v, 4.Ne craignez plus?; votre ennemie expire
, Racine, Baj. v, 10.Vivre avec ses ennemis comme s'ils devaient un jour être nos amis, et vivre avec nos amis comme s'ils pouvaient devenir nos ennemis, n'est ni selon la nature humaine ni selon les règles de l'amitié
, La Bruyère, IV.Un ennemi nuit plus que cent amis ne servent
, Lamotte, Fabl. v, 4.Ma manière d'agir, ma critique et mes ris M'attireraient bientôt un monde d'ennemis
, Regnard, Démocr. I, 6.Votre père et moi, je l'avoue, nous avons été longtemps ennemis l'un de l'autre
, Fénelon, Tél. X.Un ennemi, dit un célèbre auteur, Est un soigneux et docte précepteur, Fâcheux parfois, mais toujours salutaire Et qui nous sert sans gage ni salaire
, Rousseau J.-B. Épît. II, 4.Lorsqu'on dit d'un homme qu'il a des ennemis, il faut, avant de le juger, bien regarder s'il a mérité d'en avoir
, Marmontel, Mém. VII.J'ai des ennemis, mais je ne hais personne
, Genlis, Théât. d'éduc. Ennem. génér. I, 5.Un ennemi juré, celui qui a fait comme le serment de haïr quelqu'un. Ils sont ennemis jurés.
Se faire des ennemis, donner lieu à beaucoup de gens de nous en vouloir.
Un ennemi de Dieu, un impie.
Hélas?! si, pour venger l'opprobre d'Israël, Nos mains ne peuvent pas, comme autrefois Jahel, Des ennemis de Dieu percer la tête impie, Nous lui pouvons du moins immoler notre vie
, Racine, Athal. III, 7.Un ennemi de l'État, un séditieux, un agent de trouble.
Être ennemi de soi-même, nuire à ses propres intérêts.
Non, Cléone, il n'est point ennemi de lui-même
, Racine, Andr. III, 3.Quel caprice vous rend ennemi de vous-même??
Racine, Bérén. I, 3.Elle serait bien ennemie d'elle-même, si elle ne le croyait pas
, Dancourt, la Folle enchère, sc. 4.Familièrement. Ennemi de nature, celui qui s'oppose à ce que la nature demande ou pour soi ou pour les autres.
Fig.
Ainsi donc, philosophe à la raison soumis, Mes défauts désormais sont mes seuls ennemis
, Boileau, Épît. v.Et ses heureux vaisseaux N'eurent plus d'ennemis que les vents et les eaux
, Racine, Mithr. I, 1. -
2L'ennemi du genre humain, et, absolument, l'ennemi, le démon.
S'il arrivait qu'à la mort l'ennemi eût quelque prétention sur vous
, Pascal, Prov. 9.C'est là que se forgent ces traits de feu, selon les termes de l'apôtre, dont l'ennemi se sert pour allumer les passions dans ces âmes vaines qui sont les idoles du monde, et dont le monde lui-même est l'idole
, Fléchier, Mar.-Thér.Fig. Il a été bien tenté de l'ennemi, se dit d'un homme qui a fait quelque mauvaise action.
-
3 Par extension, ennemi se dit pour signifier ce qui nous est utile ou même nous plaît, en le considérant par le seul côté où il nous nuit ou nous déplaît?; ainsi l'amante est l'ennemie de l'amant, parce qu'elle ne cède pas à ses désirs, etc.
Fuyez un ennemi qui blesse par la vue, Et dont le coup mortel vous plaît quand il vous tue
, Corneille, Poly. I, 1.Hippolyte, en partant, fuit une autre ennemie?; Je fuis, je l'avouerai, cette jeune Aricie
, Racine, Phèd. I, 1.S. f. Par antiphrase. Une femme qu'on aime et qui oppose des rigueurs. Une belle ennemie.
Vers ma belle ennemie Portons sans bruit nos pas, Et ne réveillons pas Sa rigueur endormie
, Molière, Am. magnif. 3e interm. sc. 4. -
4 Terme de guerre. Les gens, l'armée, la nation contre laquelle on combat. L'ennemi est en forces. Marcher à l'ennemi. Battre, repousser l'ennemi, les ennemis.
Après vous avoir ouï condamner la conduite de nos officiers par les événements et vous avoir vu triompher des victoires de nos ennemis
, Voiture, Lett. 74.À quelque heure et de quelque côté que viennent les ennemis, ils le trouvent toujours sur ses gardes, toujours prêt à fondre sur eux et à prendre ses avantages
, Bossuet, Louis de Bourbon.Et qui peut dissiper Tous les flots d'ennemis prêts à l'envelopper??
Racine, Iphig. v, 3.Annibal fugitif cherchait au peuple romain un ennemi par tout l'univers
, Montesquieu, Goût, curiosité.Nos soldats [à Moscou] rencontraient ces vaincus sans animosité, soit qu'ils crussent la guerre finie, soit insouciance ou pitié et que, hors du combat, le Français se plaise à n'avoir plus d'ennemis
, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 8.Passer à l'ennemi, déserter et prendre service chez l'ennemi?; et fig. quitter un parti et se mettre avec ses adversaires.
- 5 Terme d'astrologie. Maison des ennemis, le douzième signe du zodiaque.
- 6Il se dit des animaux. Le chat est ennemi de la souris.
-
7 Par extension, celui, celle qui a de l'aversion, de l'éloignement pour certaines choses. Ennemi des procès. Ennemi de la contrainte. Ennemi du bon sens.
Les habitants étaient trop ennemis du travail
, Fénelon, Tél. IV.J'étais trop ennemi des affaires et trop inappliqué
, Fénelon, ib. XII.Matta n'était point ennemi de la galanterie
, Hamilton, Gramm. 4. -
8Il se dit des choses qui sont opposées. Cette herbe est ennemie de la vigne. L'eau et le feu sont ennemis. L'orgueil est l'ennemi des vertus.
La raison et l'amour sont ennemis jurés
, Corneille, la Veuve, II, 3.La médisance est l'ennemi le plus mortel de la charité
, Bourdaloue, 11e dim. après la Pent. Dominic. t. III, p. 247. -
9 Adj. Hostile. Des peuples ennemis. L'armée ennemie.
[Elle] ne redoutera point de puissance ennemie
, Corneille, Sertor. II, 1.[Aucuns] qui ne vous aient été moins ennemis que lui
, Rotrou, Bél. IV, 6.Elle m'a fatigué de ce nom ennemi
, Racine, Brit. IV, 5.Mais je ne vois partout que des yeux ennemis
, Racine, Iphig. II, 7.Qui hait.
Et ma bouche et mes yeux du mensonge ennemis
, Racine, Baj. II, 5.Contraire.
Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie?!
Corneille, Cid, I, 8.Quelque peu qu'on lui dise, on craint de lui trop dire, à peine on se hasarde à jurer qu'on l'admire?; Et, pour apprivoiser ce respect ennemi, Il faut qu'en dépit d'elle elle s'offre à demi
, Corneille, Tite et Bér. I, 3.De peur que cette voix des destins ennemis Ne fût aussi funeste à la fille qu'au fils
, Corneille, ?dipe, II, 3.Les qualités excessives nous sont ennemies et non pas sensibles?; nous ne les sentons pas, nous les souffrons
, Pascal, Pensées, part. I, art. 4.Qu'il soit comme le fruit en naissant arraché, Et qu'un souffle ennemi dans sa fleur a séché
, Racine, Athal. I, 2.Je fuis?; ainsi le veut la fortune ennemie
, Racine, Mithr. III, 1.Astre ennemi, se dit, par une métaphore tirée de l'astrologie, d'une influence malfaisante, d'un destin funeste.
Sous quel astre ennemi faut-il que je sois née??
Racine, Mithr. I, 2.Des astres ennemis j'en crains moins le courroux
, Racine, Esther, II, 7.Terme de peinture. Des couleurs ennemies, couleurs qui ne s'assortissent pas.
En un autre sens, couleurs qui, mêlées ensemble sur la palette ou sur la toile, se détruisent l'une l'autre matériellement et en peu de temps.
Pôles ennemis, les pôles qui se repoussent, en parlant des aimants.
PROVERBES
Le mieux est l'ennemi du bien, on gâte souvent ce qu'on cherche trop à améliorer.
Plus de morts, moins d'ennemis.
C'est autant de pris sur l'ennemi, se dit quand on a attrapé quelque chose à celui qui, nous devant, ne nous paye pas, ou quand on a retiré quelque chose d'une mauvaise affaire. Mais bien que la douleur honore, Que servira d'avoir gémi?? Puisqu'ici nous rions encore, Autant de pris sur l'ennemi
, Béranger, Dernière chans.
Amis au prêter, ennemis au rendre, c'est-à-dire qu'on se brouille quand celui qui a prêté de l'argent le redemande.
Il n'y a point de petit ennemi.
HISTORIQUE
Xe s. Voldrent la veintre li Deo inimi [les ennemis de Dieu]
, Eulalie.
XIe s. Li reis Marsile est moult mis enemis
, Ch. de Rol. X.
XIIe s. Car à vos els [yeux] veez les enemis
, Ronc. p. 56. Car qui ce tolt [ravit] dont [il] ne peut faire don, Il en conquiert [s'en fait] enemis et melée
, Couci, VI. S'or i laissons [en la Terre sainte] nos ennemis mortieus [mortels], à tousjours mais ert [sera] nostre vie honteuse
, Quesnes, Romanc. p. 95. Il a plus d'anemis que lievres en essart [en lande]
, Sax. XXIX.
XIIIe s. Li rois de Hungrie, qui anemis estoit à ceus de l'ost
, Villehardouin, LVI. Ne soufrez qu'anemy [le diable] ait sus moi poesté
, Berte, XLV. Envie est de tel cruauté Qu'ele ne porte leauté à compaignon ne à compaigne?; N'ele n'a parent, tant li tiengne, à cui el ne soit anemie
, la Rose, 252.
XIVe s. Envoier vous y fault et mander par escrips, Pour savoir s'il voldra estre nos anemis
, Guesclin. 9896. Et on dit adès?: biaux amis, De plus d'amis mains [moins] d'anemis
, Machaut, p. 116.
XVe s. Leur avoit esté grand ennemi
, Froissart, I, I, 134. Puis Pise et Florence avaient esté trois cens ans ennemies, avant que Florentins la conquissent
, Commines, VIII, 3. Annemy ne dort
, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 239.
XVIe s. Le Veronois, terre ennemie [des Venitiens]
, Montaigne, I, 14. Cette practique, ennemie de leur style ancien
, Montaigne, I, 23. Je suis ennemy des actions subtiles et feintes
, Montaigne, I, 96. Ennemy juré de?
, Montaigne, I, 103. De son ennemy reconconcilié il se faut garder
, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 287.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
ENNEMI. Ajoutez?: - REM. La Fontaine a dit ennemi à?: ? Notre étourdie Aveuglément se va fourrer Chez une autre belette aux oiseaux ennemie,
? Fabl. II, 5. C'est une bonne tournure employée aussi par Pascal (voy. ENNEMI, au n° 9).
Encyclopédie, 1re édition
ENNEMI, s. m. (Droit des Gens.) celui qui nous fait la guerre, ou à qui nous la faisons, en conséquence d'un ordre du souverain. Tous les autres contre qui on prend les armes, sont qualifiés de brigands, de voleurs, ou de corsaires. Au reste on ne regarde pas seulement comme ennemis ceux qui nous attaquent actuellement sur mer ou sur terre, mais encore ceux qui font des préparatifs pour venir nous attaquer, & qui dressent des batteries contre nos ports, nos villes, & nos citadelles, quoiqu'ils ne soient pas encore aux mains avec nous.
Il est certain que l'on peut tuer innocemment un ennemi ; je dis innocemment, tant selon la justice extérieure de toutes les nations, que selon la justice intérieure & les lois de la conscience. En effet, le but de la guerre veut de nécessité que l'on ait ce pouvoir ; autrement ce seroit envain que l'on prendroit les armes, & que les lois de la nature le permettroient.
Mais le pouvoir de tuer l'ennemi s'étend-il sur tous les sujets de cet ennemi, sur les vieillards, les femmes, les enfans? ? Dans les cas où il est permis d'ôter la vie à un ennemi, peut-on employer indifféremment toutes sortes de moyens, le fer, le feu, la ruse, le poison? ? Peut-on profiter du ministere d'un traître pour se défaire de notre ennemi, lorsque? ?
Je frémis ; & pour couper court à toutes ces questions & à d'autres semblables, je réponds en général & en particulier, que l'on ne sauroit trop limiter, trop adoucir les droits cruels de la guerre ; je réponds, dis-je, que l'on ne sauroit trop inspirer, ni étendre trop loin les principes de la modération, de l'honneur, de la générosité, & si l'on peut parler ainsi, de l'humanité même dans les propres actes d'hostilité, que les usages de la guerre les plus reçus paroissent autoriser.
A l'égard des vieillards, des femmes, & des enfans, loin que le droit de la guerre exige que l'on pousse la barbarie jusqu'à les tuer, c'est une pure cruauté, une atrocité d'en user ainsi ; même lorsque le feu de l'action emporte le soldat, pour ainsi dire, malgré lui à commettre des actions d'inhumanité ; comme, par exemple, dans le dernier assaut à la prise d'une ville, qui par sa résistance a extrèmement irrité les troupes.
Je dis plus : le droit des gens est fondé sur ce principe, que les diverses nations doivent se faire dans la paix autant de bien, & dans la guerre le moins de mal qu'il est possible, sans nuire à leurs véritables intérêts : c'est pourquoi, tant qu'on peut l'éviter, les lois même de la guerre demandent que l'on s'abstienne du carnage, & que l'on ne répande pas du sang sans une pressante nécessité. L'on ne doit donc jamais ôter la vie à ceux qui demandent quartier, à ceux qui se rendent, à ceux qui ne sont ni d'un âge ni d'une profession à porter les armes, & qui n'ont d'autre part à la guerre que de se trouver dans le pays ou le parti ennemi. En un mot le droit de la guerre ne va pas au-delà de notre propre conservation. Un état fait la guerre, parce que sa conservation est juste ; mais nous n'avons plus de droit de tuer, dès que nous ne sommes plus dans le cas de la défense naturelle & de notre propre conservation vis-à-vis de l'ennemi.
L'on comprend à plus forte raison que les droits de la guerre ne s'étendent pas jusqu'à autoriser ni à souffrir les outrages contre l'honneur des femmes : car outre qu'un tel attentat ne fait rien ni à notre conservation, ni à notre défense, ni à notre sûreté, ni au maintien de nos droits, il révolte la nature & ne peut servir qu'à satisfaire la brutalité du soldat, qu'il faut au contraire réprimer & punir très-severement.
Qu'on ne s'imagine pas aussi que les moyens d'ôter la vie à l'ennemi soient indifférens. Les coûtumes reçûes chez les peuples civilisés, regardent comme une execrable lâcheté, non-seulement de faire donner à l'ennemi quelque breuvage mortel, mais d'empoisonner les sources, les fontaines, les puits, les fleches, les épées, les dards, les balles, & toutes autres especes d'armes. Les nations qui se sont piquées de générosité, ne se sont point écartées de ces sortes de maximes. On sait que les consuls romains, dans une lettre qu'ils écrivirent à Pyrrhus, lui marquerent qu'il étoit de l'intérêt de tous les peuples qu'on ne donnât point d'exemples différens de ceux qu'ils pratiquoient à son égard.
C'est une convention tacite dont l'intérêt des deux partis exige également l'observation ; ce sont de justes assûrances que les hommes se doivent respectivement pour leur propre intérêt ; & certainement il est de l'avantage commun du genre humain que les périls ne s'augmentent pas à l'infini.
Ainsi pour ce qui regarde la voie de l'assassinat, facile à exécuter par l'occasion d'un traître, je ne dis pas qu'on suborneroit, mais qui viendroit s'offrir de lui-même par haine, par espérance de sa fortune, par fanatisme, ou par tout autre motif possible ; aucun homme, aucun souverain, qui aura la conscience un peu délicate, n'embrassera cette indigne ressource, quelque avantage qu'il puisse s'en promettre. L'état d'hostilité qui dispense du commerce des bons offices, & qui autorise à nuire, ne rompt pas pour cela tout lien d'humanité, & n'empêche point qu'on ne doive éviter de donner lieu à quelque mauvaise action de l'ennemi, ou de quelqu'un des siens. Or un traître commet sans contredit une action également honteuse & criminelle, à laquelle il n'est pas permis de condescendre.
Il n'est pas plus permis de manquer de foi à un ennemi :
Optimus ille
Militiæ, cui postremum est, primumque tueri
Inter bella fidem. Punic. lib. XIV. v. 169.
C'est-à-dire « le guerrier qui est homme de bien, n'a
rien tant à c?ur que de garder religieusement sa
parole à l'ennemi ».
Belle sentence de Silius Italicus, écrivain de mérite, & digne consul de Rome !
D'ailleurs, suivant la remarque de Cicéron, tout le monde chérit cette disposition d'esprit qui porte à garder la foi, lors même qu'on trouveroit son avantage à y manquer. N'y a-t-il pas entre les ennemis, quels qu'ils soient, une société établie par la nature ? N'est-ce pas de cette société fondée sur la raison & la faculté de parler qui sont communes à tous les humains, que résulte l'obligation inaltérable de tenir les promesses qu'ils se sont faites ? C'est la foi publique, dit Quintilien, qui procure à deux ennemis, pendant qu'ils ont encore les armes à la main, le doux repos d'une treve : c'est elle qui assure aux villes rendues les droits qu'elles se sont reservés : enfin c'est elle qui est le lien le plus ferme & le plus sacré qui soit parmi les hommes.
Voilà ce que je crois d'essentiel à observer touchant les bornes qu'il faut mettre aux droits de la guerre sur les personnes des ennemis ; & quant à ce qui regarde leurs biens, j'en ai parlé au mot Dégat. Ce sont les mêmes principes d'humanité & de raisons d'intérêt, qui doivent conduire les hommes à ces deux égards ; s'ils violent ces principes sans pudeur & sans remords, tout est perdu ; les représailles seront affreuses, les cris & les gémissemens se perpétueront de race en race, & des flots de sang inonderont la terre. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.
Ennemi, en Peinture ; on appelle couleurs ennemies, celles qui s'accordent mal & qui ne peuvent subsister ensemble sans offenser la vûe, ou sans se détruire en très-peu de tems. Le bleu & le vermillon sont des couleurs ennemies ; leur mêlange produit une couleur aigre, rude, & desagréable.
Les habiles peintres se font quelquefois un jeu de vaincre les difficultés qu'on prétend résulter de l'association des couleurs ennemies : ce qui seroit chez les ignorans une témérité, qui ne produiroit que des effets maussades, devient chez les habiles une hardiesse louable, qui n'enfante que des prodiges. Dictionn. de Peint. (R)
Wiktionnaire
Adjectif - français
ennemi \?n.mi\
- S'emploie aussi comme adjectif dans plusieurs des sens indiqués.
- Mais les assiégés ont contre-miné pour arrêter les progrès des mineurs ennemis et ont remparé la moitié de la barbacane restée debout. ? (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
- On leur parle de roumis ennemis. Ennemis ? Les musulmanes des douars kabyles n'ont jamais vu de roumis. Comment pourraient-elles les haïr ? ? (Pierre Peytavin, Messaouda, Editions Edilivre, 2014, chapitre 9)
- Des peuples ennemis, ennemis l'un de l'autre.
- Se précipiter dans les rangs ennemis.
- Une terre, une nation ennemie.
- Le chaud et le froid sont des qualités ennemies.
- (Figuré) La fortune ennemie.
- (Figuré) Les destins ennemis.
- (Figuré) Les vents ennemis.
- (Peinture) Couleurs ennemies : Couleurs qui, par leur opposition, produisent un effet discordant.
Nom commun - français
ennemi \?n.mi\ masculin (pour une femme, on dit : ennemie)
-
Concept antagoniste, en conflit avec un autre.
- Au milieu de la lutte contre le chaos, dans le sillage de la famine, survint une autre vieille ennemie de l'humanité : la peste, la Mort Pourpre. ? (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d'Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 417 de l'édition de 1921)
- L'eau est l'ennemie du feu.
- La folie est l'ennemie de la raison.
- Le temps est l'ennemi de la jeunesse.
- Ces individus sont des ennemis, car ils veulent les mêmes terres.
- Celui, celle qui veut du mal à quelqu'un.
- Bien, bien, ma cousine ! il y a deux façons de me servir : l'une en exterminant mes ennemis, l'autre en secourant mes amis. ? (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre XI)
- Le parti adverse est un parti de concussionnaires, d'ennemis du peuple, traîtres à la patrie, vendus à l'ennemi, à quelque parti que tu appartiennes [?] ? (Franc-Nohain, Guide du bon sens, Éditions des Portiques, 1932)
- En passant au large d'El-Kçar, nous vîmes au flanc des montagnes des Ahl Serif le camp de Raïssouli, qui mettait à la raison les derniers partisans de son ennemi mortel le caïd Er-Remiki. ? (Frédéric Weisgerber, Au seuil du Maroc Moderne, Institut des Hautes Études Marocaines, Rabat : Les éditions de la porte, 1947, page 241)
- Et puis, je peux faire clamser nos ennemis, en piquant d'une certaine façon un crapaud que j'aurai baptisé au nom de la personne condamnée. ? (Jean Rogissart, Passantes d'Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
- Pour le Chili du XIXe siècle, qui faisait l'expérience d'un début d'industrialisation, l'ennemi et le partenaire principal était l'Empire britannique. ? (Armando Uribe, Le Livre noir de l'intervention américaine au Chili, traduction de Karine Berriot et Françoise Campo, Seuil, 1974)
- (Religion) (Absolument) (Au singulier) Le diable ; le démon. Souvent capitalisé en Ennemi.
-
(Courant) (Absolument) (Au singulier ou au pluriel) Nation armée avec laquelle une autre nation est en guerre.
- Tout ce qui sert votre ennemi vous nuit ; tout ce qui lui nuit vous sert. ? (Machiavel, Maximes et pensées, traduction de Toussaint Guiraudet, Éditions André Silvaire, Paris, 1975)
- Les reflets du couchant, le vent de la mer nous viennent aussi ce soir de chez nos ennemis, de l'Est, du Rhin. ? (Jean Giraudoux, Retour d'Alsace ? Août 1914, 1916)
- La soudaine irruption d'un ennemi prêt à l'offensive n'eut d'autre effet immédiat sur New York que d'accroître sa véhémence habituelle. ? (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d'Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 212 de l'édition de 1921)
- Passer à l'ennemi.
- Repousser l'ennemi, les ennemis.
- Mettre l'ennemi en fuite.
- De nouvelles troupes qui n'ont pas encore vu l'ennemi.
- Personne, groupe de personnes ou sentiment intérieur contre qui ou contre quoi l'on combat.
- Par contre, si je considère ma peur comme un ennemi, je cours un grand risque d'être vaincu. L'ennemi est sournois; il n'a pas les mêmes règles du jeu et je ne les connais d'ailleurs pas. Il ne s'annonce pas clairement et peut me surprendre par derrière. Je considère donc mon ennemi comme plus fort et plus rusé que moi. [?] Je n'ai pas confiance en moi face à cet ennemi et je sais qu'il m'aura par ses ruses. ? (Robert Henckes, Au rendez-vous de Cana, éditions Fidélité, Namur, 1999, pages 151-152)
- (Figuré) C'est autant de pris sur l'ennemi : C'est toujours avoir obtenu quelque avantage, avoir tiré quelque parti d'une mauvaise affaire.
- Personne qui éprouve de l'aversion pour des choses bonnes ou mauvaises, justes ou injustes.
- Oui, nous nous avouons les ennemis de l'ordre, de cet ordre qui ne profite qu'à ceux qui, à force d'exploitation et de roueries, sont parvenus à empiler des millions dans leur coffre-fort. ? (Virginie Barbet, dans le journal Égalité du 13 mars 1869 ; cité par Oscar Testut, L'Internationale, 1871)
- Ennemi de toute violence.
- (Proverbial) Le mieux est l'ennemi du bien. ? voir mieux
Trésor de la Langue Française informatisé
ENNEMI, IE, subst.
Personne qui n'aime pas (quelqu'un, quelque chose) ou personne, chose qui n'est pas aimée (de quelqu'un). Anton. ami.Ennemi, Ie au Scrabble
Le mot ennemi, ie vaut 9 points au Scrabble.
Informations sur le mot ennemi--ie - 8 lettres, 5 voyelles, 3 consonnes, 4 lettres uniques.
Quel nombre de points fait le mot ennemi, ie au Scrabble ?
Le calcul de points ne prend pas en compte lettre compte double, lettre compte triple, mot compte double et mot compte triple. Ces cases augmentent les valeurs des mots posés selon un coefficient indiqué par les règles du jeu de Scrabble.
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Mise à jour le mercredi 12 novembre 2025 à 14h37

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