La définition de Doute du dictionnaire français. Signification du mot et son éthymologie - De nombreux exemples d'usage en français ainsi que des citations.

Doute
Nature : s. m.
Prononciation : dou-t'
Etymologie : Substantif abstrait de douter ; bourguig. d"te ; proven). dopte, dubte, s. m. ; catal. dubte ; espagn. duda ; portug. duida ; ital. dotta. Doute a été d'abord féminin dans la langue ; c'est vers la fin du XVIe siècle que le genre en commence à devenir incertain, et que quelques-uns le font tantôt féminin, tantôt masculin. Palsgrave, p. 26, remarque qu'on écrit doubte, et qu'on prononce doute. Ce mot, dans l'ancienne langue, à côté du sens de doute, a aussi celui de crainte.

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Notre dictionnaire de français vous présente les définitions de doute de manière précise, avec des exemples pertinents pour aider à comprendre la signification du mot.

Notre dictionnaire de définitions comprend des informations complémentaires telles que la nature du mot, sa prononciation, des exemples d'expressions, l'étymologie, les synonymes, les homonymes, les antonymes mais également les rimes et anagrammes. Quand la définition du mot s'y prête nous vous proposons des citations littéraires en rapport avec doute pour illustrer la compréhension du mot ou préciser le sens et de répondre à la question quelle est la signification de Doute ?


La définition de Doute

Incertitude où l'on est sur la réalité d'un fait, la vérité d'une assertion. Avoir du doute. Lever tous les doutes.


Toutes les définitions de « doute »


Dictionnaire de l'Académie française, huitième édition

DOUTE. n. m.
Incertitude sur l'existence ou la vérité d'une chose, sur la vérité ou la fausseté d'une idée. Être en doute. Laisser en doute. Il n'y a point de doute. Cela est hors de doute. Doute bien ou mal fondé. Il lui reste encore quelque doute. N'avoir aucun doute. Lever un doute. Éclaircir un doute. Proposer ses doutes. Laisser un doute. Tirer, ôter, délivrer quelqu'un d'un doute. Nul doute, point de doute que cela ne soit. Ce cas de conscience me laisse encore quelque doute. Maladie du doute, Maladie mentale caractérisée par la difficulté, parfois invincible, d'asseoir son esprit dans une certitude. Mettre une chose en doute, la révoquer en doute, En contester la certitude. Ne faire aucun doute d'une chose, L'admettre comme certaine. Hors de doute, Certain, hors de toute contestation. Cela est hors de doute. Prov., Dans le doute, abstiens-toi, Quand on doute si une action est bonne ou mauvaise, utile ou nuisible, il ne faut pas agir. Le doute philosophique ou méthodique, ou, absolument, Le doute, Méthode par laquelle l'esprit, suspendant son jugement, ne reçoit pour vrai que ce qu'il connaît évidemment être tel. Le doute de Descartes. On dit proverbialement Le doute est le commencement de la sagesse. Il se dit aussi spécialement de l'État d'esprit de celui qui doute des vérités de la religion. Vivre dans le doute.

SANS DOUTE, loc. adv. Assurément, certes. Viendrez-vous demain? Sans doute. C'est là sans doute une très belle action. On dit plus souvent Sans aucun doute, sans nul doute. Il signifie aussi Selon toutes les apparences, probablement. Il arrivera sans doute aujourd'hui.

Littré

DOUTE (dou-t') s. m.
  • 1Incertitude où l'on est sur la réalité d'un fait, la vérité d'une assertion. Avoir du doute. Lever tous les doutes. Est-ce qu'il peut y avoir du doute à cela?? ?Ote-moi d'un doute?; Connais-tu bien don Diègue?? Corneille, Cid, II, 2. Otez moi donc de doute Et montrez-moi la main qu'il faut que je redoute, Corneille, Rodog. V, 4. Mille et mille témoins te mettront hors de doute, Corneille, Nicom. III, 5. Rendez sans différer mes doutes éclaircis, Gombaud, Danaïdes, I, 2. Des témoins de sa mort viennent à tous moments Condamner votre doute et vos retardements, Racine, Mithr. I, 3. Un moment quelquefois éclaircit plus d'un doute, Racine, Iphig. II, 5. Délivrez mon esprit de ce funeste doute, Racine, Phèd. I, 3.

    Être en doute, douter. Vous êtes en doute Ce qu'elle a plus parfait, ou l'esprit, ou le corps, Malherbe, V, 23. Il vous a obligé de vous expliquer une chose dont je n'étais point en doute, Guez de Balzac, liv. VI, lett. 3. En êtes-vous en doute?? Corneille, Nicom. I, 2. ? tu ne meurs point de honte Qu'il faille que de lui je fasse plus de compte, Et que ton père même, en doute de ta foi, Donne plus de croyance à ton valet qu'à toi?! Corneille, Ment. V, 3.

    Laisser une chose en doute, ne pas l'éclaircir. Laissez la chose en doute, et du moins hésitez Tant qu'on ait par leur bouche appris leurs volontés, Corneille, ?d. III, 2.

    Laisser quelqu'un en doute, ne pas dissiper son incertitude. Il m'a laissé plus en doute que je n'étais, Fénelon, Tél. IX.

    Mettre en doute, révoquer en doute, contester la vérité d'un fait. Jusques ici, madame, aucun ne met en doute Les longs et grands travaux que votre amour vous coûte, Corneille, Rodog. II, 3. Je n'ai jamais mis en doute que vous ne m'ayez écrit, Sévigné, 390. Il ne révoque pas les miracles en doute, Bossuet, Hist. II, 12.

    Dans le même sens. On n'en fait aucun doute, Corneille, Suréna, I, 2.

    Mettre en doute signifie aussi contester l'obligation de quelque devoir. L'obéissance est mise en doute, Bossuet, Hist. II, 1.

  • 2 Terme de rhétorique. Figure par laquelle l'orateur paraît douter de ce qu'il doit énoncer. On dit plutôt dubitation.
  • 3Scepticisme. Une philosophie qui n'aboutit qu'au doute. Un doute éclairé peut quelquefois servir de flambeau, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 140, dans POUGENS. Le doute est bien plus le résultat des lumières vagues que de l'ignorance, Mirabeau, Collection, t. IV, p. 110.

    Doute méthodique de Descartes, méthode qui consiste à rejeter provisoirement toutes les idées qu'on a reçues.

    Défaut de croyance à. une religion révélée. Le doute est un blasphème, Voltaire, Fanat. IV, 3. Il serait à souhaiter qu'un doute universel se répandît sur la surface de la terre, et que tous les peuples voulussent bien mettre en question la vérité de leurs religions, Diderot, Pensées philos. n° 36.

  • 4Difficulté, scrupule. J'ai encore un doute à vous proposer, Pascal, Prov. 5. Mlle de Duras ayant quelque doute sur la religion, Bossuet, Conf.

    Conjecture, soupçon. J'en ai quelques doutes.

    Appréhension, crainte. Dans le doute d'un accident fâcheux, il faut prendre ses précautions. Que si j'avais le moindre doute d'avoir failli et de mériter vos menaces, Voiture, Lett. 58. Dans le doute mortel dont je suis agité, Racine, Phèd. I, 1.

  • 5Sans doute, loc. adv. Assurément, certes. Viendrez-vous demain?? sans doute.

    Ironiquement. Me prêterez-vous encore de l'argent?? - Sans doute?; je contribuerai à toutes vos folies.

    Selon toutes les apparences. Sans doute à nos malheurs ton c?ur n'a pu survivre, Racine, Alex. IV, 1.

    Il est sans doute que, avec l'indicatif, on ne peut douter. Il est sans doute qu'il suffit d'avoir appris une fois?, Pascal, Prov. 3. Il est sans doute qu'il ne se servit pas des termes d'acheter ne de vendre, Pascal, ib. 12. Il est sans doute que je suis un hérétique, Pascal, ib. 15.

    Sans doute que s'emploie aussi pour probablement, tout en tête de la phrase. Sans doute qu'il n'y a plus pensé.

  • 6Hors de doute, incontestable, certain. Cela est hors de doute. Il est hors de doute qu'il réussira. Son acquittement est hors de doute. Jusqu'à ce qu'elle ait vu votre hymen hors de doute, Corneille, Perthar. II, 3.

    PROVERBE

    Dans le doute abstiens-toi, c'est-à-dire quand une action est douteuse, il est plus prudent, plus sage, plus honnête de s'en abstenir.

    Le doute est le commencement de la sagesse.


REMARQUE

1. Mettre en doute, dans une phrase négative ou interrogative, suivi de que, demande la particule ne?: Lorsqu'on me trouvera morte, il n'y aura personne qui mette en doute que ce ne soit vous qui m'aurez tuée, Molière, G. Dand. III, 8. Cependant le ne peut se supprimer?: Je ne mets pas en doute que cela soit.

2. Doute a été longtemps féminin?; il l'est encore dans Malherbe?: Nos doutes seront éclaircies, Et mentiront les prophéties? III, 1. La seule chose Qui m'empêche la mort, c'est la doute que j'ai, V, 13. Rotrou aussi le fait féminin?: Son mépris paraît trop, ma doute n'est point vaine, Bélis. I, 6.


HISTORIQUE

XIIe s. Sans doute [crainte] de perir, Couci, XVIII.

XIIIe s. Là s'aresterent-il à grant doute, car il douterent [craignirent] ceus de fors, et autant doutoient-il ceus dedens, Villehardouin, CXXXVII. Et pour chou [ce] qu'il ot paour et doute que ses chevaus ne feust mors ou meshaignés, il s'en tourna le petit pas, H. de Valenciennes, IV. Car donc, quel part la pointe [de l'aiguille aimantée] vise, La tresmontaigne [le nord] est là sans doute, Lais inédits, p. IV. Et li autre [larrecins] sont en doute, à savoir se c'est larrecins ou non, Beaumanoir, XXXI, 1.

XIVe s. Eustrace fait ici une doubte?, Oresme, Eth. 51. Une doubte semble apparoir en ce qu'il dient, Oresme, ib. VI, 11.

XVe s. Pour la doute [crainte] des rebellions, Froissart, II, II, 27. Sans doute, si ce n'eust esté? le roy n'eust jamais souffert?, Commines, VI, 2. Et y mettoient grans doubtes aucuns, veu que à leurs dos n'avoyent nulles places pour eux retirer, Commines, I, 2. Le duc [de Bourgongne] lui fist faire [à Louis XI] son logis [à Péronne], et l'asseura fort de n'avoir nulle doubte (le roy estoit entré en grant paour apprenant l'arrivée de ses malvueillans auprès du duc de Bourgongne), Commines, II, 5.

XVIe s. N'en faictes doubte aucune, Marot, J. V, 21. Cela ne se peut revoquer en doute, Calvin, Instit. 784. Il n'y a nulle doute que c'est une exhortation que Dieu lui fait, Calvin, ib. 266. Vous m'en avés escript si honnestement que jamais je n'en ay faict une seule doubte, Marguerite de Navarre, Lett. 101. Puisqu'on est en doubte du plus court chemin, il fault tenir le droict, Montaigne, I, 132. Il n'y a point de doubte qu'il ne soit plus beau de pardonner?, Montaigne, I, 132. Qui y peult faire doubte [qui peut en douter]?? Montaigne, I, 174. La chose est de soy tant notoire, que la doute en seroit trop plus deraisonnable, que la preuve necessaire, Amyot, Préf. XVIII, 47. Non seulement le commun peuple flottoit et branloit en ce doubte, mais aussi les senateurs, Amyot, Numa, 4. Les reformez, eslevez de leur droict, estimoient toutes doutes effacées, D'Aubigné, Hist. I, 129. On l'empeschoit, tant sur la reverence du traitté, comme sur le doute de l'execution, D'Aubigné, ib. I, 185.


SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DOUTE. - REM. Ajoutez?:

3. J. J. Rousseau a employé doute au sens de crainte?; c'est un archaïsme. Je suis ainsi toujours dans le doute de manquer à vous ou à moi, d'être familier ou rampant, Lettre au maréchal de Luxembourg, 30 avril 1759.

4. On trouve aussi dans des textes anciens?: doute que, pour?: de peur que. Mais doute qu'autres le voulussent faire imprimer?, Privilége en 1636, dans BAYLE, article Neufgermain, note A.

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Encyclopédie, 1re édition

DOUTE, s. m. (Log. & Mét.) Les Philosophes distinguent deux sortes de doutes, l'un effectif & l'autre méthodique. Le doute effectif est celui par lequel l'esprit demeure en suspens entre deux propositions contradictoires, sans avoir aucun motif dont le poids le fasse pencher d'un côté plûtôt que d'un autre. Le doute méthodique est celui par lequel l'esprit suspend son consentement sur des vérités dont il ne doute pas réellement, afin de rassembler des preuves qui les rendent inaccessibles à tous les traits avec lesquels on pourroit les attaquer.

Descartes naturellement plein de génie & de pénétration, sentant le vuide de la philosophie scholastique, prit le parti de s'en faire une toute nouvelle. Etant en Allemagne, & se trouvant fort des?uvré dans l'inaction d'un quartier d'hyver, il s'occupa plusieurs mois de suite à repasser les connoissances qu'il avoit acquises, soit dans ses études, soit dans ses voyages ; il y trouva tant d'obscurité & d'incertitude, que la pensée lui vint de renverser ce mauvais édifice, & de rebâtir, pour ainsi dire, le tout à neuf, en mettant plus d'ordre & de liaison dans ses principes.

Il commença par mettre à l'écart les vérités revélées, parce qu'il pensoit, disoit-il, que pour entreprendre de les examiner, & pour y réussir, il étoit nécessaire d'avoir quelque extraordinaire assistance du ciel, & d'être plus qu'Homme. Il prit donc pour premiere maxime de conduite, d'obéir aux lois & aux coûtumes de son pays, retenant constamment la religion dans laquelle Dieu lui avoit fait la grace d'être instruit dès son enfance, & se gouvernant en toute autre chose selon les opinions les plus modérées ; il crut qu'il étoit de la prudence de se prescrire par provision cette regle, parce que la recherche successive des vérités qu'il vouloit savoir, pouvoit être très longue, & que les actions de la vie ne souffrant aucun délai, il falloit se faire un plan de conduite ; ce qui lui fit joindre une seconde maxime à la précedente, qui étoit d'être le plus ferme & le plus résolu dans ses actions qu'il le pourroit, & de ne pas suivre moins constamment les opinions les plus douteuses, lorsqu'il s'y seroit une fois déterminé, que si elles eussent été très-assûrées. Sa troisieme maxime fut de tâcher toûjours de se vaincre plûtôt que la fortune, & de changer plûtôt ses desirs que l'ordre du monde.

Descartes s'étant assûré de ces maximes, & les ayant mises à part avec les vérités de foi, qui ont toûjours été les premieres en sa créance, jugea que pour tout le reste de ses opinions il pouvoit librement entreprendre de s'en défaire. En cela il a eu raison ; mais il s'est trompé lorsqu'il a crû qu'il suffisoit pour cela de les révoquer en doute. Douter si deux & deux font quatre, si l'homme est un animal raisonnable, c'est avoir des idées de deux, de quatre, d'homme, d'animal, de raisonnable. Le doute laisse donc subsister les idées telles qu'elles sont ; ainsi nos erreurs venant de ce que nos idées ont été mal faites, il ne les sauroit prévenir. Il peut pendant un tems nous faire suspendre nos jugemens ; mais enfin nous ne sortirons d'incertitude qu'en consultant les idées qu'il n'a pas détruites ; & par conséquent si elles sont vagues & mal déterminées, elles nous égareront comme auparavant. Le doute de Descartes est donc inutile : chacun peut éprouver par lui-même qu'il est encore impraticable ; car si l'on compare des idées familieres & bien déterminées, il n'est pas possible de douter des rapports qui sont entr'elles : telles sont, par exemple, celles des nombres. Si l'on peut douter de tout, ce n'est que par un doute vague & indéterminé, qui ne porte sur rien du tout en particulier.

Si Descartes n'avoit pas été prévenu pour les idées innées, il auroit vû que l'unique moyen de se faire un nouveau fonds de connoissances, étoit de détruire les idées mêmes, pour les reprendre à leur origine, c'est-à-dire aux sensations. La plus grande obligation que nous puissions avoir à ce philosophe, c'est de nous avoir laissé l'histoire des progrès de son esprit. Au lieu d'attaquer directement les scholastiques, il représente le tems où il étoit dans les mêmes préjugés ; il ne cache point les obstacles qu'il a eus à surmonter pour s'en dépoüiller ; il donne les regles d'une méthode beaucoup plus simple qu'aucune de celles qui avoient été en usage jusqu'à lui, laisse entrevoir les découvertes qu'il croit avoir faites, & prépare par cette adresse les esprits à recevoir les nouvelles opinions qu'il se proposoit d'établir. Je crois que cette conduite a eu beaucoup de part à la révolution dont ce philosophe est l'auteur.

Le doute introduit par Descartes, est bien différent de celui dans lequel se renferment les Sceptiques. Ceux-ci, en doutant de tout, étoient déterminés à rester toûjours dans leur doute ; au lieu que Descartes ne commença par le doute, que pour mieux s'affermir dans ses connoissances. Dans la philosophie d'Aristote, disent les disciples de Descartes, on ne doute de rien, on rend raison de tout, & néanmoins rien n'y est expliqué que par des termes barbares & inintelligibles, & que par des idées obscures & confuses ; au lieu que Descartes, s'il vous fait oublier même ce que vous connoissiez déjà, fait vous en dédommager abondamment, par les connoissances sublimes auxquelles il vous mene par degrés ; c'est pourquoi ils lui appliquent ce qu'Horace dit d'Homere :

Non fumum ex fulgore, sed ex fumo dare lucem
Cogitat, ut speciosa dehinc miracula promat.

Il faut le dire ici, il y a bien de la différence entre douter & douter : on doute par emportement & par brutalité, par aveuglement & par malice, & enfin par fantaisie, & parce que l'on veut douter ; mais on doute aussi par prudence & par défiance, par sagesse & par sagacité d'esprit. Les Académiciens & les Athées doutent de la premiere façon, les vrais Philosophes doutent de la seconde. Le premier doute est un doute de ténebres, qui ne conduit point à la lumiere, mais qui en éloigne toûjours. Le second doute naît de la lumiere, & il aide en quelque façon à la produire à son tour. C'est de ce doute qu'on peut dire qu'il est le premier pas vers la vérité.

Il est plus difficile qu'on ne pense de douter. Les esprits bouillans, dit un auteur ingénieux, les imaginations ardentes ne s'accommodent pas de l'indolence du sceptique ; ils aiment mieux hasarder un choix que de n'en faire aucun, se tromper que de vivre incertains : soit qu'ils se méfient de leurs bras, soit qu'ils craignent la profondeur des eaux, on les voit toûjours suspendus à des branches dont ils sentent toute la foiblesse, & auxquelles ils aiment mieux demeurer accrochés que de s'abandonner au torrent. Ils assûrent tout, bien qu'ils n'ayent rien soigneusement examiné ; ils ne doutent de rien, parce qu'ils n'en ont ni la patience ni le courage : sujets à des lueurs qui les décident, si par hasard ils rencontrent la vérité, ce n'est point à tâtons, c'est brusquement & comme par révélation : ils sont entre les dogmatiques, ce que sont les illuminés chez le peuple dévot. Les individus de cette espece inquiete ne conçoivent pas comment on peut allier la tranquillité d'esprit avec l'indécision.

Il ne faut pas confondre le doute avec l'ignorance. Le doute suppose un examen profond & desintéressé ; celui qui doute parce qu'il ne connoît pas les raisons de credibilité, n'est qu'un ignorant.

Quoiqu'il soit d'un esprit bien fait de rejetter l'assertion dogmatique dans les questions qui ont des raisons pour & contre, & presqu'à égale mesure, ce seroit néanmoins agir contre la raison, que de suspendre son jugement dans des choses qui brillent de la plus vive évidence ; un tel doute est impossible, il traîne après lui des conséquences funestes à la société, & ferme tous les chemins qui pourroient conduire à la vérité.

Que ce doute soit impossible, rien n'est plus évident ; car pour y parvenir il faudroit avoir sur toutes sortes de matieres des raisons d'un poids égal pour ou contre : or, je le demande, cela est-il possible ? Qui a jamais douté sérieusement s'il y a une terre, un soleil, une lune, & si le tout est plus grand que sa partie ? Le sentiment intime de notre existence peut-il être obscurci par des raisonnemens subtils & captieux ? On peut bien faire dire extérieurement à sa bouche qu'on en doute, parce que l'on peut mentir ; mais on ne peut pas le faire dire à son esprit. Ainsi le pyrrhonisme n'est pas une secte de gens qui soient persuadés de ce qu'ils disent ; mais c'est une secte de menteurs : aussi se contredisent-ils souvent en parlant de leur opinion, leur c?ur ne pouvant s'accorder avec leur langue, comme on peut le voir dans Montaigne, qui a tâché de le renouveller au dernier siecle.

Car après avoir dit que les Académiciens étoient différens des Pyrrhoniens, en ce que les Académiciens avoüoient qu'il y avoit des choses plus vraissemblables les unes que les autres, ce que les Pyrrhoniens ne vouloient pas reconnoître, il se déclare pour les Pyrrhoniens en ces termes : or l'avis, dit-il, des Pyrrhoniens est plus hardi, & quant & quant plus vraissemblable. Il y a donc des choses plus vraissemblables que les autres ; & ce n'est point pour dire un bon mot qu'il parle ainsi, ce sont des paroles qui lui sont échappées sans y penser, & qui naissent du fond de la nature, que le mensonge des opinions ne peut étouffer.

D'ailleurs chaque action que fait un pyrrhonien, ne dément-elle pas son système ? car enfin un pyrrhonien est un homme qui dans ses principes doit douter universellement de toutes choses, qui ne doit pas même savoir s'il y a des choses plus probables les unes que les autres ; qui doit ignorer s'il lui est plus avantageux de suivre les impressions de la nature, que de ne pas s'y conformer. S'il suivoit ses principes, il devroit demeurer dans une perpétuelle indolence, sans boire, sans manger, sans voir ses amis, sans se conformer aux lois, aux usages & aux coûtumes, en un mot se pétrifier & être immobile comme une statue. Si un chien enragé se jette sur lui, il ne doit pas faire un pas pour le fuir : que sa maison menace ruine, & qu'elle soit prête à s'écrouler & à l'engloutir sous ses ruines, il n'en doit point sortir ; qu'il soit défaillant de faim ou de soif, il ne doit manger ni boire : pourquoi ? parce qu'on ne fait jamais une action qu'en conséquence de quelques jugemens intérieurs, par lesquels on se dit qu'il y a du danger, qu'il est bon de l'éviter ; que pour l'éviter il faut faire telle ou telle chose. Si on ne le fait pas, c'est que l'esprit demeure dans l'inaction, sans se déterminer. Heureusement pour les Pyrrhoniens, l'instinct supplée avec usure à ce qui leur manque du côté de la conviction, ou plûtôt il corrige l'extravagance de leur doute.

Mais il suffit, diront-ils, que le danger paroisse probable, pour qu'on soit obligé de le fuir : or nous ne nions pas les apparences ; nous disons seulement que nous ne savons pas que les choses soient telles en effet qu'elles nous paroissent. Mais cette réponse n'est qu'un vain subterfuge, par lequel ils ne pourront échapper à la difficulté qu'on leur fait. Je veux que le danger leur paroisse probable ; mais quelle raison ont-ils pour s'y soustraire ? Le danger qu'ils redoutent est peut-être pour eux un très-grand bien. D'ailleurs je voudrois bien savoir s'ils ont idée de danger, de doute, de probabilité ; s'ils en ont idée, ils connoissent donc quelque chose, savoir qu'il y a des dangers, des doutes, des probabilités : voilà donc pour eux une premiere marque de vérité. C'est un point fixe & constant chez eux, qu'il faut vivre comme les autres, & ne point se singulariser ; qu'il faut se laisser aller aux impressions qu'inspire la nature ; qu'il faut se conformer aux lois & aux coûtumes. Mais où ont-ils pris tous ces principes ? Sceptiques dans leur façon de penser, comment peuvent-ils être dogmatiques dans leur maniere d'agir ? Ce seul point qu'ils accordent, est un écueil où viennent se briser toutes leurs vaines subtilités.

Pyrrhon agissoit quelquefois en conséquence de son principe. Persuadé qu'il n'y avoit rien de certain, il portoit son indifférence en certaines choses aussi loin que son système le comportoit. On dit de lui qu'il n'aimoit rien, & ne se fâchoit de rien ; que quand il parloit, il se mettoit peu en peine si on l'écoutoit ou si on ne l'écoutoit pas ; & qu'encore que ses auditeurs s'en allassent, il ne laissoit pas de continuer. Si tous les hommes étoient de ce caractere, que deviendroit alors parmi eux la société ? Oüi, rien ne lui est plus contraire que ce doute. En effet, il détruit & renverse toutes les lois, soit naturelles, soit divines, soit humaines ; il ouvre un vaste champ à tous les desordres, & autorise les plus grands forfaits. De ce principe qu'il faut douter de tout, il s'ensuit qu'il est incertain s'il y a un être suprème, s'il y a une religion, s'il y a un culte qui nous soit nécessairement commandé. De ce principe qu'il faut douter de tout, il s'ensuit que toutes les actions sont indifférentes, & que les bornes sacrées qui sont posées entre le bien & le mal, entre le vice & la vertu, sont renversées.

Or qui ne voit combien ces conséquences sont pernicieuses à la société ? Jugez-en par Pyrrhon lui-même, qui voyant Anaxarque son maître tombé dans un précipice, passa outre, sans daigner lui tendre la main pour l'en retirer : Anaxarque qui étoit imbu des mêmes principes, loin de l'en blâmer, parut lui on savoir bon gré ; sacrifiant ainsi à l'honneur de son système, le ressentiment qu'il devoit avoir contre son disciple.

Ce doute n'est pas moins contraire à la recherche de la vérité ; car ce doute une fois admis, tous les chemins pour arriver à la vérité sont fermés, on ne peut s'assûrer d'aucune regle de vérité : rien ne paroît assez évident pour n'avoir pas besoin de preuve ; ainsi dans cet absurde système il faudroit remonter jusqu'à l'infini, pour y trouver un principe sur lequel on pût asseoir sa croyance.

Je vais plus loin : ce doute est extravagant, & indigne d'un homme qui pense ; quiconque s'y conformeroit dans la pratique, donneroit assûrément des marques de la plus insigne folie : car cet homme douteroit s'il faut manger pour vivre, s'il faut fuir quand on est menacé d'un danger pressant : tout doit lui paroître également avantageux ou desavantageux. Ce doute est encore indigne d'un homme qui pense, il l'abaisse au-dessous des bêtes mêmes ; car en quoi l'homme differe-t-il des bêtes ? si ce n'est en ce qu'outre les impressions des sens qui lui viennent des objets extérieurs, & qui lui sont peut-être communes avec elles, il a encore la faculté de juger & de vouloir : c'est le plus noble exercice de sa raison, la plus noble opération de son esprit ; or le scepticisme rend ces deux facultés inutiles. L'homme ne jugera point, il s'est fait une loi de s'abstenir de juger, & ils appellent cela époque. Or si l'homme ne juge point, vous concevez que sa volonté n'a plus aucun exercice, qu'elle demeure dans l'inaction, & comme assoupie ou engourdie ; car la volonté ne peut rien choisir, que l'esprit n'ait connu auparavant ce qui est bon ou mauvais ; or un esprit imbu des principes pyrrhoniens est plongé dans les ténebres. Mais il peut juger, dira-t-on, qu'une chose lui paroît plus aimable que les autres. Cela ne doit point être dans leur système ; néanmoins en leur accordant ce point, on ne leur accorde pas en même tems qu'il y ait une raison suffisante pour se déterminer à poursuivre un tel objet ; cette raison ne sauroit être que la ferme conviction où l'on seroit, qu'il faut suivre les objets les plus aimables.

Que conclure de tout ceci ? sinon qu'un pyrrhonien réel & parfait parmi les hommes, est dans l'ordre des intelligences un monstre qu'il faut plaindre. Le pyrrhonisme parfait est le délire de la raison, & la production la plus ridicule de l'esprit humain. On pourroit douter avec raison s'il y a de véritables Sceptiques ; quelques efforts qu'ils fassent pour le faire croire aux autres, il est des momens, & ces momens sont fréquens, où il ne leur est pas possible de suspendre leur jugement ; ils reviennent à la condition des autres hommes : ils se surprennent à tous momens, aussi décidés que les plus fiers dogmatiques ; témoin Pyrrhon lui-même, qui se fâcha un jour contre sa s?ur, parce qu'il avoit été contraint d'acheter les choses dont elle eut besoin pour offrir un sacrifice. Quelqu'un lui remontra que son chagrin ne s'accordoit pas avec l'indolence dont il faisoit profession. Pensez-vous, répondit-il, que je veuille mettre en pratique pour une femme cette vertu ? N'allez pas vous imaginer qu'il vouloit dire qu'il ne renonçoit pas à l'amour, ce n'étoit point sa pensée ; il vouloit dire que toutes sortes de sujets ne méritoient pas l'exercice de son dogme, de ne se fâcher de rien. Voyez Pyrrhonisme, Sceptique.

Doute, (Belles-lettres.) figure de rhétorique par laquelle l'orateur paroît en suspens & indéterminé sur ce qu'il doit dire & faire ; par exemple : Que ferai-je ? aurai-je recours à ces amis que j'ai négligés ? m'adresserai-je à ceux qui m'ont à-présent oublié ?

Il n'y a peut-être jamais eu de doute si marqué & en même tems si singulier, que ce commencement d'une lettre de Tibere au sénat, rapporté par Tacite, livre VI. de ses annales, n°. 6. Quid scribam vobis, P. C. aut quomodo scribam, aut quid omnino non scribam hoc tempore, dii me deæque pejùs perdant, quàm perire quotidiè sentio, si scio. Ce n'étoit pas néanmoins pour faire une figure de rhétorique de propos délibéré, que ce prince écrivoit de la sorte ; ces expressions étoient la vive image de la perplexité, de l'agitation & des remords dont il étoit alors troublé : Adeo, ajoûte l'historien, dont les paroles & la réflexion sont trop belles pour ne mériter pas place ici ; adeo facinora atque flagitia sua ipsi quoque in supplicium verterant : neque frustra præstantissimus sapientiæ firmare solitus est, si reclu dantur tyrannorum mentes, posse aspici laniatus et ictus, quando ut corpora verberibus, ita sævitia, libidine, malis consultis animus dilaceretur. Quippe Tiberium, ajoûte-t-il, non fortuna, non solitudines protegebant quin tormenta pectoris suasque ipse panas fateretur. Le doute & la perplexité sont incontestablement le langage de la nature dans une conscience ainsi bourrelée. (G)

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Wiktionnaire


Nom commun - ancien français

doute \Prononciation ?\ féminin

  1. Peur, crainte.
    • Mout a grant dote Peleüs
      Que le regne ne li laist plus
      (Le Roman de Troie, édition de Constans, tome I, p. 39, c. 1165. Manuscrit peleus.)
  2. Doute.

Nom commun - français

doute \dut\ masculin

  1. Incertitude sur l'existence ou la vérité d'une chose, sur la vérité ou la fausseté d'une idée.
    • Dans la connaissance des choses humaines, notre esprit ne doit jamais se rendre esclave en s'assujettissant aux fantaisies d'autruy. Il faut étendre la liberté de son jugement, et ne rien mettre dans sa tête par aucune autorité purement humaine. Quand on nous propose la diversité des opinions, il faut choisir s'il y a lieu ; sinon, il faut demeurer dans le doute. (Maximes et pensées diverses, par Madame de Sablé, Paris : chez Sébastien Mabre-Cramoisy, 1678)
    • Mais lorsque Aimery mit pied à terre sur le trottoir de la gare, il lui resta encore un peu de doute, c'est à dire une espérance. (Pierre Louÿs, Psyché, 1927, page 115)
    • [?] : l'Atlantide. Que cette contrée ait existé, cela est hors de doute. Mais il paraît certain qu'elle avait déjà disparu bien avant l'apparition de l'homme sur la terre, [?]. (René Thévenin & Paul Coze, M?urs et Histoire des Indiens Peaux-Rouges, Payot, 1929, 2e éd., page 15)
    • Les évaluations de propriétés la passionnaient. Nul doute que cette domination sur une grande étendue de forêt l'ait séduite. (François Mauriac, Thérèse Desqueyroux, Grasset, 1927)
    • L'enfant devient adulte, entre autres, par l'apprentissage du doute. (Cyrille Barrette, La vraie nature de la bête humaine, Éditions Multimonde, 2020, page 247)
    • Personne ne répondit. Le doute flottait dans tous les esprits. (Pierre Lemaître, Au revoir là-haut, Albin Michel, Paris, 2013, page 134)
    • N'avoir aucun doute.
    • Lever un doute.
    • Éclaircir un doute.
    • Proposer ses doutes.
    • Laisser un doute.
    • Tirer, ôter, délivrer quelqu'un d'un doute.
    • Nul doute, point de doute que cela ne soit.
    • Ce cas de conscience me laisse encore quelque doute.
    • Maladie du doute, Maladie mentale caractérisée par la difficulté, parfois invincible, d'asseoir son esprit dans une certitude.
    • Mettre une chose en doute, la révoquer en doute, En contester la certitude.
    • Ne faire aucun doute d'une chose, L'admettre comme certaine.
    • Hors de doute, Certain, hors de toute contestation.
    • Cela est hors de doute.
    • (Proverbial) Dans le doute, abstiens-toi, Quand on doute si une action est bonne ou mauvaise, utile ou nuisible, il ne faut pas agir.
  2. (Philosophie) Méthode par laquelle l'esprit, suspendant son jugement, ne reçoit pour vrai que ce qu'il connaît évidemment être tel.
    • Le commencement de la philosophie pour Descartes, c'est le doute ; cela seul est toute sa méthode. C'est la proclamation du droit au libre examen. L'avenir de la philosophie est attaché à ce principe. (Jules Simon, Introduction de: « ?uvres de Descartes », édition Charpentier à Paris, 1845)
  3. État d'esprit de celui qui doute des vérités de la religion.
    • Vivre dans le doute.
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Trésor de la Langue Française informatisé


DOUTE, subst. masc.

A.? [Gén. avec l'art. déf.] État naturel de l'esprit qui s'interroge, caractérisé à des degrés différents soit par l'incertitude concernant l'existence ou la réalisation d'un fait, soit par l'hésitation sur la conduite à tenir, soit par la suspension du jugement entre deux propositions contradictoires. Le doute n'est pas permis; un air, un geste de doute; être dans le doute; laisser qqn dans le doute. Relaxe au bénéfice du doute (Nouv. répertoire de dr., Paris, Dalloz, t. 2, 1963, § 70, s.v. instructions à l'audience).Anton. certitude.? « Non, monsieur, Charles-Marie ne doit pas être coupable. » Le doute avait fini par se glisser dans l'esprit du professeur de septième (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1853, p. 118).Et l'on ne pouvait rien, (...) rien faire même pour savoir ce qui allait arriver. Le doute était plus affolant encore que la certitude (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1392).Cf. accepter ex. 23, crédule ex. 1 :
1. La raison et l'incrédulité viennent bien assez vite d'elles-mêmes. Je me rappelle fort bien la première année où le doute m'est venu sur l'existence réelle du père Noël. J'avais cinq ou six ans, et il me sembla que ce devait être ma mère qui mettait le gâteau dans mon soulier. Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 156.
2. La liberté intellectuelle, ou sagesse, c'est le doute. (...). Douter, c'est examiner, c'est démonter et remonter les idées comme des rouages, sans prévention et sans précipitation, contre la puissance de croire qui est formidable en chacun de nous. Alain, Propos,1912, p. 134.
3. La grande affaire pour les générations précédentes, avait été le passage de l'absolu au relatif, de la certitude au doute; il s'agissait pour eux de « passer du doute à la négation sans y perdre toute valeur morale ». Massis, Jugements,1923, pp. 172-173.
1. Proverbes. Le doute est le commencement de la sagesse (Ac.1835-1932).Dans le doute, abstiens-toi. Quand on doute de la valeur de ses actes, il ne faut pas agir. ? Dans le doute, abstiens-toi, Proverbe français, ce me semble? ? Dans le doute, éclaire-toi! et, la lumière faite, protège les bons, tape sur les autres (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 243).
2. Syntagmes et loc.
a) Mettre en doute qqc. En contester l'authenticité, la valeur. Cf. affirmer ex. 18.Mettre en doute l'authenticité de qqc., la parole, la sincérité, les sentiments de qqn. Je ne mets pas en doute votre mandat (Gracq, Syrtes,1951, p. 247).Mettre en doute si. Ici, peut-être, faudrait-il mettre en doute si un poète peut légitimement demander à un lecteur le travail sensible et soutenu de son esprit? (Valéry, Variété II,1929, p. 171).[Avec la négation ou l'interr.] Ne pas mettre en doute que (avec ne explétif et le subj.). Ils ne mettaient pas en doute que la guerre civile ne fût alors terminée (J. Verne, Île myst.,1874, p. 540).[Sans ne explétif pour signifier que le fait est certain] Je ne mets pas en doute que j'y parvienne (Staël, Lettres L. de Narbonne,1792, p. 35).
Rem. Littré signale cette dernière construction.
b) Il n'y a pas de doute que; il ne fait pas de doute que; point de doute que; nul doute que. [Avec ne explétif et le subj.] Il n'y a pas de doute que ce ne soit là de tous points une grande ?uvre (Du Bos, Journal,1923, p. 246).[Avec le cond. pour exprimer un fait hypothétique] Nul doute qu'ils en riraient, si les anges pouvaient rire (Bernanos, Dialog. ombres,1928, 4etabl., 10, p. 1673).[Avec l'ind. pour insister sur la réalité du fait] Il n'y a pas de doute que les poissons tirent l'air de l'eau par les ouïes (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 150).
c) Être hors de doute. Être incontestable, certain. Cela est hors de doute pour moi. [Avec l'ind.] Il est hors de doute que. Il est hors de doute que c'est à elle qu'il doit la vie (Montherl., Bestiaires,1926, p. 451).
B.? En partic.
1. MÉD., PSYCH. Folie, manie, maladie du doute. Maladie mentale qui se traduit par des manies d'interrogation de vérifications incessantes, des scrupules religieux excessifs. Ces périodes détériorées où nous prend la manie du doute : ? A-t-on fermé sa porte à clef, cette nuit? on reva voir; a-t-on mis sa cravate ce matin? on tâte; boutonné sa culotte, ce soir? on s'assure (Gide, Paludes,1895, p. 121).Cf. aboulie ex. 5.
2. PHILOSOPHIE
? Doute sceptique, métaphysique. Attitude philosophique qui consiste à s'établir dans un doute définitif. Doute universel. Doute perpétuel (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 301).Doute absolu (Flaub., Corresp.,1853, p. 183).La foi n'est pas possible (...) que si le doute métaphysique est en quelque sorte imposé à l'esprit par la nature en soi indéterminable de son objet (Marcel, Journal,1914, p. 95):
4. Bremond est le type même de ces sceptiques profonds, chez qui le doute gagne sans cesse, s'étend à tout, et même aux choses dont il n'y aurait pourtant pas lieu de douter. Du Bos, Journal,1928, p. 210.
? Doute philosophique, doute méthodique de Descartes. Attitude du sujet pensant qui considère tout jugement sur tout objet de connaissance comme douteux afin de tendre vers la plus grande certitude possible, la certitude première étant celle du sujet pensant lui-même (cf. cartésien A b).Doute fictif, hyperbolique, réel. Le doute redresse l'esprit courbé par les sens. Par une ascèse, ou une purification intellectuelle, il doit rendre à la « lumière naturelle » sa rectitude perdue et sa clarté offusquée par les préjugés (R. Verneaux, Les Sources cartésiennes et kantiennes de l'idéalisme fr.,Paris, Beauchesne et fils, 1936, p. 67).Cf. également affirmer ex. 22, cogito, ex. 1, croyance ex. 9 :
5. La méthode [cartésienne] est applicable à l'édification des sciences d'observation et d'expérimentation. Il faut procéder toujours par le doute philosophique, avec précaution, avec défiance. Il faut lancer son hypothèse en avant comme un colimaçon lance ses cornes pour sonder et palper l'espace. Dès qu'il sent quelque obtacle, il les retire pour les étendre de nouveau à côté, et cette figure représente l'état de tâtonnements dans lequel se trouve l'expérimentateur. Bernard, Principes de méd. exp.,1878, p. 78.
6. Il y a un lien étroit, en stricte orthodoxie cartésienne, entre le doute et la compréhension même, dans la mesure où elle nous est accessible, de la nature divine, si bien que celui qui aurait poussé l'ascèse du doute assez loin acquerrait par là même une connaissance presque intuitive de Dieu. Lacroix, Marxisme, existentialisme, personnalisme,1949, p. 90.
? Révoquer en doute. [P. réf. à Descartes] Synon. littér. de mettre en doute.Des témoignages (...) qui peuvent toujours en tous les cas être révoqués en doute (Marcel, Journal,1914, p. 83).
3. RELIG. Doute religieux. Incertitude portant sur l'existence de Dieu, sur ce qui fait l'objet de la Révélation et l'enseignement de l'Église à ce sujet. Être dans le doute ou la certitude; sombrer dans le doute. Les tourmens du doute (Lacord., Conf. N.-D.,1848, p. 126).Le mol oreiller du doute de Montaigne (Du Bos, Journal,1922, p. 103).Je n'oppose pas à la foi le doute; mais l'affirmation : ce qui ne saurait être n'est pas (Gide, Feuillets d'automne,1949, p. 309):
7. ... j'ai compris que le doute n'était pas une imagination coupable, que l'on chasse en secouant la tête, mais une hantise tenace, impérieuse comme la vérité; une pointe fichée au plus profond de la croyance, et qui l'épuise, goutte à goutte. Martin du Gard, J. Barois,1913, p. 262.
8. Lui aussi le Christ avait douté. Il y avait eu, en lui, ce dernier désespoir. Et Thérèse comprit alors qu'elle ne pourrait plus douter jamais, plus jamais désespérer, qu'il avait pris son doute, son désespoir, que seule la joie lui était demeurée. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 119.
C.? P. méton. [Avec l'art. indéf. au sing., souvent au plur.] Ce qui fait l'objet du doute; point particulier qui laisse dans le doute. N'avoir, ne faire, ne laisser, n'offrir aucun doute; éclaircir, lever un doute; tirer quelqu'un d'un doute. Henry n'avait de doutes qu'aux endroits où le doute est indiqué; il était convaincu de ce que l'on croit communément, il niait hardiment tout ce que l'on nie (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 269).Celui-ci (...) hésitait encore, travaillé de doutes évidents sur la question de la dot (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 79):
9. Ainsi la raison (...) doute d'elle-même et des principes qui la constituent, non sans fondement; mais elle n'élève point (...) de doute sérieux, encore moins de doute insurmontable, sur le principe régulateur et suprême en vertu duquel elle fait la critique de ses principes constitutifs, et de toutes les autres facultés humaines, pas plus qu'elle n'élève de doute sérieux sur les axiomes mathématiques. Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 133.
10. Je me demande si je suis fou. En me promenant tantôt au grand soleil, le long de la rivière, des doutes me sont venus sur ma raison, non point des doutes vagues comme j'en avais jusqu'ici, mais des doutes précis, absolus. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Le Horla, 1886, p. 1112.
1. Loc. L'ombre d'un doute. Un doute très léger. Héritier du nom de mon père, je ne veux pas même que sur ce nom flotte l'ombre d'un doute (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 286).Élever un doute. Présenter une objection, faire une réserve (supra ex. 9). Faire doute. Poser problème. Ne pas faire de doute. Être manifeste, incontestable. Cela ne fait (aucun) doute pour personne; son sort ne fait pas de doute. Ces passantes dont le triste métier ne faisait pas de doute (Bourget, Actes suivent,1926, p. 59).
SYNT. Doute sur la qualité; la solidité, le succès, la valeur de; ôter quelqu'un d'un doute; concevoir, conserver, dissiper, émettre, exprimer, inspirer, laisser un/des doute(s); jeter un doute sur; faire naître des doutes.
2. En partic.
a) Question qui fait doute en matière religieuse, philosophique. Doutes religieux, doutes sur la foi; être tourmenté de doutes et de scrupules. Cf. affirmer ex. 32, conférence ex. 2.L'angoisse, les doutes, les déchirements de Pascal (Massis, Jugements,1923, p. 53):
11. Quant à vos doutes, qu'est-ce qu'un doute, sinon une chose dont on peut douter? Si j'ai des doutes sur vos doutes, pourquoi voulez-vous que je croie à vos doutes? Vous êtes sceptique et vous voulez que, fanatique de ce que vous avouez ne pas savoir, je devienne dogmatique de votre scepticisme : la Religion de la servante du Curé est plus rationnelle que cet embrouillement. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 629.
b) [Ce qui fait doute à l'égard d'une pers.] Domaine affectif de la confiance et des sentiments.Doute inquiétant et pénible; être harcelé par un doute. Synon. crainte, présomption, soupçon.Pourquoi un doute, pourquoi une crainte, pourquoi des soupçons pénibles lui seraient-ils venus? (Maupass., Contes et nouvelles,t. 2, Yvette, 1884, p. 523).
? Dans le domaine de l'amour.Doute affreux, amer, cruel; doute sur la fidélité. Je préférais l'illusion dont se bercent les doutes au désenchantement qu'apporte avec soi toute certitude (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 190).Il ne faut pas tourmenter son bonheur de doutes, d'interrogations (Chardonne, Épithal.,1921, p. 180):
12. ... je compris que, si je n'avais pas jusque-là souffert trop cruellement de mes doutes sur la vertu d'Albertine, c'est qu'en réalité ce n'était nullement des doutes. Mon bonheur, ma vie avaient besoin qu'Albertine fût vertueuse, ils avaient posé une fois pour toutes qu'elle l'était. Muni de cette croyance préservatrice, je pouvais sans danger laisser mon esprit jouer tristement avec des suppositions auxquelles il donnait une forme mais n'ajoutait pas foi. Proust, La Fugitive,1922, p. 514.
D.? Loc. adv. Sans doute
1. [À valeur affirmative] Vieilli. Assurément, certainement. C'est là sans doute une très belle action (Ac.1835-1932).Sans doute la richesse est une très-grande puissance (Destutt de Tr., Comment. sur Espr. des lois,1807, p. 172).
Rem. Cette valeur de sans doute s'est atténuée au point que, pour exprimer l'affirmation, on renforce le subst. par aucun, nul, On préférera sans nul doute la première version (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 213). Fainéant, prodigue, coureur, ivrogne, menteur ? et j'en passe ? Jacques était sans aucun doute un détestable mari (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 346).
2. [À valeur dubitative définitive ou provisoire] Probablement, certes, je vous l'accorde. Vous avez sans doute raison; il vous arrive sans doute de :
13. le prince paul. ? Enfin, nous sommes donc unis! ... nous sommes donc l'un à l'autre! ... la grande duchesse, légèrement. ? Sans doute... sans doute... Meilhac, Halévy, La Grande duchesse de Gérolstein,1867, IV, 2, p. 295.
? [Avec dans la prop. suivante un mot comme mais corrigeant ? en la limitant ? l'extension du doute] Maman (...) trouva même (...) certaine maison décente, sans doute étroite de pignon, sans doute privée de jardin, mais bonne pour un docteur (Duhamel, Terre promise,1934, p. 71).
Rem. Sans doute, en tête de phrase, peut entraîner l'invers. du suj. Sans doute a-t-elle eu quelque remords de ce qu'elle a dit, car elle accourt avec un grand foulard de laine rose entre les doigts (Green, Journal, 1948, p. 220).
? Sans doute que [Avec ind. et avec le cond. pour exprimer un fait hypothétique] Sans doute qu'ils ont profité de l'extinction, car quand de nouveau ça reparaît, même scène, mais le personnel a changé (Claudel, Visages radieux,1947, p. 774).
Rem. L'expr. sans doute, extrêmement fréq. forme plus des deux tiers des occurr. de la forme homogr. doute (cf. Dict. des fréq., C.N.R.S.-T.L.F. [diff. Paris, Didier], 1, 1971, table des homogr., qui évalue la fréq. de sans doute/sans aucun doute à 75 % des occurrences).
Prononc. et Orth. : [dut]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 grant dute « crainte » (Alexis, éd. Ch. Storey, 300); 2. 1155 « hésitation, incertitude » (estre) en dote (Wace, Brut, éd. I, Arnold, 515); 3. fin xves. mille doubte « soupçon, méfiance » (Commynes, éd. J. Calmette, II-VI, t. 1, p. 128); 4. 1637 « doute philosophique » (Descartes, Discours de la méthode, éd. A. Bridoux, p. 137). Déverbal de douter*. Fréq. abs. littér. : 26 332. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 35 287, b) 31 023; xxes. : a) 35 368, b) 43 985.

DOUTE, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 grant dute « crainte » (Alexis, éd. Ch. Storey, 300); 2. 1155 « hésitation, incertitude » (estre) en dote (Wace, Brut, éd. I, Arnold, 515); 3. fin xves. mille doubte « soupçon, méfiance » (Commynes, éd. J. Calmette, II-VI, t. 1, p. 128); 4. 1637 « doute philosophique » (Descartes, Discours de la méthode, éd. A. Bridoux, p. 137). Déverbal de douter*.

Doute au Scrabble


Le mot doute vaut 6 points au Scrabble.

doute

Informations sur le mot doute - 5 lettres, 3 voyelles, 2 consonnes, 5 lettres uniques.

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Les mots proches de Doute

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Les citations avec le mot Doute


  1. Vivre, c'est avoir foi. Est vivant, celui qui pratique l'absence totale de doute ; comme la plante, comme l'animal. Hors de cette foi, c'est fini, on crève.

    Auteur : Alphonse de Châteaubriant - Source : La Réponse du Seigneur (1933)


  2. On ne redoute l'avenir que lorsqu'on n'est pas sûr de pouvoir se tuer au moment voulu.

    Auteur : Emil Cioran - Source : De l'inconvénient d'être né (1973)


  3. Il croisa deux soldats qui sans doute faisaient partie de la garnison de Sluys, et se félicita d'être armé, car tout soldat rencontré dans un lieu désert tourne aisément au bandit.

    Auteur : Marguerite Yourcenar - Source : Alexis ou le Traité du vain combat (1929)


  4. Une foi aveugle vaut mieux qu'un doute éclairé; car, pour un chrétien, croire c'est espérer.

    Auteur : Jean Antoine Petit, dit John Petit-Senn - Source : Bluettes et boutades (1846)


  5. Ce qui met des bornes au doute c'est le désir d'agir.

    Auteur : Jaime Semprun - Source : Dialogues sur l'achèvement des temps modernes (1993)


  6. Cela surprendra sans doute ceux qui m'ont affublé de la réputation inexacte d'ours, de taciturne, de catastrophe médiatique. C'est mal me connaître. Sans être un bavard, je ne suis pas un silencieux. Au contraire, j'aime bien parler et lorsque le sujet m'intéresse il m'arrive d'être intarissable. Mais si la conversation s'enlise dans des sujets qui m'indiffèrent, alors je m'absente mentalement, je me tais, et parfois même je m'endors.

    Auteur : Eric Tabarly - Source : Mémoires du large


  7. Ils voudraient que je m'excuse, que j'éprouve des remords. C'est un appel au mensonge. Devant un tribunal, seuls les gens sincères sont lourdement condamnés. Le doute profite à l'accusé. Le mensonge profite au doute...

    Auteur : Laurent Obertone - Source : Utøya (2013)


  8. Dans son enquête pour retrouver Heather, Harry reproduisait fidèlement les mouvements de la jeune fille et par là même, sans doute aussi ses erreurs. S'il suivait les mêmes indices qu'elle, il y avait de grandes chances pour que leur destin soit le même.

    Auteur : Robert Goddard - Source : Heather Mallender a disparu (2012)


  9. On a tous un avis sur le suicide. Acte de courage ou de lâcheté ? Ni l'un ou l'autre sans doute. Juste une décision désespérée lorsqu'on se retrouve dans une impasse. Le dernier recours pour sortir de sa vie et échapper à l'insupportable.

    Auteur : Guillaume Musso - Source : L'Appel de l'ange (2011)


  10. Ses nombreux ennemis ont pu l'accuser d'être passionné jusqu'à l'intolérance, mais nul ne s'est jamais avisé de mettre en doute sa sincérité parfaite.

    Auteur : Léon Bloy - Source : Le Désespéré (1887)


  11. La mondialisation n'a pas créé l'exclusion, mais elle aggrave sans doute, en laissant au bord du chemin tous ceux qui ne peuvent suivre le rythme toujours plus rapide des adaptations rendues nécessaires par la concurrence.

    Auteur : Jacques Chirac - Source : Mémoires, Le temps présidentiel (2011)


  12. Le journalisme est un art, à n'en pas douter, mais de même que toute chose vraie, il est rare.

    Auteur : Jean-Claude Clari - Source : Le mot chimère à deux sens (1973)


  13. Il y a deux façons de mourir. La première et puis cette autre qui vient quand plus personne ne parle de vous... Celle-là est sans doute la plus insupportable.

    Auteur : Claudie Gallay - Source : Dans l'or du temps (2006)


  14. Moins de gros sous, c'est moins de rides.
    L'or de moins, c'est le doute ôté.
    Jamais l'amour, ô cieux splendides!
    Ne s'éraille à la pauvreté.


    Auteur : Victor Hugo - Source : Les Chansons des rues et des bois (1865), Paupertas


  15. Il venait de découvrir que certaines joies - sans doute les plus essentielles - ne peuvent être partagées, ni même racontées; elles nous constituent au même titre que nos yeux ou notre colonne vertébrale; elles font de nous ce que nous sommes.

    Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt - Source : La Part de l'autre (2001)


  16. Les deux rôles pour les noirs américains à cette époque pour les français c'était musicien ou GI. Or je n'étais ni GI ni musicien j'étais donc un peu douteux. J'étais douteux de toute manière car j'écrivais… « ho, ho celui-là il se prend pour écrivain … » et aussi je n'avais aucun moyen de vivre. Pendant 3 ans à Paris j'étais souvent dans la rue.

    Auteur : James Baldwin - Source : Entretien sur France Culture avec Eric Laurent en juin 1975


  17. De même que l'amour nous fait trouver belle la femme aimée, l'angoisse que nous inspire une femme redoutée donne un relief démesurée au moindre défaut de ses traits.

    Auteur : Milan Kundera - Source : La valse aux adieux (1976)


  18. La grande cuisine est le dernier refuge des civilisations qui doutent d'elles-mêmes.

    Auteur : Hubert Monteilhet - Source : Devoirs de vacances (1977)


  19. Je n'ai jamais rencontré de ces furies dont on entend parler: elles ont sans doute trop à faire avec des hommes qui considèrent les femmes comme des forteresses qu'il leur faut prendre d'assaut, mettre à sac et laisser en ruine.

    Auteur : Stephen Vizinczey - Source : Eloge des femmes mûres (2006)


  20. Celui qui ne redoute rien et qui marche hardiment, sent, à mesure qu'il avance, les hautes facultés de son esprit se développer, et goûte une jouissance délicieuse.

    Auteur : Johann Wolfgang Goethe - Source : Maximes et réflexions (1833)


  21. Je le jure sur la tête de tout ce que j'aime : je suis allé au duel avec Shilton et j'ai frappé la balle avec ma tête. Ce qui se passe, c'est que Shilton est sorti le poing en avant, mais je n'ai aucun doute que j'ai frappé le ballon de la tête : j'ai même un bleu sur le front qui peut en attester... Ce geste, je l'ai fait avec la tête de Maradona et la main de Dieu.

    Auteur : Diego Maradona - Source : Maradona, sur la main de Dieu en 1986.


  22. On redoute toujours de perdre la mémoire. C'est elle la source de nos maux. On ne vit bien que dans l'oubli. La mémoire est le pire ennemi du bonheur. Les gens heureux oublient.

    Auteur : Jean-Michel Guenassia - Source : Le Club des incorrigibles optimistes (2009)


  23. Les geôliers doivent sans doute aimer que les prisonniers leur parlent des oiseaux dans le ciel.

    Auteur : Michel Bussi - Source : Nymphéas noirs (2011)


  24. Il a quitté l'armée, assailli de doutes, écartelé entre son éducation et l'irrésistible besoin d'affranchir sa pensée ...

    Auteur : Roger Martin du Gard - Source : Jean Barois (1913)


  25. La justice, docteur, c'est comme la Sainte Vierge : si elle n'apparaît pas de temps en temps, le doute s'installe.

    Auteur : Michel Audiard - Source : Pile ou Face (1980) de Robert Enrico


Les citations du Littré sur Doute


  1. Le doute s'était changé en admiration pour lui [Colomb] à son premier voyage ; mais l'admiration se tourna en envie au second

    Auteur : Voltaire - Source : Moeurs, 145


  2. Ne doutez point.... Qu'à la haine bientôt ils ne joignent l'audace

    Auteur : Jean Racine - Source : Bajaz. I, 1


  3. Je regarde de toutes parts, et ne vois partout qu'obscurité ; la nature ne m'offre rien qui ne soit matière de doute et d'inquiétude

    Auteur : Blaise Pascal - Source : Pens. XII, 2, édit. HAVET.


  4. Le poëme dramatique est une imitation, ou, pour en mieux parler, un portrait des actions des hommes, et il est hors de doute que les portraits sont d'autant plus excellents qu'ils ressemblent mieux à l'original

    Auteur : Corneille - Source : 3e disc.


  5. Ai-je un sentiment propre de mon existence, ou ne la sens-je que par mes sensations ? voilà mon premier doute, qu'il m'est, quant à présent, impossible de résoudre

    Auteur : Jean-Jacques Rousseau - Source : Ém. IV


  6. L'obscurité, le doute ont brisé sa boussole [du monde], Et laissent diverger, au vent de la parole, L'encens des nations

    Auteur : LAMART. - Source : Harm. I, 6


  7. Le doux parler nous plaît ; et, toujours redouté, L'homme le plus bruyant est le moins écouté

    Auteur : DELILLE - Source : Convers. III


  8. Je ne doute point des difficultés de trouver de l'argent et de le faire tenir

    Auteur : MAINTENON - Source : Lett. à Mme des Ursins, 4 juillet 1706


  9. Le temps presse ; que faire en ce doute funeste ?

    Auteur : Jean Racine - Source : Bajaz. III, 7


  10. Prenez femme, abbaye, emploi, gouvernement : Les gens en parleront, n'en doutez nullement

    Auteur : Jean de La Fontaine - Source : Fabl. III, 1


  11. Ampère, nourri de Réné, d'Oberman, de Werther, a trouvé le tourment de sa vie, l'idole aux pieds de laquelle brûleront les aspirations vagues, les inquiétudes, les doutes qu'un temps fatalisé mettait entre l'inspiration des jeunes âmes et la réalité de leurs oeuvres

    Auteur : KARL STEEN - Source : Journ. offic. 18 août 1875, p. 6926, 2e col.


  12. Jamais on n'a douté de sa parole

    Auteur : BOSSUET - Source : Reine d'Anglet.


  13. Que les Romains, pressés de l'un à l'autre bout, Doutent où vous [Mithridate] serez, et vous trouvent partout

    Auteur : Jean Racine - Source : Mithr. III, 1


  14. Et la ville calmée... N'a plus à redouter le divorce intestin Du soldat insolent et du peuple mutin

    Auteur : Corneille - Source : Pomp. IV, 3


  15. Le degré de perfection auquel l'art de teindre les laines et les étoffes était parvenu dès les temps les plus reculés, ne permet pas de douter que les anciens ne connussent aussi l'usage des mordants, sans lesquels il ne peut y avoir de vraie teinture

    Auteur : AMEILHON - Source : Instit. Mém. litt. et beaux-arts, t. III, p. 358


  16. Son cours [de la justice] lent et douteux fait perdre trop de larmes

    Auteur : Corneille - Source : Cid, III, 2


  17. Le duc avait chez lui, sans s'en douter et dans la même personne, un sigisbée précieux et une duègne incomparable qui ne lui coûtaient rien

    Auteur : SCRIBE - Source : Nouvelles, la Maîtresse anonyme, § 8


  18. Doutez-vous de ma probité, monsieur ? vos cent écus ! j'aimerais mieux vous les devoir toute ma vie, que de les nier un seul instant

    Auteur : BEAUMARCH. - Source : Barb. de Sév. III, 5


  19. Si on eust poursuivy la conqueste de Milan, l'on en eust eu sans doute la raison

    Auteur : CARL. - Source : I, 42


  20. N'en doutez point, seigneur, soit raison, soit caprice, Rome ne l'attend pas pour son impératrice

    Auteur : Jean Racine - Source : Bérén. II, 2


  21. Il est permis de douter qu'on ait jamais égalé la légèreté, la grâce et les charmants irisages des objets de verre de fabrique sidonienne

    Auteur : SOURY - Source : Rev. des Deux-Mondes, 15 déc. 1875, p. 807


  22. Il sera droitement certifié, là où auparavant il estoit en doute

    Auteur : CALV. - Source : ib. 497


  23. Le ciel s'est fait sans doute une joie inhumaine à rassembler sur moi tous les traits de sa haine

    Auteur : Jean Racine - Source : Iphig. II, 1


  24. Je ne saurais douter raisonnablement que je ne sois doué de sensibilité, d'entendement, de volonté, parce que j'exerce à chaque instant ces facultés

    Auteur : BONNET - Source : Oeuv. mêlées, t. VIII, p. 236, dans POUGENS


  25. Et sachiés que ce fu une des plus douteuses [redoutables] choses qui onques fust à faire

    Auteur : VILLEH. - Source : LXX.




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Mise à jour le dimanche 28 décembre 2025 à 14h26








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